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sur 3451 notes
Ce livre est une référence. Marguerite Yourcenar fait parler – bien plus qu'écrire – l'empereur Hadrien. Il s'adresse à l'un des ces futurs successeurs : Marc Aurèle. L'auteure s'efface littéralement pour laisser la place à un prince et à de temps méconnus. Son talent fait qu'elle reste présente à l'image du fantôme d'Antinoüs.
Toute une époque ce révèle mais également tout un système. Si la vie d'Hadrien et son testament sont au coeur du roman le principal est ailleurs. Il s'agit réellement d'une leçon, une manière d'être un homme d'État : le chef d'un empire qui doit digérer les dernières conquêtes (celles de Trajan) et se trouver une nouvelle identité. Et pour ce faire l'imperator privilégie la paix, l'économie, les arts. La guerre et la politique ne sont pas oubliées. Les voilà évoquées au travers des relations avec le Sénat, la difficile question de la succession, les conflits contre les Parthes et la création de la Palestine.
La discipline auguste n'est pas simplement le code de conduite du légionnaire. Elle est une manière de gouverner et de vivre. Hadrien mourant nous livre des réflexions sur la joie, l'accomplissement de soi, la maladie, la survie, la douleur, le suicide, la mort et le sentiment humain qui les contient tous : l'amour.
Cette référence permet au lecteur contemporain de se plonger dans l'histoire romaine, à une époque peu connue (le IIe siècle) mais elle est aussi une réflexion criante d'actualité sur les temps présents (le célèbre « nous autres civilisation savons désormais que nous sommes mortelles » de Paul Valéry n'est pas loin).
Bien plus qu'un roman historique il s'agit d'un voyage au coeur de soi-même, que l'on soit homme ou femme, jeune ou ancien, amateur ou non d'histoire ou de philosophie...
Lien : http://kriticon.over-blog.com/
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Ce qui commence comme une lettre à un jeune ami devient rapidement le récit d'une vie. L'empereur romain Hadrien, fils de Trajan, livre sous la plume de Marguerite Yourcenar ses mémoires et une certaine philosophie. Se dévoile un vieil homme malade au crépuscule de son existence. « Il est difficile de rester empereur en présence d'un médecin, et difficile aussi de garder sa qualité d'homme. » (p. 11) S'il est empereur, Hadrien n'en est pas moins humble et c'est sans aménité qu'il considère son existence : « quand je considère ma vie, je suis épouvanté de la trouver informe. » (p. 41)
Il revient sur sa jeunesse, ses études et ses années de soldat et de magistrat. On découvre alors chez l'homme un goût pour les plaisirs simples et un certain dénuement. Loin du faste qui illustra ses prédécesseurs, Hadrien se veut l'empereur de la simplicité et de la paix. « Je m'efforce que mon attitude soit aussi éloignée de la froide supériorité du philosophe que de l'arrogance du César. » (p. 64) Attaché à la Grèce et particulièrement à Athènes, il n'a de cesse d'introduire une élégante modestie dans toute chose. « La paix était mon but, mais point du tout mon idole : le mot même idéal me déplairait comme trop éloigné du réel. » (p. 144) Plutôt que de conquérir et de dévaster, Hadrien se veut bâtisseur : sous ses ordres s'érigent temples et villes, pour la grande gloire de l'empire romain.
Hadrien était aussi homme et soumis aux passions. Son bel amour est un jeune homme, presqu'un enfant. Antinoüs est grec et incarne l'idéal amoureux de l'empereur. « Je n'ai été maître absolu qu'une seule fois et que d'un seul être. » (p. 226) L'empereur se révèle alors sensuel et sensible. Sous ses mots, la simplicité exulte et le raffinement amoureux n'est jamais si précieux que quand il s'accompagne d'un éternel attachement.
Ses derniers mots sont courageux : « Tâchons d'entrer dans la mort les yeux ouverts. » (p. 423) Ils sont aussi prophétiques : sous la plume de Marguerite Yourcenar, l'homme restera vivant pour longtemps. Qu'il est bon d'écouter cet empereur et de suivre sa pensée sage. Tiré d'un oubli de pierre et de poussière, exhumé des manuels et des fresques, Hadrien resplendit une nouvelle fois. Et avec lui, c'est l'empire romain qui se relève un instant de ses ruines, c'est une civilisation qui redresse la tête face au temps et qui clame qu'elle n'est pas perdue.

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Ecrit à la première personne, telle une biographie.
Hadrien, empereur romain au 2-ième siècle raconte ce qu'il a vécu pour son succésseur Marc-Aurèle. Hadrien a été un grand homme, un empereur presque devenu un dieu, un pacifiste aimant les plaisirs de la vie, ayant de par son grade militaire beaucoup voyagé. Ses amours pour les jeunes gens peuvent aussi faire rêver. Il nous laisse profiter dans ce roman,de sa sagesse et de sa grande expérience de la vie.
Avis aux amateurs de l'histoire ancienne de Rome, d'Athène et d'Alexandrie.
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Une visite à Hermogène, son médecin, vient d'apprendre à l'empereur Hadrien sa mort prochaine, d'une maladie de coeur.
Hadrien commence alors la rédaction d'une lettre à Marc-Aurèle. Il y relate sa vie, son régne, ses passions; mais aussi ses défauts. Il raconte aussi à Marc-Aurèle la civilisation romaine, telle qu'un empereur romain fasciné par la Grèce peut la percevoir. Car Hadrien a passé beaucoup de temps chez les Grecs, ce qui a sans doute contribué à faire de lui l'homme qu'il est devenu.
Honnête envers lui-même tout comme envers son correspondant, Hadrien avoue aussi ses faiblesses, telle que sa passion pour Antinoüs et la douleur que la mort de celui-ci lui a infligé.

Comment parler d'un roman aussi magistral que celui-ci? Difficile, mais je vais essayer.

Le récit, écrit en "je" donne vraiment l'impression que c'est Hadrien lui-même qui s'exprime, et non l'auteure. Mieux encore, au fil du texte, l'on oublie que c'est à Marc-Aurèle que l'empereur s'adresse: le lecteur est attiré dans l'esprit d'Hadrien jusqu'à avoir l'impression qu'il lui parle de son existence, qu'il lui permet de pénétrer dans son intimité, lui qui fut l'un des César. On se sent également transporté à son époque, à tel point qu'il est difficile, une fois le livre refermé, de revenir dans la réalité.
Peut-être ce sentiment est-il voulu par Marguerite Yourcenar, qui écrit à propos de ces "Mémoires":
"Portrait d'une voix. Si j'ai choisi d'écrire ces Mémoires d'Hadrien à la première personne, c'est pour me passer le plus possible de tout intermédiaire, fût-ce de moi-même. Hadrien pouvait parler de sa vie plus fermement et plus subtilement que moi."

Yourcenar dit également, à propos de l'écriture de ce récit, commencé dans les années 1920:
"En tout cas, j'étais trop jeune. Il est des livres qu'on ne doit pas oser avant d'avoir dépassé quarante ans. (...)." C'est aussi vrai pour la lecture de ce roman. Il ne faut absolument pas attendre d'avoir quarante ans pour le lire, puisque cela reviendrait à se priver inutilement d'un moment de pur bonheur. Mais il faut en tout cas attendre d'avoir atteint la maturité nécessaire pour apprécier un récit qui n'est pas spécialement facile à lire.
Car les Mémoires d'Hadrien sont assez compliquées. Mélangeant la poésie et l'histoire, le texte aborde également de nombreuses considérations politiques de l'époque traitée. L'empereur va même jusqu'à nous faire partager certaines de ses réflexions les plus philosophiques. Il est donc compliqué d'y accrocher lorsqu'on est trop jeune pour comprendre les nombreuses idées et théories développées par Marguerite Yourcenar dans son portrait de cet "homme presque sage".

Car Hadrien est sage. Lucide aussi, quant au devenir de l'empire romain, dont il sait qu'il finira par disparaître. Et il est surtout sage et lucide envers sa propre existence et sa propre fin. Ainsi, dès le début du récit, il se réconcilie avec ce corps malade qui est le sien.
Dès les premières pages du récit, Yourcenar parvient à montrer un Hadrien courageux, ferme et honnête. le reste du roman donne la même impression. Malgré ses erreurs et ses défauts, dont il parle d'ailleurs sans tabous, Hadrien reste tout du long cet homme face auquel on se sent faible et minuscule.
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Pas facile à lire ce "roman", il est assez déconcertant. Il est très difficile de vivre le livre car ce sont beaucoup de pensées, de point de vues de l'empereur.
Il est donc rédigé à la première personne. Dans un style très très riche en vocabulaire, il est tout de même écrit par Marguerite Yourcenar !
Sur le fonc : j'ai apprécié de suivre l'empereur Hadrien tout au long de sa vie même si cette époque n'est pas mon époque de prédilection.

Sur la forme : le style est parfois alourdi par la richesse du vocabulaire, il faut vraiment avoir une grande connaissance de cette époque pour pouvoir aisément suivre l'histoire.

Par contre, j'ai vraiment apprécié les carnets de note d'Hadrien ainsi que les informations finales communiquées par l'auteur. Je trouve que les "mémoires d'Hadrien" mériteraient d'être lues avec, en parrallèle, les carnets de note, un peu comme dans les bienveillantes, ou il y a également les bienveillantes décryptées qui amène un éclairage complémentaire à la lecture.

Ceci dit, ne serait ce que pour l'expérience, les mémoires d'Hadrien sont une lecture à recommander.
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Que dire après ça ?
Rien... on se sent petit... tout petit...
Marguerite Yourcenar donne corps et vie à cet empereur avec un foisonnement de nuances incroyable.
Ici, pas question de n'envisager Hadrien que comme un dirigeant ... Mais bel et bien comme un homme à part entière avec ses joies, ses souffrances, ses doutes, ses obligations, ses conflits intérieurs, ses amours...
Lire les mémoires d'Hadrien c'est lire l'âme d'un homme qui tente de tout mener de front dans un souci d'équité et de justesse. Mais comment concilier tout ça dans la Rome antique ?

Un CHEF D'OEUVRE !!!!
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Les mémoires d'Hadrien est incontestablement une oeuvre qui se mérite. D'une approche relativement difficile, il faut quelques pages pour s'adapter au style volontairement suranné qu'adopte Marguerite Yourcenar pour faire parler le grand empereur romain Hadrien. Style par ailleurs parfaitement en phase avec le sujet de ce roman au parfum de documentaire historique.

Au fur et à mesure que l'on avance dans la lecture, on se laisse prendre par le récit et porter par l'écriture ciselée et maitrisée de Marguerite Yourcenar. Au-delà de la forme, le fond de ce long monologue très documenté est particulièrement enrichissant : la vie de l'empereur Hadrien se révèle être une véritable leçon d'histoire, de philosophie, de politique et d'humanisme. de nombreux sujets sont abordés avec finesse et justesse : l'esclavage, la guerre, le bonheur des peuples ou la nature humaine en général. On suit avec intérêt les voyages de cet homme de pouvoir qui avait décidé de parcourir son immense empire afin de mieux le comprendre pour mieux le gouverner.
Lien : http://www.quartier-livre.fr..
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Elle fut la première femme élue à l'Académie française en 1980. le livre "Les Mémoires d'Hadrien" lui ont valu en 1951 une renommée mondiale immédiate. Dans cette oeuvre Marguerite Yourcenar recrée les souvenirs de l'empereur Hadrien mort il y a dix-huit siècles. Elle explore le monde antique à travers la conscience d'un homme.
Le livre s'appuie sur une extraordinaire documentation, le roman historique reconstitue l'univers de la Rome impériale confrontée à la menace barbare qui se dresse aux frontières.
On réagit vivement lorsque nous recevons les confidences d'Hadrien, son amitié pour Plotine, la femme de Trajan, son désespoir lors du suicide d'Antinoüs, son favori.
Nous participons aux décisions de gestion de l'empire et nous sommes émus lorsque Hadrien nous parle de la mort, de l'amour, de l'amitié..
Un livre historique et philosophique, à lire et à relire, pour se laisser pénétrer aussi par ce vocabulaire si riche et recherché.
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Mémoires d'Hadrien, édité en 1951, est un véritable monument de la littérature… dans tous les sens du terme.
Pour moi c'est un classique, mais aussi un livre très dense, au style d'écriture agréable… mais pas toujours simple à appréhender.
Marguerite Yourcenar a mis plusieurs dizaines d'années à écrire ce livre, le temps de se documenter sur l'époque d'Hadrien (Ier-IIème siècle ap. JC) et de trouver la bonne manière de concevoir ce roman… Il ne s'agit pas d'une biographie d'Hadrien, mais la réalité des faits laissent supposer une certaine vérité dans ce roman, qui laisserai presque apercevoir la subjectivité de l'auteur.
(suite sur mon blog)
Lien : http://geekette.fr/2010/12/m..
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Un classique à lire comme un roman et non comme un témoignage historique
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