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Critiques filtrées sur 4 étoiles  

Parfois on comprend mal.Donald Westlake a publié des dizaines de romans de son vivant,sous de très nombreux pseudos. Et fourni la matière de bien des films,parfois français d'ailleurs.Pléthorique,son oeuvre compte au moins une centaine de titres.Et pourtant je ne l'avais jamais lu.Mais ce roman,Memory,est sorti cinquante après son écriture,Westlake le souhaitait-il posthume?C'est le cas car l'auteur est mort en 2008.Les livres habituels de Donald Westlake ont plutôt un registre assez humoristique d'après ce que j'ai vu,étant néophyte de cet écrivain.Mémoire morte est absolument passionnant,parcours douloureux de Paul Cole,acteur de profession, amnésique suite à bagarre avec un mari jaloux.Hospitalisé dans une petite ville de l'Amérique dite profonde,il sort,physiquement rétabli mais sans repère aucun de sa vie antérieure ni moyen financier de faire plus de 100 km pour regagner New York.

Dans cette Amérique de 1960 le seul point positif pour Cole est qu'il trouve facilement un job dans une tannerie et en quelques semaines parvient à rejoindre la grande ville.Mais la déception sera de taille pour cet homme qui n'est plus personne et qui ne parvient pas à se reconstruire suffisamment pour en devenir un autre.C'est tout à fait pertinent par l'écriture précise et qui ne s'égare pas,de Donald Westlake.Il essaie pourtant,à,l'aide des classiques pense-bête,d'honorer ses rendez-vous médicaux ou professionnels,mais rien ne s'ébauchera vraiment. le quotidien de Paul Cole tourne au cauchemar,amis inconnus,incapacité à renouer avec son métier d'acteur,quoi de pire que l'amnésie pour un comédien?Tout est terriblement compliqué,hors du moindre élément sûr pour ce qui est du passé récent.

Et puis Westlake sait très bien décrire cette vie simple au détour d'une petite gare,une vieille dame qui travaille encore au guichet,ou ce gardien d'immeuble plus très jeune lui non plus,à croire que cette Amérique ne draine pas que des destins clinquants. Mais ça,on le savait déjà.Quoiqu'il en soit je ne peux qu'engager les nombreux amateurs de la littérature américaine à lire ce roman.Rien d'un thriller,rien d'un nature writing,tout d'un grand livre.Le grand Edward Hopper,qu'on semble découvrir en France presque jusqu'à l'overdose,illustrerait parfaitement ce voyage étrange d'un étranger en son propre monde.

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Parmi ses plus grandes influences, Donald E. Westlake citait Dashiell Hammett et Vladimir Nabokov. Deux références majeures et inépuisables pour un nombre croissant d'écrivains ou de lecteurs bien entendu. Par contre, au niveau du style un monde les sépare. L'un assumait une écriture behavioriste qu'il a aiguisé sur un genre regardé de haut, le polar. L'autre se retrouvait dans une prose luxuriante, travaillée voire précieuse, et s'intéressait à des choses plus intimistes, romanesques. À regarder l'imposante bibliographie de Westlake (plus de cent ouvrages écrits) et la récurrence de certains motifs, on le placerait naturellement du côté Hammett. Pourtant, c'est à la périphérie d'une carrière admirable et cohérente qu'on trouve une "figure libre" qui aurait pu mener l'auteur sur une voie alternative, plus proche de Nabokov : Mémoire morte.
Avant d'être publiée à titre posthume, la nouvelle fut d'abord refusée en 1963 par la maison d'édition américaine. D'un point de vue commercial la décision s'entendait et les triomphes des séries Parker/Dortmunder l'ont pour ainsi dire corroborée. Cette expérimentation intimiste et psychologique aurait été difficile à vendre au public. Ce sont pourtant les mêmes raisons qui vont pousser les nombreux fans à se ruer dessus. Les atypiques ont tendance à dire long sur leurs géniteurs, peut-être encore plus que les oeuvres pour lesquelles ils furent portés aux nues. le voyage du malheureux Paul Cole à la recherche de son passé est d'abord une hypnotisante méditation. Ne pas faire fausse route : il se passe beaucoup de choses dans la vie et dans la tête de Paul. Il y a plusieurs mystères, quelques embranchements décisifs et beaucoup d'émotions.
Le ton abandonne la sècheresse ou le sarcasme auxquels on associe fréquemment l'écrivain. L'humeur est morose, brumeuse. Si les éclaircies affleurent elles cèderont régulièrement du terrain à la dépression. Notre héros doit lutter pour retrouver un passé qui lui échappe. Pas seulement son ancienne vie, mais aussi son ancien lui dont il semble étranger. Pour ne rien arranger, cette amnésie est également antérograde, autrement dit Paul perd le fil en cours de route. Sa mémoire est une passoire qui filtre la majorité des informations survenues dans les dernières heures ou derniers jours. Comment se définir soi-même quand chaque lever de soleil est un nouveau brouillard sur son existence ? de cette condition troublée, hybridation de drame et de thriller, naît une sorte de lyrisme existentiel noir.
Les 200 premières pages sont terriblement belles, d'une désarmante simplicité avec moult indices, fausses pistes puis cette irrépressible humanité qui se dégage de chaque feuillet. La narration omnisciente pénètre le cerveau de Paul pour mieux en extraire les sentiments, incertitudes, réflexions ou interrogations. Par rapport à son état, ce qu'il doit faire, ne pas faire, les stratagèmes mis en place afin de créer une bulle protectrice (?) dans l'espoir de retrouver la mémoire, son lui d'avant qui sait. S'il échoue, que devra-t-il faire ? D'un autre côté, s'il réussit sera-t-il plus avancé ? La lecture avance, le premier gros rebondissement arrive, et le trouble dissociatif entre deux Paul devient prégnant. Difficile d'en raconter plus sans gâcher la découverte, mais la deuxième partie assume une direction peu évidente, voire trompeuse qui augmente la force émotionnelle de la première. Westlake termine sur un retournement imprévu et bouleversant.
Lawrence Block, ami du célèbre écrivain, aurait déclaré que Mémoire morte aurait pu être le point de départ d'une autre carrière pour ce dernier. Il est clair que le ton et le sujet dénotent pas mal avec l'homme qui s'est taillé une indestructible réputation dans la comédie policière ou le pur roman noir. Mais je n'irais peut-être pas jusque-là, d'autres oeuvres originales ont ponctué sa vie et certaines ont un goût de réminiscences par rapport à ce grand oublié : Monstre Sacré avec un autre acteur paumé, le très sensible Ordo qui traitait aussi du désordre identitaire ou même l'iconoclaste Adios Shéhérazade permirent d'appréhender une troisième facette à feu Donald E. Westlake. La leçon à tirer se situe dans l'ouvrage lui-même, déclamée par l'un des personnages finalement les plus importants. "Le paysage est peut-être un peu différent selon le chemin que tu prends, mais ils finissent tous par se rejoindre". Quoiqu'on en pense, Westlake aurait laissé infuser de l'humour dans certains travaux puisque cela faisait partie de lui. Tout comme son affection pour Hammett l'aurait irrémédiablement conduit à tenter l'aventure hard-boiled. Avec parcimonie, un dernier aspect de sa personnalité devait se frayer un passage. S'il a officieusement commencé dès 1963, la suite de sa bibliographie ne laissait place à aucun doute à ce sujet. Cette publication posthume d'un de ses premiers écrits vint le confirmer avec quatre décennies de retard.
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Les souvenirs sont des morceaux de mémoire. Mais, Paul Edwin Cole, jeune homme de 26 ans hospitalisé après un accident, n'en a plus aucun.
Paul se réveille, dans une chambre d'hôpital, au milieu de nulle part, à plus de mille cinq cent kilomètres de chez lui. Son unique souvenir est qu'un soir, dans une chambre d'hôtel, alors qu'il était en galante compagnie, un homme s'est précipité sur lui et lui a fracassé une chaise sur la tête.
C'est le début de son amnésie et la mort du Paul Cole d'avant. Ses quelques effets personnels révèlent qu'il est acteur, venu dans cette ville avec une troupe itinérante, et qu'il habite New York. Paul n'aura donc de cesse que de rejoindre cette ville.
Son parcours sera parsemé d'embûches. Après avoir réglé les frais d'hospitalisation, il ne lui reste que quelques dollars en poche, juste assez pour se trouver une chambre d'hôtel, puis il trouve un travail de manutentionnaire dans une tannerie. Il économise autant qu'il est possible avec cet objectif chevillé au corps de retourner chez lui. C'est au prix de nombreux sacrifices qu'il parviendra à rejoindre New York. La reprise en possession de sa vie, avec une mémoire défaillante et des souvenirs plus que flous ne sera pas si simple. L'accueil qui lui est réservé n'est pas à la hauteur : ses proches ne le comprennent pas, ne le croient pas, ou bien ne savent pas - ne veulent pas ? - lui apporter l'aide dont il a besoin.
Dans ces moments difficiles où les amis sont les seuls à pouvoir nous venir en aide, Paul va cruellement découvrir la valeur de l'amitié.
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