Et le vent donnant enfin l’accès à une couleur…
Et le vent donnant enfin l’accès à une couleur que l’homme
n’avait pas su aimer, ou qui le peinait obscurément, par
souvenir d’un jour mauvais d’une enfance sans joie et sans
visage, il lui fallait, sans reculer, l’affronter.
La page se tourne, et le vent cesse.
Reste ce poème, comme énigme malencontreuse ou bien-
heureuse du vent.
Le vent du poème
Le vent du poème
me prend et me laisse
sans recours sans retour
autre que son caprice obligé
son devoir de vent
sa loi inexorable et rebelle à toute limite.
Je n’aime pas le vent !
Je n’aime pas la poésie
qui est sans vouloir
sans souci de vérité
et pourtant par elle seulement
je vis
dans l’unique vérité de ce vent moqueur.
Je ne puis dire bien sûr…
Je ne puis dire bien sûr que c’est le vent qui a écrit ce poème.
Je ne puis dire non plus que je l’ai écrit.
Œuvre commune du vent et de l’homme ?
Ou non œuvre, malœuvre, désœuvre ?
L’homme, rencontrant cette violence sans répit, sans recours,
qui devient le monde autour de lui, n’a d’issue que dans l’écriture
du poème.
…