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3,89

sur 4943 notes
Boris Vian prend un pseudonyme et se livre dans un roman policier noir (sans aucune once de racisme !) sur la condition des Noirs face au racisme des Blancs.

Le titre est évocateur et clair, on intègre rapidement qu'il s'agit d'une histoire de vengeance. Mais cela va plus loin ! Il s'agit du refus d'accepter d'être marginalisé et de la nécessité viscérale de se délivrer d'une douleur trop violente en faisant mal à son tour.
C'est un cri de rage et de désespoir pour défendre ses origines, sa couleur de peau.

C'est une lecture dérangeante. La crudité des propos est là pour mieux accentuer ce qu'elle veut dénoncer.
Acide, grinçante, parfois l'écriture est quasi automatique, sans fioritures ni demi-mesure, dans un style brutal qui transmet une sorte d'énergie bestiale.
Cet instinct animal tapi à l'intérieur de chaque être est prêt à tout pour calmer la colère, la tristesse, la frustration.

La rage qui pousse à la vengeance.

L'étude de la psychologie des personnages est très fine, et sans les absoudre, l'auteur essaye de comprendre les comportements abjects qui les placent autant comme victime que comme bourreau.

Tragique et enragé Boris Vian veut qu'on regarde de front la noirceur d'un monde sans concession et condamne le racisme sous toutes ses formes, dans une période historique marquée par l'antisémitisme et l'apartheid.


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"Je la renversai sur le divan et j'arrachai le devant de sa robe. Elle se débattait comme un beau diable. Ses seins jaillirent de la soie claire.
- Lâchez-moi. Vous êtes une brute !
- Non, dis-je. Je suis un homme."

Ça, c'est pour le ton du roman, ça me semble tout à fait représentatif.

Publié en 1946 (et interdit aux Etats-Unis, pays où se déroule l'action), "J'irai cracher sur vos tombes" est un roman coup de poing qui frappe le lecteur avec la violence et la soudaineté d'une balle de revolver (enfin, j'imagine, n'ayant jamais reçu de balle de revolver).

Sud des Etats-Unis, Lee Anderson tient une librairie dans une petite ville où les adolescents sont aussi crétins que leurs copines sont belles, de vraies pin-up. Nouvel arrivant, il se lie facilement avec les jeunes du coin, ne lésinant pas sur les bouteilles de whisky pour se faire accepter. Bien que plus âgé, il séduit par son assurance et son physique. Très vite, il devient la coqueluche des ados. Mais sous ses dehors agréables, Lee cache un secret, celui d'une vengeance contre la société dominatrice, celle des Blancs.

Âmes sensibles s'abstenir !
Sexe, alcool et violence, voilà le programme. Un roman tellement cru et direct qu'on doit faire un véritable effort pour ce rappeler la date et le contexte de sa publication. Vous me direz, est-il plus violent que les six années de guerre qui venaient de s'achever ?

Malgré la dureté des thèmes abordés, j'ai été complètement hypnotisée par le roman et par le style de Boris Vian. Impossible de lâcher ma lecture. Voilà ce que j'aime, une littérature qui dérange, qui me sort de ma zone de confort, qui me heurte même mais qui me réveille aussi.

Un coup au coeur.


Challenge Petit Bac 2016 - 2017
Challenge MULTI-DÉFIS 2017
Challenge 1914-1968 2017
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1946 , première parution en date sous le pseudonyme de Vernon Sullivan .
1949 , interdiction prononcée pour atteinte aux bonnes moeurs assortie d'une condamnation de principe .
Si ce genre de mésaventure prête à loler comme un ouf' de nos jours , il nous faut , cependant , nous replonger dans le contexte d'époque , spécifiquement dans ce bon vieux Sud , terre d'accueil toujours aussi emblématique pour le frère de couleur en mal d'amitié sincère et durable qui se voyait immanquablement , dès son arrivée , chaleureusement offrir une petite cagoule blanche en pointe du plus bel effet quand ce n'était pas la corde de l'amitié voire le petit braséro de la St Jean , signe d'une camaraderie indéfectible en devenir !

Lee Anderson , 26 balais , vient s'échouer à Buckton pour y tenir une petite librairie .
Ses hobbies ? le triple B : écouter ou jouer du blues , boire et baiser .
Son histoire , sa quête , son inaccessible espoir , il va l'inscrire dans le stupre et le sang , un seul leitmotiv comme moteur de vie : la vengeance obsessionnelle !

J'irai cracher sur vos tombes est effectivement d'une rare violence . Brutalité des mots , furie libidineuse des corps et des âmes . Ici , point de héros susceptible de susciter la moindre empathie car tout n'est que débauche , luxure et dépravation . Ah , elle est belle la jeunesse , tiens !
On aime ou on déteste . J'ai plutôt accroché !
Une écriture , certes , scabreuse , faisant parfois dans la facilité et la démonstration à outrance mais largement compensée par un récit ultra prenant à la tension palpable allant crescendo .
Vian impose un scénario malsain que l'on pressent très rapidement tout en parvenant à scotcher un lecteur n'attendant plus qu'un dénouement hors norme .Une écriture entêtante , véritable petite musique funèbre pour un final magistral !

J'irai cracher sur vos tombes : m'en fous , je compte faire don de mon corps à la science histoire de partir sur une dernière blagounette...
Au crachat , je préférerai...
http://www.youtube.com/watch?v=hEuVWnKMMSM
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"J'irai cracher sur vos tombes" fut écrit en deux semaines - en août 1946 - par Boris Vian, sous l'identité du fictif romancier américain Vernon Sullivan, à la demande de son ami Jean d'Halluin pour sa toute jeune maison d'édition “Scorpion” qui recherchait alors des oeuvres dans la veine des romans noirs américains, et le texte fut conçu comme un pari à la fois littéraire et commercial - l'idée étant de susciter le même scandale et les mêmes rentrées financières que le “Tropique du Cancer” de Henry Miller qui venait de paraître aux Etats Unis.

Il n'y a donc rien d'étonnant à ce que le sexe et la violence - ingrédients incontournables du roman noir américain - soient au coeur de ce roman de Boris Vian, ou plutôt de Vernon Sullivan. Pourtant, Vian va bien au-delà du canular et du simple pastiche à vocation commerciale et construit ici une véritable oeuvre littéraire dont l'intérêt perdure par-delà le parfum de scandale et la curiosité suscitée par sa censure et la condamnation de son auteur. Car le sexe et la violence qui lui furent alors reprochés au nom de la morale et de la bienséance n'ont certes là rien de gratuit ni d'aguicheur.

“S'il n'y avait pas de rapports sexuels entre les Blancs et les Noirs, il n'y aurait pas de métis, il n'y aurait pas de problème”, déclara Boris Vian à propos de "J'irai cracher sur vos tombes" lors d'un entretien radiophonique en 1959. Et c'est bien là, effectivement, que se situe le problème, dans le roman comme dans cette Amérique puritaine, raciste et ségrégationniste de l'immédiat après-guerre aux yeux de qui le peuple Noir, à mi-chemin de l'esclave et de l'animal, ne saurait appartenir pleinement à la race des humains.

Avec ce texte délibérément transgressif, dérangeant et brutal qui brandit la provocation jusque dans son titre, avec le personnage de Lee Anderson, sa rage froide et sa haine, son immoralité et la violence de sa vengeance, Boris Vian - bien loin de toute pornographie facile et racoleuse - proclamait alors au monde, et particulièrement aux Etats Unis où le livre fut immédiatement interdit, sa révolte et sa colère face au traitement infligé à tout un peuple, lui qui vouait un tel amour à une autre Amérique - celle de ses grands auteurs, de ses cinéastes, de ses joueurs de blues et de ses jazzmen afro-américains.

Un grand livre où l'on retrouve le meilleur de Boris Vian : son écriture, son intelligence et l'intransigeante pureté de son insoumission et de ses engagements.

[Challenge Multi-Défis 2020]
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Buckton, sud des Etats-Unis, nous sommes en pleine ségrégation raciale. Dans cette petite ville débarque un jour Lee Anderson, une lettre de recommandation et un dollar en poche. Ayant tout laissé derrière lui, il devient gérant d'une petite librairie et s'apprête à changer de vie.
Il s'ennuie un peu et décide d'aller voir dans le bar d'en face. Là, il fait la connaissance de quelques adolescentes, les Bobby-soxers, et leurs amis. Finalement, ils passent le plus clair de leur temps ensemble, près de la rivière à se baigner, boire et faire l'amour.
Mais derrière cette belle apparence se cache un homme, avide de vengeance, pour les punir de ce qu'ils ont fait au "gosse"...

Encore une lecture qui ne peut nous laisser de marbre...
A la fois dérangeant, troublant, parfois écoeurant, intrigant, violent, cru... les qualificatifs ne manquent pas pour décrire ce roman de Boris Vian.
L'auteur raconte, dans les moindres détails, les scènes de sexe en passant par la violence et la haine qui habite son anti-héros. Porté par ce mystérieux personnage, le roman sait nous dévoiler progressivement l'intimité de cet homme blessé et animé d'une soif de vengeance. Vengeance qui ira crescendo au fil des pages et qui se terminera par un final assez époustouflant.
L'écriture est acérée et âpre, avec des dialogues incisifs et percutants et des scènes à l'aune d'un titre provocateur.

Un bon roman dé-Vian ...
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Une écriture poignante et d'une agressivité maniaque ou presque sauvage. de ce genre violent découle aussi une vérité bouleversante. Surtout s'il faut situer le livre à son époque, il a mérité d'être censuré.
Dans le contexte historique auquel est vouée l'histoire notamment pendant la ségrégation raciale, on peut dire que voir un noir être maltraité, fouetté ou tuer une autre chose mais voir un noir développer sa rage de vengeance et de parvenir à l'appliquer, c'en est aussi autre chose. Alors que les germes de la violence se transmettent dans la société comme les gènes de l'hérédité des parents aux enfants. Une haine n'enfante que de la haine. Et que Lee Andersen en est le bon fruit.
Voulant venger son frère tué sauvagement, Lee Andersen s'infiltre dans la communauté blanche, déguisé en un blanc, afin de tendre ses pièges et de pouvoir mettre à exécution tous ses plans...
Aussi qu'il est emporté par la folie des choses, tout est entaché de violence dans cette histoire. L'amour à la violence, la sexualité à la violence....
Le plaisir ici ne ressemble en rien à un ressentir plutôt obéit à l'apaisement d'une obsession
J'ai aimé ce livre très osé et je dis chapeau à Boris Vian d'avoir oser.
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Ce livre m'a permis de découvrir la plume de Boris Vian. J'ai eu un véritable coup de coeur pour ce petit livre. Il a été écrit sous le pseudo Vernon Sullivan et fut le best-seller de l'année 1947. Ce roman noir a été considéré comme immoral et dérangeant. J'ai lu ce livre d'une traite, J'irai cracher sur vos tombes est un véritable chef-d'oeuvre qu'on oublie pas, la plume est captivante mais peut paraître brusque et dérangeante. Boris Vian nous propose une histoire originale et moderne, publiée suite à un pari. Lee Anderson, âgé de 26 ans, est un manipulateur qui a faim de vengeance. Il décide de changer de ville puis devient libraire à Burkton. Il se fait un ami prénommé Dexter, il va lui présenter les soeurs Asquith, deux jeunes bourgeoises que Lee va s'empresser de séduire. L'auteur décrit le racisme de l'Amérique de l'époque, d'où le scandale à la sortie du livre. Ce livre a été un coup de coeur, je le recommande chaudement.
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Mais quelle mouche a donc piqué Boris Vian ? Tel ce bon Dr Jekyll, le voici transformé en Mr Hyde sous le nom de plume de Vernon Sullivan. L'auteur de L'Ecume des jours écume de rage. Je ne vais pas tenter de raconter le pitch car ce serait déjà trop dévoiler l'intrigue, l'intérêt du livre reposant en grande partie sur de réels effets de surprise – concernant les noirs desseins du narrateur, ses motivations et son jusqu'auboutisme qui n'apparaissent que très tardivement dans le roman. On a lu partout que J'irai cracher sur vos tombes est le récit d'une vengeance (ça n'apparaît pas immédiatement, mais c'est exact) et une dénonciation du racisme et de l'intolérance (cet argument me semble déjà plus hasardeux, mais on peut l'accorder au bénéfice du doute). Car on pourrait tout aussi bien y voir une certaine complaisance, un panégyrique de la violence, de l'auto justice, de la haine, des déviances sexuelles, et j'en passe, mais c'est impossible, puisque l'on sait aujourd'hui qu'il s'agit d'un texte de Boris Vian, tout ceci n'est donc que de la dénonciation de bon aloi, et procède de l'envie de jouer un bon tour au lecteur. Si le livre fut interdit à sa sortie, pour pornographie et immoralité, et si son auteur fut condamné pour outrage aux bonnes moeurs, c'est parce que les censeurs de 1949 n'avaient pas compris l'intention réelle de l'auteur et sont tombés dans le panneau en prenant tout au premier degré.
Vernon Sullivan piège le lecteur en proposant au départ un héros agréable et sympathique (le narrateur du roman) qui se dévoile peu à peu dans le rôle du vengeur masqué (mais qui reste encore sympathique à ce moment là, les vengeurs masqués sont toujours sympathiques), et qui révèle ensuite, en fin de parcours, sa vraie nature, d'où le malaise ressenti, puisqu'on veut le croire encore sympathique, mais sans vraiment y parvenir, pour le coup. Les cartes sont mélangées. Qui est la victime ? Qui est le coupable ? Qui est noir ? Qui est blanc ? Mais j'en ai trop dit. Disons que Dr Jekyll et Mr Hyde, c'est aussi dans le roman.
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Livre trouvé dans une poubelle, entre Gavalda, Proust et quelques autres !
Je n'étais pas particulièrement attiré par les romans de Boris Vian. Je n'avais lu jusqu'alors que « Un automne à Pékin ». Bon, autant dire que je suis encore sous le choc ! Incroyable qu'en 46, on puisse écrire ça. Pas étonnant que le livre fut interdit.
Je pensais avoir fait le tour du sexe et de la violence en littérature mais je dois avouer que j'ai été très surpris. de plus, toute cette histoire n'est absolument pas gratuite, puisque l'intrigue nous plonge jusqu'aux oreilles dans le problème racial de l'après guerre aux États-Unis. C'est un cours roman de 200 pages qui se lit d'une traite et qui tient en haleine du début à la fin. Je ne connais quasiment pas la littérature américaine de cette période dont s'est inspiré l'auteur, mais je vais commencer à y regarder de plus près.
Je recommande ce livre de toute urgence ! Et dorénavant, je fouinerai un peu plus du côté des poubelles. On y fait parfois des trouvailles littéraires inattendues.
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Une vengeance lentement et longuement fomentée contre les artisans de discriminations raciales aux USA.

L'écriture au parfum de scandale, volontairement dérangeante, surtout à l'époque de la publication, m'a vraiment surprise car je gardais un souvenir plein de poésie du seul roman lu de cet auteur « l'écume des jours ». Le ton est tout autre ici, et se ressent déjà dans le titre.
La narration à la première personne renforce la tension psychologique et le lecteur ressent pleinement ce besoin de se venger, de faire payer en retour d'un crime injuste et inacceptable. Le lecteur est alors porté à prendre parti pour le narrateur bien que ses actions soient également condamnables.
Le drame monte dans un lent crescendo et éclate dans les vingt dernières pages.
L'écriture, décrivant une violence absolue tant dans les actions que dans les rapports humains, est précise, fine.

Il faut revenir à la date de publication (1946) pour mieux saisir toute la portée de ce texte, qui n'a pas pris une ride, et remue le lecteur.
Sans contexte un grand roman !
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