Un premier livre de
Gabriella Zalapi qui m'a beaucoup surprise par son épaisseur: il est tout fin!
Lorsque je suis allée le chercher à la médiathèque de ma ville, j'ai d'abord cru m'être trompée! Il me semble que c'est une chronique écoutée sur France Inter qui m'a donné envie de le lire également.
Antonia vit avec Franco, c'est un couple de la grande bourgeoisie Italienne, elle ne travaille pas, et lui semble consacrer beaucoup de temps à son travail sans que l'on sache vraiment ce qu'il fait. A eux deux ils ont un fils, Arturo, et une gouvernante qui semble, aux yeux d'Antonia, lui voler son fils et l'exclure de toute éducation à son égard.
Tout ceci se passe au milieu des années 60, dans une société au sein de laquelle la femme est avant tout un faire valoir pour l'homme (on l'exhibe dans les soirées), un sous être qui existe seulement pour "équilibrer le couple" , sourire, s'occuper des enfants, bref, une vraie vive comme toute femme en rêve n'est ce pas?!!!
Antonia est malheureuse, elle s'ennuie, s'éteint, s'appauvrit intellectuellement dans cette vie étriquée ou l'amour n'a nulle place.
Lorsque sa grand mère meurt, elle hérite de bien des choses, mais aussi de cartons remplis de carnets, de photos, de lettres.. Antonia va prendre à coeur de reconstituer une partie du passé de sa grand mère mais aussi le sien car ce faisant, les souvenirs surgissent..
Ce premier roman est à la fois très séduisant, agréable à lire (forme du journal intime), riche de réflexions sur la condition de la femme à cette époque, et la culpabilité éternelle de la femme qui souhaite s'accomplir et s'épanouir, mais qui, pour cela, doit s'affranchir d'obligations qu'on lui attribue sans qu'elle ait demandé grand chose..(sacrifier son travail parce que Monsieur travaille beaucoup, faire des efforts pour être agréable en toute circonstance, être une bonne mère c'est à dire faire passer tout le monde avant soi..)
J'ai aimé lire ces moments de profond désespoir d'une femme qui veut se libérer de carcans sociaux très forts: divorcer ne se fait pas, partir n'est pas envisageable..
Pourtant, j'ai trouvé dommage que le récit s'achève aussi rapidement!
Sur les dernières pages il y a un sentiment d'accélération dans le récit, et du coup, une sensation de fin "bâclée" et c'est bien dommage.
Peut être l'auteure ne savait elle pas comment finir, ou du moins où ce récit intime allait mener?
C'est dommage, on aurait envie de suivre encore Antonia, dans ses hésitations, ses constats et sa certitude de s'être trompée en s'engageant ainsi dans un mariage qui la rend malheureuse.
Bien entendu, ce livre nous invite à réfléchir également à ce que l'on souhaite vraiment au fond de soi, les rêves que l'on a enterrés, les idéaux qui se sont envolés..
En tant que femme
Gabriella Zalapi pose la question de l'obligation que se font un grand nombre de femmes, d'être une bonne mère, une bonne épouse, évitant les conflits, prenant soin de son entourage en s'oubliant.
A méditer car ce livre, bien que se situant dans les années 60, a vraiment des parfums d'actualité..
Pour ma part, l'auteure promet certainement de beaux livres à venir.