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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce pur chef d'oeuvre de lucidité et d'intelligence, dévoile les clés de l'émergence de notre nouveau monde, celui d'internet. Flore Vasseur restitue une vision de l'univers numérisé qui patine entre corruption et liberté. Les corrompus se gavent, les voraces se trumpétisent, les idéalistes se fracassent.

Le numérique a divisé la planète en deux, un zéro pointé pour tous les handicapés du clavier, un 1000 fois plus pour ceux qui parlent en octets.

L'internet devait être le savoir pour tous, et la liberté de circulation des idéaux. le Web est devenu un zoo pour des monstres au doux noms de Apple.
Dans ce livre «  ce qu'il reste de nos rêves » Flore Vasseur, éclaire d'un ton inouï ce que nous devrions savoir d'essentiel de ceux qui se sont acharnés à faire du web un capital humain.

"L'ennemi est à l'intérieur. L'agent a pris le pouvoir. Il donne l'accès, l'accès créé l'influence, l'influence dicte la décision. Personne, au sens moral, de peut résister aux montants en présence. Tout être humain explose, page 40".


Derrière, Julian Assange, Kurt Cobain, Larry Lessig, Edward Snowdown et Tim Berners-lee le créateur du Web se cache à jamais l'Icone dont nos allons tout découvrir, tout aimer à défaut de le comprendre AARON SWARTZ,


Pour Flore Vasseur parlait de AARON SWARTZ , ce n'est pas seulement un devoir historique, mais un devoir de mémoire. L'outil Internet est aussi un outil de destruction, non seulement par la remise en cause de nombreux emplois, mais la remise en cause de la nature humaine de ce qui fait notre capacité de comprendre, de dialoguer et d'aimer. En cela, Magnifiquement Flore Vasseur nous démontre que le jeune garçon au sourire ravageur, à l'intelligence époustouflante, voulait faire de cet outil un outil au service de l'homme de tous les hommes à commencer par les handicapés du Web.


Si vous êtes un peu déprimé, n'y allez pas, pourtant ce livre est plus léger qu'un parfum de magnolia, plus enivrant qu'un château Petrus, plus pétillant qu'un champagne. Tout semble simple limpide, dans les yeux de ce gamin au sourire si contagieux.
Sauter sur un si beau sourire, c'est toujours porteur d'espoir, sauf ce jour fatal où il est resté pendu à ce vide sidéral, ce 11 janvier 2013 à 26 ans.


Ce livre restera un livre hors norme, et deviendra un terrible pamphlet contre le mandat d'Obama. Comment l'administration démocrate a-t-elle pu s'aveugler à ce point, et La procureur Carmen Ortiz. cette portoricaine a-elle pu se trans former en « sorcière (page 18) , cette diplômée exceptionnelle la 1ère femme hispanique à atteindre cette fonction.


"Bien avant l'investiture. Obama a mal choisi son équipe de transition. Il s'est entouré de personnes pour lesquelles toute régulation des finances était un désastre. Au fond, dès le départ, il a refusé de lâcher Wall-Street , en page 40."

"Le 11 janvier 2013 Tim Berners-lee le créateur du Web écrit sur Twitter, oiseau de mauvais augure, page 25 :
Aaron est mort
vagabonds du monde
un sage avisé a disparu
Hackers de la bonne cause,
l'un des nôtre est tombé
Parents nous avons perdu un enfant.
Tous, pleurons."

En 2011 Aaron avait évoqué l'ampleur de la surveillance de masse des États-Unis sur sa population et celle de ses alliés. En 2013 dans une chambre d'hôtel à Hong Kong, Édouard Snowden transmet les preuves.
Snowden a renoncé à sa vie non à ses idées. Édouard Snowden devient traître à sa nation poursuivi pour espionnage. Page 37

Le procès intenté à Monsieur Swartz est un échec grotesque, l'ombre distordue et perverse d'une justice pour laquelle il s'est battu à en mourir.


Carmen Ortiz n'a pas encore compris celui qu'elle accuse. Quand le NSA, le FBI, le MIT
espionnent, y compris les européens, le prévenu a des idées étranges le partage et la gratuité.
Il consomme peu, ne se conforme à rien, efface ses traces, un anticapitaliste ne peut être un vrai américain encore un anarchiste se targue Ortiz.


J'ai aimé ce fou, cet idéaliste, cette énigme, qui ne passa aucun diplôme. Il est dans mon palais des princes des marées, comme Bobby Sands ou Louis lachenal, ou Marie Curie... Il plane dans ma mémoire comme le jour où à 13 ans il participe à la mise en place des flux RSS.
"Son esprit est là, moins seul déjà."

Merci Flore pour ce magnifique cadeau.
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Ce que j'ai ressenti:

Peut-être parce que les « à quoi bon » sont trop nombreux, peut-être parce que des fois, la mort nous frappe d'une façon tout à fait inattendue, peut-être parce que quand le mot est aussi noble, réveiller un mort ou les consciences se révèle nécessaire. Flore Vasseur nous parle dans ce livre, de liberté, de ce petit génie de l'internet Aaron Swartz, de la trajectoire tragique d'une étoile qui a rêvé trop fort. C'est l'histoire d'une fulgurance et de son fatal éclatement. C'est une histoire triste, mais avec un héros des temps modernes. C'est des histoires de pouvoirs, d'argents, de contrôles et de corruptions. C'est des histoires de pensées qui galopent vite et sont tellement belles que maintenant, dans le vent, on ne sait pas si on peut encore les saisir…

« Il voulait faire progresser l'humanité en libérant la connaissance. »(…) Circonstance aggravante: le prévenu a des idées étranges (le partage, la gratuité). » P20

C'était son rêve, son leitmotiv, son but ultime. Il voulait changer le monde. Il voulait rendre l'internet, un espace libre et de connaissances accessibles à tous. Il voulait un monde meilleur. Sauf, que ça n'était pas du goût de tout le monde. Malgré les soutiens, il aura une vie compliquée. Il semble que ce soit le propre des génies de vivre en pareille déshérence…Parce que génie, il l'est, ça ne me laisse plus de doutes, mais en plus il était idéaliste, et totalement désintéressé. Son coeur plus grand que l'ambition, il ne cherchait que la LIBERTÉ. Je ne connaissais pas ce jeune homme, je n'y comprends quasi rien en informatique, encore moins en ces jeux d'appropriations d'espaces intangibles, je ne sais pas non plus, Ce qu'il reste de nos rêves, mais ce que je peux dire c'est que cette lecture est effectivement une révélation. Une révélation Pocket mais aussi, un coup de coeur pour moi.

« Prends ton coeur brisé et fais-en quelque chose de beau. »

Et pour finir, un dernier message à l'auteure. J'ai pleuré, à la fin. Parce que c'était beau. Seul l'avenir nous dira qui viendra réparer les dégâts de nos coeurs brisés…
Lien : https://fairystelphique.word..
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Retracer le parcours d'un rêveur : Aaron Swartz qui a préféré mourir plutôt que continuer à se battre contre des géants. Je ne connaissais ni son nom ni son parcours mais grâce à Flore Vasseur j'ai découvert un de ces humains qui rêvent et tentent de prouver qu'un monde libre et partagé est possible. Un rêveur, oui, car nous avons tous conscience que partout et malgré les lanceurs d'alertes au courage et à l'abnégation mettent en péril leurs propres libertés au nom d'une idéal. Dans l'univers d'internet, des GAFA et autres mastodontes Aaron, jeune homme surdoué, isolé, non préparé à la lutte, va tel Icare se brûler les ailes, déçu par les politiciens, même ceux que nous avons tant aimés il va renoncer au combat. Un témoignage édifiant, facile d'accès même si le monde des écrans, d'internet vous paraît obscur mais Flore Vasseur le met en pleine lumière, lui révélant une personnalité hors norme qui ne voulait qu'un monde libre, sans surveillance,ni intérêts, ni pouvoirs. Vous ne regarderez plus ensuite vos écrans, les puissants de la même manière et au moins pour cela c'est déjà une victoire....
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Je remercie infiniment Flore Vasseur pour ce livre !
Sans elle, je n'aurais rien su de ce jeune homme parti trop tôt. le portrait m'a touchée, car je suis maman d'un jeune homme né la même année, pas tout à fait n3rd, mais complètement geek.

Je me suis rappelé les débuts d'internet, le modem 28K qui ramait à mort pour télécharger une photo, et qui plantait à 98% du téléchargement...
L'accès à des personnes à l'autre bout du monde, les discussions endiablées sur les premiers tchats.
Plus de vingt ans déjà...On était encore au 20ème siècle...
Très vite s'est posée la question de l'internet libre ! Mais Linux était réservé aux initiés, pas trop le choix que de passer par Microsoft ou Apple.
Et puis se sont imposés d'autres géants, qui contrôlent nos clics et nos données...Les marchands l'ont emporté sur le partage.

Aaron Swartz était un idéaliste, le partage de la connaissance, gratuitement, afin que l'humanité progresse...C'est un combat à poursuivre, et ce livre éclaire réellement magnifiquement le sujet au travers de la vie d'Aaron.
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J'ai dévoré les trois précédents romans de Flore Vasseur, j'adore son ton, son parcours, le regard critique et caustique qu'elle pose sur le monde, en particulier lorsqu'elle en connaît bien les travers pour les avoir expérimentés (en tant que pro du Marketing et créatrice de start up aux tout débuts d'Internet, puis en tant que journaliste). Déjà, dans son petit dernier En bande organisée affleurait son intérêt pour les hackers et les lanceurs d'alerte s'appuyant sur les nouvelles technologies et s'affirmant comme un quatrième pouvoir en lieu et place de journalistes affaiblis par les intérêts commerciaux des propriétaires de leurs media. En bande organisée est paru en 2013, l'année du suicide d'Aaron Swartz, chantre de l'Internet libre, petit génie de l'informatique, entièrement tourné vers son objectif d'une Toile indépendante, accessible et ouverte. Des idées bien subversives au pays du capitalisme roi.

Le récit de Flore Vasseur est irrigué par l'admiration qu'elle porte à Aaron Swartz et nourri d'une impeccable mise en perspective pour tenter de retracer à la fois le parcours de ce météore mort à 26 ans, et de cerner, d'expliquer les obstacles auxquels il s'est heurté, les forces qui se sont retournées contre lui et ont fini par l'acculer au suicide. Pour cela, elle nous embarque dans les arcanes des débuts d'Internet, aux côtés de pionniers qui ont vu là une formidable opportunité de partage des connaissances et entrevu la possibilité de changer le monde. Elle nous raconte les intérêts antagonistes des "marchands de clics" que sont devenus les mastodontes de la Toile mais également la main mise progressive des États sur cet outil de surveillance et d'influence. Leur peur face à l'arrivée des lanceurs d'alerte tels que Snowden ou Assange. C'est absolument captivant, d'autant que la démonstration est limpide. La figure torturée d'Aaron Swartz, sa personnalité incandescente, son asociabilité imprègnent les pages tandis que son combat utopique se retourne contre lui lorsqu'il décide de mettre en oeuvre son projet. La justice américaine veut sa peau, pour l'exemple. Il risque 35 ans de prison pour avoir voulu donner un accès libre à la connaissance.

Ce que révèle ce livre, ce sont surtout les enjeux réels de cet univers digital dans lequel nous évoluons quotidiennement sans suffisamment nous poser de questions. La façon dont nous sommes piégés et enfermés par ceux qui dominent et régissent la Toile là où d'autres avaient rêvé de liberté, en commençant par libérer la connaissance. le capitalisme et la surveillance ont gagné la bataille. Pourtant, dans les toutes dernières pages, Flore Vasseur veut croire qu'un autre monde est encore possible, là où des voix s'élèvent et particulièrement celles des jeunes, où ces mêmes voix s'emparent des outils numériques pour se faire entendre et peser sur les décisions. Elle pointe cette drôle de génération qui, face à l'échec de leurs parents décide de prendre les choses en mains avec des moyens qu'elle maîtrise parfaitement. Il semble que l'esprit d'Aaron Swartz ne soit pas mort.

Je conseille vraiment à tout le monde de lire ce récit palpitant et instructif. Mais aussi très touchant dans ce qu'il révèle des questionnements de l'auteure et de sa foi désespérée en la littérature pour se sauver de la désolation face au gouffre entrevu.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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D'abord dire que j'ai lu deux précédents romans de Flore Vasseur (Une fille à New York, Comment j'ai liquidé le siècle), que son parcours de créatrice de start-up à New York à activiste engagée pour la libre circulation des idées (entre autres) me paraît significatif, rare (hein les traders et tant d'autres du paraître), de la recherche du pouvoir, de l'argent à la recherche du sens, à l'exercice de la liberté et de la responsabilité, que son documentaire Meeting Snowden mérite la diffusion la plus large (Arte a permis sa mise en ligne sur you tube, en lien en bas d'article).
Lire ce road trip en plein mouvement des gilets jaunes n'est pas anodin. Avec ce récit où on croise Tim Berners-Lee, Julian Assange, Larry Lessig, Edward Snowden, Jimmy Wales et où on suit les traces, réalisations-créations, héritages de Aaron Swartz, on est au coeur d'internet, des enjeux de cet outil (internet doit-il être libre, en libre accès, en open source ? internet doit-il être sous contrôle ? internet est-il un instrument au service des pouvoirs politiques, financiers ? un instrument de contrôle des esprits et consciences ? un instrument de profits considérables pour les GAFA et les majors ?), on est au coeur des batailles tantôt feutrées, tantôt frontales qui opposent pouvoirs politiques (USA, Russie, Chine...), grandes firmes (les géant du web et des plateformes : Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft, Netflix, Tesla, Uber, Airbnb, Twitter, Yahoo, Lindekin), les internautes, les citoyens, les activistes et les hackers.
Tout tourne autour du droit d'auteur, du copyright. (Lire mon article sur Internet, un séisme dans la culture de Marc le Glatin, en lien en bas de l'article). Si je mets en ligne sur you tube une vidéo de vacances ou une vidéo créative parce que je maîtrise bien "final cut pro", je cesse d'être propriétaire de ma vidéo. Quiconque peut la regarder, la télécharger, la pirater, la faire passer pour sienne, je ne perçois aucun droit d'auteur ni de you tube ni du lecteur. Pour un livre, le lecteur le paie une fois à l'achat, le lit autant de fois qu'il veut (en général, il ne le finit pas), le passer à ses amies (les femmes lisent plus que les hommes, passer un livre, c'est un beau geste). Aaron Swartz a été un des plus ardents combattants pour l'accès libre à tout ce qui est mis, doit être mis sur internet, en particulier les articles scientifiques des programmes de recherches commandés par les agences gouvernementales et financés par l'argent public (d'où son écriture du Manifeste de la guérilla pour le libre accès, traduit dans 25 langues et aussi le téléchargement qu'il pensait normal de millions d'articles stockés au MIT qui lui valut arrestation et poursuite par le gouvernement d'Obama en la personne de la procureure des États-Unis Carmen Ortiz = 35 ans de prison, 1 million de dollars d'amende). Depuis le suicide de Aaron Swartz, la kazakhe (menacée, poursuivie) Alexandra Elbayan a libéré l'accès à plus de 70 millions de publications scientifiques via la plateforme Sci-Hub.
Ce roman nous fait aussi découvrir certaines universités américaines et grands lycées américains. Stanford, Harvard, le MIT. le moins qu'on puisse dire c'est que ces universités sont les pompes aspirantes des jeunes intelligences créatives, qu'elles savent les formater c'est-à-dire  mettre le pouvoir créateur de cette jeunesse (souvent à fric, études très chères) au service des donateurs, fournisseurs de commandes, GAFA, gouvernement, multinationales (le grand-père d'Aaron, William, a été un des donateurs importants de Pugwash, l'association des scientifiques pour le désarmement nucléaire). Quelques dissidents résistent à ce formatage, deviennent différents. Ce fut le cas de Aaron dont le parcours n'a rien de rectiligne, c'est un parcours fait de ruptures (il quitte Stanford en cours de scolarité...), de grands écarts (de la richesse à la pauvreté choisie, aucun goût de luxe, une grande humilité).


Chacun d'entre nous doit se demander à quoi il joue quand il recherche via Google, quand il se raconte sur FB, quand il tweete des commentaires (Donald Trump est le roi du tweet provocateur, du buzz avec boules puantes). Ces outils ne sont pas innocents, ils nous tracent, ils servent à la fabrication des algorithmes qui nous cernent pour fabriquer des messages appropriés à nos "attentes" (les sites de rencontres qui fonctionnent très bien, de manière visible donnent une idée de comment fonctionnent les marketeurs, fabricants de "tendances" à partir des données qu'ils récupèrent. Donc, par exemple, travailler sous creative commons (une invention de Aaron), c'est "maîtriser" ses droits sur ses oeuvres (1,4 milliard d'oeuvres sont aujourd'hui répertoriés en creative commons). Choisir Linux, un logiciel libre, c'est pas être choisi par Apple. Choisir FB ou framasphère ? gmail.com ou tutanota.com ? dailymotion ou vimeo ?  Choisir Lilo, Qwant, Ecosia ? Comment protéger nos données, sécuriser nos boîtes mails, empêcher la traçabilité de nos recherches ? C'est le cas maintenant des recherches qu'on fait sur Wikipédia de Jimmy Wales. Elles ne sont plus traçables. Pour les oeuvres entrées dans le domaine public, la BNF avec l'Europe a lancé sa propre numérisation "contre" la bibliothèque numérique de Google books. Wikisource recueille les oeuvres libres de droits. Tim Berners-Lee, l'inventeur du web a lancé le 1° octobre 2018, Solid, nouveau web dans lequel l'internaute garde la propriété et le contrôle de ses données personnelles.

Mes usages d'internet sont pensés. Je ne me livre pas sur FB, j'en retire "mes" posts tous les 3 jours, ce sont des posts en lien avec le monde, peu de like, peu de commentaires, une voix dans le désert. Mes 3 blogs sont des lieux de partage et de réflexion, articles, notes de lecture. Là aussi, écho limité. Je ne fais guère d'efforts pour augmenter l'audience, un peu moins voix dans le désert. le Journal d'un égaré a été construit à partir de 45 articles de blog, ce qui signifie que ce sont des articles pouvant tenir un peu dans le temps.

Je pense que notre culture en ce qui concerne internet est trop, très rudimentaire. Se rend-on compte qu'Obama gagne la présidentielle américaine grâce à une armée de followers qui ont harcelé de messages les électeurs des états clefs. Trump a fait de même. Là, survient l'épisode des trolls russes qui piratent les adresses de millions d'électeurs sur FB (qui a dévissé en Bourse) pour les fourguer à Donald Trump. On a vu chez nous, les trolls de la manifestation pour tous de la Frigide Barjot faire remonter en tête des revendications des GJ, l'abrogation de la loi sur le mariage pour tous. Je ne parle pas des cyber-attaques venues d'états, d'activistes, de hackers genre anonymous ou wikileaks. Les lanceurs d'alerte paient le prix fort, Julian Assange, Bradley Manning, Edgard Snowden, Denis Robert, Stéphanie Gibaud...
Je choisis de donner des exemples pour inciter à faire un usage citoyen, responsable de ce roman. Il se lit comme un thriller, écriture sèche, des fois deux mots pour une phrase, des formules qui claquent. Très documenté, accompagné de rencontres avec les parents, les frères, les professeurs, les génies du droit constitutionnel ou d'internet, traversant des paysages contrastés (des quartiers chics de Highland Park au métro new yorkais = sacré voyage au pays soi-disant de la liberté, de l'american way of life que moi je vois comme l'american way of death, la mal-bouffe notamment, les shoots aux amphétamines fabriqués en masse par Big pharma ou le syndrome VICA), par des moyens variés, l'avion, le greyhound puant, la marche, avec des apartés où Flore Vasseur s'évoque, ce roman est comme un roman initiatique. Difficile, impossible de saisir Aaron dans sa complexité, avec ses angoisses, ses peurs, ses diarrhées, ses coups de génie, ses inventions, son assurance, ses valeurs, ses choix éthiques et politiques.
Mais les désillusions qui jalonnent son parcours de météore peuvent nous permettre de voir où nos efforts doivent porter. La bataille qu'il mène contre la loi de censure d'internet, Sopa, loi qui veut criminaliser les téléchargeurs soi-disant illégaux d'oeuvres que se sont appropriés les majors d'Hollywood, voulue par Obama, en créant un outil d'appels et d'e-mails automatiques (3 millions d'e-mails et 14 millions d'appels au Congrès, asphyxié, pétition de 7 millions de signatures sur le bureau du Prez) montre la puissance des internautes mobilisés. Wikipédia et d'autres sites font écran noir quand on fait une recherche. Obama annule le vote de la loi. Je me suis mis à rêver d'écrans devenant noirs les soirs de débats à la télé grâce à des anonymous bien intentionnés.
La veille de son suicide, il parle de son projet Victory Kit, une boîte à outils pour créer en quelques clics, de façon totalement sécurisée, encryptée, l'arsenal numérique d'une mobilisation citoyenne. Mais lui, le partageur, ce soir-là, ne donne pas à Taren Stinebrickner-Kauffman (la créatrice de la star-up SumofUs, SommedesNous, la chercheuse de l'algorithme éthique permettant de retrouver l'intérêt général), la clé sur laquelle se trouve le code de ce projet. Pensons aux grands sites pétitionnaires Aavaz, Change. Ils sont peut-être dans l'esprit du Victory Kit d'Aaron.
De quoi est-il revenu ? Lui qui a été millionnaire en dollars à 19 ans avec la vente du site qu'il a construit, Reddit, il en est revenu de l'illusion d'une constitution soucieuse d'éthique, (la loi n'est pas l'éthique, celle-ci est affaire de responsabilité personnelle, non inscrite, obligée par la loi; l'application de la loi par la bureaucratie d'état est inhumaine - lire Kafka, la bureaucratie a aujourd'hui un nom: la médiocratie), il en est revenu de l'illusion d'un usage libre d'internet favorisant la diffusion des connaissances; les géants du web en font et en favorisent des usages cyniques et de profits (la pornographie, la pédophilie sont des créneaux rentables, sex-tape, revenge-porns). Dans les deux cas, constitution, pouvoir constituant des citoyens, internet libre, c'est le rapport de forces qui tranchera, entre les gens d'en bas et les riches.
Lui qui voulait changer le monde nous a prévenus, a fabriqué des outils. En France, on n'a pas encore cette culture de la mobilisation citoyenne de masse via internet (il y a eu tout de même la bataille pour le NON au référendum de 2005 avec déjà Etienne Chouard en figure de proue mais on a vu comment Sarkozy a méprisé ce NON vainqueur; bien sûr, les pétitions marchent, celle de l'affaire du siècle sur le climat par exemple). Avec le mouvement des GJ, il me semble que ça vient. Cette jacquerie selon certains, cette guérilla asymétrique comme le furent la révolte des quartiers en octobre 2005 ou la révolte des bonnets rouges bretons en octobre 2013 (bien voir les différences, les quartiers n'ont pas rejoint les GJ), ce mouvement a mis au coeur de ses revendications le pouvoir constituant de chacun et du peuple via le RIC. FB est l'outil des rassemblements. le portable, l'outil des témoignages contre les merdias manipulateurs. Des médias alternatifs voient le jour. Une grande maturité se dégage; se peut-il que souterrainement cheminent des prises de conscience ?
Dernier point que je veux aborder, le syndrome VICA ou VUCA (en anglais). Il semble que ce soit la nouvelle théorie du Tout des gourous de la Silicon Valley. V pour volatil, I pour incertain, C pour complexe, A pour ambigu ou ambivalent. Tout serait vica-vuca. Vous voulez du solide, tout est volatile, vous voulez des certitudes, tout est incertain, vous voulez des évidences simples, tout est complexe, vous voulez du sens, tout est ambigu, et-et, ni-ni. Dans un tel monde, vous ne saurez jamais si vous êtes sur le bon chemin.
Et les thérapeutes, guérisseurs, gourous (un sacré business) soignent les bobos et les maux de l'âme pendant que l'humanité et la planète s'effondrent. Sauvez-vous, changez-vous, pas le monde, ce n'est pas à votre portée. Une théorie d'impuissance. Les idéalistes activistes des années 2000 pour un internet libre et une vraie démocratie méritent notre respect. La démocratie est devenue un marché aux électeurs, aux voix, affaire de statistiques, de cibles, aux mains de lessiviers, de spins doctors, de communicants fabriquant slogans, campagnes publicitaires pour appâter les gogos que nous sommes devenus (la farce pestilentielle de la présidentielle 2017 en est une illustration).
Mais Flore Vasseur malgré elle aussi ses désillusions, continue à faire sa part; surtout elle voit monter au front une certaine jeunesse, elle fait un très beau portrait de Emma Gonzalez, une des rescapées de la tuerie de Parkland en Floride. Je mets en ligne son message de 6'20, "le temps qu'il a fallu au tueur, (un adolescent de 17 ans) pour tirer 100 balles avec un AR-15 et tuer à bout portant 19 de mes camarades puis se mêler aux survivants paniqués pour sortir du lycée". Je donne pour exemple de cette mobilisation de la jeunesse, le discours de  la jeune Greta Thunberg, une Suédoise de 15 ans déjà très active dans la défense de la planète à la COP 24 à Katowice. (Texte de grand bémol  après la vidéo du discours de Greta).
Lien : http://les4saisons.over-blog..
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Une enquête saisissante !
Si l'univers des hackers et de l'informatique ne sont pas tellement les thématiques qui m'intéressent, ce récit m'a happé du début à la fin. Son autrice nous transmet sa passion, son obsession, pour l'existence de ce jeune homme qui a mis fin à ses jours à seulement 26ans. Pourquoi ? C'est le point de départ.
Aaron Swartz est un prodige du clavier. Il assiste à l'arriver d'internet autour de ses 10 ans et capte très vite l'impact qu'il peut avoir sur l'évolution du monde et de la société. A 14ans il quitte le système scolaire pour proposer ses services à une grande société informatique. A 17ans il découvre la face caché de l'iceberg. On découvre une face sombre de Barack Obama qu'Aaron tente de dénoncer. A partir de là, il change de bord pour se placer du côté des plus grands lanceurs d'alertes. A travers la toile, il a l'ambition de changer le monde. Créateur de readit, il est accablé par la tournure que prend la société. La haine et l'abrutissement général grandit sur la toile et les ennuis commencent pour lui. La CIA est à ses trousses. L'autrice parcours les état-unis pour dépeindre finement le portrait psychologique de Aaron, et tente de comprendre comment son génie l'a conduit à sa perte. Ce bouquin est un puissant mode d'emploi pour comprendre les dérives de la société, l'impact des lanceurs d'alerte, le poids qui pèse sur eux. Ces héros sur l'on tente par tous les moyens de passer sous silence... J'ajoute également une mention spéciale à Jean d'Ormesson, présent dans le récit, et pour la sagesse de ses paroles !
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