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3,89

sur 4920 notes
Ce roman écrit sous pseudo aura attiré beaucoup d'ennuis à Boris Vian! Accusations d'incitation à la débauche, meurtre par procuration, obligation de rendre les supposés frais de traduction (argent ayant servi à éponger ses dettes), jusqu'à sa mort par crise cardiaque lors de la projection de l'adaptation...
Mais hormis les scandales qui s'enchainent suite à la publication du roman, celui-ci frappe tout aussi fort par son intrigue et son écriture sèche et brutale. On est à des lieues de l'Ecume des Jours ou l'Automne à Pékin, même si on y retrouve la passion de Vian pour le jazz américain. Dans ce roman, presque rien n'est à jeter: l'intrigue est parfaite, les phrases ciselées, les personnages bien campés, et on suit le cheminement De Lee avec autant d'angoisse que de frénésie face à son désir de vengeance implacable.
C'est une redécouverte pour moi, que j'ai bien mieux appréciée que la première fois, et je reste toujours aussi admirative de Boris Vian, qui non seulement a abordé un style et un sujet complètement différent mais l'a aussi écrit en deux semaines seulement!
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"J'irai cracher sur vos tombes", Vian 1946...
Une lecture trop souvent, trop longtemps remise à plus tard.
C'est chose faite.
Faut-il avoir lu Caldwell pour apprécier cet opus, fruit d'un pari de l'auteur et publié sous pseudonyme avant de connaître les foudres de la bien-pensance étasunienne, puis au final l'interdiction ?
Faut-il aimer les Westerns ?

Pour la première question, il me semble bien que oui, il faut avoir lu Erskine Caldwell, notamment "Jenny toute nue" ou "Le petit arpent du Bon Dieu". On retrouve parfois dans ce premier opus de Boris Vian, cette ambiance du sud des Etats-Unis, avec ses filles dévergondées et ses personnages improbables...
Pour ce qui est du western, le scénario de ce bouquin n'a rien à lui envier...
Bref, on l'aura compris, mon ressenti est plus que mitigé à la lecture de ce "chef d'oeuvre de la littérature engagée contre le racisme"... Mouais...
Mille excuses si je ne parle pas de l'intrigue : elle n'est pas très originale ; et tellement décrite par ailleurs.
Un bouquin qu'il faut (sans doute) avoir lu.
Bon ! C'est fait...
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Nous avons tous eu, dans nos programmes scolaires à étudier "L'écume des jours" de Boris Vian. Et selon notre capacité de perception de l'époque, selon le prof qui nous l'a présenté, nous avons eu plus ou moins envie de découvrir le reste de l'oeuvre de Vian. Et là, cela a parfois été un choc, car alors que l'on attendait des écrits proches de "L'écume..." on a trouvé des productions pour le moins hétéroclites; Et on arrive bien sur à Vernon Sullivan, avec "j'irai cracher sur vos tombes". Bel ouvrage, mais écrit dans un style "roman noir", des thèmes abordés inhabituels pour l'époque (heureusement, aujourd'hui cela semble aller un peu mieux),, enfin une façon d'écrire déconcertante quand on vient du classique.
Aujourd'hui je me pose une question : Si j'avais commencé par lire Vernon Sullivan, est-ce que je serais allé vers Vian ?
Peut importe la réponse, il s'agit ici d'un autre monument référence, incontournable, qu'il faut avoir lu, quelle que soit notre approche de ce type de littérature.
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Je découvre Boris Vian, auteur, par ce premier roman. J'avais vu la bande annonce du film « L'écume des jours » tiré de l'oeuvre éponyme et je l'avais trouvé déconcertant. Je dirai que ce livre est tout aussi déconcertant.

Lors de la parution de ce roman, 1948, le troisième clan du Ku Klux Klan venait de naître. le racisme était toujours très vivace aux U.S.A. Même si l'auteur n'en fait pas le sujet principal de son roman, il transpire aux travers de quelques expressions jalonnant le livre.

Le pitch : Un jeune homme noir mais blanc de peau veut venger la mort de son frère noir tué par deux jeunes blancs pour avoir courtisé leur soeur.

Mon ressenti :
Je ne me permettrai pas de dire quoique se soit rapport à l'écriture. le livre se lit avec facilité. le vocabulaire est simple, les phrases sont courtes ce qui donnent du rythme au récit.
Là où je tique « un peu », et ce n'est pas pudibonderie, c'est l'excès de scènes de sexe dans tous les chapitres et d'alcool.

Je dirai que je comprends pourquoi il a signé ce livre avec un pseudo
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Je peux parfaitement me figurer le scandale à la sortie du livre. Un nom anglo-saxon pour auteur. de la violence crue, presque gratuite (pour les détracteurs, clairement). du sexe brut, explicite. Une vengeance sourde et calculée. Je suis presque sûr qu'un tel livre ferait encore scandale aujourd'hui.

Boris Vian est un orfèvre dans ce roman noir, qui n'a pas grand-chose à envier à des auteurs comme Thompson ou Faulkner... et c'est sans doute un reproche que les détracteurs du livre et de l'auteur peuvent lui faire. Les codes du roman noir sont adéquatement utilisés pour dénoncer une société raciste et ségrégationniste. 70 ans plus tard, Black lives matter... preuve que peu de choses ont changé.

Une écriture coup de poing pour un propos toujours d'actualité. Sans complaisance, sans voyeurisme. Un récit affûté et précis. Il y a ce mélange de viscéral, de brut, et de rationnel, de construit... J'adore.
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A la faveur du centenaire de la naissance de Vian, j'ai voulu reprendre ce livre et comprendre son succès d'alors.
Je l'avais lu dans ma jeunesse et je ne conservais que le vague souvenir de pages "chaudes " et un peu salaces.
Normal , il n' y a rien d'autre !
Rien d'autre que des descriptions de viols et autre abus sexuels sur mineures, écrits à une époque où ce genre de pratiques étaient sans doute considérées comme LA virilité
(page 80 : - Lâchez moi. Vous êtes une brute!
- Non, dis je . Je suis un homme . )
J'ai trouvé ce texte tristement dépassé et vraiment sans intérêt . Si en 1946, date de sa publication, il échauffait les esprits et choquait le bourgeois, il est anecdotique en 2020.

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J'irai cracher sur vos tombes est un roman très sombre et violent. le ton y est cru et direct. Aucun détail ne nous est épargné pour suivre le périple de Lee Anderson, un homme qui ne vit que pour sa vengeance qu'il a froidement planifiée. Les scènes peuvent choquer, déranger, écoeurer au plus haut point. Et pourtant, Vian parvient à nous emporter dans ce récit qui dénonce le racisme, l'intolérance, les injustices sociales. Une lecture qui ne laisse pas indifférent, c'est certain, mais c'est là tout le génie de Boris Vian, à mon goût.
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"J'irai cracher sur vos tombes" ou le journal intime d'un assassin. Je me suis enfin décidé à lire ce roman car bon nombre de critiques m'ont intrigué et m'ont donné envie de faire le grand saut....Et quel saut !! Commençons tout d'abord par Lee Anderson, le pilier de l'histoire. Un homme de vingt six ans extrêmement mystérieux, qui semble ne pas avoir été épargné par la vie. Il nous raconte de bout en bout l'histoire et nous confie ses pensées les plus obscurs. Un personnage terriblement dérangeant, oui terrible est le bon mot ! Lee Anderson n'est pas l'homme qu'il prétend être, sous son physique d'athlète à la peau claire, se cache un secret des plus troublant. Lee est en fait un Noir, mais un Noir dont les intentions sont tout aussi sombres que sa vraie couleur de peau. Les soeurs Asquith, Lou et Jean, ne se doutent pas une seconde du piège que le jeune homme va leur tendre, ni du calvaire qu'elles vont subir. Lee leur ment, les manipule, les "baise" comme il dit...Mais le plus affreux reste à venir. Il a bien l'intention de faire d'elles ses victimes, l'objet de sa vengeance contre les Blancs, les Blancs qui ont battu à mort son pauvre frère, ces Blancs qui ont détruit sa vie. Lee Anderson est dérangeant à travers cela, il nous perturbe pour son côté psychopathe assoiffé de vengeance et il nous perturbe car il nous arrive d'éprouver de la compassion à son égard. En définitif, le paradoxe même. Alors que le roman commence relativement en douceur, Lee y va de plus en plus fort au fil des pages, à travers ses actes, ses mots. Dire que le roman fait environ 200 pages est tout bonnement incroyable car cela suffit à nous retourner complètement. Moi qui avait lu L'écume des Jours de Boris Vian, nous sommes bien loin de l'univers fantasque de Colin et de sa petite bande. Pour moi, c'est fou qu'un livre tel que celui-ci soit paru en 1946, pas étonnant qu'il ait été interdit à l'époque. J'imagine d'ici le scandale. Ce roman dénonce magistralement le racisme et nous expose un héros à la peau blanche mais dont la noirceur lui imprègne aussi le coeur. Une métaphore que je trouve brillantissime tout comme la manière dont Vian nous jette de plein fouet le meurtre de Lou et Jean. Tous les détails y sont, Lee agit avec vice, perversion, cruauté lorsqu'il dévoile son vrai visage; mais le comble est la manière dont il les achève en assouvissant ses pulsions. Je pense par exemple à le petite Lou qui n'était pas une fille facile mais qui en a largement fait les frais. Quant on voit ça, on comprend aussi pourquoi l'auteur s'est donné le pseudonyme de Vernon Sullivan pendant un bon bout de temps pour ce roman... Durant la lecture j'ai songé à beaucoup de choses: aux images directement liées au récite bien sure mais aussi à deux chansons dont l'intensité aurait parfaitement collées avec l'ambiance, Running Up That Hill de Placebo ou encore Take It All Away de Red. Ce sont des chansons "récentes" qui pourtant s'accolent parfaitement à ce roman de 1946. de plus je n'ai pas pu m'empêcher d'imaginer Lee en train de fredonner "Armstrong je ne suis pas noir...Je suis blanc de peau". Comme quoi ce fichu bouquin nous transporte concrètement dans un état second. Il est légitime après une telle lecture que chaque fille ait dès qu'elle voit un homme séduisant mais tout aussi terrifiant que Lee Anderson. Pour terminer, il est évident que je le recommande à tout ceux qui souhaite connaitre un lecture marquante mais âmes sensibles s'abstenir...
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La Feuille Volante n° 1476– Juin 2020.

J'irai cracher sur vos tombesBoris VianChristian Bourgois Éditeur.

C'est le premier de la série des romans écrits par Vian sous le pseudonyme de Vernon Sullivan, un écrivain américain dont il prétendait être le traducteur. C'est aussi le plus célèbre. Il fut publié pour la première fois en 1946. L'idée était d'écrire, dans le genre des romans américains d'Henry Miller très en vogue, un best-seller pour lancer une toute jeune maison d'édition(les éditions du scorpion). Il s'agissait donc d'une sorte de pari sur l'avenir.
Dans le sud des États-Unis, Lee Aderson, né d'une mère mulâtresse a « passé la ligne » au sens du roman de Nella Larsen, c'est à dire qu'il a la peau blanche, les cheveux blonds et les yeux bleus, comme un vrai « blanc ». Il a quitté sa ville natale parce que son frère, qui avait lui toutes les caractéristiques d'un noir, a été lynché parce qu'il était amoureux d'une femme blanche et veut le venger. Il s'installe comme libraire dans une ville tranquille. C'est un bel homme qui séduit toutes les filles et en particulier deux jeunes soeurs blanches qu'il projette de tuer et il est abattu par la police. Dans ce roman, se superposent les thématique du métissage de l'érotisme et celui de la violence. le problème noir est récurrent aux États-Unis et les événements actuels sont là pour nous le rappeler si toutefois nous l'avions oublié. Déjà Alexis de Tocqueville, dans son ouvrage « De la démocratie en Amérique » (1835), soulignait cette question. le côté «érotique » n'est pas vraiment flagrant par rapport à ce qui se publiait à l'époque mais c'est surtout l'aspect « violence » de la vengeance qui a choqué.
A l'origine cet ouvrage se voulait être un pastiche de roman policier américain. Pourtant c'est écrit par un bon écrivain français, c‘est à dire agréablement et donc bien loin du style vulgaire qu'on rencontrait à l'époque dans ce genre de littérature. On n'y retrouve cependant aucune des caractéristiques qui font le style de Vian. Il a certes satisfait ses lecteurs en exploitant les thèmes de la pornographie et du roman noir mais c'est surtout une dénonciation du racisme, de la violence et de l'intolérance.
Contrairement à la plupart des romans publiés sous le nom de Vian, ceux censés avoir été écrits par Vernon Sullivan (« J'irai cracher sur vos tombes », « Les morts ont tous la même peau », « Et on tuera tous les affreux », « Elles se rendent pas compte ») ont connu un certain succès, mais au prix du scandale puisque « j'irai craché » a fait l'objet d'une plainte, d'une interdiction pour atteinte aux bonnes moeurs en 1949 et d'une adaptation cinématographique que Boris trouva désastreuse et qui eut raison de lui. Ce roman lui a certes rapporté de l'argent bienvenu grâce à un fort tirage et une campagne publicitaire, mais il a notamment fait de son auteur un interdit de séjour aux États-Unis, ce qui gêna beaucoup l'ingénieur qu'il était à cause des nombreux ponts métalliques que compte ce pays et auxquels il aurait aimé s'intéresser. Les démêlés judiciaires de ce roman rappellent ceux qu'a dû affronter Henry Miller pour « Tropique du cancer ».

La mystification tentée par Boris Vian avec ces romans prétendument écrits par Vernon Sullivan a connu le même destin que celle qu'a tenté un peu plus tard Romain Garry écrivant « La vie devant soi » sous le pseudonyme d'Émile Ajar, obtenant du même coup le prix Goncourt… pour la deuxième fois ! Leur motivations étaient sûrement différentes mais ils restent deux grands écrivains d'exception qui ont, chacun à leur manière, honoré notre belle langue française.


©Hervé Gautier http:// hervegautier.e-monsitee
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J'avoue qu'après cette lecture, je ne sais quoi en penser ni où me positionner. C'est un sentiment étrange mais bien loin de l'indifférence. Texte cru et direct qui nous balance la vie quotidienne de son personnage en pleine figure, c'est violent, certaines images sont terribles. Aucun personnage n'inspire la sympathie, et au bout du compte on ne sait pas bien qui sont les victimes ou les coupables. Tous? Aucun?
Toute l'histoire est menée par la haine aveugle envers l'autre, que ce soit par racisme, par jalousie ou par vengeance; pour moi ce sont les maître-mots de ce roman. Court mais une vraie claque, que l'on aime ou pas il est impossible de lui rester indifférent.
La jeunesse, désabusée, je m'en-foutiste, qui donne tout à celui qui leur permet de se noyer dans l'excès, ceux qui se complaisent dans leurs richesses qui leur permettent d'abuser de tout et de tous, consentants ou non.
Si j'y vois plutôt une dénonciation de la haine en général et des excès que la richesse et l'apparence permettent d'acheter, je n'ai qu'une envie, lire ce que Boris Vian a dit de son propre ouvrage, essayer de comprendre. On est bien loin de "L'écume des jours".

Pioche dans ma pal (pioché par Tinaju)
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