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3,89

sur 4940 notes
Un roman à la fois ignoble et admirable.
Ignobles la perversité des personnages, le racisme et le mépris, l'esprit de vengeance et la violence contenue qui finit par exploser.
Admirable la plume de Boris Vian. Avec quel brio il construit la lente machination conçue par Lee Anderson, le narrateur de ce faux roman noir américain ! Avec quelle précision il fait, justement, sonner son texte comme une parfaite imitation de ce genre ! Avec quelle finesse il articule ses dialogues, qu'ils aient pour but la séduction la plus habile ou la soumission la plus crue ! Avec quelle élégance il campe ses décors, ses ambiances, l'attitude de ses personnages, la délicate beauté des jeunes filles et la solide assurance des jeunes gens ! Et avec quelle virtuosité il jongle sans cesse avec tous ces éléments, mariant ainsi l'élégance à la bassesse, la beauté à la violence, l'ignoble à l'admirable.
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De Boris Vian, j'avais lu "L'écume des jours" et je gardais un très bon souvenir de cette lecture et de l'univers développé par l'auteur.
Si vous vous attendez à retrouver cet univers, ce n'est pas la peine d'y compter, car l'auteur livre ici un récit violent, choquant, perturbant, en somme, qui ne laisse pas indifférent le lecteur.

Ouvrage publié en 1946 sous le pseudonyme de Vernon Sullivan, il fut très vite interdit et son auteur condamné pour outrage aux bonnes moeurs.
En effet, Boris Vian y aborde, sous couvert de se faire passer pour le traducteur de Vernon Sullivan, le racisme dans le sud des Etats-Unis et les difficultés rencontrées par les Noirs américains à travers le personnage de Lee Anderson.

Ce personnage cache un secret, c'est un nègre blanc, mais surtout il crache par écrit sa haine et son désir de vengeance, comme le titre du livre le laisse entendre, de son petit frère lynché pour avoir aimé une femme blanche.
Il rencontre Jean et Lou Asquith au cours d'une soirée finissant, comme toutes les autres, en beuverie et en orgie et n'a plus qu'une idée en tête, "l'idée de démolir ces deux filles".
Et il ne s'en cache pas, elles seront son coup d'essai, avant de viser plus gros, jusqu'à pouvoir vivre tranquille.

Ce livre va au-delà de la parodie du roman/polar noir américain en vogue à l'époque de la parution du livre.
J'ai été troublée par l'écriture, la violence des mots et le côté cru.
Tout est dit, Lee Anderson fait part au lecteur de ses moindres pensées, il ne cache rien, ni de ses intentions ni de son mode de vie.
Il y a de nombreuses scènes de sexe, c'est clairement de la pornographie, mais le passage qui m'a mis le plus mal à l'aise est celui ayant trait à de la pédophilie et où Lee Anderson conclut par "elle était brûlante comme l'enfer" après avoir pénétré une fillette.
Mais en creusant bien derrière tout cela, j'ai fini par retrouver le style de Boris Vian.
Au-delà des mots et de l'histoire, il faut aussi y voir une dénonciation du racisme qui sévissait aux Etats-Unis à cette époque-là.

A propos de l'enfer, il y est aussi question de Dieu et de la religion, à travers le personnage de Tom, le frère de Lee, qui est d'ailleurs son antithèse.
Souvent, il essaie de ramener son frère sur le droit chemin, sans jamais y parvenir, car pour Lee "Dieu s'en fiche bien".
Et malgré cette écriture crue, la fin de l'histoire est en partie morale.
Lee, après s'être laissé emporté par son désir de meurtre, meurt.
Le méchant est puni et les innocents sont vengés, mais le racisme est toujours sous-jacent : "Ceux du village le pendirent tout de même parce que c'était un nègre".
Boris Vian continue avec une dernière pirouette finale, afin de graver une certaine ironie : "Sous son pantalon, son bas-ventre faisait encore une bosse dérisoire".

Ce livre m'a mise mal à l'aise, mais d'un autre côté j'ai été prise par l'histoire, par le style narratif et je n'ai pas pu le refermer avant de l'avoir fini.
Il y avait aussi une partie de curiosité pour voir jusqu'où l'auteur oserait aller.
Finalement, il n'y a pas de limite à ce livre, et c'est sans doute l'un des messages qu'a voulu faire passer Boris Vian : voici ce que peut être une interprétation de la liberté.
Ce fut une lecture déroutante mais intéressante, qui m'a démontré toute l'étendue du talent de cet auteur.

Ce livre a été lu dans le cadre du challenge ABC critiques 2011/2012 - Lettre V ainsi que dans le cadre du club de lecture Babelio décembre 2011.
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
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Une oeuvre frappante, d'une lucidité cinglante pour l'époque, un vocabulaire cru, des scènes choquantes, pas étonnant qu'elle ait fait scandale! Cette oeuvre est selon moi un mélange des Souris et des hommes de steinbeck publié en 1937 et du Conte de Monté-Christo publié un siècle plus tôt. Publié en Août 1946, soit environ un an après la fin de la deuxième guerres mondiale, j'irai cracher sur vos tombes, est en tout point avant gardiste, hors du temps pour les comtemporains de l'époque, et un préambule à l'oeuvre cinématographique le Mississippi brûle sorti en 1988 et inspiré des faits de l'Amérique des années 1960, en pleine ségrégation. Les ressemblances ou plutôt les inspirations sont frappantes à ceci près que l'auteur n'est pas un américain mais bel et bien un français, on est loin de l'ambiance, des années foles, saucissons, baguettes et french cancan.

Oui, c'est une histoire de vengeance dans un cadre raciste, l'Amérique a t-elle vraiment changée? Pourrait-on se demander. Si vous souhaitez retourner vos tripes, alors oui, lisez cette oeuvre, autrement, abstenez vous, à ne pas remettre entre toutes les mains.
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La vengeance est un livre… oups pardon… un plat qui se mange froid.

Une histoire simple : l'auteur veut venger le meurtre de son frère noir par des blancs.

Un style limpide : sujet verbe complément et sans circonvolution.

Un récit court : dévoré en deux jours.

Et une chute implacable : pourtant tout commençait bien puisque le héros, Lee, vient s'installer dans une ville qu'il ne connaît pas pour reprendre la librairie….mais que cherche-t-il vraiment ? C'est la progression dans le récit et la mécanique narrative qui m'ont scotchée : le roman est porté par son personnage principal… dont on ne sait rien, si ce n'est qu'il agit étrangement… L'auteur ne dévoile que quelques éléments inexploitables par le lecteur car inexpliqués (qui est le gosse ?). le dénouement est alors un véritable choc.

Un roman violent certes, choquant sûrement, mais surtout cynique et au service de la lutte contre le racisme et la ségrégation.

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Intriguée par les différents commentaires sur cette "lecture du mois", moi aussi j'ai lu J'irai cracher sur vos tombes d'une traite! J'ai été aspirée par la spirale de violence et n'ai pas pu relâcher le livre avant de l'"avoir bu jusqu'à la lie".
J'imagine que je peux donc dire que l'auteur a un don pour nous emmener où il veut...
Mais est-ce pour cela qu'on peut le qualifier de "bon livre"? Est-ce que, s'il n'avait pas été écrit par Boris Vian, on en parlerait encore?
J'avoue que je ne sais pas et que la lecture de ce livre, si violent et crû, m'a rappelé et m'a laissée aussi mal à l'aise que quand je suis allée voir récemment Orange mécanique au cinéma, un autre "classique" qui m'avait échappé...
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Au sud des Etats-Unis, Lee Anderson s'installe dans la ville de Buckton où personne ne le connaît afin de reprendre la gestion de la librairie. Un homme a la peau blanche qui garde le silence sur le sang noir qui coule dans ses veines.

Petit à petit, Lee se fraie une place au sein d'un groupe de jeunes. Les filles sont aguicheuses et il enchaîne les conquêtes. Sexe et alcool rythment leurs soirées.

Mais Lee n'est pas là par hasard. Il a un plan bien précis en tête et la vengeance anime tous ses moindres gestes. Une vengeance qui l'obsède depuis le lynchage de son frère noir. Et il compte bien faire payer aux Blancs le prix fort.

J'ai ouvert ce roman les yeux fermés, en ignorant tout du contenu et en ayant seulement en tête la fantaisie de L'écume des jours qui m'avait beaucoup plu adolescente. Et force est de constater que ces deux lectures n'ont aucun point commun, bien au contraire.

Boris Vian alias Vernon Sullivan choque, provoque, transgresse et je ne suis pas surprise du scandale qu'a engendré cette publication en 1946.

Il faut avoir l'estomac bien accroché pour aller au bout de ce court roman noir d'autant plus que les dernières scènes nous conduisent au summum de la violence.

La prose est crue, va droit au but, sans fioritures. La tension monte peu à peu et l'atmosphère malsaine qu'instaure avec talent Boris Vian nous tient en haleine jusqu'aux dernières pages.

On découvre cette histoire licencieuse guidée par la haine, la rage de notre héros avec pour thématique centrale la ségrégation qui touche la population noire aux Etats-Unis.

Une lecture dérangeante, dont on ne sort pas indemne. Un uppercut.
Lien : https://mesechappeeslivresqu..
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Best seller en 1947, J'irai cracher sur vos tombes fut écrit par Boris Vian sous le pseudonyme Vernon Sullivan.
Considéré à l'époque comme immoral et pornographique, ce pastiche de roman noir fut interdit en 1949 et son auteur condamné pour outrage aux bonnes moeurs.
Il parle de vengeance, de refus d'être marginalisé, de défendre ses racines et sa couleur de peau, en pleine ségrégation raciale.
C'était le premier livre de Boris Vian que je lisais et j'ai aimé la brutalité et le côté sans fioritures et sans concession de son style.
Un véritable coup de coeur.

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« le temps n'est pas encore venu où la justice règnera sur cette terre pour les hommes noirs ». Boris Vian dénonce, en 1946, le racisme dont sont victimes les Afro-américains.

Lee Anderson, métis à la peau blanche, va venger son frère, mort lynché, car il était amoureux d'une blanche, en humiliant et tuant en retour.

Mais pour une dénonciation remarquée, Boris Vian prend des libertés.

La liberté de se présenter comme traducteur à la place d'auteur.
La liberté d'inventer Vernon Sullivan, auteur américain.
La liberté de faire un pari avec son éditeur d'écrire un best-seller, dans la veine de « Tropique du Cancer » d'Henry Miller, dans un temps très limité.
La liberté d'écrire un livre, avec beaucoup de sexe et de violence, lequel peut choquer.
La liberté d'écrire un roman sur le racisme aux Etats-Unis en étant Français.
La liberté de dénoncer un comportement américain juste après la deuxième guerre mondiale.

Cette liberté d'expression est revendiquée par Boris Vian en 1947 dans la préface, en réponse aux réactions suscitées par « J'irai cracher sur vos tombes », de son second roman écrit sous le pseudonyme de Vernon Sullivan « les Morts ont tous la même peau ».

Cette liberté sera à l'origine de poursuites pénales à l'encontre de Boris Vian pour incitation à la débauche suite à une action engagée par le « Cartel d'action sociale et morale » dirigé par l'architecte Daniel Parker.

Cette liberté est encore peut-être un peu plus mise en avant dans l'édition que j'ai lue avec la quatrième de couverture reprenant un article de 1973 de Delfeil de Ton de Charlie Hebdo : « Ils ne truquent pas, ils ne se déguisent pas. Ils sont tout entiers dans ce qu'ils écrivent. Ça ne se pardonne pas ça. Vian a été condamné. Flaubert a été condamné… ».

Une fois ce roman commencé, je n'ai pas pu le reposer. L'écriture n'est pas commune. Ce livre a généré un des grands scandales de la littérature française du 20e siècle. Il est dérangeant et violent, mais je ne regrette pas de l'avoir lu.

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L'histoire d'un blanc de peau, noir de sang qui évolue dans une société Américaine profondément raciste.
L'histoire d'un homme qui vit le deuil de son jeune frère, lynché a mort parce qu'un homme noir ne peut se permettre d'aimer une femme blanche.
L'histoire de Lee Anderson, qui décide de dissimuler ses origines pour mieux venger son frère.
Roman très fort et très dur de Boris Vian qui nous guide a travers la noirceur de l'âme d'un être en guerre contre le monde.
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"J'irai cracher sur vos tombes" a été, paraît-il, écrit comme une parodie de roman noir américain et de fait tous les ingrédients y figurent: le drugstore, le bourbon, les grosses voitures, le jazz etc... le personnage principal, Lee Anderson, mystérieux et ombrageux, débarque dans une petite ville de l'Amérique profonde pour y accomplir une vengeance. Les phrases sont précises et courtes, sont comme autant de plans de cinéma qui immerge le lecteur dans une atmosphère moite et glauque. Mais l'exercice de style cache un discours politique. le génie de Vian avait bien analysé que le polar américain de l'après-guerre était très politique: Lee Anderson est un être pervers, manipulateur qui consume sa haine du racisme des blancs dans une frénésie de sexe qui soulève le coeur. Car ce roman est aussi celui des Etats-Unis racistes des années 50 et d'une de ses victimes métamorphosée en bourreau ultraviolent. Un chef d'oeuvre court, dense, irrespirable mais un vrai tournant de la littérature contemporaine.

Ce livre a été publié sous le pseudonyme de Vernon Sullivan. Vian ne voulait sans doute pas que l'on puisse comparer ce genre d'oeuvre, qu'il a voulu
" Littérature Américaine " avec ce qu'il a fait côté " L'écume des jours ".
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