A seulement 34 ans,
Jonny Wilkinson est de ces rugbymen qui peuvent se permettre d'écrire une biographie, tellement son parcours est enviable aux yeux de ses pairs. 4 Coupe du Monde, un temps considéré comme le meilleur demi d'ouverture au de la planète et capitaine de l'équipe d'Angleterre.
Olivier Villepreux, journaliste sportif, ancien de l'Equipe, mais aussi de Libération s'est chargé de la traduction. Mais de cette traduction en ressortent un style et une ponctuation qui laissent à désirer par moments et rendent quelquefois la lecture peu agréable. Même si on ne s'attend pas à un chef d'oeuvre littéraire avec ce genre de bouquin, pourquoi pas faire un effort.
Ceci dit, peut être effectivement que Villepreux a fait son travail de traducteur de manière à ne pas dénaturer le texte initial. Les rugbymen et/ou sportifs qui proposent leur biographie sont en général aidés pas un journaliste qui retranscrit et met en forme leurs conversations. Peut-être que
Jonny Wilkinson a effectivement écrit ce livre seul. Et dans ce cas, je lui pardonnerai complètement un style quelquefois un peu naïf, car ce serai tout de même, pour quelqu'un dont ce n'est pas le métier, une oeuvre tout à fait respectable.
Il se livre ici à une thérapie courageuse. Et malgré beaucoup de répétitions, qui ont certainement pour but de faire comprendre au lecteur la manière de fonctionner de ce personnage obsessionnel et tourmenté, il se montre ici sans pudeur. Exercice d'autant plus difficile que l'homme est d'une timidité très prononcée. Au fil des pages, on se rend compte de l'acharnement avec lequel ce joueur travaille nuit et jour. de la ténacité avec laquelle il veut atteindre ses objectifs, à savoir jouer en équipe d'Angleterre, en être le capitaine, et être le meilleur N°10 du monde. Rien que ça. Ceci sans se ménager, en surchargeant ses séances de travail et en s'entraînant jusqu'à ses jours de repos. Une vie orientée vers ces seuls objectifs, en essayant de se défaire de ses craintes et de ses crises d'angoisses envahissantes qui l'empêchent de vivre. Et surtout sans penser à l'avenir, au versant de la montagne où le joueur, une fois au sommet de sa carrière, entame la descente. Sans penser à ces moments où le corps ressent les traumatismes et le poids de l'entraînement. A l'inévitable blessure, (nombreuses chez lui) qui peut se répéter et entraîner le joueur, qui doit travailler à chaque fois d'arrache-pied pour revenir au niveau, encore et encore, vers la presque inévitable dépression du sportif.
Bien qu'un peu réticent au début. C'est un livre à conseiller aux fans de rugby, mais aussi à ceux qui ont envie de savoir ce qu'il se passe dans la tête d'une personne qui dédie intégralement sa vie au sport. On y apprend beaucoup sur le monde du rugby : les tournées, les coupes du monde, les entrainements, les relations au sein d'une équipe etc...
De plus, tout n'est pas lisse,
Jonny Wilkinson ne rechigne pas à prendre position, au risque de s'attirer les foudres de certains de ses ex-coéquipiers, sur des sujets houleux.
Un livre courageux, et humble, à l'image de ce que nous montre ce joueur attachant depuis le début de sa carrière.