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3,83

sur 2314 notes
Ce livre est une réelle oeuvre d'art. le travail sur les impressions et les sentiments des personnages est ciselé à la perfection. La préface d'André Maurois nous apprend en effet que l'auteure a cherché a écrire ce livre comme un tableau impressionniste. le résultat est, à cet effet, irréprochable. Il est comparable à un diamant taillé par le meilleur des diamantaires. Il brille et scintille des mille facettes de ses personnages. Cependant, le livre, malgré l'intérêt suscité par le destin tragique de Septimus, m'a paru devenir, au fil des pages, plutôt ennuyeux et j'ai dû, malgré la recherche et la poésie de son écriture, me pousser un peu pour réussir à le terminer.. Il n'en reste pas moins que ce livre ne peut susciter que l'admiration devant la maîtrise de son art par Virginia Woolf.
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Description d'une journée de la vie d'une femme de la haute bourgeoisie anglaise à Londres en 1923, peu après la première guerre mondiale. Ce roman, paru en 1925, est considéré comme la réponse de Virginia Woolf à la lecture de l'Ulysse de Joyce, paru entre 1920 et 1922, livre qu'elle avait trouvé prétentieux, mais qui narre également une seule journée de la vie de Leopold Bloom, à Dublin cette fois.

Plus qu'une histoire, ce sont les états de conscience des différents personnages qui s'entrecroisent dans le livre, qui déferlent un peu comme des vagues successives, ce qui n'est pas sans m'avoir rappelé un autre roman de cet auteur.

Le mal-être, le malaise à être à la hauteur et à vivre, habituels dans l'oeuvre de Virginia Woolf, est présent chez les trois principaux protagonistes : Clarissa (Mrs Dalloway), son amoureux éconduit de sa jeunesse, Peter Walsh, rentré depuis peu des Indes, et un soldat méritant revenu de la guerre et qui se suicidera. L'alternance subtile entre Mrs Dalloway, l'épouse officielle d'un homme politique en vue, et Clarissa, pour les soubresauts internes de cette femme, m'a séduite.

Les sonneries de Big Ben ponctuent l'écoulement du temps. Nous sommes bien à Londres.

La langue est très belle. Pas facile quand même en version originale. La lecture en parallèle en français des passages difficiles m'a bien aidée.

Un très beau bijou de la littérature, dont la réputation n'est pas du tout usurpée.
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L'organisation d'une soirée mondaine dans l'Angleterre des années 20, par une femme qui s'est gentiment laissée enfermée dans un mariage bourgeois, n'était pas a priori un thème qui devait susciter énormément d'intérêt ni d'enthousiasme de ma part. Et pourtant, si on accepte de jouer le jeu, on y trouvera une histoire encore étonnamment moderne.

Au coeur du roman se trouve le rôle du couple dans notre société : consacre-t-il l'amour (le vrai et l'unique) ou sert à bien se placer sur l'échelle sociale ? On serait tenté de répondre que de nos jours, le mariage d'amour a triomphé haut la main. Ça serait un peu vite oublier les gens qu'on aime entre quatre murs, mais avec qui on a un peu honte d'être vu en public… sans parler de les présenter à la famille et aux amis.

Mais pourquoi jouer la comédie finalement ? Mrs Dalloway se pose également la question. Une fois cette décision prise, il n'est plus question de revenir en arrière, chaque apparition publique enferme un peu plus dans le rôle. Et personne ne viendra jamais remettre un oscar de la meilleure épouse, qui permettrait de consacrer les efforts fournis et de vivre enfin sans craindre les regards des autres.

Les rares personnes qui ont choisi de mener leur vie comme ils l'entendaient ne sont cependant pas particulièrement plus heureux non plus. Les uns rentrent finalement dans le rang, au soulagement général. Les autres vivent assez isolés, considérés comme des bêtes curieuses qu'on observe avec intérêt, sans toutefois les fréquenter de trop près.

Le roman est finalement assez riche en questionnement, sous son apparence mondaine et frivole. Il faut fournir un certain effort pour se laisser capter par les interrogations sous-jacentes et les non-dits dans les discussions, mais une fois fourni, on s'en retrouve fort récompensé.
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Je sors de cette lecture époustouflée par tant de maîtrise littéraire. J'avais acheté ce roman chez un bouquiniste après avoir vu plusieurs fois le film "the hours" mais l'avais laissé traîner dans ma bibliothèque. Quelle erreur! C'est pour moi un roman exceptionnel tant dans sa forme que sur le fond. Et pourtant, l'intrigue est banale. Dans les années 20 à Londres la journée de Mrs Dalloway qui organise le soir même une réception mondaine.

Unité de temps donc, sans chapitre, le récit avance scandé par les horloges de la ville dont la célèbre Big Ben. Dans cette même temporalité deux trajectoires parallèles, deux regards sur la vie. Celle de Clarissa Dalloway et celle de Septimus, jeune soldat marqué par l'horreur de la guerre qui finira par se défenestrer. Ces deux là ne se rencontreront pas mais leurs histoires sont reliées par quelques personnages du roman.

L'écriture est rythmée, précise et fluide. de courtes narrations, de superbes descriptions et de longs monologues intérieurs alternent, s'entremêlent et constituent un récit soutenu, très bavard comme si nous étions en permanence dans la tête des personnages, dans le foisonnement de leurs pensées des plus terre à terre aux plus existentielles.

Au fil des pages, par accumulation de points de vue (de serviteurs, d'amis, du mari...), de sauts dans le passé, de moments présents, le personnage de Clarissa Dalloway se construit. Au passé, Clarissa ses rêves, ses passions et ses choix. Au présent Mrs Dalloway, sa peur de vieillir, son regard ironique sur le monde dans lequel elle vit, ses fêlures et ses regrets. Par petites touches Virginia Woolf aborde les questionnements universels inscrits dans la fuite inexorable du temps: nos choix de vie, nos bifurcations, nos renoncements, notre regard sur nous même, sur la mort. D'un côté le mal être, la dépression, la tentation d'en finir, le suicide et de l'autre une vie légère ancrée dans le présent, le bonheur d'un bouquet, d'un jardin, de regarder grandir nos enfants, de partager avec ses amis.

Une journée banale aux parfums philosophiques. du grand art!
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A la lecture de ce roman publié en 1925, je comprends mieux pourquoi les romans de Virginia WOOLF sont des classiques : Quelle plume, quelle claque ! Décidément, j'aime les classique pour ça !
L'histoire en elle-même n'a rien d'extraordinaire puisqu'elle est constituée d'une seule journée de la vie de Mrs Dalloway, une femme élégante de la bonne société londonienne, épouse d'un homme politique qui s'épanouit en donnant des réceptions. Mais en seulement 260 pages, l'auteure parvient à nous décrire chaque personnage et leurs vies à travers à la fois la perception qu'ils ont d'eux-mêmes et du monde, et la perception que les autres ont de chacun d'eux.


Pour ce faire, l'auteure nous livre les monologues intérieurs de chaque personnage qui croise la route du lecteur (et il y en aura de toutes sortes !) : On fouille donc dans l'âme de chacun, puis on les voit de l'extérieur avec les yeux des autres et ainsi de suite pour chaque personnage jusqu'à tous les retrouver le soir à la réception, où s'accentue encore la différence entre pensées intimes et paraître extérieur.
La rédaction de ce roman est donc un fondu de souvenirs et d'impressions qui se mélangent, appartenant alternativement à chaque personnage secondaire et qui mettent en lumière le personnage principal éponyme. La lecture donne l'impression de regarder un film dans lequel la caméra ferait un bout de chemin avec chaque personnage qu'elle croiserait au gré des rencontres.


Et ces apartés forment un tout qui nous dépeint à la fois l'époque, la journée, les gens : On entend ainsi penser un soldat revenu de la guerre avec des syndromes post traumatiques qu'on prend pour de la folie et traités comme tels, les sentiments d'un amoureux éconduit envers Mrs Dalloway, on assiste au retour de l'ancienne meilleure amie perdue de vue qui a bien changé, à l'évolution des sentiments entre époux, aux alliances politiques et discussions d'affaires ou commérages frivoles, etc…
Tous ces personnages sont liés, comme nous sommes tous liés les uns aux autres d'une manière ou d'une autre. Et l'héroïne, Mrs Dalloway, s'efforce de les réunir tous dans des soirées mondaines régulières. Elle est leur point commun dans cette histoire, leur lien.


Est-elle superficielle pour autant ? On nous murmure que non : Elle aime la vie, créer des rencontres, voir évoluer les gens, les voir s'amuser et les faire interagir, bref : tisser ce lien social que tout le monde recherche et dont tout le monde dépend.


« Ses soirées ! Tous deux l'avaient critiquée et s'étaient moqués d'elle de façon très injuste à cause de ses soirées. (…) Ils croyaient, ou en tous cas Peter, qu'elle prenait plaisir à se mettre en avant ; qu'elle aimait être entourée de gens célèbres, de grands noms, bref qu'elle était snob, tout simplement. (…) Eh bien, ils avaient tort tous les deux. Ce qu'elle aimait, c'était tout simplement la vie. « C'est pour cela que je le fais » dit-elle en parlant tout haut, à la vie. (…)
Mais pour creuser plus profond, sous ce que disaient les gens (et ces jugements, comme ils sont superficiels, incomplets), pour creuser dans son propre esprit, qu'entendait-elle par cette chose qu'elle appelait la vie ? Oh, c'était très étrange. Imaginons Untel à South Kensington ; Untel à Bayswater ; et quelqu'un d'autre, disons à Mayfair. Elle avait en permanence le sentiment de leur existence. Et elle se disait quel gâchis. Elle se disait quel dommage. Elle se disait si seulement on pouvait les faire se rencontrer. Et elle le faisait. C'était une offrande. Un arrangement, une création. Mais pour qui ? Une offrande pour le simple plaisir d'offrir, peut-être. En tous cas, c'était son don. Elle n'en possédait pas d'autre qui eût la moindre valeur. »


Voici au total un joli tableau de l'époque et de magnifiques portraits tout en légèreté. Mais surtout une oeuvre de l'intime et du quotidien, qui parvient à être extrêmement poétique, avec une plume étonnamment musicale : Rythmée, elle s'envole puis nous effleure, tourbillonne autour d'un personnage, nous murmure un secret sur l'autre.
Une écriture à découvrir de toute urgence, qui met en valeur l‘intime de chaque âme et en perspective les interconnexions entre les gens, sexes, courants d'idées et professions qui forment la société et font tourner le monde. Quant à moi, je file lire un autre de ses romans : « Les vagues »…!
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Comment assumer son identité ?
Comment s'émanciper du carcan social ?

Questions que se pose Clarissa Dalloway, membre de la Haute Société Anglaise au lendemain de la première guerre mondiale.

Elle s'intéresse et s'interroge sur ses choix de vie, et surtout se demande pourquoi elle n'a pas épousé l'homme qu'elle aimait vraiment.

Avec son mari ils donnent des réceptions où toute une assemblée hétéroclite de la haute se retrouvent pour de longues soirées bien souvent ennuyeuses mais de bon ton.
Chacun se juge, se jauge, les langues vont bon train, les rumeurs également.
Il faut absolument se montrer sous son meilleur jours pour certains, alors que d'autres n'hésitent pas à choquer l'opinion.

Les temps ont changé mais ce genre de soirée peut parfaitement s'intégrer au monde d'aujourd'hui avec "une faune" pas toujours intéressante où l'hypocrisie côtoie le qu'en dira t-on.

Elle décortique les états d'âmes avec une belle écriture, sur fond poétique, dans un rythme lent et détaillé.
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Voici un livre qui m'aura donné bien du fil à retorde !!! Il faut s'accrocher, parce que ça cause, ça cause, ça cause... Une suite de mots, des répétitions, des phrases longues, qui tournent en rond et donnent le vertige. J'aurai tant aimé apprécié ma première lecture de Woolf, mais malheureusement, pas du tout le coup de coeur que j'attendais. Je vais me risquer à nouveau avec un plus petit bouquin (Le quatuor à cordes) que j'ai dans ma PAL... on verra bien !!!
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Alors pour le style, on se perd avec Mrs Dalloway Pour les préparatifs de la soirée qu'elle organise, elle s'en va faire les courses et la route s'avère un boulevard de petites histoires, des personnages qu'elle observe, ceux qu'elle rencontre et aussi les vieux démons de son passé notamment son passé amoureux mais ce n'est point fini puisque son ancien amour est de retour de l'Inde et qu'il est aussi invité à la soirée...
Pour un travail de style, on dira chapeau à Virginia Woolf d'avoir accoucher une oeuvre aussi particulière mais ça ne se lit pas facilement!
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J'ai toujours eu peur de Virginia Woolf. du personnage comme de sa prose. Je m'en suis souvent approchée mais mon état d'esprit gorgé d'appréhension ne me facilitait pas la tâche. Ce n'est pas faute d'avoir autour de moi de sacrés admirateurs, dont une qui écrivit même une agréable biographie* de la dame et me la fit lire avec un certain plaisir. C'était il y a vingt ans, et je n'étais pas prête. Tant mieux, parce qu'il me semble que Mrs Dalloway n'est pas fait pour être lu trop jeune. Maintenant que j'y ai goûté - ça s'est fait tout seul une envie, une impulsion et hop ! avalé d'une traite - je mesure l'incroyable virtuosité et la folle modernité de ce texte à l'aune de tout ce que j'ai pu lire, classiques, modernes ou contemporains. Ce roman a presque cent ans, il a été publié en Angleterre en 1925 et il a clairement inspiré nombre d'écrivains, peut-être même de cinéastes. Car c'est le mouvement qui m'a d'abord impressionnée, cette façon d'enchaîner les scènes sans coupure, comme un long travelling qui suit le parcours de Clarissa Dalloway depuis le pas de sa porte, en route pour acheter des fleurs pour sa réception du soir, s'arrête au passage sur tel ou tel individu, s'introduit dans ses pensées sans jamais perdre le fil de cette journée rythmée par le carillon de Big Ben. Il ne se passe pas grand-chose, et pourtant il y a tout. le temps qui passe, celui des heures qui s'enfuient ou que l'on occupe, celui des années sur lesquelles on se retourne un peu surpris de les compter si nombreuses. le temps des regrets et surtout ces quelques rares et infimes secondes de plénitude. Dans un tourbillon subtilement maîtrisé, Virginia Woolf explore les états d'âme derrière les façades polies, fait se croiser les destins de façon presque imperceptible. Dans ces pages, la mort côtoie l'amour, la fragilité de chaque instant est palpable. Elle parvient à rendre parfaitement ces brusques accès d'exaltation qui surgissent comme des bouffées de bonheur ou au contraire de découragement. C'est un texte incroyablement dense, que l'on peut aussi décortiquer à l'aune de l'existence de Virginia Woolf (je me suis donc replongée dans le livre dont je parlais plus haut*) ce qui en donne une lecture encore plus fascinante. Voilà, j'ai enfin rencontré Mrs Dalloway, je ne vais pas m'arrêter là. Je crois que je suis prête pour le Journal de Virginia.

"Elle se sentait très jeune ; et en même temps, indiciblement âgée. Elle avait perpétuellement la sensation, tout en regardant les taxis, d'être en dehors, en dehors, très loin en mer et toute seule ; elle avait toujours le sentiment qu'il était très, très dangereux de vivre, ne serait-ce qu'un seul jour."

*Virginia Woolf - Béatrice Mousli - Editions du Rocher / Les Infréquentables - 280 pages
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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J'ai rarement autant souffert lors d'une lecture.
Parfois, le roman me déplaît, j'abandonne.
Parfois, je le trouve ennuyeux mais vaguement distrayant, alors je termine et j'oublie en quelques minutes de quoi il s'agit.
Ici, j'ai vécu une véritable torture. Tout d'abord parce que j'avais entre les mains un modèle de la littérature britannique, une référence, un classique dont j'avais lu tout et son contraire. C'est avec beaucoup de respect que je souhaitais me faire ma propre opinion. Ensuite parce que l'absence de continuité dans la narration m'a déroutée puis lassée. Enfin parce que le style m'a subjuguée, une forme de prose poétique qui m'a enchantée
Je suis fort déçue d'avouer que je ne suis donc pas parvenue à avoir un avis circonstancié sur ce roman. Il reste une énigme, plus dans sa forme que sur le fond. Malheureusement celui-ci s'étire comme un chat au soleil et m'a donné envie de me prélasser dans mes pensées et un demi-sommeil, un peu comme Mrs Dalloway qui faisant le point sur le cours de sa vie, finit par se convaincre qu'elle a fait les bons choix, ceux qui lui apportent une forme de torpeur affective l'empêchant de souffrir.
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