Quelque chose va mal se passer. Voilà bien à quoi l'on pense dès les premières pages de « Bluesman ». L'histoire (tressée par
Rob Vollmar) est trop belle pour ne pas tourner en eau de boudin, l'épopée trop idyllique. Repas offerts à l'oeil, carton plein au bar, promesse d'enregistrement musical, c'est que le guitariste Lem Taylor et le pianiste « Ironwood » Malcott réussissent diablement, pour deux troubadours itinérants, partout où ils passent. Tant de veine se paye un jour. Faudrait tout de même veiller à ce que tout ceci tourne au drame…
Univers vraiment réussi que celui de
Pablo Garcia Callejo. Les détails ne fourmillent pas, et pourtant, il arrive par son jeu d'ombres et ses coups de stylo, à nous faire sentir la chaleur d'une région, le poisseux des troquets, la poussière d'une cabane et la touffeur du juke-joint. Par quelle malice arrive-t-il à faire ce tour de force ? Je cherche encore, tant les effets sont subtils et masqués, mais une chose est sûre, on y est ! En partance pour les années 20 américaines, l'impression d'immersion est superbement réussie.
Premier tome au scénario simple, lumineux et plein d'espoir, on ne lâche pas la lecture qui file bellement. Une seule envie : fondre sur le tome suivant.