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EAN : 9782701164410
164 pages
Editions Belin (11/10/2012)
4.22/5   18 notes
Résumé :
Une vie au goulag, récit autobiographique de Dimitri Vitkovski est un document exceptionnel, jamais publié, cité pourtant par Alexandre Soljenytsine dans l'Archipel du Goulag. Écrit dans les années soixante, le récit de Vitkovski est une plongée dans l'univers concentrationnaire de la Russie soviétique. Il décrit sur près de trente ans, une vie de captivité commencée très tôt, dès 1926, deux ans à peine après la mort de Lénine, entrecoupée de très courts répis en li... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ce formidable témoigne de Dimitri Vitkovski vient d'être exhumé et publié pour la première fois en France, en ce mois d'octobre 2012, grâce à la détermination « Mémorielle » et Humaniste de : Véronique Meurgues (traductrice et guide-conférencière à Paris en russe et anglais) ; à Maryse et Philippe Houdy (Président de l'université d'Évry et de la « Maison des Humanités ») ; à la famille de Dimitri Vitkovski, dont sa fille, Anna Pilkington qui a admirablement rédigé l'Avant-Propos du témoigne de son père ; à la famille d'Alexandre Soljénitsyne ; à la Préface de Nicolas Werth, grand spécialiste du Communisme Soviétique ; ainsi qu'à de nombreux autres intermédiaires ayant contribué à faire se rencontrer tous ces protagonistes bien déterminés à faire perdurer éternellement : la Mémoire des victimes du monstrueux système Totalitaire Communiste…
D'ailleurs, dans son « Archipel du Goulag », Alexandre Soljénitsyne se servit, entre autres, du témoignage de Dimitri Vitkovski. Contrairement à Alexandre Soljénitsyne, Dimitri Vitkovski n'a jamais réussi (pour des raisons historiques évidentes) à faire publier son récit de son vivant, dans l'ex-U.R.S.S.. En effet, ce n'est qu'en 1990, peu de temps avant l'effondrement du régime Soviétique, que son témoignage fut publié en Russie, 25 ans après son décès en 1966.
Toutes les personnes ayant participé à l'exhumation de ce poignant récit (d'abord en Russie puis en France) ont donc contribué à rendre : la Mémoire et toute son Humanité à Dimitri Vitkovski ; en même temps que cela contribue à condamner, sinon juridiquement, tout du moins au nom de l'Histoire de l'Humanité : l'incommensurablement aberration et monstruosité du système Totalitaire Communiste…

Dimitri Vitkovski connut dans sa seule existence, entre 1926 à 1956, la plupart des supplices infligés par le régime Soviétique d'U.R.S.S.. L'auteur représente à lui seul un condensé de souffrances humaines psychologiques et physiques.
Jeune ingénieur chimiste de vingt-cinq ans, il fut donc arrêté par l'O.G.P.U. (la Police Politique qui succéda, en 1922, à la Tcheka) en 1926, à l'apogée de la N.E.P. (Nouvelle Politique Économique) de Lénine. En effet, Dimitri Vitkovski fut dénoncé en tant qu'ancien « Garde Blanc », en 1919, ayant été enrôlé dans l'Armée Blanche de l'Amiral Koltchak. Pour le Pouvoir Bolchevique (Communiste), il devenait alors irrémédiablement un « élément socialement dangereux ».
Son interminable calvaire qui devait durer trente longues années, commença par son arrestation dans les geôles de la tristement célèbre Loubianka, le siège social de l'O.G.P.U., puis dans la grande prison de la Boutyrky à Moscou. Finalement, son pseudo juge d'instruction reconnaissant qu'il n'avait rien à lui reprocher le condamna tout de même à trois années d'exil dans la petite ville Sibérienne d'Ienisse, entre 1926 et 1929. Comme le dit avec humour Dimitri Vitkovski (page 26) :
« C'est ainsi que se confirmait le nouveau principe du « châtiment pour crimes non encore commis ».
Puis Dimitri Vitkovski fut à nouveau arrêté arbitrairement en 1931, sous l'aberrante inculpation suivante (page 47) :
« Mon cas est rapidement élucidé comme dans un roman policier. Il s'avère que je suis l'organisateur d'un vaste complot anti-soviétique…, que j'ai fabriqué des poisons pour exterminer les membres du gouvernement…, que des militaires ont participé à ce complot…, qu'ils ont été suivis par des mouchards invisibles telles des ombres glissant sur leurs talons… Désormais, tout est clair, il ne manque plus que mes aveux. Hélas ! je ne peux nullement faire avancer l'enquête mais puis seulement affirmer que je ne sais rien du complot et que je n'ai jamais eu de contacts avec les comploteurs. Beaucoup plus tard – trente ans après -, suite à un arrêt de la Cour suprême, j'ai appris que les comploteurs étaient au nombre de trente-trois, que l'affaire s'appelait « l'affaire des trente-trois », et que le complot n'avait jamais existé. »
L'infernale série d'interrogatoires commença alors, uniquement la nuit. Puis, Dimitri Vitkovski se retrouva à nouveau incarcéré dans la prison de la Boutyrky à Moscou. Pêle-mêle, il trouva, dans sa cellule comprenant 60 à 80 personnes entassées : des professeurs, cinquante ingénieurs comme lui, des militaires, des écrivains et des comédiens.
Refusant d'avouer, Dimitri Vitkovski fut alors condamné à être fusillé, puis finalement sa peine fut commuée en dix ans de réclusion avec « interdiction centrale ». Ensuite, il fut déporté dans l'immense camp de concentration de l'Archipel des îles Solovki. L'auteur fut alors contraint aux travaux forcés, en l'occurrence, à devoir effectuer un travail extrêmement dur, consistant à assécher des marais.
Voici comment était constitué ce terrifiant Archipel (page 53) :
« L'archipel des Solovki est constitué de l'île-Grande, de deux îles de moindres dimensions, la grande Mouksalma et Anzer, ainsi que d'une île minuscule, le petite Mouksalma, qui disparaît presque à marée haute. »
Ensuite, Dimitri Vitkovski fut déporté, à nouveau, en direction du pharaonique et effroyable chantier du Belomorkanal (note n°24, page 64) :
« Belomorkanal (Belomorsko-Baltiïskiï Kanal aussi appelé BBK) : canal de la mer Blanche à la mer Baltique creusé de 1931 à 1933 par les prisonniers du Goulag. »
Les conditions de survie y étaient inhumaines (toujours page 64) :
« Nous voici dans d'immenses tentes de toile. À l'intérieur, le même gel et le même froid qu'à l'extérieur, sans la neige. Les ridicules petits poêles en fer à trois étages fument, les bûches n'arrivent pas à brûler ; même tout habillé, les tentatives de trouver le sommeil sont vouées à l'échec. Bienvenue au Belomorkanal ! »
En effet, l'hiver, les températures peuvent descendre jusqu'à moins 50° en Russie. de plus, les rations de nourriture déjà extrêmement faibles étaient distribuées en fonction de la productivité des zeks (prisonniers). Seuls, les plus résistants et épargnés par les maladies pouvaient avoir une chance de survivre. Qui plus est, ils travaillaient à la main, avec juste quelques outils rudimentaires : pelles, pioches, brouettes, marteaux…, sans machines mécaniques.
Le tragique bilan humain : sur 170 000 prisonniers affectés à ce chantier de la mort, 25 000 périrent de maladie, de froid ou d'épuisement dans le Belomorkanal !Mais en tant qu'ingénieur, Dimitri Vitkovski eut la « chance » d'être affecté, comme chef de chantier, à la dix-huitième écluse du canal. Ses conditions de travail étaient moins rudes que celles des zeks qui trimaient directement dans le canal.

Puis, au terme de la construction du Belomorkanal, l'auteur fut encore déporté au chantier de la centrale hydroélectrique de la Touloma.

C'est alors que, cinq ans après le début de sa peine, Dimitri Vitkovski apprit qu'il était enfin libéré. Mais pour où, pour qui et pour quoi faire ? En effet, il n'avait plus de lieu où se rendre ; et arrêté à l'âge de seulement 25 ans, il n'avait pas eu le temps de fonder une famille. Il passa alors d'un emploi à un autre, d'abord comme chef d'atelier dans une usine chimique à Tchimkent, puis à Vladimir, dans le laboratoire de recherche d'une usine.

Le système Totalitaire Communiste étant tellement fanatique, arbitraire et criminogène, l'auteur fut encore arrêté pour la troisième fois en décembre 1938. Cette fois-ci le nouveau chef d'accusation se référait au terrifiant article 58 du Code Pénal Stalinien (page 101) :
« (…) organisation de complot dans le but de renverser le pouvoir soviétique, sabotage, espionnage et propagande contre-révolutionnaire. »
Il fut donc arrêté en décembre 1938, à la fin de la Grande Terreur Stalinienne de 1937-1938 (le 17 novembre 1938), durant laquelle 1 500 000 Russes innocents furent :
– Soit déportés au Goulag, pour la moitié : 750 000 personnes ;
– Soit fusillés arbitrairement et sommairement à la suite d'une procédure « extra-judiciaire expéditive ». Cette extermination de masse concerna les 750 000 autres victimes.
Le délire de la Terreur de masse atteignait alors son acmé !

Les conditions de détention de Dimitri Vitkovski étaient épouvantables et déshumanisantes, par : le manque total d'hygiène, l'entassement des prisonniers, le froid intense, les poux, les maladies et la faim permanente.
Voici comment étaient réparties les différentes catégories sociales de prisonniers (pages 107 à 109) :
« 1. Les directeurs d'entreprises, les ingénieurs, les techniciens, généralement accusés de sabotage et qui restent longtemps en prison.
2. Les militaires qui sont pour la plupart issus de l'armée impériale et qui, pour certains, ont continué leur carrière dans l'Armée rouge. Accusés d'avoir tenté d'organiser des révoltes, ils sont rapidement condamnés et ne restent pas longtemps ici. Comprennent-ils que leur situation est sans espoir, ont-ils plus l'habitude d'être mis en cause ? En tout les cas, ils craquent plus vite et avouent leurs « crimes » en entraînant à leur suite ceux qui avaient su résister.
3. Les fonctionnaires, les instituteurs, les comédiens et les chanteurs, les écrivains, les journalistes qui vivent en général les situations les plus pénibles. Leurs chefs d'accusation comme leurs destins sont extrêmement divers. Certains sortent du lot : Krymov par exemple. Jeune homme pâle, de vingt-quatre à vingt-cinq ans, l'allure typique d'un membre des jeunesses communistes. Il était rédacteur d'une édition régionale des komsomols (note n°35 : Komsomols : acronyme de kommunistitcheskiï soïuz molodioji : union des jeunesses communistes en URSS). Tout le monde l'appelait Volodia. Je ne me rappelle pas exactement ce dont il était accusé mais, dans les nombreux chefs d'accusation, figure l'invariable « espionnage et participation à un complot contre le pouvoir soviétique ». Les juges d'instruction lui serrent tout de suite vigoureusement le vis. Au début, c'est la nuit entière qu'il doit rester debout pendant l'interrogatoire, puis c'est plusieurs jours de suite, nuit et jour. Une fois, il a été ramené en cellule après un interrogatoire de quatre jours. Ses jambes ont enflé et sont devenues comme des poids morts ; elles saignent par endroits car la peau a éclaté. Il chancelle et ses yeux sont vitreux. Il est ramené en cellule avec l'ordre de ne pas dormir. Il s'assoit entre deux prisonniers pour ne pas s'écrouler. Derrière lui, un troisième s'appuie contre son dos. Devant, quelques hommes debout font rempart à tout ce petit groupe. Il dort dans cette position. le surveillant de couloir, de loin en loin, plutôt pour la forme, demande à travers le judas :
– Krymov ne dort pas ?
Et tous de répondre en choeur :
– Non, non.
Il n'a jamais avoué. Quand on lui demandait pour quelle raison il se faisait tant de mal et qu'on lui expliquait qu'il ne pourrait rien prouver à personne, il souriait en silence. Dans ses yeux brillait une foi pure, jeune et sincère, qui pouvait venir en aide à ceux qui, comme lui, défendaient leur intégrité et sans laquelle il n'y a plus rien : ni être humain ni société véritables.
4. le quatrième groupe est constitué de prêtres et d'autres « serviteurs du culte ». Ceux-ci écopent vite fait bien fait de leurs dix années et partent pour le lieu qui leur est assigné.
5. Ensuite viennent les travailleurs, les petits employés, surtout les cheminots. le plus souvent, ils ont la chance d'avoir de véritables dossiers, d'avoir commis des fautes, d'avoir eu des anicroches à leur travail. Leur affaire est traitée au tribunal et se règle selon la loi.
6. Et enfin il y a les criminels. Ils sont peu nombreux et ne restent pas longtemps dans notre prison. Juste le temps d'apparaître, de mettre dans cette atmosphère naturellement plombée un courant de fraîcheur gaillarde puis ils disparaissent. Comme ils sont minoritaires, ils ne volent rien et ne la ramènent pas. »
Toutes ces accusations de complots, d'espionnages, de sabotages, etc., relevaient d'une aberration totale. Pourtant, des millions de Russes innocents furent déportés au Goulag et/ou fusillés par un Etat-Parti-Unique Communiste totalement fanatique, Terroriste, paranoïaque et schizophrène ; et tout cela…, POUR RIEN !

Puis, ce fut au tour de Dimitri Vitkovski d'être soumis aux interrogatoires et tortures, dans le but de passer…, de faux aveux.Comme à l'accoutumée, ces interrogatoires se déroulaient toujours de nuit…
Arrêtons-nous encore plus précisément sur le déroulement de ces interrogatoires, devant déboucher, dans l‘univers Totalitaire Communiste, sur le sacro-saint dogme des « aveux ». En effet, l'un des aspects fondamentaux du système Totalitaire Communiste est de justifier le délirant processus Idéologique par la Terreur, en faisant avouer les victimes. Ceux qui avouaient n'importe quoi sous les pressions et tortures psychologiques et physiques, étaient censés démontrer leur « accord » forcé à l'idéologie Communiste. Alors seulement, pouvait être entrepris un travail de « rééducation » Idéologique, un lavage de cerveau, dans les camps de rééducation. Mais dans la réalité, aveux ou non, le verdict pouvait consister dans les deux cas : soit à être déporté en camps de concentration du Goulag suivant l'article 58, souvent en étant condamné à dix ans de camp, ou plus ; ou bien, à être purement et simplement exécuté !

P.S. : Vous pouvez consulter ce commentaire, dans son intégralité, sur mon blog :
Lien : https://communismetotalitari..
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Ce récit autobiographique fut rédigé dans les années 1960.

En 1926, alors qu'il est âgé de 25 ans, Dimitri Vitkovski est arrêté par la police politique soviétique. Quel délit ou quel crime a-t-il commis ? Aucun, comme la plupart de ceux qui furent arrêté à cette époque . Libéré après quelques années de travaux forcés, il fut ensuite arrêté plusieurs fois, son statut de prisonnier acquis en 1926 faisant de lui un élément suspect.

Ce témoignage est celui d'un homme dont la vie a été brisée par la dictature soviétique. Tous ceux que j'ai lus sur le sujet décrivent l'arbitraire, la violence, la faim, le froid, l'absence de considération pour l'être humain, une économie fondés sur la mise en esclavage d'une partie de la population et un régime politique reposant sur la terreur. Celui-ci ne fait pas exception sur ces points, mais l'auteur a su mettre en avant l'environnement naturel dans lequel il a été contraint de vivre et qu'il a su admirer.
Sa capacité à s'émerveiller dans un tel contexte, à positiver dans la difficulté, a peut-être contribué à sa survie.







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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Depuis l’époque des événements décrits dans ce récit, suffisamment de temps a passé pour qu’ait grandi toute une nouvelle génération qui ne connaît quasiment rien des horreurs du stalinisme, d’autant plus que de nos jours, en Russie, certains s’évertuent à réhabiliter cette période de l’histoire russe. Il est impossible d’imaginer que quiconque en Allemagne puisse parler sérieusement de Hitler comme d’un « bon manager » ou qu’un homme de la Gestapo soit au pouvoir. Alors qu’en Russie, l’organisation responsable de la mort de millions de gens et qui a abîmé la vie de millions d’autres dirige toujours le pays sans subir la condamnation qu’elle mérite. Tout se blanchit : l’argent, la conscience, l’histoire.
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Je suis affecté aux « grumes » avec les marins. Cela signifie que nous devons sortir de l’eau des troncs d’arbres à l’aide de crochets, les tirer en haut de la berge et les entasser. Le lendemain, nous devons à nouveau déplacer les mêmes troncs. Ce travail a manifestement un but pédagogique mais nous sommes jeunes, en bonne santé, gais, suffisamment nourris et notre sens de l’humour nous aide à le supporter.
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Vitkovski devra attendre encore deux, voire trois ans après la mort de Staline pour pouvoir enfin retrouver ses proches et son honneur, engager une procédure de réhabilitation
...
et bénéficier d’une « compensation » équivalente à… un mois de salaire – l’arrestation étant assimilée à… une rupture abusive du contrat de travail !
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On nous privait de liberté uniquement parce qu’il était venu dans la tête de quelqu’un l’idée d’un nouveau système – à classer parmi les grands et effroyables systèmes – consistant à « faire passer par le filtre de l’isolement » une certaine catégorie de citoyens… Cent mille, un million, deux millions – le nombre n’avait pas d’importance. Pas d’importance qu’il y ait des hommes mutilés physiquement et psychiquement, pas d’importance que des familles soient détruites, que des hommes absolument innocents souffrent – tout cela n’avait aucune importance. Devant la majesté et la grandeur de ce système, tout cela n’avait aucune importance.
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« Pour avoir un travail, il faut être au syndicat ; pour être au syndicat, il faut avoir un travail. »
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