Nées de la peur, autant que du besoin de reconnaître une cause suprême, les religions n'abandonnèrent jamais les démons auxquels elles devaient tant. Certaines accordèrent à Satan, l'adversaire, au négateur, une place égale à celle de la divinité. Le doute plana quant à l'issue de la guerre immortelle que se livrent, indépendants l'un de l'autre, les deux principes du Bien et du Mal. Qui à la fin l'emportera ? C'est un insoluble problème que seul le christianisme trancha superbement. Il repoussa le Diable et ses séides dans des abîmes infernaux, pour eux préparés de toute éternité. Mais, illogique avec lui-même, il maintint un dualisme bâtard. en vérité, aucune différence ne sépare l'attitude du sorcier qui effraie son peuple de celle de saint Thomas d'Aquin quand il écrit : "Certains ont dit que le maléfice n'est rien et que cette croyance provient du manque de foi parce qu'ils voulaient que les démons ne soient que des imaginations humains. Mais la foi catholique veut que les démons soient réels et puissent nuire par leurs opérations et empêcher l'oeuvre de chair."
On ne saurait mieux imposer le dogme. L'élément diabolique s'introduit dans la mythologie chrétienne et en devient un rouage essentiel. Sans Dieu, point de Diable -et réciproquement. L'un explique l'autre, et tous deux se complètent.
Genèse de l'angoisse diabolique
Le dieu Pan -le mangeur, le dévorateur (comme Shiva, Dionysos, Tlaloc et Baal), que Rosette Dubal assimile à Satan, dans sa remarquable Psychanalyse du Diable, est " le symbole de la libido, de l'élan vital, de toutes les forces de la nature débordante de la vie en face de laquelle l'homme-enfant se sent écrasé, bien qu'il ait cherché par la magie et la science à dompter ces énergies qui représentaient si bien ses instincts refoulés. Aussi l'angoisse éclate-elle dès que cette animalité que nous pensions avoir ensevelie réapparaît t s'impose dans tout ce qu'elle a d'étrangement inquiétant..."
Genèse de l'angoisse diabolique
Projections de l'inconscient, les esprits malfaisants se transforment en autant de créatures vivantes, chargées de nuire aux hommes et de les tenter.
Genèse de l'angoisse diabolique
Il est incontestable que l'Eglise se servit de la peur pour instaurer son règne et sa puissance. Elle n'a cependant pas inventé le Diable, qui appartient à tous les systèmes philosophiques puisqu'il symbolise nos anxiétés, nos répulsions et nos désirs morbides.
Genèse de l'angoisse diabolique
Sorciers et
sorcières
Emission consacrée à la
sorcellerie, avec
Robert MUCHEMBLED (professeur à l' Université de Lille 3, auteur de "la
sorcière au village"),
Carlo GINZBURG (enseignant à Bologne, auteur de "
Les batailles nocturnes" sur la
sorcellerie au Frioul au xvieme siècle),
Roland VILLENEUVE (auteur de"la mystérieuse affaire Grandier"),
Danièle CARRER (coauteur avec
Geneviève YVER de"la...