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sur 4945 notes

Sa réputation l'ayant précédée, je savais en commençant la lecture de J'irai cracher sur vos tombes de Boris Vian que je m'exposais à du sulfureux. D'ailleurs, ce côté sulfureux supposé n'est peut-être pas étranger à mon choix, qui sait ?...

Dans sa préface, Boris Vian parle au sujet de son livre de "réalisme un peu poussé", le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il a un certain sens de l'euphémisme...

J'irai cracher sur vos tombes est le récit fou d'une vengeance sur fond de racisme. Récit qui se compose de violence, de pornographie, de sodomie, de pédophilie. Un livre, vous l'aurez compris, à ne pas mettre entre toutes les mains. Je dois bien avoué que je m'attendais à du sulfureux mais pas à ce point-là, le final est à la limite du soutenable, accrochez-vous...

J'ai trouvé l'écriture assez cinématographique. L'histoire commence tranquillement comme un vieux film des années 50 et ça se termine, en apothéose, comme un film de Tarantino.

Lien : http://bouquins-de-poches-en..
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Un roman noir, très noir. La violence, le sexe, l'alcool, le racisme et le tout en même temps... viol, pédophilie, il ne manque que l'inceste pour que le tableau soit complet.

Écrit en quelques semaines, en 1946, ce roman est impressionnant, dérangeant, marquant. Verdon Sullivan, pseudonyme de Boris Vian, tape fort.

Interdit de publication aux US jusqu'en 1973, il reste une référence.

Un roman dérangeant. le racisme, vu à travers le scope de la sexualité, tout un programme. Surtout en sachant que Boris Vian n'a jamais mis les pieds aux US. Et si la France n'était pas exempte de racisme en 1946, pour les noirs américains c'était une terre de liberté.

En cherchant à en savoir plus, j'ai lu cette these d'une américaine Julie Kathleen Schweitzer: IRRESPONSIBLY ENGAGÉ: BORIS VIAN AND USES OF
AMERICAN CULTURE IN FRANCE, 1940-1959

Les américains écrivant peu sur les étrangers, c'est une forme de consécration et de reconnaissance de voir une telle these.
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Je vais peut-être en surprendre quelques-uns, mais tout ce que je connaissais de J'irai cracher sur vos tombes, c'est son titre et son auteur, enfin... ses auteurs.
Vernon Sullivan alias Boris Vian. (Pseudonyme  sous lequel est paru la première version du roman en 1946).
Roman noir qui fit scandale à l'époque (refus de maisons d'édition, censure...) et valut quelques poursuites judiciaires à l'encontre de l'auteur, un peu dépassé par le phénomène.
Je ne savais absolument rien du sujet de ce livre et l'attaquais donc, motivé et curieux.
Comme à mon habitude, je vais tâcher d'en dévoiler le minimum.
Sullivan/Vian situe son histoire dans le sud des États-Unis, une Amérique raciste où l'on lynche encore les gens de couleur.
D'ailleurs Lee, le métisse qui vient s'installer à Buckton, fuit un passé douloureux. Il voudrait oublier, mais plus encore, il voudrait se venger.
C'est là qu'on l'a envoyé, ça tombe bien, de toute façon, il n'a plus d'essence.
La librairie cherche un nouveau gérant. C'est parfait.
Lee a 26 ans. Ses cibles, elles, sont beaucoup plus jeunes...
C'est là que le romancier va choquer.
Le récit de la débauche, l'alcool à l'excès, la musique, la danse, les corps qui se frôlent, les corps nus, le sexe... pas toujours consenti...
Son héros, à l'extraordinaire pouvoir de séduction, immoral et répugnant, tisse sa toile.
Machiavélique.
Si ce roman a fait se lever les foules pudibondes en son temps, je crois bien qu'aujourd'hui même, il soulèverait l'indignation.
C'est violent, c'est cru, ça met mal à l'aise parfois.
C'est j'irai cracher sur vos tombes et c'est signé Vernon Sullivan/Vernon Sullivan.

Dans la foulée du roman, je me suis fait la BD.
Soyons fou...
Jomorvan, Ortiz,  Yen et Macutay ont su restituer, parfaitement, le roman original. Tout y est.
La noirceur, la violence. Rien n'est édulcoré.
Ceux qui voudrait découvrir "J'irai cracher sur vos tombes" peuvent le faire sans complexe avec cet album.


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Un petit roman choquant, percutant, un brin écoeurant il faut bien l'avouer car Lee Anderson n'est pas vraiment le gendre idéal. Buveur et séducteur notoire, il nous décrit avec forces détails les corps des jeunes filles qu'il "baise"ainsi que l'acte lui-même. Oui, le langage est cru, très cru, à la limite de la nausée post-cuite. La scène de pédophilie notamment m'a interloqué et choqué.

Ce pastiche de roman noir est profondément malsain car, sur fond de lutte contre l'intolérance et de dénonciation de la ségrégation, j'ai quand même eu du mal à cautionner le machiavélisme profond du narrateur, assez antipathique, misogyne, provocateur, manipulateur, cruel, libidineux et j'en passe. le foisonnement de scènes pornographiques et déviantes font naître un malaise à l'écoute qui ne m'a pas quitté jusqu'à la fin (et pourtant j'ai lu le Marquis que j'ai trouvé plus philosophe que pornographe dans ses écrits que Vernon Sullivan, pas la même époque sans doute).
Il faut reconnaître une écriture de génie, car, malgré cette atmosphère de plus en plus pesante et ce climat des plus putrides, on ne peut s'empêcher de vouloir savoir comme cela va se terminer (comme pour un vrai polar en somme). La fin est d'ailleurs assez suprenante. Au jeu de la provocation, Monsieur VIAN nous donne ici une belle leçon de maîtrise de l'art macabre et pousse son lecteur dans ses derniers retranchements.
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Cracher sur la tombe n'est que la dernière étape. Il faut d'abord la creuser, patiemment. La cacher aussi, pour qu'on y tombe comme en un piège. Éclairer le chemin qui y mène sans éveiller les doutes : tous phares allumés, musique à 100 à l'heure, et rythmes alcoolisés. Et sans tenir le volant encore : laisser croire qu'on s'amuse, qu'on s'enivre, que c'est l'amour qui conduit... laisser les mains se balader, les lèvres « sang mêlé », les corps se délivrer… du joug de la violence que subissent les peaux tannées. La vengeance est un plat qui se cuisine longtemps mais qu'on dévore sauvagement : c'est tout sauf un crime de sang froid. C'est une orgie de chairs un combat acharné, celui des corps meurtris par les préjugés et les violences ancestrales. C'est une fin en soi, une fin juste ; c'est justice pour les défins…

Il est d'usage de dire que certains livres sont des chocs, qu'ils claquent, vous changent. Que n'ai-je lu ,ensuite, qu'il s'agissait d'un canular, d'un pastiche. Car j'ai adoré en détester les excès.
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J'irai cracher sur vos tombes est écrit à l'encre mêlée au parfum de soufre où le sexe et la violence sont au service de la vengeance.

Écrit en 1946, il devait être très subversif pour l'époque. Et il l'est toujours en 2018. le sexe est éloquemment suggéré et omniprésent. Mais surtout, il est question de mineures de 15 ans à peine, de sexe tantôt libertaire 20 ans en avance sur son époque, mais aussi de tentative de viol... ou de viol sur des enfants. Une froide vengeance pour dénoncer l'injustice raciale. Là encore, Boris Vian était en avance sur son temps...

Il est difficile de mettre des mots sur son ressenti après cette lecture car c'est comme une gifle finale et magistrale qui viendrait nous frapper en plein visage. Et qu'on ait lu et tourné chaque page comme autant de coups, en attendant de la recevoir.

Un livre qui désarçonne à ne pas mettre entre toutes les mains.
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J'ai lu ce roman, il y a plus de quarante ans. A l'époque c'était LE livre qu'il fallait avoir lu car il était novateur et sulfureux.
Si je le relisais aujourd'hui, il est certain que je n'aurais plus ce sentiment de transgression mais je suis persuadée que j'y prendrais toujours autant de plaisir.
Ça reste un livre incontournable.

Article paru dans l'Internaute Livres - 22 Mars 2012 :
Ce livre a été interdit en France en 1949. Lorsque le livre est publié en 1946, il fait immédiatement scandale. Trop de violence, trop de sexe. Après un long procès, Boris Vian, qui a écrit le livre sous le pseudonyme de Vernon Sullivan, est condamné pour "outrage aux bonnes moeurs", mais la censure n'est pas administrativement validée.
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Vous, lecteurs, qui vous émouvez de la misère sociale en Amérique à travers les récits de Fante, Bukowski et autres SaFranko, mais qui ne reconnaissez pas cette misère à côté de vous,

Vous, défenseurs de la culture, qui vous offusquez de l'ignorance culturelle des masses, de nos jeunes, mais qui brillez dans l'ignorance crasse de vos voisins,

Vous, vieux schnoques de tous poils, qui voyez la jeunesse délinquante, ignorant les trésors de sagesse dont elle fait preuve en ne nous mettant pas des cocktails Molotov sur la gueule,

Vous qui pensez que la mixité c'est bien pour les autres mais que vos rejetons ne valent pas d'être rabaissés à leur rang, sans voir qu'eux-mêmes auraient à y gagner,

Vous qui prônez le retour de la morale à l'école (« - si ce n'est toi c'est donc ton frère ; - je n'en ai point ; - c'est donc l'un des tiens »), feignant de croire que le respect s'apprend à coup d'autorité qui n'a de naturelle que le réflexe de domination et de peur,

Vous qui vilipendez les peuples qui ne savent pas se défaire de leur dictature, si fier de votre démocratie, mais incapable de vous comporter autrement qu'en dictateur dans votre foyer,

Vous qui qualifiez de sacré la famille, quel que soit le sort qu'elle réserve à ses chérubins, qui à corps et à cris ne savent pas se passer de l'amour de leurs parents, même incestueux,



J'irai cracher sur vos tombes si je n'ai pas eu le courage de vous cracher mon mépris à la gueule de votre vivant.
Et je chargerai tous les autres d'aller cracher sur la mienne, épitaphe suffisante pour mon mépris…





“ Hey Joe, where you goin' with that gun in your hand ?
Hey Joe, I said where you goin' with that gun in your hand ?
Alright. I'm goin down to shoot my old lady,
[…]”

Extrait de “Hey Joe” de Jimi Hendrix :
https://www.youtube.com/watch?v=S2tv6u3m3dQ
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Bouleversant, choquant, étonnant, horrifiant, écoeurant...J'irai cracher sur vos tombes. Une lecture qui ne peut que faire frémir d'émotions.
Autant dire que j'avais lu L'écume des Jours de Boris Vian qui m'avait beaucoup plut mais ici on est loin du Boris Vian poétique, romantique et mélomane qui a écrit l'une des histoires d'amour les plus surréaliste et tragique de l'histoire de la littérature contemporaine. Vian change complètement de registre, le ton est polémique, les mots sont crus on a même l'impression de se recevoir des baffes parfois.
L'histoire racontée à la première personne implique encore plus le lecteur, on plonge directement dans l'histoire en suivant le quotidien d'un homme, Lee Anderson, tout juste arrivé en ville. C'est crescendo que l'on découvre la véritable nature de ce Lee Anderson ainsi que son histoire, on assiste alors à une véritable montée de haine et de désire de vengeance chez le personnage. Les mots utilisés deviennent de plus en plus crus, plus franc, vers le milieu du livre il n'y à plus aucun détour pour dire les choses notamment l'acte sexuel n'est pas écrit a demi-mot. Les pages suintent l'alcool et le sexe omniprésents dans le roman, pour une fois je comprend pourquoi une telle oeuvre a pu être censuré, aujourd'hui encore elle est assez choquante.
Choquant dans la façon ou les jeunes femmes sont traitées ; sous des apparences sages elles ne cherchent que le sexe et elles ne sont bonne qu'à ça, les jeune femmes représentés ont entre quinze et dix-sept ans. Lee Anderson se sert des femmes comme instrument de vengeance car outre le caractère choquant, l'histoire est tout d'abord un cri de vengeance et de haine. Une vengeance contre le racisme et les injustices, c'est ce que Vian pointe du doigt.
Finalement malgré le caractère abominable de Lee Anderson on ne peut s'empêcher d'éprouver un peu la même haine envers la bourgeoisie assez caricatural dans ce roman. Certaines personnes pourraient ne pas comprendre cet engouement pour une telle histoire et pourraient la trouver sordide car la fin frôle la caricature des thriller" noir" américains mais le sordide, surtout a la fin, fait la force de l'oeuvre.

Est-ce immorale de dire avoir adoré un tel livre ? Je ne sais pas, en tous cas c'est vrai. Je l'ai lu très rapidement car l'écriture de l'auteur fait que les pages se tournent sans les voir passer. Il y a aussi une certaine musique que l'on peut retrouver dans les pages, c'est comme cela qu'il est facile de reconnaître la signature de Vian parmi des milliers.
J'irai cracher sur vos tombes est un livre fort mais avant tout un cri de révolte contre le racisme et toutes les injustices sociales. A lire mais ne vous attendez pas a trouver le même Boris Vian de L'écume des jours car comme l'a dit déjà une personne, c'est le Mister Hyde qui résidait dans l'auteur qui l'a écrit !
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C'est cru, c'est vrai, c'est bouleversant aussi...
Tout est dit sans fioritures, sans délicatesse littéraire et ça marque !
Un livre court, vibrant de sexe et de haine, dégueulant d'alcool et de stupre, assourdissant de bruits et de blues, dégoûtant de dépravation et de racisme, dégoulinant de désir et de sang.
Une vision de l'Amérique qui ne la grandit pas, qui la plonge dans une mer de boue immonde et surtout sa jeunesse dorée si peu suivie, si peu cultivée.

C'est le roman de la vengeance ultime, la plus sale, la plus dégradante et qui se termine dans la mort crasse qui se passe de justice, cette belle justice bien blanche.

Un auteur dont j'ai beaucoup entendu parler, un auteur sulfureux du siècle passé dont la prose n'a clairement pas vieilli, un auteur enfin que je n'avais jamais lu. Voilà qui est fait et je ne le regrette pas :-)
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