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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Incroyable roman, basé sur un homme qui après un violent coup sur le crane voit sa mémoire s'effacer et sa personnalité varier ; il devient un autre ; oublie l'essentiel, a une vision de plus en plus étroite de son passé et de son futur.
Très prenant et étonnant. Intéressant également pour le côté historique et sociologique des USA dans les années 50.
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Voilà que Rivages exhume de nouveau un inédit de Donald Westlake. Si cela ne peut que réjouir l'amateur de polar et le fan de Westlake que je suis, cela éveille aussi parfois un léger sentiment de méfiance. Parce que, souvent, ce n'est pas pour rien qu'un livre n'a jamais été publié et est resté au fond d'un tiroir. Et quand il semblerait que ce livre y soit resté depuis quelque chose comme 1963, il y a de quoi se montrer un tantinet circonspect.
Et pourtant… disons-le tout de go, l'édition de cette Mémoire morte par Rivages – et son achat par moi-même – valait assurément le coup.

Commençons par l'histoire. Paul Edwin Cole se réveille un beau jour dans un hôpital. Séduisant acteur new-yorkais en tournée dans le Midwest, il a été surpris en mauvaise posture par un mari jaloux qui lui a flanqué une belle raclée. le problème, c'est que Paul en a perdu la mémoire. Non seulement son passé lui apparaît extrêmement flou mais, en plus, il tend aussi à oublier ce qui lui arrive dorénavant d'une semaine à l'autre, d'un jour à l'autre, voire d'un instant à l'autre. Sans famille, perdu à 1500 kilomètres de New York et sans un sou, Paul va devoir trouver un moyen de rejoindre sa ville pour essayer de retrouver son ancienne vie dont il sait de moins en moins en quoi elle a pu consister.

Le thème de l'amnésie est un classique de la littérature comme du cinéma. le mystère des mécanismes de la mémoire, de l'absence de souvenirs à leur trop plein, a hanté l'imaginaire des auteurs, de Cervantès à Philip K. Dick en passant, pour le roman noir, par George Chesbro, Sébastien Japrisot ou William G. Tapply. Westlake n'y a donc pas échappé non plus. Et il attaque cette thématique d'une manière à la fois simple et efficace : un homme ne se souvient plus qui il est et il veut rentrer chez lui. de ce simplissime postulat de départ, Westlake tire un roman noir d'une terrible cruauté en même temps qu'une réflexion sur les rapports humains et ce qui fait notre essence.
Paul Cole, incapable de garder un souvenir précis de ce qu'il a fait ou de ce qu'il doit faire, s'étiole. Il a perdu la conscience de ses expériences qui ont fait de lui ce qu'il était, et il ne peut dorénavant se reconstruire que par le biais de la routine qui est la seule chose qui, par son aspect répétitif, peut encore s'imprimer dans sa mémoire. Dès lors, il n'est plus le même homme et tend même à se rapprocher d'un animal, dépourvu qu'il est de la conscience de soi. Seul quelques liens ténus le rattachent à son ancienne vie : de la paperasse, quelques rencontres avec ses anciens amis qui ne le reconnaissent pas comme le Paul qu'ils ont connu et qui, effrayés par ce qu'il lui arrive, mal à l'aise face à son propre malaise, le laissent peu à peu choir. Les masques tombent et la réalité de rapports humains fondés sur une certaine superficialité et le rapport de force prend cruellement le dessus. Est-ce Paul qui se déshumanise en l'absence de souvenirs dont il pourrait tirer des leçons, où est-ce la société dans laquelle il vit dont il perçoit maintenant à quel point elle s'est déshumanisée ?

On peut légitimement se demander pourquoi ce manuscrit est si longtemps resté enfoui avant d'être réédité en 2010 par les ayants-droits de Donald Westlake. L'auteur estimait-il qu'il n'était pas assez bon ? Les éditeurs, au moment où Westlake commençait à connaître un certain succès avec ses polars humoristiques et la série des Parker, sous le pseudonyme de Stark, pensaient-ils qu'il s'éloignait trop de son domaine ? Peut-être le saura-t-on un jour.
Cela reste en tout cas pour le moment un mystère, tant l'errance kafkaïenne de cet homme à la recherche de sa vie semble être réellement un des grands romans de Westlake. Livre troublant, inquiétant, cynique et cruel, Mémoire morte n'est pas un fond de tiroir, c'est un petit joyau sur lequel on a finalement mis la main.

Lien : http://encoredunoir.over-blo..
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Donald Westlake .... Un nom historique pour les amateurs de romans noirs pleins d'humour .... Et aussi de purs bijous de la littérature américaine du 20 éme siécle ...
Dans la lignée du Couperet et du Contrat , ce magnifique roman vient si il fallait encore le faire démontrer tout le talent de ce compteur hors norme qu'était Westlake .
Cet inédit est une merveille .
L'histoire est captivante , passionante , prend le lecteur entre ces "griffes " et ne le lache plus .
C'est trés noir , d'un réalisme incroyable , le style est parfait , en bref....
On est scotchés par ce sublime roman , qui vient prendre place aux cotés des opus d'Ellroy , ou de Lehane , tellement le niveau est haut ici.
Amateurs de polars de supermarchés , ce livre est un bijou !
Du vrai roman noir à son meilleur !
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"Mémoire morte", roman posthume de Westlake, n'est pas une oeuvre fond de tiroir pour admirateurs en mal de lecture, bien au contraire, c'est un miracle tombé du ciel.

C'est selon moi un grand livre sensible, amer, situé à l'opposé des récits espiègles qui ont fait la renommée de Westlake.
Un livre poignant, à ranger à côté d"Ordo", ces deux livres étant une preuve de la grande sensibilité de cette figure du roman policier.

L'histoire commence lorsqu' un acteur New Yorkais, Paul Cole, subit au cours d'une bagarre un choc à la tête. Dès sa sortie d'hôpital, Paul va devoir - et ce tout au long du livre - lutter pour combler ses trous de mémoire et tenter de se faire une place dans un monde dont il ne reconnait presque plus rien.

Autour du thème de la quête d'identité, Westlake a écrit un livre d'une grande force mélancolique et brosse au passage le décor d'une Amérique à la fois repliée et suffisante.

Trempées dans un parfum de morosité, les cent premières pages du récit - avec pour décor les rues d'un modeste patelin sans caractère - comptent à ce titre parmi les plus belles que j'ai pu lire.

Le rythme particulier du livre, marqué par les rituels d'aide-mémoire et les incessantes questions du personnage, contribue à cette douce pesanteur qui émane du récit.

Westlake parvient à créer chez son lecteur une empathie pour cet homme, Paul, dont la mémoire glisse vers le néant, cet homme qui voit son destin se dérober.

Lentement, le cœur serré, on s'égare avec Paul dans les recoins d'ombres de la société, en marge, là où sont tapis indifférence et l'oubli.

Superbe.
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Donald Westlake est mort en 2008 mais il continue à nous envoyer des pépites d'outre tombe ,comme si ses ayants droit. n'avaient eu qu'à se baisser pour se servir dans un fond inépuisable.
Ici,on est très loin du registre de la série parodique des Dortmunder ou des polars serrés comme des expresso de son autre personnage récurrent :Parker.
Mémoire morte pourrait se situer entre un récit kafkaïen,auquel il fait irrésistiblement penser et une quête personnelle pathétique,un peu comme le Feu Follet de Drieu.
Aucune Happy end à attendre dans cette histoire où son héros,Paul Cole,dont Westlake a su admirablement décrire la fragilité,se débat dans un quotidien qui engloutit sa mémoire et son identité.
Un grand livre pessimiste.
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