Chronique romancée de dix ans de guerre entre
cartels de la drogue au Mexique, pour prendre le contrôle du pays. le résultat, ce sont les milliers de morts mexicains (plus de 15000 en 2010). Dans cette guerre, le gouvernement mexicain et son allié etatsunien choisissent parmi les
cartels ceux qui leur semblent moins brutaux, plus acceptables, pour tenter de limiter les dégâts. On trouve dans le roman une dénonciation de l'hypocrisie, de la corruption, de l'inefficacité et de la complicité des gouvernants mexicains, des autorités étatsuniennes.
Les
cartels sont les vrais maîtres du pays ; ils utilisent, manipulent, achètent ou tuent les politiques, les policiers, les membres de l'armée. Mais les victimes sont surtout la population, prise en tenaille entre les divers combats, les journalistes qui tentent de faire leur travail d'information, « les pauvres, les faibles, ceux qui sont privés de droits ».
C'est un roman désespéré et désespérant ; il n'y a pas de solution au narco-trafic ; trop de fric est en jeu, qui sert à bien des états pour acheter des armes par exemple. En fait, personne n'a intérêt à en finir avec le narco-trafic. Une grande partie de l'argent est réinvestie dans l'économie : construction, tourisme, centres commerciaux.
Je suis sortie de la lecture de ce roman avec un immense sentiment d'impuissance ; cette lutte semble sans issue ; quand la police et l'armée s'attaquent aux narco-trafiquants, on se demande si c'est vraiment pour les exterminer ou pour soutenir un autre
cartel qui semble moins dangereux….Bien que ressemblant à une enquête journalistique, c'est un roman avec ses personnages. Ceux-ci à quelques exceptions près, ne sont animés que par le désir de puissance ou par la vengeance.
Les seuls personnages qui se distinguent sont quelques journalistes intègres et des femmes ; au péril de leur vie, elles s'engagent pour défendre les plus faibles. Elles veulent encore croire que la dignité, la démocratie sont possibles dans ce pays qui a produit tant d'écrivains, de peintres, d'acteurs , qui a mené une Révolution contre les exploiteurs au début du XXè siècle…
« le Mexique est devenu un gigantesque abattoir (…) pour que les Nord-américains puissent se défoncer », dit un journaliste.
La lecture des tortures, des assassinats est assez éprouvante au début. Mais, comme pour Pablo, le journaliste qui rend compte des meurtres quotidiens, le lecteur finit par s'habituer à ces macabres descriptions. Et c'est peut être ça le plus terrible.
Il faut lire ce roman même si on en ressort secoué et accablé.