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EAN : 9782413040699
380 pages
Delcourt (13/10/2021)
4.38/5   64 notes
Résumé :
L'histoire secrète de Bobby Bailey, un personnage qui en évoque un autre, Bruce Banner alias Hulk.
Windsor Smith fait remonter la personnalité complexe de ce monstre iconique à une enfance maltraitée, doublée d'expérimentations scientifiques menées au lendemain de la Seconde Guerre mondiale à partir d'essais scientifiques nazis. Autrement dit : comment la société américaine des années 1950 a engendré un monstre à partir d'autres monstres.
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Monstres est un titre particulièrement bien choisi, à plusieurs égards.

Un format atypique qui, du haut de ses 360 planches, met à rude épreuve tes biceps rôdés au format poche.

Un graphisme hachuré bicolore d'une maîtrise absolue.
Barry Windsor-Smith, en usant ainsi du clair/obscur, trouve le parfait combo entre mouvements réalistes et émotions extraordinairement lisibles sans jamais privilégier l'un au détriment de l'autre.

L'auteur, en habitué reconnu des comics, s'est nourri de ses moult expériences pour délivrer une galette proche de la perfection.

Bobby Bailey est né dans une seule optique divine, souffrir au-delà du supportable, voire du concevable.
Une jeunesse dantesque puis l'objet adulte d'une expérimentation génétique militaire dans le but d'en faire un super soldat (salut Captain America) laissent entrevoir le karma d'une vie antérieure particulièrement dégueulasse.
Un physique à la Hulk, un visage à la Elephant Man, le gamin aurait pu verser dans le côté obscur de la force, n'étaient les souvenirs récidivents d'une mère aimante à la colle avec un père bien plus monstrueux que Bobby ne le sera jamais.
Car les monstres possèdent plusieurs visages.
Les pires nous ressemblent.
D'apparence normale, ils couvent en eux un feu diabolique que rien ne saurait maîtriser, promettant par là même une vie de souffrance à leurs proches, innocentes victimes illusionnées par des sentiments aveugles.

Les thèmes sont ici divers et variés.
Le projet Prométhée, colonne vertébrale de ce récit, nous rappelle, si besoin était, que la guerre, c'est moche, et que leurs aficionado ne le sont pas moins.
Générateurs de monstres à grande échelle, les conflits recrachent de pauvres hères traumatisés incapables de retrouver un semblant de normalité, futurs géniteurs de gamins perturbés par une éducation qui n'en porte que le nom.

Si le début peine un chouïa à s'enraciner, les douloureux souvenirs familiaux de Barry constituent un bouleversant moment de bravoure.
Le quotidien infernal de Barry et de sa mère au retour de leur père/époux de la guerre ne laisse pas de subjuguer tant par sa force narrative que par la psychologie enténébrée qui s'en dégage.

Il y aurait encore tellement à dire sur l'hérédité, la résilience.
Monstres est de ces monuments graphiques qui, en plus de vous laisser sur le cul, appellent à la réflexion et vous poursuivent longteeeeeemps.

Tout comme Bobby, ce récit m'aura tapé dans l'oeil!

Merci à Babelio ainsi qu'aux éditions Delcourt pour ce plaisir de lecture Monstre, forcément.
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Sur la quatrième de couverture, il est question du projet d'une reprise de la série Hulk par Barry Winston-Smith qui aurait avorté à cause de la volonté de celui-ci de creuser l'aspect psychologique du sujet. Je ne suis pas un spécialiste de Hulk, mais je trouve que la façon de traiter ce sujet de l'expérimentation humaine et de la création de surhomme se rapproche bien plus du mythe de Frankenstein ainsi que de son origine mythologique de Prométhée, c'est d'ailleurs le nom du projet militaire dans cette histoire.
C'est raconté en 366 pages d'un graphisme méticuleux en noir et blanc, les nuances sont traitées en hachures, les détails très poussés, accuentuant les moments d'horreur, la dureté des personnages. L'histoire s'étend de la fin de la guerre mondiale au milieu des années 60, elle raconte l'horreur de l'expérimentation humaine, la folie de savants sans scrupules et de la recherche militaire secrète, les traumatismes de guerre et la société américaine de cette période. On démarre sur une scène d'horreur pour entrer ensuite dans la vie des personnages, de leurs troubles, même soins dans le scénario que pour le graphisme pour décrire les détails de la vie, des petits évènements, un dîner de thanksgiving…
Barry Winston-Smith, en replaçant le mythe du super héros américain de l'après-guerre face à ses origines, au mythe prométhéen et à Frankenstein, offre une critique cynique de cette littérature tout en conservant certains aspects du thriller et du roman gore, on sent un travail mûrement réfléchi, une volonté de casser certains code, de régler ses comptes avec les super-héros, leur rendant leur vraie nature, un désir de puissance et d'hégémonie, un nationalisme dangereux. On est ici plus proches de Mary Shelley que de Marvel. Une fin en apothéose conclut ce récit haletant, intense et violent.
Voici 366 pages qui décoiffent, un gros pavé d'une grande intensité.
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Barry WIndsom-Smith un grand nom de l'univers roman graphique. Il signe avec « Monstres » une oeuvre sans concession, extrêmement sombre et profondément émouvante. le poids de l'enfance marqué par la violence, la difficile résilience d'un père revenu d'entre les morts, cette guerre atroce contre l'Allemagne nazie. Frankenstein au pays de l'oncle Sam, la souffrance d'une ombre énorme mi bête mi humaine. La cruauté des scientifiques et médecins aveugles face à l'ambition qui consume et transforme en cendre le coeur déjà asséché et mort avant même d'en avoir la sensation, la conscience. Tous ces fantômes en vie. Il y en a tant des fantômes nullement vivant mais pas encore tout à fait mort. le paradis s'est pour demain, en attendant l'enfer se conjugue au présent. 🙏

Les illustrations en noir et blanc, un coup de crayon identifiable entre tous, profondément original et saisissant. L'histoire n'hésite pas à se jouer des temporalités, nous plongeant dans un univers paranoïaque propre aux années d'après guerre. En filigrane la question du respect de la dignité humaine, l'opposition aux scientifiques fous et sans scrupule, ex nazis, collaborant discrètement aux programmes « Prométhée » de création d'un « surhomme. » On interroge ici les limites de la science, la thématique de la moralité de certains actes commis contre toutes logiques, rabaissant l'homme à l'état de bête. Que reste t'il de l'âme d'un jeune homme devenue une monstruosité crée contre tout entendement. L'esprit de ce roman graphique soulève des questionnements éthiques et moraux particulièrement intéressants. S'interroger, réfléchir tout en bâtissant un scénario retors extrêmement efficace. C'est un roman graphique à découvrir absolument.
Lien : https://thedude524.com/2023/..
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Moi ce que j'aime, c'est les monstres ! Et quand, après plus de 15 ans de silence, un monstre sacré du 9ème art s'y attaque, le résultat ne peut être que monstrueux : monstrueux de maîtrise narrative, monstrueux de prouesse graphique, monstrueux dans tous les sens du terme. Monstres de Barry Windsor-Smith paru aux Éditions Delcourt est incontestablement l'un des albums qui m'a le plus marquée en cette année 2021.

1949, La maison des Bailey, ville de Providence, Ohio, samedi 11 juin
Le récit s'ouvre sur une scène extrêmement violente, une mère tentant de protéger son fils Bobby de la furie dévastatrice d'un homme éructant en allemand, son père.
15 ans plus tard, 22 avril 1964, nous retrouvons Bobby, âgé de 23 ans à Los Angeles dans le bureau de recrutement de l'armée américaine face au sergent McFarland. « Mâle blanc de moins de 30 ans, SDF, sans attaches », il est le candidat idéal pour servir de cobaye dans un projet classé top secret : le projet Prométhée. Lui, qui voulait seulement servir son pays va alors rejoindre Fort Sherman, bien loin d'imaginer ce qui l'attend jusqu'à ce 25 novembre 1965 qui mettra un terme à une tragédie qui avait commencé bien avant ...
Le destin de deux familles qui vont s'entrecroiser tout au long du récit : celle des Bailey bien sûr mais également celle du sergent McFarland sans oublier Jack Powell …

Un kaléidoscope vertigineux conjuguant action et émotions
Un mystérieux projet de l'armée américaine prolongement d'un programme d'expérimentations génétiques nazies, des traumatismes liés aux horreurs de la guerre ou à une enfance maltraitée, une histoire d'amour impossible, Thanksgiving, sixième sens … rien de bien original me direz-vous. Et pourtant, on tient là entre nos mains, une oeuvre majeure, un véritable chef d'oeuvre ! La force, la puissance de cette histoire résident dans la subtile combinaison de tous ces thèmes, pas seulement ces thèmes mais également des genres ainsi que la multiplicité et la variété des pistes narratives. Récit protéiforme non linéaire sur lequel planent les ombres de Mary Shelley et de Stephen King se déroulant sur plusieurs périodes, on passe du thriller psychologique à l'extrême violence et l'horreur absolue ce qui n'empêche de beaux moments d'accalmie qui n'en font que mieux ressortir une sensation d'immense gâchis. Récit choral où se complètent les différents points de vue des personnages principaux notamment à travers le journal intime de Janet, la mère de Bobby ou la matérialisation de Bobby adulte spectateur dans des scènes de son enfance.
L'auteur, par touches successives donne de l'épaisseur et de la profondeur à ses personnages révélant leurs failles et leur humanité et/ou monstruosité. Outre la monstruosité physique infligée à Bobby, on va croiser d'autres formes de monstruosités : monstruosité collective du projet, monstruosité par indifférence, par bêtise crasse, par lâcheté, par cruauté … Tout le monde ou presque a sa part de responsabilité dans cet engrenage et personne n'en sortira indemne.

De Hulk à Bobby 
Peintre et auteur de Comics dont la réputation n'est plus à faire, le Britannique Barry Windsor-Smith avait, entre autres, imposé sa patte aux univers de Conan le barbare, Daredevil, Wolverine et semblait avoir atteint les sommets avec l'excellent Weapon X qui n'est autre que le récit d'origine de Wolverine et les expérimentations inhumaines qu'il subit lors de l'octroi de ses griffes et son squelette d'adamantium. Mais ça, c'était avant …, avant Monstres.
Après s'être penché sur Wolverine, l'auteur s'est plongé dans un projet sur les origines de la force surhumaine de Hulk et les traumas de son enfance ayant influé sur sa personnalité. Faisant la part belle à la psychologie du personnage, il fut jugé trop sombre et refusé par Marvel dont il claqua la porte en 1991. C'est ce récit avorté, également refusé par DC, que Winsdor-Smith, quittant l'univers des super-héros, a remanié et développé pendant plus de 15 ans et qui aboutira à ce magistral pavé de 365 pages.

Encrage puissant tout en finesse, trait réaliste au service de la narration
Barry Windsor-Smith est ici au sommet de son art et conjugue avec brio virtuosité graphique et grande maîtrise de la mise en scène. Il nous livre d'époustouflantes planches en noir et blanc de facture classique fourmillant de détails tant au niveau des décors que des personnages très expressifs tout en apportant également un soin extrêmement minutieux au rendu de la texture, des imprimés des vêtements et de la chevelure de la mère de Bobby notamment. Ce soin, ce souci de véracité ancre le récit dans les périodes concernées que ce soit l'immédiate après-guerre ou les années 60 sans nuire aucunement à la narration qui demeure très fluide et dont le dynamisme prend toute sa puissance dans les scènes d'action. Notons au passage que le format généreux de l'album nous permet d'apprécier d'autant mieux le travail d'orfèvre de cet artiste incontournable du 9ème art. Chapeau maestro !

Extraordinaire par sa virtuosité scénaristique et graphique, extrêmement fort émotionnellement parlant, Monstres fait partie des romans graphiques qu'on n'est pas prêt d'oublier ! Sous la violence et la noirceur pointe une humanité désespérée. Quel choc!

Lien : https://laccrodesbulles.fr/2..
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Monstres raconte comment, par l'entremêlement de la petite et de la grande histoire, Bobby Bailey, orphelin oublié de la société, en vient à être cobaye pour un programme de recherche secret du gouvernement Américain visant à créer des surhommes. Si Bobby devient bien un monstre physiquement, les monstres du titre sont bien plus à chercher parmi la galerie de personnages ayant, directement ou indirectement, conduit à ce que le sort de Bobby se réalise.

Monstres est une oeuvre très sombre, dont la construction narrative assez brillante constitue une véritable exploration des racines du mal : l'auteur remontre le temps et la mémoire de Bobby pour exposer la suite d'événements l'ayant détruit lui et sa famille. Autant le dire clairement : les sujets abordés sont d'une grande violence (expérimentation humaine dans les camps et violence conjugales notamment), à la fois visuelle et psychologique. le ton est accentué par le style graphique de l'auteur, dont le travail sur les ombres et les contrastes au crayonné se révèle très puissant pour mettre en image la violence décrite.

La seule lueur d'espoir de Monstres réside dans sa trame narrative mystique : le sergent ayant involontairemnet envoyé Bobby vers le programme secret se trouve être doté d'une forme de don de clairvoyance, lequel l'amène à réaliser sa faute et tenter de l'expier. Malheureusement, cette trame narrative est celle qui m'a le moins convaincu, à la fois par son aspect mystique un peu obscur et parce qu'elle concerne une galerie de personnages dont les dialogues ne m'ont pas paru particulièrement bien rendus par la traduction française. En affaiblissant les passages d'espérance, cette trame a malheureusement rendu l'oeuvre globale un peu trop sombre pour moi : on est happé par la démonstration implacable de l'oeuvre, mais l'absence de porte de sortie dans le cycle infernal de la violance laisse un arrière goût un peu amer.
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critiques presse (5)
ActuaBD
11 janvier 2022
Monstres, c’est […] l’aboutissement d’une carrière, peut-être un album-testament. Un récit total à destination des nostalgiques d’un dessin témoin d’une époque, des amateurs de comics de super-héros, mais aussi, et peut-être surtout, à tout lecteur en quête d’un moment de lecture inoubliable.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
LigneClaire
17 novembre 2021
Des morceaux comme ce Monstres, c’est rare. Barry Windsor-Smith auteur reconnu, a signé un monument, sorte de testament graphique qui à la fois dérange et séduit.
Lire la critique sur le site : LigneClaire
Sceneario
09 novembre 2021
Un fascinant scénario, très intense et profond, qui brosse un ensemble de portraits extrêmement fins et touchants ! Barry W. Smith démontre une nouvelle fois qu'il peut aussi être un scénariste inspiré qui prend son temps, tout au long de ces nombreuses planches, pour développer ces micro-récits jusqu'à cette fin absolument magnifique ! Monstres arrive chez Delcourt et se démarque très nettement au milieu des sorties de cette rentrée 2021 ! S'il y a vraiment un album à lire en ce moment c'est celui-ci.
Lire la critique sur le site : Sceneario
BDGest
29 octobre 2021
Le résultat est un ouvrage classique, dans l'acceptation la plus noble du terme. C'est aussi un chef-d'œuvre, littéralement : une création majeure, parfaite dans son genre.
Lire la critique sur le site : BDGest
Sceneario
10 juin 2021

Monsters est définitivement LA sortie de l'année, très largement à la hauteur des espoirs que l'on pouvait avoir jusque-là !
Delcourt annonce déjà la sortie de la traduction pour fin septembre prochain, réservez votre exemplaire !
Lire la critique sur le site : Sceneario
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
13 octobre 1949
C'est resté dans ma tête toute la journée. La nuit dernière j'ai eu une expérience si étrange... Normalement je déteste les armes et le "souvenir" que Tom a ramené d'Allemagne est si affreux... Pour une raison quelconque je l'ai sorti de son tiroir et je l'ai tenu un instant. J'ignore pourquoi je l'ai fait. Ce pistolet me fait peur. Il a un insigne Nazi (un symbole que je n'arrive pas à me rappeler le nom) juste au milieu de la crosse. Il est massif et lourd, comme un objet maléfique.
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