Eric Werner effarouchera les lecteurs dont l'odorat délicat s'offense de ce qu'ils appellent des propos nauséabonds. A trop fuir les odeurs, on risque de ne plus penser du tout, et le conseil de
Montaigne de "frotter et limer sa cervelle à celle d'autrui" n'est pas fait pour les prudes. L'essai déjà ancien (1996, au regard de l'accélération des évolutions étudiées) qu'il propose ici part d'une étude des chapitres stratégiques des Essais de
Montaigne (à qui le magazine Lire vient de consacrer un numéro sirupeux) : ces chapitres, qui montrent la compétence de l'auteur en cette matière, permettent à Eric Werner d'étudier plus généralement la pensée politique du temps, pensée en termes stratégiques puisqu'il y avait la guerre civile. Autrement dit, les figures de
Montaigne, de la Boétie, de Michel de L'Hospital et d'autres, sont pour nous d'une actualité brûlante.