Le désir ?
« Chez l'homme, pourtant, le besoin n'est jamais pur besoin. le besoin de l'homme porte la marque de l'esprit, c'est-à-dire du désir de l'autre qui trouve son origine dans le besoin de l'autre, mais qui n'y est pas réductible. Désirer l'autre, en effet, c'est le vouloir pour ce qu'il est et que je ne suis pas ; c'est par conséquent, renoncer à en faire l'objet de mon besoin, renoncer à le réduire. Tout se passe comme si la répétition indéfinie du besoin, avec l'augmentation et les ruptures de tension qu'un tel processus implique, nourrissait la permanence du désir humain. Dans la relation humaine, l'autre apparaît radicalement autre, Autre, dans la mesure où je n'en ai pas besoin car, alors, rien ne justifie pour moi sa présence. Dès l'origine, la mère s'offre à la satisfaction de tous les besoins du petit d'homme ; elle est « l'objet primordial » dont la seule présence est signe de rassasiement et de vie. Mais si elle est le lieu d'apaisement de toute tension et de toute douleur, elle ne disparaît jamais entièrement dans la plénitude du rassasiement. En la consommant, l'enfant ne la tue pas. Elle reste à découvrir comme autre chose qu'un objet. Déjà se noue le processus qui sera vécu, dans la sexualité, sur un autre mode : la consommation de l'acte révèle l'autre dans sa persistance, Autre. Au jeu rythmé de l'apparition et de la disparition d'une tension, est liée la découverte d'une radicale différence entre l'autre et moi ». (p. 21-22)
Commenter  J’apprécie         30