Cet essai, plutôt court mais très ambitieux, ancre le recours de plus en plus massif aux cabinets de conseil dans une perspective historique et idéologique. Ce n'est donc pas une "simple" enquête sur les cabinets de conseil mais une véritable étude de leur implantation au coeur de toutes les sphères décisionnelles ; et des conséquences d'un tel monopole.
C'est très référencé et par moment assez technique. J'ai pu regretter parfois un léger manque de pédagogie ce qui rend cet essai moyennement accessible, alors même que le sujet est d'intérêt public.
Néanmoins, je l'ai trouvé extrêmement instructif et ai particulièrement apprécié les propositions faites par les auteurs et autrices à la fin du livre ; qui ne s'arrêtent donc pas à la critique ou au constat.
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De nombreux observateurs, à commencer par les sénateurs et le Conseil d'Etat eux-mêmes, invitent à sortir de l'idée préconçue qu'à chaque difficulté politique se trouve une défaillance de l'administration et incitent les pouvoirs publics à recourir davantage à l'analyse scientifique professionnelle.
Le présidentialisme, en liant la destinée individuelle des chefs d'État au fonctionnement global des institutions politico-économiques, nous expose à une logique du risque permanent de substitution de l'intérêt personnel (en particulier électoral) à l'intérêt général
Les services publics décharnés par les coupes budgétaires des trente dernières années et le recours volontaire à l'externalisation ont laissé des séquelles : une perte drastique de compétences qu'il sera difficile de retrouver.
En creux du scandale McKinsey, c'est la vision d'un État affaibli qui se dessine, et ce alors même que la demande de service public et d'un État fort ne s'est jamais autant fait sentir.
La logique à laquelle nous avons assisté depuis les années 1980 correspond à une disparition de l'État par son propre fait.