Emouvant, lumineux, criant de vie,
Laurent Vignat ouvre la cage aux oiseaux. Il laisse s'envoler l'implacable, l'irrévocable. Mutation. L'avant, ce qui fût, de soleil, d'insouciance, une santé affirmée malgré les cigarillos à la vanille.
Laurent Vignat va. Jusqu'au jour de l'infarctus, 19.4 de tension. le train déraille, notre homme chavire, plonge entre soins intensifs en cardiologie, ce lexique médical rédhibitoire, syndrome coronaire aigu. Mais voilà,
Laurent Vignat est aussi professeur côté ville et écrivain côté cour. «
Ressorts » n'est pas un exutoire. Un lâcher-prise aux confidences médicales. «
Ressorts » est une échappée, une galopade à flanc de colline, les bras tendus. Nous sommes aussi dans « l'Ere des Petits Riens » à l'instar de Delerm ou Bobin.
Laurent Vignat profite de ce temps arrêté, de cette convalescence forcée pour réenchanter le monde. Se retrouver en hôte existentialiste, hédoniste, le regard tourné vers ce que cette pathologie va bousculer en lui. Il va se lier d'amitié avec ses savoirs, son éveil au soubresaut d'un chant d'oiseau, d'un pas connu, d'un silence sauvage à peine perceptible au fond de sa poitrine. « « L'infarctus brise à jamais cette irrésistible arrogance parisienne. M'acheter une paire de baskets, de bâtons de marche et m'y mettre. » Ce temps de flottement entre deux rives, l'avant et la guérison qui cédera le passage à la sérénité n'est pas encore de mise.
Laurent Vignat fait un pas de côté. Il cherche la meilleure issue, raconte, sans pathos aucun. Les faits sont pour lui encore des vertiges de changement de cap. Néanmoins, l'heure est douce, délivrante. Trouver un sens à cette renaissance, ne pas se perdre en route. «
Ressorts » métaphore, métal, étrange (er). Dépasser « La réadaptation, c'est une routine scolaire, rassurante, une gangue qui calfeutre la maladie. » « Je ne connais pas le nom des oiseaux. Je le regrette. J'aurais aimé pouvoir nommer celui que j'ai entendu le jour de mon retour au domicile. » Parabole, glaise, rebond, apprécier le Carpe Diem.
Laurent Vignat est ici. Face aux pages qui arriment les palpitations de vie à son coeur malade et fébrile. Lire «
Ressorts » être touché (e) aux larmes par la page 109. « Code pour les morbides » « Coronavirus ? Covid-19 ? SARS-CO- 2 ? alors que sa seule patrie était l'homme. «
Ressorts » par terre. Mais je sais que le temps passera. » «
Ressorts » est un signal, notre semblable, une urgence de lecture. Publié par les Editions du Jasmin qui nous prouvent une nouvelle fois une haute qualité éditoriale.