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3,49

sur 135 notes
Anguille sous roche est le premier roman de Ali Zamir, jeune Comorien de 29 ans, directeur de la culture de l'île autonome d'Anjouan. Comme un crachat sauvage sorti du fond des océans, une logorrhée anguilliforme, une déferlante de souvenirs, un maelström de passion, ce roman nous engloutit dans cette atmosphère de survit.
Ce monologue s'étend d'une seule phrase de près de 317 pages, style courageux et ambitieux comme l'avait utilisé déjà Mathias Enard en 2008 avec Zone, puis aussi "La danse du fumiste" écrit par Paul Emond constitué aussi d'une seule et longue phrase de 166 pages, et plus récemment Sylvain Prudhomme dans Là, avait dit Bahi en 2012. Ali Zamir, de son héroïne se noyant, libère sa mémoire de sa vie, cette longue et brutale agonie sème rapidement un flots de souvenirs inextricables, se broyant comme l'écume de lucidité de notre victime, happée par les frondeurs de son univers, l'océan qui la vit naitre et la verra mourir, de ce choix, se justifie naturellement, cette tirade ponctuée de virgule rythment l 'écoulement avec stimulation. Résonne au loin les interrogations et les interpellations de notre victime à des personnes invisibles, muettes comme pour survivre à son isolement, devenant fantôme, ces blancs figent les paragraphes, les doutes tintent, le récit de son histoire doit se finir, sans faille, au prix d'une lutte sans merci conte elle-même s'autoflagellant puis s'encourageant.
Ali Zamir entremêle langue orale et mots précieux avec justesse mais l'osmose tarit lentement comme le fil de cette histoire, terne, sans consistance, où traine des longueurs, des incertitudes où l'imagination reste en berne au détriment du lecteur que je suis.Les Comores, avec l'île d'Anjouan illustre des coutumes locales alimentaires, vestimentaires ou festives où s'imbrique la pauvreté de cette langue dans le chaos de cette pensée mourante.Dans cette ville de Mutsamudu, les pêcheurs majoritaires peuplent les rumeurs, celle des légendes, celles des anecdotes puis celles de Anguille, cette jeune fille de 17 ans, jumelle de Crotale, perdue dans les rouages et moeurs de ces us, celles de son père, Connait-tout, pêcheur septuagénaire, veuf à la naissance de ses deux filles.
Cette fuite mortelle, cette vie courte, cette obsession imperturbable de cette jeune naufragée où s'enfuit ses souvenirs, d'une trahison, de la féminisation de la gente masculine, l'écoulement de la vie anguilliforme, tête relevée, tel une anguille qui ne regrette jamais ces choix, ces choix l'amèneront à cette noyade entre son île et celle de Mayotte.
Une belle lecture où l'ennui vient de temps à autre vous engourdir, le final réveille nos sens avec une révélation improbable cassant la monotonie.
J 'adore les prénoms choisis à chaque personnage, comme une vérité de l'acteur jouant le rôle de son patronyme, comme Anguille, Crotale, Vorace, Tranquille, Voilà puis l'humour aiguise nos sens avec le leitmotiv des petites histoires sur les pets, cette ironie amusante.
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Trés beau roman mais un peu déboussolée par ses longues phrase oui c'est un style mais j'ai vraiment eu du mal .Un moment sypa à lire ce livre mais un peu déçue je m'attendais à autre chose
ceci dit les personnages sont trés attachants
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Heu, comment dire. Qu'il m'a intrigué ? Sûrement, puisque je l'ai lu jusqu'au bout. de là à dire qu'il m'a plu ! Ca, je ne sais pas. Je suis assez mitigée.

Il y a des passages que j'ai beaucoup aimés, d'autres, qui m'ont ennuyés. Anguille, personnage principal de ce livre, nous raconte sa vie. Ses pensées ondulent et serpentent comme une Anguille qu'elle est. Sa vie n'est que circonvolutions. Il faut dire qu'elle est en train de se noyer et nous emmène dans les méandres de son esprit, juste avant d'être engloutie. Je ne dévoile rien, là, c'est le 4ème de couverture.

Ma foi, à vous de vous faire votre opinion. Je ne sais quoi en penser. Je ne mettrai donc pas de note à ce livre.
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Pour tout dire, j'ai failli abandonner la lecture de ce roman... j'ai eu beaucoup de mal à y entrer, je suis passée par la lecture à voix haute, j'ai sauté quelques paragraphes, je suis revenue en arrière...
J'ai fini par me prendre au jeu de cette lecture, m'attacher au destin des personnages, savoir ce qui leur était arrivé, les liens entre eux... et l'intrigue m'a permis de dépasser mon premier ressenti par rapport à l'écriture.
Certes, elle est en adéquation avec la noyade de l'héroïne, mais il faut s'accrocher!

Mais ce livre vaut le détour, pour découvrir l'envers du décor des Comores, bien loin de la carte postale et les liens avec le territoire français de Mayotte.
Il vaut également bien sûr également pour la découverte de cette plume... surprenante!
Prenez votre souffle, et plongez!
Lien : http://lecture-spectacle.blo..
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Roman spécial........
Une seule phrase pour tout un livre... Rythme/débit rapide....
Anguille sous roche se noie en allant à Mayotte.. et elle tient à nous faire part de sa vie... Elle nous raconte sa naissance avec la mort en couches de sa maman, sa soeur jumelle, son père Connait tout.. Suite à une histoire amoureuse elle se fait expulser de chez son père...et de la communauté.
On apprend sa vie, l'histoire de son pays, son dialecte....

Surprenant....
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En refermant le livre d'Ali Zamir, Anguille sous roche, perplexe, je me suis posée la question de savoir ce qui faisait un bon roman. L'histoire? le style d'écriture? L'audace de l'auteur? L'exotisme? La résonnance/perception du livre par le lecteur? le moment où il lit le livre et par extension l'état d'esprit dans lequel il le lit? Les critiques élogieuses de quelques experts soutenues par un bon marketing? Un peu de tout ça?
Oublions les critiques et le discours marketing qui font de la quatrième de couverture justement ce qu'il ne faut pas lire avant d'ouvrir un livre, et revenons au livre.

L'histoire est banale : une jeune fille au sortir de l'adolescence prend un amant se fait rejeter par lui, décide de partir et se noie en voulant rejoindre Mayotte. le lieu l'est moins car toute l'action se passe sur l'ile d'Anjouan aux Comores, principalement dans la ville de de Mutsamudu. Les personnages se nomment Anguille, Crotale, Connais-Tout, Vorace, Tranquille, Garanti, Rescapé et j'en passe et pour ajouter à l'étrangeté de leur prénom, ils ont tous une personnalité qui s'en inspire.
Le style et l'écriture eux par contre, sortent vraiment de l'ordinaire : pas un point pour rythmer la phrase, juste des virgules, des paragraphes et des chapitres. Heureusement on prend vite le pli de mettre quelques points virtuels là où il faut pour ne pas s'essouffler tout au long de ces phrases qui s'enroulent, se dédoublent, changent de sujet pour s'en revenir à l'idée du départ. L'auteur, par la voix d'Anguille, semble parfois oublier ce dont il voulait parler mais il parle de tout et à propos de tout en phrases parfois obscures souvent embarrassées de locutions latines, de mots savants, peu courants ou carrément inventés utilisés plus ou moins à propos comme seul un conteur dans la plus pure tradition africaine saurait le faire pour allonger l'histoire.
Ce qui est un peu plus impressionnant, bouleversant même, c'est ce trouble de la pensée qui se manifeste par un discours précipité, une idée poursuivant l'autre comme dans le jeu de mot en laisse (marabout bout de ficelle etc.), qui épuise mais qui, remis dans le contexte de l'histoire (une jeune fille se noie et n'a que quelques instants pour raconter sa vie en accéléré) épouse parfaitement le propos. Un éclair de génie?
Ali Zamir a eu l'audace de nous faire lire une histoire qui se voudrait contée sous un badamier par un vieux sage. C'est un très bon premier roman qui a du souffle, du mouvement et ne laisse pas indifférent mais un miracle littéraire comme le proclame la quatrième de couverture? J'en doute.
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Ce n'était pas gagné d'avance et dès les premières lignes, j'ai commencé à avoir le mal de mer. Non seulement, j'ai peur de l'eau, non seulement il m'est difficile de poser le pied sur une barque mais en plus, j'adore les phrases courtes, la ponctuation qui donne le rythme et permet de respirer. Et là, je me suis retrouvée dans l'eau, une eau profonde et noire, au bord de la noyade et entourée de virgules. Comment allais-je m'en tirer ?
"Anguille sous roche" d'Ali Zamir nous plonge d'emblée dans le grand bain. Anguille, c'est son prénom, se retrouve en pleine mer et, sur le point de rendre l'âme, voit sa vie défiler. Elle est comorienne, soeur jumelle de Crotale, fille de Connaît-Tout, amante de Vorace et nièce de Tranquille, oui l'auteur a un certain goût pour les prénoms, comment dire, peu communs. Elle va nous raconter sa vie, ses bonheurs et surtout ses malheurs et tout ça en une seule phrase…
Pas de points, pas de majuscules, des virgules, des virgules à perte de lignes et le souffle court. Véritable logorrhée qui m'a laissée pantoise et haletante, mais pas pour autant complètement conquise. J'ai l'impression d'avoir été plus impressionnée par la prouesse littéraire, le vocabulaire imagé, inhabituel, le phrasé ondoyant, que par le fond du récit. Hypnotisée par l'écriture, j'en ai souvent oublié l'histoire et les personnages. Il m'a manqué un équilibre entre le fond et la forme et je n'ai pas ressenti de véritable empathie pour les personnages.
Comment allais-je m'en tirer ? Je suis allée au bout mais j'ai lu ce roman comme une copie à corriger, intriguée par certains mots, étonnée par les tournures, en attente d'une surprise langagière et j'ai laissé filer le reste, ce supplément d'âme qui fait d'un récit un coup de coeur.
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Anguille, c'est son prénom et au moment où commence le récit qu'elle nous fait dans l'urgence d'une mort prochaine, elle est accrochée à un réservoir, naufragée au milieu de l'Océan Indien. Comme des vagues qui submergent, se retirent, sont recouvertes partiellement par d'autres flot, le flux de sa pensée se tourne vers sa vie qu'elle raconte dans une prose haletante, où seules les virgules apportent un très bref espace pour reprendre sa respiration. Anguille a 17 ans, une soeur jumelle nommée Crotale, un père Connaît-Tout et un amant infidèle forcément Vorace. Sur l'île d'Anjouan dans l'archipel des Comores, elle est anguille, se faufilant dans les interstices pour échapper à l'image forgée par son père, glissant de la sagesse factice à la révolte obstinée. Agrippée à sa bouée de fortune, ballottée par l'océan, elle nous prend à témoin de la succession d'évènements qui l'ont portée jusqu'ici.
Avant de plonger dans ce texte incroyable, il est nécessaire de prendre une grande respiration car la lecture s'effectue quasiment en apnée. Dans ce roman aquatique, les métaphores filées entremêlent leurs images de manière si extraordinaire que l'on perçoit et ressent physiquement les sensations de la narratrice. Aussi bien celles du passé que celles du présent. Car jamais elle ne nous laisse sur le rivage. Jamais elle ne nous permet d'oublier sa situation présente. Son long récitatif épouse les mouvements de l'anguille, de la mer, de l'anguille dans la mer, dansante, serpentine, méfiante, secrète...
La voix d'Anguille s'insinue sous la peau, pique les paupières, corrosive comme le sel, exigeante, absolue. Elle irrigue une histoire singulière et nous blackboule, nous chavire, nous emporte dans son flot sensuel et colérique, plein d'une énergie vitale. Sous la roche de cette voix, un splendide personnage de jeune fille se dessine, complexe, contradictoire, réalisant en son être la fusion des éléments et des règnes. Un personnage "anguilliforme" sublimé par cette langue animée, physique, vivante d'une force poétique saisissante.
Ce premier roman d'Ali Zamir m'a stupéfiée ! Je le trouve admirable de sens profond, de maîtrise et d'inventivité langagière. Si je ne le compte pas au nombre de mes coups de coeur, c'est que l'émotion éprouvée m'a semblé rester "intellectuelle" sans le bouleversement total que je peux éprouver lorsqu'un roman s'adresse autant au coeur qu'à l'esprit, autant à l'âme qu'au corps, autant au passé qu'au présent... (oui, je sais ! je deviens très exigeante !)
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"Un diamant pur", "Ahurissant de beauté", "C'est magnifique", "C'est une claque", "Quel souffle, quelle fièvre", "Le livre le plus fort de cette rentrée." Bon, n'en jetez plus, l'enthousiasme est général, le consensus avéré : avec Anguille sous roche du comorien Ali Zamir, la planète francophone tient son chef d'oeuvre de l'année, voire de la décennie. le récit est celui d'une jeune femme qui se noie et nous raconte en flashback les événements qui l'ont conduite à ce sort peu enviable. Question : on fait comment quand on n'est jamais entré dans ce livre au flot logorrhéique, avec une histoire qui est du registre du mélodrame, riche en digressions multiples et dont le dispositif : une seule et unique phrase qui serpente plus de 300 pages est diablement étouffant ? D'autant que c'est tout de même un procédé qui tient plus de l'exercice de style que de la nécessité. Là où Zamir impose des virgules, ce sont des points qui logiquement devraient y figurer et il se permet même des pauses entre les différents chapitres alors que la phrase continue. Alors oui, l'auteur possède une verve terrible et un vocabulaire luxuriant mais pas plus que Mabanckou ou Bofane auxquels il fait penser. Et s'il est intéressant de voir le livre évoquer l'exil des comoriens vers Mayotte, l'île voisine, ce n'est qu'un élément parmi d'autres dans le roman, alors que ce flux migratoire, vu de l'autre côté, est abordé de façon frontale, mais avec moins de gouaille, certes, par Nathacha Appanah dans le magnifique Tropique de la violence. Parfois, cela arrive, l'on sent seul à aimer un livre peu goûté par la plupart de ses lecteurs. Là, c'est un peu le cas inverse. Que faire ? Tourner la page et partir vers de nouveaux horizons littéraires. Ce ne sont pas les livres qui manquent et qui ne demandent qu'à être aimés.
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Une tragi-comédie servie par une langue riche et inventive. Une sorte de vaudeville à la comorienne, où l'exubérance le dispute au drame. Même en train ne se noyer, on n'arrête plus anguille qui raconte, raconte, digresse, revient sur ses pas, évoque sa vie et ses proches pour expliquer enfin ce qu'elle fait là. Un premier roman à la vivacité contagieuse et qui n'oublie pas les sujets qui fâchent.
Lien : http://appuyezsurlatouchelec..
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