Je l'avoue: j'aime l'oeuvre d'
Evelyne Wilwerth .
Et ce que j'apprécie tout particulièrement, c'est le fait que, au fil des années, elle ait de plus en plus d'audace. Audace de syntaxe, certes, très présente dans "
N'oublions jamais les caresses". Audace de ponctuation, aussi. Mais surtout, audace sensuelle, "visuelle et auditive", ai-je envie d'ajouter.
N'oublions jamais les caresses? Je suis sous le charme de cette manière d'écrire tantôt poétique, tantôt piquante. Un mélange savoureux, très prenant et riche en émotions.
La date, nous la connaissons dès le départ: un 21 juin.
L'endroit? Une place. Une partie de place. Quelque part.
A chaque lecteur de faire comme je l'ai fait: au fil des pages, j'ai visualisé cette place et je me suis même surprise à la nommer.
J'ai aisément ressenti la lourdeur du temps. Et très vite, j'ai su qu'il fallait que se passe une catastrophe pour que, avant qu'il ne soit trop tard, l'on oublie jamais les caresses.
Un drame? Un crime? A voir. Mais il faut une victime, une remise à niveau du temps et de la vie pour que les personnages (humains ou animaux ou... végétaux!) prennent enfin conscience de leur manque d'amour, donné et reçu. de leur manque de vie. de leur manque de caresses. Et qu'ils naissent. Renaissent enfin.
Mes coups de coeur? Nombreux. Et le choix est vaste parmi les instants et les vivants: La châtelaine et son père? L'enfant et sa mère? L'artiste et ses bleus ou encore le SDF et son chien?
Coup de coeur pour Corbillard: "une douceur une délicatesse dans ses doigts dans ses mots dans son sourire et plus que ça encore il y a un mot qui m'échappe c'est parce que je n'ai pas l'habitude...oui, la tendresse elle m'a offert la tendresse c'est une fleur magnifique qui s'est imprimée en moi pour toujours"
Pour Lausane et Camberra qui enfin se nomment. Il/Elle parle. Il/Elle vibre. Cadence. Caresse.
Coup de coeur très personnel pour Athanase le ventru moribond que je découvre cependant si heureux dès qu'il pense à sa barque, sous le ciel bleu d'une île que j'aime tant.
Autre coup de coeur pour la châtelaine lorsqu'elle lève le bras gauche et que, d'un geste vif, elle...
Je n'en dirai pas plus. J'ai lu ce livre comme étant suspendue au temps et aux sentiments. Comme suspendue à un fil solide, celui de l'espoir et de la renaissance seulement possible après le choc.
Une fois encore,
Evelyne Wilwerth nous offre une pépite à savourer en se laissant porter par les mots et les ressentis .