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EAN : 9782743626785
193 pages
Payot et Rivages (08/01/2014)
3.84/5   32 notes
Résumé :
Quelle est-elle cette force «devant quoi la chair des hommes se rétracte»? Paru dans les Cahiers du Sud en 1941, L'Iliade ou le poème de la force participe à la fois de l'essai savant, du traité politique et métaphysique et du texte poétique. En pleine débâcle française, cette réflexion sur la première grande épopée de l'Occident s'adresse à ceux et celles qui ont résisté et résistent encore à la soumission, et nous rappelle que tout vainqueur sera vaincu à son tour... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Une jolie fresque poétique et philosophique! Simone Weil S'inspire de l'Iliade pour nous décrire le monde moderne qui n'a pas pour autant changé avec celui de l'époque de l'Iliade car l'homme, toujours en quête de la puissance, mesure son existence par la force, au même moment qui force, dit faiblesse quelque part, qui dit force, dit maitre, et qui dit maitre dit esclave quelque part. C'est cette relation qu'entretiennent les hommes, elle est basée sur la force alors que celle-ci est aussi faillible qu'on ne peut le penser. En décortiquant l'iliade, autant des situations qui s'y révèlent que ses illustres personnages, Simone Weil nous décortique également le concept de la force qui parait en même temps comme une épouse insatiable, qui voudra toujours que l'époux en fasse plus, encore et encore jusqu'à ce qu'il se pende, c'est à ce moment que la courbe tombe, la force chute.
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l'iliade ou le poème de la force de Simone Weil.

Simone Weil, née à Paris le 3 février 1909 et morte à Ashford le 24 août 1943, est une philosophe d'origine juive d'abord militante communiste antistalinienne qui souhaite un temps partager la vie de la classe ouvrière puis convertie au christianisme à la veille de la guerre. Résistante elle quitte la France pur Londres à l'invasion de la zone libre et meurt l'année suivante de la tuberculose.
Ne doit pas être confondue avec la femme politique Simone Veil.
Voyons voir cet ouvrage , je vous averti , simplement .
Il y a force et force celle employée au sens fort du mot
c'est a dire la force musculaire, mécanique ,
la guerre asservissement des hommes dans un pays, brutalité dans une famille , etc..
celle là est maudite elle avilit celle ou celui qui l'emploie .
Et puis celle qui ennoblit l'homme , la force de caractère, du mental,
“ Ce n'est pas la force du corps qui compte, mais la force de l'esprit. ”
Ces réflexions pour donner un peu (juste un peu !) la trame de cet ouvrage de Simone Weil, car bien que je comprennes les textes ,je ne suis pas féru en métaphysique ! et peu en philosophie , mais bon je ne suis pas ignare quand même.

Elle a choisi le poème d'Homère "L'Iliade " qui illustre bien ce qui résulte de l'emploi de la force d'un peuple sur un autre ,sur la guerre en général et ses effets négatifs .

c'est un essai de Simone Weil qui réunit des textes
écrits entre 1933 et 1943, sur la guerre - et la force en général -
Elle nous explique ce qu'il advient de la pensée de l'homme ,quand il se trouve prit dans des querelles extrêmes ! du néant !!
Ces écrits appartiennent aux derniers de Simone Weil qui, participent à la fois de l'essai savant, du traité politique , de la métaphysique et du texte poétique.
Avant garde de ce que pourrait être la pensée dans les temps futurs.
Son écriture est simple malgré la difficile prise de conscience de ses réflexions .
Je cite : """Il s'adresse à la fois à l'érudit et à l'homme du commun, au croyant comme au non-croyant, au combattant comme au non-combattant.
Il permet de penser une société fondée sur les devoirs moraux et non sur les seules règles économiques ou sur la technique""".

Ces écrits ont été publiés en 1942 dans les Cahiers du Sud à Marseille.
En fait c'est un appel à combattre en toutes occasions la force brutale.
Bon j'espère vous avoir assez convaincu .
Je sais je fais des erreurs parfois de jugements .
Que les érudits en la matière veuillent m'en excuser.
Fabiolino
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« La force, c'est ce qui fait de quiconque lui est soumis une chose ». Cette définition, nette et tranchante, est le fruit d'une réflexion ininterrompue durant les années 30. Résolument anti-fasciste mais tout aussi résolument pacifiste, Simone Weil en est venue à s'interroger sur cette notion délaissée par les académies : la force. de Réponse à une question d'Alain à Réflexions sur la barbarie en passant par Méditation sur l'obéissance et la liberté, elle cherche à saisir la spécificité de cette énergie aveugle qui fait qu' « on est toujours barbare envers les faibles ». Car c'est cette énergie, ou cette pesanteur, qui régit les rapports sociaux, bien plus que les ressorts économiques qui obsèdent le marxisme. Simone Weil appelle de ses voeux le Galilée des sciences sociales capable de mettre en lumière les forces qui s'affrontent sourdement dans nos cultures dites modernes. Elle pourrait, elle voudrait être ce Galilée, bien sûr – mais il lui manque une entrée, une prise intellectuelle. Ses écrits proprement politiques sont trop myopes, elle le sent, trop prisonniers des contingences présentes pour prendre la hauteur suffisante. Alors elle ira puiser à la « source grecque » pour ce qui sera l'un de ses derniers écrits, sous l'ombre de la deuxième guerre mondiale: L'Iliade ou le poème de la force.
A la fois étude littéraire, essai historique, ethnologique et philosophique, ce texte dense propose une idée simple mais aux implications subtiles. Citant abondamment Homère dans une traduction personnelle, Simone Weil décline les différentes facettes de cette puissance de réification, côté vaincu bien sûr, qu'il soit devenu cadavre, suppliant ou esclave, mais aussi côté vainqueur : « le vainqueur du moment se sent invincible », tel est le piège de la force dont la loi est la constante réversibilité. Celui qui domine par les armes perd toute lucidité, sombrant dans la fameuse hybris, la démesure fatale, parce que la guerre apparaît tout d'abord irréelle, jeu ou théâtre, puis paralyse l'esprit en l'empêchant d' envisager un autre horizon que la mort. Avant les ravages physiques, c'est la mutilation spirituelle : « Qu'un être humain soit une chose, il y a là, du point de vue logique, contradiction ; mais quand l'impossible est devenu une réalité, la contradiction devient dans l'âme déchirement ».
On retrouve ici au plus haut degré les paradoxes de la pensée de Simone Weil : elle se montre d'une humilité et d'une attention extrême à la parole d'autrui, donnant à entendre les magnifiques vers de l'Iliade sans chercher à briller aux dépens de son sujet ; mais dans le même temps elle affiche l'ambition démesurée de révéler une vérité enfouie et décisive. Et si sa pensée se déploie hors de tout système philosophique pré-établi, elle n'en cherche pas moins une clé, un principe d'explication générale. Chez elle, les tournures d'atténuation sont bien rares et le conditionnel a la puissance de l'indicatif. Si elle évoque les « moments lumineux » de l'Iliade, gestes d'amour et images poétiques, ce n'est pas, à la façon d'une Jacqueline de Romilly, pour sonder l'humanité qui baigne l'épopée entière, mais pour montrer qu'il s'agit de miracles fugaces, qui participent par contraste à « cette amertume qui procède de la tendresse ». Peu de nuances donc, mais une aptitude à saisir un éclairage oblique, ici l'extraordinaire équité qui rassemble Grecs et Troyens dans une communauté de destins.
Comme dans tous ses écrits, mais ici de manière particulièrement éclatante, sa lecture d'Homère ouvre de larges brèches, établit des liens étonnants, entre la némésis grecque et le kharma oriental, ou encore entre l'Iliade et les Evangiles dans lesquelles elle trouve la même loi spirituelle, entre pesanteur et grâce. Et loin de s'en tenir à une approche purement théorique des grandes oeuvres, elle y distingue les échos de son époque et des temps futurs, là encore avec une âpre lucidité : « Ils retrouveront peut-être le génie épique quand ils sauront ne rien croire à l'abri du sort, ne jamais considérer la force, ne pas haïr les ennemis et ne pas mépriser les malheureux. Il est douteux que ce soit pour bientôt ».

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J'avais une admiration pour Simone Weil en tant que femme engagée dans les combats de son époque, je découvre l'écrivaine brillante. Comme le nom l'indique, elle analyse ici l'Iliade du point de vue du rapport à la force, qui seule sort vainqueur des rapports de violence, au sens où elle soumet aussi bien la victime que le bourreau en les réduisant en esclavage. On peut envisager cet essai comme une façon de parler de la force en plein XXe siècle (le texte est publié en 1941) mais je ne suis pas convaincue par le rapprochement.
Pourquoi chaque camp ne pousse-t-il pas son avantage dans l'Iliade quand il en a l'occasion ? Parce qu'esclaves de la force (je ne serais pas étonnée que Georges Lucas ait lu Simone Weil avant d'écrire Star Wars !), les Grecs comme les Troyens veulent l'anéantissement complet de leurs adversaires, ce qui les poussent à l'excès. Cependant, derrière les batailles humaines, les Dieux sont censés s'affronter eux-aussi en sachant qu'ils ne se vaincront pas définitivement ce qui peut tempérer leurs soutiens. Enfin, l'aède Homère doit maintenir son intensité dramatique et comme il prend une posture de neutralité, la victoire et l'espoir oscille d'un camp à l'autre. Cette neutralité est soulignée par Simone Weil comme très rare et gage d'un vrai souffle pour l'épopée, contrairement à la plupart des récits ultérieurs qui s'appuient sur un seul héros ou un groupe de héros dont les ennemis sont méprisables.
Je ressors rapidement d'autres points de cet essai très riche : une passionnante comparaison entre l'Iliade et les Evangiles (le mysticisme de Simone Weil pointe le bout de son nez : sa position par rapport à la religion est remarquable) et un commentaire sur Patrocle (choisi par Madeline Miller comme personnage pivot de son Chant d'Achille) comme étant le seul héros à ne pas se soumettre à la force.
Un texte passionnant pour les admirateurs de l'Iliade.
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Simone Weil, que j'ai longtemps confondu avec Simone Veil, ancienne déportée et ancienne ministre, est un grande philosophe française du 20ème siècle. Elle fut l'élève du philosophe Alain.
Je découvre ses textes et, même si le livre se nomme « « L'Iliade ou le poème de la force », il y a bien plus que cela.
J'avoue que j'ai été déroutée par l'analyse de texte du poème de l'Iliade, traduit du grec, car je ne le connais pas. Alors je me suis centrée sur les propos de Simone Weil sur la guerre et j'ai l'impression qu'elle n'a pas toujours été pacifiste, que son point de vue à changer selon le moment où elle écrit (avant ou pendant la guerre). Elle fait surtout le parallèle entre la politique et l'économie et la guerre et la lutte des classes.
Ce qui est bien c'est qu'elle propose la réflexion : « Nous risquons, si nous ne faisons pas un sérieux effort d'analyse, qu'un jour proche ou lointain la guerre nous trouve impuissants, non seulement à agir, mais même à juger. ».


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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Ainsi la violence écrase ceux qu'elle touche. Elle finit par
apparaître extérieure à celui qui la manie comme à celui qui la
souffre ; alors naît l'idée d'un destin sous lequel les bourreaux et
les victimes sont pareillement innocents, les vainqueurs et les
vaincus frères dans la même misère. Le vaincu est une cause de
malheur pour le vainqueur comme le vainqueur pour le vaincu.
Un seul fils lui est né, pour une vie courte ; et même,
Il vieillit sans mes soins, puisque bien loin de la patrie,
Je reste devant Troie à faire du mal à toi et à tes fils.
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"Elle criait à ses servantes aux beaux cheveux par la demeure
De mettre auprès du feu un grand trépied, afin qu'il y eût
Pour Hector un bain chaud au retour du combat.
La naïve ! Elle ne savait pas que bien loin des bains chauds
Le bras d'Achille l'avait soumis, à cause d'Athèna aux yeux
verts.,
Certes, il était loin des bains chauds, le malheureux. Il n'était pas le seul. Presque toute l'Iliade se passe loin des bains chauds.
Presque toute la vie humaine s'est toujours passée loin des bains chauds.
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Le vrai héros, le vrai sujet, le centre de l'Iliade, c'est la force. La force qui est maniée par les hommes, la force qui soumet les hommes, la force devant quoi la chair des hommes se rétracte. L'âme humaine ne cesse pas d'y apparaître modifiée par ses rapports avec la force, entraînée, aveuglée par la force dont elle croit disposer, courbée sous la contrainte de la force qu'elle subit. Ceux qui avaient rêvé que la force, grâce au progrès, appartenait désormais au passé, ont pu voir dans ce poème un document ; ceux qui savent discerner la force, aujourd'hui comme autrefois, au centre de toute histoire humaine, y trouvent le plus beau, le plus pur des miroirs.
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Un homme désarmé et nu sur lequel se dirige une arme
devient cadavre avant d'être touché. Un moment encore il
combine, agit, espère :
Il pensait, immobile. L'autre approche, tout saisi,
Anxieux de toucher ses genoux. Il voulait dans son cœur
Échapper à la mort mauvaise, au destin noir…
Et d'un bras il étreignait pour le supplier ses genoux,
De l'autre il maintenait la lance aiguë sans la lâcher…
Mais bientôt il a compris que l'arme ne se détourera pas, et,
respirant encore, il n'est plus que matière, encore pensant ne peut
plus rien penser :
Ainsi parla ce fils si brillant de Priam
En mots qui suppliaient. Il entendit une parole inflexible :
Il dit ; à l'autre défaillent les genoux et le cœur ;
Il lâche la lance et tombe assis, les mains tendues,
Les deux mains. Achille dégaine son glaive aigu,
Frappe à la clavicule, le long du cou ; et tout entier
Plonge le glaive à deux tranchants. Lui, sur la face, à terre
Gît étendu, et le sang noir s'écoule en humectant la terre.
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La force, c'est ce qui fait de quiconque lui est soumis une chose. Quand elle s'exerce jusqu'au bout, elle fait de l'homme une chose au sens le plus littéral, car elle en fait un cadavre. Il y avait quelqu'un, et, un instant plus tard, il n'y a personne. C'est un tableau que l'Iliade ne se lasse pas de nous présenter.
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Pouvons-nous vraiment réclamer des droits si nous n'acceptons pas d'avoir également des devoirs ? Savez-vous quelle philosophe a formidablement abordé le sujet ?
« Les besoins de l'âme » de Simone Weil, c'est à lire en poche chez Payot.
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