Que dire... Livre abject écrit par un médecin étrange-obscur pour nous, mais qui à l'époque (fin 19e siècle) avait pignon sur rue et faisait autorité...
Voilà donc ce qu'on pensait de la masturbation féminine et comment on traitait les cas extrêmes... Aspects monstrueux, description des méthodes, agravation sans cesse, jusqu'au traitement le plus extrême... Tout ça avec accord familial et accord tacite de tous.
Je me demande une seule chose, là, maintenant : vu le tabou, le peu de parole, le peu de réflexions (hormis pour le cas spécifique de l'excision) on ne parle jamais du sexe de la femme, de son plaisir, de sa volupté... du coup, oui, je me demande, avec une certaine terreur, si dans la tête de beaucoup ce que je lis là n'est pas impensable. Voire même que beaucoup, dans leur ignorance crasse, dans cette atmosphère qui reste éclipsante, pensent que ces agissements et mal-traitements pourraient s'avérer nécessaires et... efficaces...
Je vois et considère ce livre comme une alerte, comme un contre-point quasi parfait à la considération du sexe, des sexes, de la sexualité comprise, épanouie, et à un regard complet et bienveillant sur les femmes et leurs corps.
Âmes sensibles s'abstenir ou... ouvrez l'oeil.
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Du sadisme, sous couvert de soigner ses filles, j'ai surtout l'impression que c'était une torture pour la seule satisfaction du médecin.
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Réflexions
[...]
Nos jeunes patientes se trouvaient dans l'impossibilité d'avoir des besoins génésiques lorsqu'elles ont commencé à abuser d'elles-mêmes, vu leur bas âge à cette époque. Ce n'était que par imitation et pour se désennuyer dans leurs moments inoccupés. Plus tard, et après la répétition fréquente des attouchements, il y a eu comme un réveil très précoces des instincts génésiques avec impulsion à les satisfaire immédiatement et à tout prix. Je pense qu'on peut considérer ce désir irrésistible, cette envie indomptable qui éclatait tout d'un coup chez ces enfants, comme une véritable névrose. La ceinture pubienne, la camisole de force, les sangles, les entraves, la surveillance la plus assidue n'ont eu pour effet que de faire inventer des moyens nouveaux puisés dans la ruse et le raffinement.
Seule la cautérisation au fer rouge a donné des résultats satisfaisants. Dès la première opération, de quarante à cinquante fois par jour, on a pu obtenir que le spasme voluptueux ne se répétât pas plus de trois ou quatre fois par vingt-quatre heures. Par ce moyen, la petite Y... fut radicalement guérie, d'après les renseignements qui me sont parvenus. Elle a été cautérisée en tout quatre fois. X... n'a subi qu'une seule cautérisation ; après quoi je l'ai totalement perdue de vue. On ne peut donc conclure de sa persévérance à abuser, et de l'impuissance de ce moyen.
Il est rationnel d'admettre que la cautérisation au fer rouge abolit la sensibilité du clitoris, qu'elle peut entièrement détruire, un certain nombre de fois répétée. L'orifice vulvaire, qui constitue le second point génésique sensible, étant émoussé lui-même par la cautérisation, on conçoit facilement que les enfants devenues moins excitables, soient aussi moins portées à se toucher.
Il est également probable que, le clitoris et l'orifice vulvaire devenant le siège d'une inflammation plus ou moins intense, consécutivement à l'opération, les attouchements soient douloureux au lieu d'être la source du plaisir.
Enfin, la frayeur éprouvée à la vue du supplice, et l'influence que le fer rouge exerce sur l'imagination des enfants, doivent aussi être comptées parmi les actions bienfaisantes de la cautérisation transcurrente.
Le 25, j'applique un bouton de feu sur le clitoris de X... ; elle supporte l'opération sans broncher ; pendant les vingt-quatre heures qui ont suivi l'opération elle est restée absolument sage. Mais elle est retombée, ensuite et avec frénésie, dans ses vieilles habitudes.
La vue avait aussi éprouvé chez X... un affaiblissement considérable. A ce propos, je crois devoir mentionner un fait pareil qui s'est présenté à mon observation, lorsque j'exerçais à Paris. Chez une demoiselle âgée de vingt-sept ans qui me fit la confession de se toucher un grand nombre de fois chaque jour, il arriva progressivement une amaurose presque complète.
Desmarres père, à qui j'ai adressé la malade, sans le prévenir de ses habitudes, reconnut la cause essentielle de cette faiblesse ascendante de la vue. Il me la signala dans sa lettre cachetée que le remit la malade. Plus tard, nos conseils ayant été suivis, cette demoiselle renonçait à Onan et recouvrait aussi l'intégrité de la vue.
"Lorsque plus tard, ajoutait-elle, on se fut aperçu de la chose et qu'on voulut m'en empêcher, je me mettais dans des colères terribles, je disais qu'on n'avait aucun droit de m'empêcher de me servir de mes doigts et de mon corps comme je voulais, je devenais furieuse contre tout le monde, contre Dieu même qui me rendait malheureuse après m'avoir habituée au bonheur, je devenais mauvaise et je désirais faire le plus de mal possible, je pensais souvent au Diable que j'appelais à mon aide ; il venait en effet, je le voyais, il me facilitait le tout, il m'aidait à me détacher. [...]"