Le titre, Quelques pas dans la nuit, laisse présager un côté sombre, la photo de la couverture également, seule la lune qui se profile timidement à travers des branchages dénudés et noirs offre un léger espoir.
Aussi j'ai commencé la lecture sur mes gardes, me promettant de ne pas me laisser prendre par la noirceur, de garder une certaine distance. Mais dès la première page mon coeur s'est serré et l'étreinte ne me lâchera plus jusqu'à la fin du livre, et même au-delà. Que disent les premières lignes : "Rim a été baptisée aux larmes de sa mère, qui a éclaté en sanglots en apprenant la nouvelle ; elle venait de mettre au monde une fille. Son père, lui, n'a pas pleuré à sa naissance ; il a jeûné pendant plusieurs semaines pour éloigner le mauvais sort et obtenir d'Allah, gloire à son nom, qu'Il lui accorde un héritier mâle à la prochaine grossesse de son épouse".
Le décor est planté et Rim devra faire face au mauvais sort toute sa vie. Celui de ne pas être né garçon, celui d'avoir épousé un gendarme qui aura le malchance de mourir accidentellement en Afrique, celui d'être une belle-fille indigne socialement, donc rejetée et à qui ses enfants lui seront même retirés. Par sa naissance elle contrecarre le voeu de son père, par son mariage elle ne sera pas à la hauteur des espérances de sa belle-famille. Rim va devoir faire face à des situations de plus en plus dramatiques. le courage et l'amour pour ses enfants l'empêcheront de fléchir, elle ira jusqu'au bout.
J'aurais pu ne pas être touchée par cette Cosette libanaise, mais voilà, ce roman a été écrit d'après une histoire vraie. Sans doute le sort de Rim a-t-il été celui d'enfants, de femmes, de mères, à une époque, dans un pays, où les origines étaient déterminantes. Au sortir de cette lecture, je suis ébranlée et je ne peux que m'interroger. Histoire du passé ? Où en sommes-nous aujourd'hui ? Avons-nous progressé ? Chacun, là où il vit, peut et doit se poser la question.
Merci à Babelio et aux éditions L'Harmattan de m'avoir permis de découvrir ce livre poignant et bien écrit.
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Qu'elle n'ait pas honte de son acte : les autres doivent avoir honte, ceux qui l'ont ignorée, méprisée, privée de ses enfants, ceux qui ne lui ont pas porté secours quand elle avait besoin d'aide et qui la jugent aujourd'hui après l'avoir abandonnée hier.