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SIMONE WEIL OU LA PENSÉE ARDENTE.

Exercice ô, combien périlleux que de résumer en quelques lignes, en quelques mot un tel ouvrage, presqu'autant assimilable à un compagnon spirituel, à un livre de vie - sans qu'il soit pour autant qualifiable de "livre de sagesse", comme cela se trouve beaucoup dans le domaine religieux - qu'à un essai bâti à fin de démontrer une hypothèse philosophique, d'engager une controverse. Et pourtant, nul doute que nous sommes-là au coeur d'une certaine idée de la philosophie.

Mais avant d'entrer un peu plus avant dans le vif du sujet, il est indispensable d'entreprendre une présentation biographique aussi succinte que possible.

Lorsqu'elle rédige ce qui deviendra donc La Pesanteur et la Grâce, Simone Weil n'a que trente-trois ans et pourtant son oeuvre tout autant que son existence sont singuliers et remarquables à plus d'un titre. D'abord élève du Philosophe Alain durant son Khâgne à Henri IV - il la surnomme affectueusement "la martienne" -, elle sort de l'Ecole normale supérieure de la rue d'Ulm en 1931. Elle obtiendra son premier poste de professeur au Puy-en-Velay, où elle s'engage auprès des ouvriers, des paysans et des chômeurs, tout en élaborant les bases d'une philosophie de l'action et du travail, éloignée toutefois de l'orthodoxie marxiste, tant ses vues sur l'URSS sont d'une rare lucidité. Femme d'action éprise de contemplation, intellectuelle n'hésitant pas un instant à partager un temps la vie des ouvrières de son époque, non comme sujet futur d'étude mais par conviction intime, juive rejetant le judaïsme pour mieux embrasser le christianisme - sans s'être cependant jamais fait baptiser -, se proclamant de l'héritage de Platon (mais refusant Aristote) tout en avouant sa fascination pour l'Inde et l'Occitanie Cathare, Simone Weil n'en finit pas de nous surprendre par ses apparentes contradictions

La défaite de 1940 va pousser Simone Weil sur les routes de l'exode, jusqu'à Marseille où elle participe à la belle aventure des Cahiers du Sud, aux côtés de Jean Ballard et d grand poète Joë Bousquet, rédigeant un somptueux "L'Iliade ou le poème de la force", sous le pseudonyme anagrammatique d'Emile Novis, le "reclus de Carcassonne". Ascétique, et selon les règles de vie qu'elle s'impose à elle-même depuis des années, elle décide de dormir par terre, puisque tant de réfugiés sont privés du confort le plus élémentaire. Désireuse de travailler aux champs, elle trouve également une place d'ouvrière agricole en Ardèche, chez le philosophe catholique - et monarchiste - Gustave Thibon. À son départ pour Oran, et avant les USA en compagnie de sa famille, Simone Weil confira à l'auteur de L'Echelle de Jacob une serviette contenant une dizaine de gros cahiers contenant notes, réflexions, pensées diverses et citations dans toutes les langues. C'est à partir de ce matériau brut et de l'amitié vraie, fuit de ces mois d'exode, et de leurs conversations bien souvent contradictoires que naîtra La Pesanteur et la Grâce. Gustave Thibon ne s'en est jamais caché : si l'essentiel était présent dans ces lignes manuscrites, il lui fallu opérer un genre de classement au sein de ces pages afin de rendre l'ensemble plus intelligible.

Témoin de la foi chrétienne, tout autant immense que peu commune (au sens où elle ressemble assez peu à la foi telle qu'on l'entend généralement), de Simone Weil, ce recueil d'aphorismes d'une puissance d'introspection rare n'est pas sans rappeler l'un des modèles du genre le plus connus : Les Pensées de Blaise Pascal. Et par bien des aspects, il est possible de mettre les deux personnages autant que les deux intentions philosophiques en parallèle. Mais Simone Weil ne saurait se contenter d'un simple pari.

Pour la philosophe, si Dieu s'est retiré de sa propre création, s'est en nous laissant face à deux forces liée l'une à l'autre, dans la mesure où l'une ne peut être sans l'autre, et donc invariablement opposée l'une à l'autre, mais dont il faut parvenir à se détacher - la pesanteur - pour entrer dans la plénitude de la seconde, c'est à dire la grâce. de cet affrontement naissent des mouvements dans lequel «la grâce, c'est a loi du mouvement descendant» tandis que «la pesanteur morale nous fait tomber vers le haut.»

Ce qui peut surprendre, dans cette philosophie pourtant tournée toute vers Dieu, c'est qu'elle s'adresse tout aussi bien à l'athée, dont elle estime d'ailleurs qu'il se trouve plus proche de Dieu que celui se disant croyant ! Car la pesanteur, cela peut se révéler être des choses aussi que le goût du pouvoir ou de l'argent, que le désir sans amour, le jeu, les religions ! Ainsi, certaines pages sont-elles terribles pour ceux faisant profession de foi catholique ou protestante. Plus intransigeante encore est-elle à l'égard de la religion hébraïque dont elle estime que le Dieu est trop terrestre, humain, pour être véritablement le Dieu lumineux qu'il peut seul être dans son absence...

Nous sommes tous, "je" est, à des degrés divers, pris dans la pesanteur. Et c'est par la destruction du je, par l'humilité (mais pas celle que "je" peux jouer. Une humilité vraie, terrible par certains aspects, jusqu'au boutiste en tout cas.) que l'on peut accéder à cette grâce lumineuse, à cette chlorophylle, comme Simone Weil l'explique.

Texte parfois difficile à saisir sans relecture, d'une écriture particulièrement dense bien qu'usant d'un vocabulaire des plus immédiat, la pensée de Simone Weil est une pensée en tension permanente, lumineuse, ardente, ascétique. Et l'équilibre qu'elle n'a cessé de rechercher tout sa vie durant, entre action et contemplation, bien et mal, amour de son prochain et retrait, est un exercice des plus difficiles à entreprendre, même à qui s'y consacre intensément. Même sa foi obstinément christique est à même de dérouter le plus pur des croyants !

Les dernières pages de la fin de cet ouvrage véritablement hors du commun sont consacrées à des thématiques précises et plus "habituelles" comme l'art, la beauté, l'argent, le pouvoir, le "gros animal" comme elle l'écrit en référence à Platon, la société, Israël, à l'égard de qui elle profère des mots d'une dureté incroyable, idem pour Rome et son héritage, mais encore le travail, la musique ou la poésie. Mais si ces thèmes sont des classiques de la philosophie occidentale, le traitement que Simone Weil leur fait subir est lui aussi déroutant et profond. Car tout procède de cette recherche entre pesanteur et grâce, aucun sujet ne pourrait s'en trouver libéré sans nouvelle approche.

La Pesanteur et la Grâce est ainsi l'exact opposé de ces recueils de pensée toute faites, prêtes à porter, tels qu'il s'en fabrique à longueur d'édition. Il s'adresse à qui pourra prendre le temps de la réflexion, de l'introspection. le chemin suivit par Simone Weil, parfois qualifiée de sainte laïque - elle qui se méfiait comme de la peste de la supposée sainteté, et qui n'avait que mépris pour le martyrologue - est des plus singuliers, abrupt aussi. Mais, indéniablement, l'existence si brève de cette femme étonnante - elle décédera à Londres l'année suivante, à l'âge 34 ans, des suites de la tuberculose et, plus encore, des mauvais traitements qu'elle infligeait à son corps : elle avait décidé de ne rien manger de plus que ce à quoi les tickets de rationnement de la population française donnait droit... Ne jamais se renier sur le chemin de la vérité et de la grâce. La première leçon de de cette philosophe inclassable, insaisissable et belle.

A lire, et à relire, et encore, et encore, sans doute jusqu'au seuil de la mort dont elle dit ceci : «Philosopher, c'est apprendre à mourir.»
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La Pesanteur et la grâce, il est fort difficile de parler de ce texte de la philosophe Simone Weil.
Je vais vous épargner toute analyse de ce texte, je préfère vous en faire une lecture enrichie de mon ressenti.
Simone Weil est une personnalité exigeante avec elle-même et les autres. Cela se ressent dans son écriture et sa pensée. J'ai aimé cette forme de pensée dans l'exigence d'aller sans cesse contre soi-même, ne rien céder.
J'ai découvert que le livre dont je veux vous parler n'est pas
Il semble que La pesanteur et la grâce est sans doute le livre le plus connu de Simone Weil. Or, il n'est pas réellement d'elle, du moins pas tout à fait sous cette forme...
La pesanteur et la grâce est sans doute le livre le plus connu de Simone Weil. Le titre n'est pas d'elle même si les mots sont d'elle, le choix des textes n'est pas d'elle mais celui d'un ami auprès duquel elle avait confié ses cahiers, Gustave Thibon, philosophe qui l'avait hébergée chez elle.
Le texte, tel qu'il nous est livré, fut publié après la mort de Simone Weil, survenue en 1943. Il est un recueil de plusieurs textes, classé par thèmes. Découvrant la pensée tumultueuse de Simone Weil, il n'est pas certain qu'elle aurait fait elle-même ce choix
C'est un texte à la fois séduisant, déroutant, exigeant.
Pourquoi séduisant ? Cette idée d'une grâce qui peut nous toucher, du moins si nous en faisons l'effort, l'effort pour tenter de l'atteindre est en effet fort séduisante. Simone Weil nous montre une forme de chemin. J'aime cette idée de quelque chose de plus grand que nous qui nous pousse à grandir, l'idée d'une grandeur et pourquoi pas spirituel me séduit... Laïc assumé s'agissant de la vie de la cité, agnostique par ailleurs s'agissant de mon cheminement personnel, l'idée d'une spiritualité ne me semble pas contradictoire avec mes valeurs fondamentales. Simone Weil m'a réconcilié avec parfois mes questionnements.
Effectivement, parfois je me pose des questions dans cette dichotomie entre laïcité et spiritualité. Il pourrait y avoir des déchirures. Chez moi je tente d'en faire des chemins et je tente d'en faire bien la part des choses.
Oui, la lecture de ce livre m'a aidé, m'a réconcilié avec quelques doutes sur mes cheminements. Quelle richesse, la pensée de cette femme ! Totalement toujours elle-même en contradiction avec sa pensée, une pensée contre elle-même... Mais parce qu'en même temps elle décortiquait tout, toute pensée jusqu'à l'os.
Lire Simone Weil, c'est un peu entrer dans une zone d'inconfort, entrer dans la tempête, mais c'est aussi prendre le risque de peut-être se régénérer, penser contre soi-même...
J'ai aimé cette idée de la grâce et de la pesanteur qui font partie de nos vies.
Mais c'est quoi la grâce ? Simone Weil nous dit que la grâce est un don sans condition sans raison sans mérite, c'est une faveur, une bénédiction qui nous est accordée. La grâce, c'est accorder quelque chose à quelqu'un sans que cela ne lui soit dû.
Simone Weil nous dit que l'attention, l'attention à nous aux autres, est une manière de favoriser cette grâce.
À l'inverse, posséder c'est souiller. Aimer purement, nous dit Simone Weil, c'est consentir à une forme de distance.
L'attention, la pureté, c'est une façon de dénoncer la volonté de puissance, l'exercice de la puissance. C'est donc un texte actuel. Lu dans le contexte actuel, j'ai ressenti que ce texte ne prenait pas une ride, était plus que jamais actuel.
L'attention nous arrache aux tentations idolâtriques. Elle est abandon à la grâce.
L'attention nous déconstruit et nous reconstruit.
J'aime ces paroles écrites dans les années 40, déconnectées des textes de développement personnel qui affluent plus que jamais, surtout en ce moment.
Il s'agit d'accueillir, faire le vide dans sa pensée, ajourner ses idées, avoir un éclair d'attention.
Il faut former les éveils à cette attention.
Peut-être qu'il y a quelque chose à retenir pour l'école, les élèves, apprendre et cultiver l'attention.
Attention, oui mais à quoi ?
A la vérité. Dans son rapport au bien. Elle est attente. Attente de la vérité qui est bien.
Bien sûr, Simone Weil évoque Dieu... Son image est celle d'une philosophe marquée par la religion. Or, il n'en est rien.
Dans son travail d'exigence, elle est sans concession avec la religion, juive ou chrétienne...
Elle a une idée d’un Dieu épuré et non providentiel.
Elle croit en un athéisme purificateur, passage nécessaire qui conduit à un Dieu épuré, vide de toute idolâtrie.
Simone Weil nous dit que Dieu s'est retiré du monde après la création de ce monde, mais que Dieu, en se retirant du monde, fait venir un espace neuf à combler...
J'aime cette idée...
Je retiens de cette lecture que la grandeur ne peut être que spirituelle. Simone Weil nous révèle que nous avons besoin de grandeur, de choses plus grandes que nous, il ne faut pas placer la grandeur au mauvais endroit car cela mène à la barbarie. Il faut chercher une grandeur spirituelle.
À chacun d'y mettre les mots, les gestes, les actes, qui peuvent nous permettre d'être plus grands que nous, individuellement ou collectivement...
Ce texte est farouchement d'actualité.
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La pesanteur et la grâce est un recueil d'aphorismes dont la lecture doit se faire sur le long terme.

Il est sidérant de profondeur d'analyse et son exigence éthique et métaphysique frôle l'impossible.

Simone Weil propose une philosophie de l'élévation si austère, si exigeante, qu'on peut s'en effrayer.

Volupté de la souffrance non charnelle, volupté spirituelle comme consommation ultime de l'union. Mais que la volonté ne doit pas rechercher. Sinon on tombe dans la pesanteur.

Attendre la Grâce : philosophie de l'attente et de l'attention portées à leur plus haut degré.

Je me suis parfois demandé si Simone Weil croyait en Dieu.

Est-ce la question ?

Croire, même si Dieu n'existe pas, croire comme un arc tendu au dessus de l'abîme.

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Conseillée par des amis, j'ai ouvert ce livre "la pesanteur et la grâce" alors que je ne connaissais pas du tout la philosophe Simone Weil (1909-1943)
Cet ouvrage se présente comme un recueil de pensées sous forme de courtes méditations classées par thèmes : l'intelligence et la grâce, la beauté, le détachement, le mal, la violence, le moi, etc…
L'ensemble témoigne d'une exceptionnelle profondeur, d'un esprit entièrement tourné vers la recherche de la vérité, sans compromis, terriblement exigeant, tourmenté aussi parfois, mais toujours d'une grande justesse et pertinence.
A méditer, plus qu'à lire d'une traite.
Un livre auquel revenir régulièrement pour y piocher nourriture, réflexions habitées, sens de l'homme et du mystère.
Une très belle découverte !
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Je ne connaissais Simone Weil que de nom vraiment, mais depuis longtemps. Ce livre mis en avant dans ma médiathèque m'a enfin permis de l'aborder. J'ai trouvé l'introduction de Gustave Thibon très enrichissante car celui-ci présente Simone Weil dans sa vie et sa personnalité, ce qui m'a permis de mieux saisir les pensées qui jalonnent ce recueil. Celui-ci est composé, donc, de réflexions notées en vue de les développer plus tard, en lien avec de grands thèmes tels que la foi, l'amour, le désir, la violence ou encore l'univers, pour n'en citer que quelques-uns.
J'ai trouvé, personnellement, l'approche difficile car très abstraite, en tout cas pour moi. Sans doute est-elle une autrice qui mériterait d'être étudiée en classe, comme Pascal par exemple, pour mieux saisir le cheminement de sa pensée...
Ceci dit, ça fait des années que je ne suis plus du tout familiarisée avec ce type de lecture philosophique qui reste un exercice ardu dans ce cas-là.
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« La Pesanteur et la Grâce », quel merveilleux titre pour ce recueil de pensées de Simone Weil !
Edité pour la première fois chez Plon en 1947, son titre est joli, sa compréhension moins aisée. Il en faut, des pages et des pages pour cerner ces deux notions de Pesanteur et Grâce. D'autant que cette publication est posthume. Simone Weil, décédée en 1943, a laissé derrière elle une série de notes, de réflexions consignées dans un carnet sans mise en oeuvre littéraire, sans structuration permettant une argumentation de la pensée.
Et c'est, à mes yeux, ce qui en fait la richesse. D'abord, on se sent autoriser à ne pas tout comprendre. Que cela est confortable ! En même temps, on se sent autorisé à revenir au texte pour le réfléchir, l'apprivoiser, le méditer … et là, encore, à ne pas nécessairement tout comprendre et tout maîtriser. Voilà bien une approche, loin de l'immédiateté, qui devrait interpeller notre temps, celui de ceux qui nous ont précédés, celui des suivants. Une interpellation du temps universel !
Un peu à la manière des peintres pointillistes dont chaque coup de pinceau n'est en soi guère significatif, l'ensemble offre une image assez nette de la pensée de l'auteur. Ce livre est, plus que probablement, une bonne introduction à l'oeuvre entière de Simone WEIL, à la cohérence et l'effacement de sa vie, à la profondeur de ses réflexions et à son humilité. Elle participa activement à bien des combats, sous des bannières tellement opposées, mais sans jamais faire allégeance aux doctrines des extrêmes. Par ses réflexions consignées sans artifices dans ses carnets et sa manière de se mettre toujours du côté de l'être en souffrance, elle nous invite à un chemin de vie, à un absolu.
Peu importe que nous y arrivions ou non … Prendre le chemin de la rigueur, de la réflexion, de la recherche de la Grâce en pleine connaissance de la Pesanteur, voilà la route !
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« Je digresse beaucoup, car je suis ainsi, les correspondances viennent et je n'y puis rien. »

1940-1942
La deuxième guerre fait rage.
D'un point de vue des personnes humaines qui vivent cette époque, ce temps la vie, les choix sont certainement très incertains. Je pense à mon père qui avait 20 ans, à mon grand père qui engagea sa famille dans la résistance, à ma grand-mère qui avait peur pour sa famille, mais aimait son époux.
Une petite philosophe de 32 ans rencontre un philosophe paysan Gustave Thibon. Et au coeur de cet amitié, la petite philosophe va remettre à cet homme de six ans son ainée, ses carnets et notes avant son départ pour les États-Unis.
En 1947, il en tire la pesanteur et la grâce. Ce qui fera connaitre Simone Weil.
Paradoxalement ce sont ces derniers écrits qui la révèleront comme une grand penseuse (panseuse) du 20ème siècle.

Le 28/08/2020 j'écoute les chemins de la philosophie. Adèle van Reeth Reçoit Camille Riquier, philosophe de la croyance. Philosophe que je prends plaisir a l'écouter. Adèle lui demande s'il a déjà pensé a répondre à la question qu'est-ce que la philosophie ? Il dit que tout philosophe à un moment de sa vie, vers la fin, se pose la question de ce qu'est la philosophie. Il pense qu'il n'est pas encore assez mature pour se la poser. Alors je pense à Simone Weil et à la pesanteur et la grâce, et je comprends qu'elle a laisser en héritage à Gustave Thibon sa pensée autour de cette question. Elle va plus loin puisqu'elle associe cette question fondamentale à une autre qui est celle de la Foi, de Croire, de rechercher la pureté.
Cette compilation de carnets de notes de 1942 fait écho à une autre compilation de carnets de notes prises à la volé entre juin 1943 et novembre 1944 en Hongrie et qui seront publié en 1976, (j'avais 14 ans), les Dialogues avec l'ange.
Des mots, des phrases, des mois choisi qui font écho a une dimension, une vibration, une lumière dont on a le sentiment d'être coupé.
Les années 40 !
A-t-on idées encore de ce que cela pouvait être que de vivre dans ce monde ou il fallait choisir son camps ou n'en choisir aucun ? Et ces texte sont écrit a ce moment là ?
Cela me bouscule, cela m'interroge.
Lire la pesanteur et la grâce c'est prendre le risque de perdre pied et de comprendre par fulgurance et de perdre pied à nouveau. Surtout le lire en nos propre temps, ou la foi semble n'être plus qu'un mythe de petit enfant ayant encore un ami imaginaire. Où on peut rire de ce qui tente d'ouvrir cette toute petite porte, comme trou de souris dans la grande salle de bal du monde ou seul compte la réussite sociale, être populaire, être riche, avoir des choses que les autres, l'autre pourra nous jalouser, parce que nous le jalousons.
Et quand en plus du même temps on lit « histoire d'une âme » de Sainte Thérèse de Lisieux et qu'on est soi même dans l'attente d'une oeuvre cinématographique d'un grand Roman : « Dune », on créer des singularités, des synchronicités, des états d'âme très étranges. Cela renforce alors ce que cette grande personne humaine, Simone Weil, à écrit quelques 80 ans plus tôt !
C'était il y a 80 ans.

Déjà 80 ans.

Et aujourd'hui 10/09/2020, un président se ventera de devoir prendre des décisions difficiles ?

Lien : https://tsuvadra.blog/2020/0..
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La création est un acte d'amour et elle est perpétuelle. À chaque instant notre existence est amour de Dieu pour nous. Son amour pour nous est amour pour soi à travers nous. Ainsi, lui qui nous donne l'être, il aime en nous le consentement à ne pas être.

Notre existence n'est que de son attente, de notre consentement à ne pas exister.

Perpétuellement il mendie auprès de nous cette existence qu'il nous donne. Il nous la donne pour nous la mendier.
La Pesanteur et la grâce, Simone Weil.

Ce n'est du tout une idée nouvelle, évidemment, que Dieu, dans sa perfection, ne peut aimer que lui-même. C'est Avicenne qui l'a émise le premier, s'inspirant sans doute de l'affirmation d'Aristote selon laquelle Dieu pense et ne peut penser qu'un objet aussi élevé que lui. de même qui Dieu peut trouver plus aimable que lui-même ? Avicenne ajoute qu'épris de sa propre essence, Dieu aime les créatures à mesure qu'elles se purifient de tout ce qui n'est pas lui et donc se rapprochent de son essence. Il ne nous est donc pas indifférent mais S'aime en nous :
(…)
Lien : http://vitanova.blogspot.com..
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" L'imagination travaille continuellement à boucher toutes les fissures par où passerait la grâce.

L'imagination combleuse de vides est essentiellement menteuse. Elle exclut la troisième dimension, car ce sont seulement les objets réels qui sont dans les trois dimensions. Elle exclut les rapports multiples.

Essayer de définir les choses qui, tout en se produisant effectivement, restent en un sens imaginaire. Guerre. Crimes. Vengeances. Malheur extrême.
Les crimes en Espagne se commettaient effectivement et pourtant ressemblaient à de simples vantardises."

Dans "imagination" il faut sans doute comprendre ce que les bouddhistes ou les taoïstes ou tous les adeptes des spiritualités visant à tuer l'ego appellent le "mental", et aussi l'Illusion. Mais, grande différence avec eux, a priori, sa défense du "je", et donc de l'ego, sauf que c'est à lire ici au sens d'âme, de ce qu'il y a de plus précieux en nous, cette flamme qui est émetteur-récepteur et qui est souvent enfumée par l'illusion, ou "l'imagination".
(…)
Lien : http://vitanova.blogspot.com..
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La Pesanteur et la Grâce est une méditation de Simone Weil sur la misère de l'être humain soumis au Bien et au Mal mêlés, c'est-à-dire à la pesanteur qui freine l'élan de l'âme vers le Ciel. La grâce, seule, la libère et lui ouvre les portes de l'Amour divin. Comment parler de ce recueil de pensées disparates en apparence ? Qu'en ai-je retenu et surtout en ai-je bien compris le sens ?
S. W. est une sorte de météore, à l'âme incandescente, qui au cours de sa très brève existence, (elle n'a vécu que 34 ans) a voulu comprendre l'Absolu. Comment accéder à l'Amour divin, à la Pureté vraie, à la Justice authentique, à la Beauté sans mélange ? Pourquoi la Souffrance ? Comment peut-elle nous faire grandir ? N'est-elle pas nécessaire ? Quelle est notre responsabilité dans ce Mal qui ronge le Monde, et qui pourtant semble relever de la Nécessité ? Comment accède-t-on à Dieu ? Par la Croix ? Pourquoi doit-il demeurer un Dieu absent ?
S. W. désoriente souvent dans cette quête de Vérité, de spiritualité absolue. Elle incarne un mysticisme intransigeant, mysticisme qui se tient éloigné du « Dieu lourd », du « Dieu de tribu des Hébreux » pour lui préférer la Croix dont le sacrifice qu'elle symbolise lui apparaît plus universel, plus propre à embrasser l'Humanité tout entière dans cet Amour divin vers lequel la grâce doit la conduire.
La quête de S. W. trouve ses racines dans l'enfance ; en effet, la petite fille manifeste déjà de la compassion à l'égard de toute souffrance, toute injustice et ce, non seulement par ses larmes, mais par des actes de partage. Jeune adulte elle conforme ses convictions ou ses intuitions spirituelles à ses actions et à sa vie pour tout dire. Elle est l'opposée des philosophes de salon, comme nous en connaissons tant.
Ainsi, cette normalienne enseignante pouvait-elle parler de la condition ouvrière pour l'avoir vécue en usines – condition qu'elle a décrite dans ses carnets, et pour avoir milité aux côtés de syndicalistes.
Ainsi se soumettait-elle volontairement aux privations par solidarité avec ceux qui souffraient des restrictions de la guerre.
Ainsi a-t-elle éprouvé le risque physique, en allant aider sur place les républicains espagnols durant la guerre civile, non sans porter un regard critique sur les cruautés des belligérants.
Ainsi, s'est-elle engagée auprès du général De Gaulle à Londres avec la volonté de se retrouver en France sur le terrain même de la Résistance. Mais cette jeune passionnée en a été privée, isolée qu'elle était au sein du groupe londonien.
En tout cas, au-delà de son action durant sa courte vie, elle a laissé des pages d'une incomparable élévation intellectuelle et spirituelle, comme la Pesanteur et la Grâce, entre autre. Il n'est pas toujours aisé d'en saisir les références souvent allusives. Par exemple, si l'on ne connaît pas Platon on ignore ce qu'est le Metaxu, de même, le discours d'Eupalinos renvoie à un texte de Paul Valéry sur cet architecte de Samos, Arnolphe et Agnès nous sont plus familiers, y compris certaines citations de la Bible, etc.
Les pensées de S. W. sont donc parsemées de raccourcis dont le sens paraît si évident à l'auteure qu'elle ne prend pas toujours la peine de développer pour la plus grande perplexité du lecteur non initié.
Les babéliens ont posté de nombreuses citations de la Pesanteur et la Grâce, il n'y a donc pas lieu d'en rajouter. Mais une telle lecture lave l'âme. Pat.
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