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Elisabeth Landes (Traducteur)
EAN : 9791034907656
448 pages
Liana Lévi (06/04/2023)
3.44/5   16 notes
Résumé :
Ployant sous le poids des espoirs que met en lui son père, le jeune Viktor Wagfall, épris de peinture, s'évade en s'inventant un alter ego qu'il baptise Isidor Schweig. C'est sous ce nom qu'il signe ses premières copies pour un marchand d'art de Stuttgart, puis, en 1936, part découvrir Paris. Le milieu des galeristes accueille bien ce séduisant jeune homme qui découvre, ébloui, Picasso, Bonnard et consort. Il se lie d'amitié avec Rose Valland, du musée du Jeu de Pau... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Voilà un roman que j'ai mis longtemps à lire, non pas qu'il m'ait déplu, mais foisonnant d'informations sur de nombreuses oeuvres,
je m'interrompais sans cesse pour aller zieuter les tableaux évoqués. Merci internet quand même... ! Et là, sérendipité aidant voilà de nouveaux sites repérés dans le domaine de l'art, de quoi satisfaire ma boulimie...
Bref revenons au livre.

Bettina Wohlfarth nous balade avec talent dans Paris à 2 époques en alternance, la première par le truchement d'un ensemble de cahiers laissés en héritage par le père de la narratrice et ses deux séjours respectifs : l'un en France en 1936 où il développe sa passion pour la peinture, puis pendant l'occupation, allemand affecté au service de la SNCF dès 1940 ; la seconde s'oriente sur une quête entreprise par sa fille de nos jours, à la recherche de qui était véritablement son père et tâcher de découvrir son rôle sous l'occupation.
Je n'en dirais pas plus pour laisser découvrir ce récit qui mêle habilement réalité et fiction. Des références pléthoriques sur la peinture émaillent le roman, de nombreux tableaux sont évoqués et soigneusement décrits.
On redécouvre la rue de la Boétie quand elle était le symbole de l'Art comptant toutes les meilleures galeries de marchands d'Art, Paul Rosenberg, Paul Guillaume, Bernheim Jeune, Georges Wildenstein, avant d'être expulsés. Quartier nommé "la Florence Française".
On croise Rose Valland, et son inestimable résistance active au Musée du Jeu de Paume dans le sauvetage des oeuvres victimes du pillage orchestré par Göring et ses sbires. Lesquels étaient bien peu éclairés en connaissance des arts par ailleurs... : Une anecdote assez croustillante sur 2 acquisitions médiocres refilées à Göring par le fûté Gustav Rochlitz marchand d'art, dont un faux Titien en échange de 11 magnifiques tableaux modernes considérés comme art dégénéré par les nazis : Matisse, Cézanne, Corot, Degas, Renoir, Sisley, Braque, Picasso.
Le thème de ce roman me tient particulièrement à coeur et je possède de nombreux livres sur la spoliation des biens juifs et sur le sauvetage des tableaux éparpillés dans toute la France avant ledit pillage. Comme à chaque lecture je ressors secouée de toutes ces horreurs commises.

Pour une lecture non romancée sur le sujet je recommande :
Le musée disparu de Hector Feliciano d'ailleurs cité par l'auteure,
Le Marché de l'art sous l'occupation 1940 - 1944 de Emmanuelle Polack.
L'exode des musées de Michel Rayssac
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Bettina Wohlfarth est née en Allemagne en 1963, puis en 1990 elle s'est installée à Paris. Elle est journaliste freelance. le temps des faussaires est son premier roman (paru en 2019 dans son pays d'origine). Elle y étudie le parcours d'un homme, passionné de peinture entre France et Allemagne, avant et pendant la seconde guerre mondiale.
Viktor Wagfall aime l'art, en particulier la peinture depuis tout petit. Pas forcément pour créer mais plutôt pour le plaisir de reproduire des oeuvres existantes. Non pas qu'il ait zéro imagination mais l'essentiel de sa motivation réside dans la compréhension de la genèse du tableau afin de cerner son histoire, sa toile de support, ses composants, et tout ce qui en fait « un original ». Si une fois « la copie » créée, on ne distingue plus le faux du vrai, c'est une réussite. La pigmentation, le vieillissement, l'élaboration ont été parfaits et l'artiste a su exploiter ses connaissances, les compléter si besoin pour parvenir à ses fins. Quel intérêt ? L'adrénaline, ce sentiment de puissance qui s'apparente à une drogue et dont on ne peut plus se passer. Et Viktor, dans ces cas-là devient Isidor Sweig. Ce dernier brosse quelques copies pour un marchand d'art de Stuttgart puis il part s'installer à Paris où il mène une double vie.
Le falsificateur agit le plus souvent, à la demande. Arrivé dans la capitale française il a fait des rencontres déterminantes pour lui. Amour, amitié, il veut tout vivre à fond mais c'est difficile car il est écartelé entre ses deux visages.
Travaillant dans les chemins de fer, à une place tout à fait neutre et honorable, Viktor peut renseigner Isidor. Il observe et exploite ce qu'il peut, jouant sur plusieurs tableaux. Il y a une certaine ambivalence dans sa personnalité, et c'est ce qui sera difficile pour sa fille lorsqu'elle découvrira ce qu'il avait caché.
Ce livre alterne deux entrées. Les cahiers du faussaire qui se livre, explique sa vie, ses choix, ses déboires, ses doutes, ses besoins, son mal être parfois. Et les recherches de Karolin, sa fille photographe, qui fouille, après avoir découvert les carnets paternels. À l'aide de clichés décrits en quelques lignes, elle veut cerner qui était vraiment son père et développe ses réflexions. Ces investigations sont déstabilisantes pour elle, car ce n'est pas l'image qu'elle avait de lui. Mêlant habilement son intrigue à un riche contexte historique (avec des personnages ayant existé), l'auteur revient sur des faits graves, à savoir le trafic d'oeuvres d'art et la spoliation des biens juifs.
Ce récit est intéressant pour la place qu'il donne à la peinture. de nombreux commentaires sur des toiles sont proposés au lecteur. Chacun s'emparera de ce qu'il souhaite. Bettina Wohlfarth s'est documentée sur la contrefaçon et le vol de patrimoine dans les années 30-40, cela se sent et donne du poids à son propos.
L'écriture est complète, argumentée. le style est fluide. L'aspect psychologique est approfondi, travaillé pour montrer toute la complexité de l'esprit du faussaire, son ambiguïté. Sa fille se sent de plus en plus proche en faisant connaissance avec lui par l'intermédiaire des cahiers qu'il a laissés. Mais elle aurait sans doute préféré en parler directement…
En lisant ce livre, je me suis plusieurs fois interrogée sur les questions qu'il soulève. Jusqu'où est allée la spoliation des juifs? Qu'en est-il du marché de l'art sous l'Occupation?
Lien : https://wcassiopee.blogspot...
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A la mort de son père, Karolin retrouve les carnets que son père a rédigés sur la période où il a vécu en France. Elle y découvre un homme qu'elle ne connaît pas. Elle tente sur base de ses écrits de retracer sa vie et de combler les lacunes en menant une enquête dans les rues de Paris. Les aspects historiques de la spoliation des oeuvres d'art par les nazis pendant la 2eme guerre mondiale sont passionnants. Certains aspects de la lecture m'ont paru plus fastidieux et longs notamment lorsqu'il y a un grand déballage sur les aspects techniques de la peinture. Je le recommande pour les aspects historiques.
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Quel livre ! Merci à l'autrice qui nous fait
- découvrir le monde des faussaires en peinture,
- percevoir ce que l'on ressent à la découverte d'un pan de vie inconnu d'un être proche
- l'organisation incroyable des nazis pour récupérer tout ce qu'ils pouvaient en matière d'art.
C'est un vrai festin !
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critiques presse (1)
LeMonde
16 juin 2023
Grâce à sa double vie, le protagoniste du « Temps des faussaires » observe de près le trafic d’œuvres d’art opéré par le pouvoir nazi. Un premier roman saisissant de virtuosité.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Un après-midi, en allant et venant tous les trois entre la maison et le container aux encombrants, les bras chargés de tout c fourbi, ils réalisèrent que, désormais, ils étaient en première ligne. Plus question de se défausser sur les vieux, plus moyen de dire : ça, c'est votre faute. À partir de ce moment ils étaient pleinement responsables de leur monde. Et sur le champ de bataille de la vie plus personne pour faire écran . Pourtant ils n'avaient pas l'impression que leur enfance fut si loin que ça, en extrayant des caisses de jouets le train miniature, le lapin en peluche ou le petit pot de lait de Marimekko...
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Un héritage maternel s'accepte ou se refuse, mais le legs insaisissable d'une histoire familiale passée sous silence, faite de drames intimes non résolus, de culpabilité refoulée et de mensonges inavoués, agit sournoisement, en filigrane, on ne peut que le subir. (p. 42)
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(...) comme si le premier amour était aussi le denier et que sa première empreinte, irrésistible, perdurait indéfiniment en dépit des suivants.
Nous les vieux sommes à jamais les exilés de notre lointaine jeunesse. Un exil définitif , sans nul espoir de retour. (p. 95)
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Après des décennies de fuite en avant, toujours occupé, toujours pressé - au diable le passé - j'entame maintenant la fuite en arrière vers les contrées lointaines de mes souvenirs enfouis. Comme si là était le salut, là-bas derrière moi. Parce qu'il n'y a plus rien devant. Je ne peux plus, comme jadis, fuir dans l'avenir.
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Deux pages (p. 178 et 179) pour décrire un voyage dans un train des années 1960. C'est joliment écrit.
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