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Le cycle des Princes d'Ambre - I... tome 2 sur 3
EAN : 9782070425686
1600 pages
Gallimard (01/11/2002)
4.2/5   27 notes
Résumé :
Dépossédé de son trône par Eric, son frère ennemi, le prince Corwin entend reconquérir le royaume d'Ambre, le seul monde réel à partir duquel s'engendrent tous les autres.
Détenteur du fabuleux pouvoir de se déplacer à volonté d'ombre en ombre, il parcourt chaque reflet d'Ambre pour trouver le moyen de mettre fin au règne illégitime d'Eric. Mais il va se heurter à un ennemi imprévu d'une puissance inconcevable, un être capable de se déplacer dans toutes les d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
29/09/2010 - Les Atouts de la Vengeance
Ne pas faire la comparaison avec le premier tome du cycle de Corwin n'est pas aisé; En effet,on découvre une construction assez analogue pour le commencement : on part du monde réel tel que nous le connaissons pour dériver, via des événements, dans le fantastique.
Toutefois, la comparaison s'arrête globalement là.
Tout de suite, du fait de notre expérience des tomes précédent, on remarque quelques éléments que Merlin lui ne remarque pas, par exemple la rousseur de son ami/rival Luke.
Ensuite, et à contrario du 1er tome du cycle de Corwin, ici, Zelazny "triche" avec les événements pour ajouter des questions aux questions tout en usant d'artefacts dans les situations pour ne jamais répondre aux questions, ou ne jamais fournir des clés pouvant apporter des indices ("je dois vous dire quelques chose d'import, mais, ô ciel, mon mari arrive, sortez vite de mon lit rhabillez-vous et filez vite !" ou encore "je dois vous dire mais ah ... ah... je meurs."), ou mieux/plus simple, les interlocuteurs (Random par ex) ne sont jamais disponible pour les discussions qu'ils veulent pourtant avoir et ne cesse de les remettre à plus tard.
Enfin, la dernière ligne droite de ce premier tome renoue avec plus d'épaisseur et d'intérêt, enfin quelques informations et débuts de réponses (motifs serait plus adapté), mais j'ai trouvé que justement, toutes ces réponses étaient arrivées toutes ensemble, limite dans le même paragraphe.
Bref, un 1er tome (cycle de Merlin) un peu déstabilisant après un cycle de Corwin de grande qualité.

03/10/2010 - le sang d'Ambre
Un tome qui revient plus dans la qualité à laquelle nous a habitué Zelazny;
Dans celui-ci, on a un retour en force de l'humour, des sarcasmes et autres forme d'auto-dérision, cette légèreté qui aide à s'approprier les personnages.
L'intrigue également quitte sa forme linéaire (et parfois quelque peu facile du tome 6) pour monter en suspense et retrouver une vraie construction.
Bien qu'ayant eu un peu moins de temps perso disponible pour lire ce tome et ai donc pris plus de temps à le lire, j'y ai pris plus de plaisir que dans le précédent.

04/10/2010 - le signe du Chaos
Intrigant.
Ce tome est surprenant. L'intrigue reprend de plus belle; Départ depuis un délire fantasmagorique, reprise en main de la réalité, introduction de nouveaux acteurs, notre héros faisant même une auto-analyse de sa propre naïveté.
Au tout début de ce tome (tome charnière dans ce cycle de Merlin, les différents acteurs semblent en place, les principaux mystères posés, etc.), je commençais à échafauder quelques théories sur les protagonistes les plus important (l'identité de Masque par ex) mais, et c'est je crois bien la première fois que l'ensemble du cycle (Corwin compris), j'ai été surpris (et, au passage, m'étais planté :D )
L'introduction d'autant de nouveaux personnage m'a également étonné; Si tard dans le cycle, voilà qui semble étonnant, surtout que quelques-uns de nos acteurs (Dalt, Jasra) restent à découvrir.
Et enfin, de manière relativement brutale, à la toute fin, un voile est subitement levé (non je ne dirai pas quoi).
Sur l'ensemble des tomes, j'avais pu mesurer avec quelle qualité et quelle aisance Zelazny était capable de manoeuvrer sa trame, exploitant chaque zone d'ombre de sa trame pour l'enrichir des expérience de ses personnages par ex;
Dans celui-ci, il a réussit quelque chose de nouveau : surprendre, et ce dans tous les sens.
Surprise dans la trame de l'histoire, surprise dans l'arrivée d'inattendu, surprise dans le bouleversement de l'intrigue, surprise dans la révélation subite d'éléments centraux de l'intrigue.
Un ouvrage de qualité.

06/10/2010 - Chevalier des ombres
Encore un tournant dans ce cycle.
Merlin passe du stade de la "pauvre victime" qui a toujours un train de retard sur les événements, qui tente maladroitement de réagir face "à tout ça" et de déduire ce qu'il peut, à un état plus dynamique, préemptif, il affronte dorénavant les situations, il prend les devant et commence enfin à construire sa stratégie... enfin... il essaie !
Car difficile de jouer à un jeu que l'on refuse selon les règles imposées, non plus par ses ennemis, mais par les 2 incarnations du bien et du mal que son la Marelle et le Logrus, la Licorne et le Serpent.
Un tome plein de rebondissements et de situations amusantes.

10/10/2010 - Prince du Chaos
Je suis assez partagé sur ce dernier tome.
Du point de vue de l'intrigue, il reste tout autant astucieux que dans l'ensemble du cycle, nous réservant quelques belles interventions des Puissances, levant le voile sur les complots et plans longuement mis en place.
Mais il lui manque... une épilogue. Voilà, oui, une épilogue.
Un des protagonistes majeur disparaît vers la fin (mais est-il mort ? emprisonné ? etc. ), et on a aucune idée de ce qu'il va bien pouvoir advenir pour nombre des personnages pas tout-à-fait principaux ni vraiment secondaires (il n'y a que sur l'avenir de Julia que l'on peut lancer des pronostics).
Zelazny avait-il prévu de faire une suite à ce cycle ?
Wikipédia donne quelques pistes intéressantes sur le contenu de plusieurs nouvelles postérieures à ce cycle.
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La suite des aventures de Corwin, par son fils Merlin.
On s'attend a une nouvelle intrigue politique, de la magie etc... bin c'est plus compliqué, on sent une maturité dans ses 5 tomes, la magie, les intrigues politiques reste présentent mais il y a autre chose qui rendent ce coffret unique, écrit comme une autobiographie, on a vraiment l'impression de suivre Merlin dans ses déboire, et son évolution au sein d'Ambre et du Chaos en créant un tout nouvel univers plus chaotique n'ayant que quelque point commun avec le début de la saga.

Mener de main de maître ses 5 tomes tiennent leur espérance, a part la fin qui laisse le lecteur sur ça fin.
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Une des rares séries que je relis régulièrement!
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation

Puis, à l'instant où elle atteignait l'escalier, le Signe du Logrus apparut devant elle. Je l'avais fréquemment évoqué au cours de mon existence, mais jamais il n'avait eu des dimensions pareilles. Il emplissait le corridor d'une paroi à l'autre, houleux, envahissant, embrasé, tentaculaire, enveloppé d'une vapeur rougeâtre de sinistre présage. Il lui fallait de l'audace pour oser se manifester ainsi en Ambre, sur le territoire de la Marelle, et il était facile d'en déduire que l'enjeu était très important.
" Reçois-moi, ô Logrus ! cria-t-elle. Car je t'apporte l'Œil du Serpent." Et le Signe s'ouvrit. Un tunnel incandescent apparut en son centre. J'aurais parié que son autre extrémité ne débouchait pas simplement un peu plus loin dans le même corridor.
Mais Nayda s'arrêta brusquement, comme si elle venait de percuter une cloison de verre. Elle se figea au garde-à-vous et trois des sphères miroitantes de Mandor se placèrent en orbite autour de son corps plongé en catalepsie.
Je fus soulevé du sol et projeté contre le mur. Je levai le bras droit afin de me protéger de tout ce qui pourrait s'abattre sur ma tête et lançai un regard de l'autre côté.
Une image de la Marelle aussi grande que celle du Logrus venait d'apparaître juste derrière moi, à égale distance de Nayda que son pendant du Chaos. La femme, ou la [i]ty'iga[/i], se retrouvait pour ainsi dire incluse entre les parenthèses que constituaient ces deux pôles d'existence, et je l'étais aussi par la même occasion. Du côté de l'Ordre tout devint aussi clair que par une belle matinée ensoleillée pendant que la section opposée prenait un aspect crépusculaire de mauvais augure. Les deux Puissances allaient-elles rejouer au Big Bang, m'interrogeai-je, avec moi pour témoin involontaire ?
" Heu Vos Honneurs", commençais-je, sentant qu'il était de mon devoir d'essayer de les en dissuader et regrettant de ne pas posséder le bagou de Luke, le seul, à la rigueur, à être capable d'un tel exploit. "C'est le moment ou jamais d'utiliser les services d'un arbire impartial, et il s'avère que je suis parfaitement qualifié pour tenir un tel rôle étant donné que ... "
Le cercle doré de la Roue spectrale descendit auréoler la tête de Nayda puis s'étira vers le bas afin de former une sorte de tube. Spectre s'était glissé à l'intérieur des orbites des sphères de Mandor. Sans doute s'était-il isolé des forces qu'elles exerçaient car les boules ralentirent, tressautèrent et tombèrent sur le sol. Deux d'entre elles allèrent percuter le mur et la troisième roula vers le bas de l'escalier puis disparut sur la droite.
Les Signes de la Marelle et du Logrus commencèrent alors à avancer et je dus déguerpir à quatre pattes pour rester hors de portée du premier.
"Stop, camarades ! intervint Spectre. Nul ne peut prévoir quelle sera ma réaction si je me sens menacé. "
Les deux Puissances s'immobilisèrent. De derrière l'angle situé devant moi la voix avinée de Droppa qui venait vers nous en beuglant une chanson paillarde. Puis ce fut le silence. Un moment s'écoula et il se mit à entonner [i]Plus près de toi mon Dieu[/i] d'une voix désormais à peine audible. Finalement, l'hymne fut à son tour interrompu et j'entendis un bruit sourd suivi par des tintements de verre brisé.
Il me vint à l'esprit qu'à cette distance j'aurais dû pouvoir projeter ma conscience dans la Pierre. Mais j'avais des doutes quant aux résultats, compte tenu qu'aucune des quatre forces engagées dans cette confrontation n'était humaine.
Je perçus les signes annonciateurs d'un contact d'Atout.
"Oui ?" murmurai-je.
J'entendis alors Dworkin me dire : " Quel que soit le contrôle que tu as sur cette gemme, utilise-le pour empêcher que le Logrus ne s'en empare."
Juste au même instant une voix fêlée, qui changeait de tonalité et de genre d'une syllabe à l'autre, me parvint du tunnel rougeoyant.
"Rend l'Œil du Chaos. La Licorne l'a subtilisé au Serpent au cours de l'affrontement primordial. Il a été volé. Restitue-le. Restitue-le. "
Le visage bleuté que j'avais vu au-dessus de la Marelle ne se matérialisa pas, mais la voix que j'avais alors entendue rétorqua : " Le prix du sang et de la souffrance a été versé en échange. Il y a eu transfert des titres de propriété.
- Pierre du Jugement, Œil du Chaos et Œil du Serpent seraient donc les différents noms que porte ce joyau ? voulu-je savoir.
- Oui, me répondit Dworkin.
- Si le Serpent récupère son œil, qu'en résultera-t-il ?
- Ce sera probablement la fin du monde?
- Oh !
- Quelles sont vos offres pour cet objet ? demanda alors la Roue spectrale.
- Machine insolente, gronda la Marelle.
- Gadget sans cervelle, gémit le Logrus.
- JE n'ai que faire de vos compliments, déclara Spectre. Proposez-moi quelque chose qui réponde à mes désirs.
- Je pourrais m'en emparer par la force, lança la Marelle.
- Il me serait facile de te réduire en pièces et de m'en saisir sur-le-champ, affirma le Logrus.
- Mais vous vous en abstiendrez, parce qu'il vous faudrait concentrer toute votre attention et votre énergie sur moi, et que cela rendrait chacun de vous vulnérable à l'autre. "
Quelque part dans mon esprit, j'entendis Dworkin ricaner.
" Expliquez-moi pourquoi vous avez décidé de rompre un si long statu quo, ajouté Spectre.
- Les agissements récents de ce renégat ont faussé l'équilibre des forces en ma défaveur" répondit le Logrus... et une boule de feu vint exploser au-dessus de ma tête, sans doute pour dissiper des doutes éventuels sur l"identité du renégat en question.
Je flairai une odeur de cheveux roussis et me protégeai des flammes.
" Une minute ! m'écriai-je. On ne m'a pas laissé le choix, il me semble :
- Il y avait un choix à faire et tu l'as fait", gémit le Logrus.
Et la Marelle de rétorquer : " C'est exact. Mais cela n'a servi qu'à rétablir l'équilibre que tu avais faussé.
- Rétablir l'équilibre ? Tu ne t'en es pas contentée ! À présent te voici privilégiée ! Par ailleurs, c'est de façon accidentelle qu'il a été modifié à mon avantage par le père de ce traître. "
Une nouvelle boule de feu, que je m'empressai de parer. " Ce n'était pas mon fait.
- Tu as dû l'inspirer.
- Si tu peux me faire passer cette Pierre, me murmura Dworkin, je le placerai hors d'atteinte de ces eux exaltés en attendant que la question soit réglée.
- J'ignore si je parviendrai à m'en saisir, lui dis-je. Mais je n'y manquerai pas si l'occasion se présente.
- Donne-la-moi, ordonna le Logrus à Spectre. Et je ferai de toi mon Premier Serviteur.
- Tu es un système de traitement d'informations, intervint la Marelle. Je te fournirai des données dont nul ne dispose dans toute Ombre.
- Je t'offrirai la puissance, renchérit le Logrus.
- Vos propositions ne m'intéressent pas ", rétorqua Spectre avant de tournoyer et de disparaître.
Avec la fille, la Pierre, et le reste.
Le Logrus gémit, la Marelle gronda, et les Signes chargèrent, laissant supposer qu'ils allaient de rencontrer à proximité de la chambre de Bleys.
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Une énorme silhouette ronde me barrait le passage. Elle ressemblait à un Bouddha pourpre possédant des oreilles de chauve-souris. En me rapprochant encore, je découvris les détails : crocs saillants, yeux jaunes dépourvus de paupières, longues griffes rouges achevant des mains et des pieds démesurés. L'être était assis au milieu du tunnel et ne semblait pas avoir l'intention de se lever. Il ne portait aucun vêtement, mais son énorme ventre distendu reposait sur ses genoux et me dissimulait son sexe. Sa voix était bourrue et masculine, cependant, et son odeur nauséabonde.
" Salut, belle journée, n'est-ce pas ? " lui dis-je.
La créature gronda et la température parut s'élever dans le passage. Frakir était devenue frénétique et je l'apaisai mentalement.
Le chose se pencha vers le sol et utilisa un de ses ongles brillants pour tracer une ligne fumante dans la pierre à ses pieds. Je m'arrêtai devant elle.
"Franchis cette limite, sorcier, et tu es mort, dit-elle.
- Pourquoi ?
- Parce que je l'ai dit.
- Si vous prélevez un péage, indiquez-moi son montant. "
l'être secoua la tête. " Tu ne peux acheter ton passage.
- Heu... pourquoi pensez-vous que je suis un sorcier, au fait ? "
Une caverne s'ouvrit dans son visage? Elle abritait un nombre de dents encore plus élevé que je ne l'avais soupçonné, et des profondeurs de sa gorge s'éleva un son rappelant le grondement du tonnerre tel qu'on l'imite en secouant une plaque de tôle.
" J'ai senti le contact de ta petite sonde, dit-il. C'est un tour de magicien. En outre, seul un sorcier aurait pu arriver jusqu'au point où tu te trouves.
- Vous semblez n'avoir guère de respect pour les membres de cette profession?
- Les sorciers, je les mange. "
Je ne pus m'empêcher de grimacer en pensant que certains vieux schnoques de mes confrères n'étaient vraiment pas appétissants.
" En ce cas, que me proposez-vous ? À quoi sert un passage, si on ne peut l'emprunter ? Que dois-je faire pour poursuivre mon chemin ?
- C'est impossible.
- Même si je résous une énigme ?
- Ça ne marche pas avec moi ", fit-il. Mais ses yeux devinrent brillants. " Je vais quand même t'en poser une, pour le plaisir : Qu'est-ce qui est vert et rouge, et tourne sans cesse ?
- Vous connaissez le sphinx !
- Merde ! Tu l'as déjà entendue. "
Je haussai les épaules. " Je vais de-ci, de-là.
- Pas par ici. "
Je l'étudiai. Il devait posséder des moyens de défense particuliers contre les envoûtements, si sa fonction consistait à interdire le passage aux sorciers, et son physique était pour le moins imposant. Je m'interrogeai sur sa rapidité. Ne me serait-il pas possible de plonger sur le côté et de me glisser en courant près de lui ? Je parvins à la conclusion que je n'avais pas la moindre envie de tenter cette expérience.
" Il faut absolument que je passe, insistai-je? C'est pour une urgence.
- Rien à faire.
- Qu'est-ce que ça vous rapporte de toute façon ? Demeurer assis au milieu d'un tunnel ne me semble pas être une occupation très passionnante.
- J'aime mon boulot. Je suis fait pour ça.
- En ce cas, pourquoi laisse-vous le sphinx aller et venir à sa guise ?
- Les créatures magiques, ça ne compte pas?
- Hm.
- Et n'essaie pas de me faire gober que tu entres dans cette catégorie en utilisant une illusion propre aux membres de ta profession. Je sais reconnaître ce genre d'artifice.
- Je vous crois sur parole. Quel est votre nom, au fait ? "
Il renifla. " Tu peux m'appeler Scrof, si ça facilite la conversation. Et toi ?
- Corey.
- D'accord, Corey? Tu sais, je veux bien te mettre au parfum. C'est prévu dans le règlement. Rien ne l'interdit. Tu as le choix entre trois possibilités, dont une vraiment stupide. Tu peux faire demi-tour, suivre en sens inverse le chemin que tu as pris pour venir jusqu'ici, et rester en vie. Tu peux encore t'installer où tu es, y rester aussi longtemps que tu le souhaites, et je ne lèverai pas le petit doigt contre toi. La solution idiote consiste à franchir le ligne que je viens de tracer? Si tu le fais, je te tue. C'est le Seuil, et je suis son Gardien. Je ne laisse passer personne.
- Je vous remercie d'avoir mis les choses au point.
- Ça fait partie de mon travail. Alors que choisis-tu ?
Je levai mes mains et les lignes de force se tordirent tels des serpents à l'extrémité de chacun de mes doigts. Frakir se laissa pendre à mon poignet et se mit à osciller en dessinant des motifs compliqués.
Scorf sourit? " Au fait, je ne dévore pas seulement la chair des sorciers. Je me repais également de leur magie. Seul un être arraché au Chaos primordial peut prétendre cela. Alors avance, si tu te crois de taille à m'affronter.
- Au Chaos, vraiment ? Arraché au Chaos primordial ?
- Ouais? Il n'y a pas grand monde qui soit capable d'y résister.
- Un Seigneur du Chaos excepté ", rétorquai-je en reportant mon attention sur diverses parties de mon corps. Un travail approximatif. Plus on l'exécute rapidement, plus le processus est douloureux.
À nouveau, le tonnerre d'une plaque de tôle.
" Sais-tu quelles sont les probabilités pour qu'un Seigneur de Chaos vienne jusqu'ici et défie un Gardien ? " s'enquit Scrof.
Mon bras commença à s'étirer et je sentis ma chemise se déchirer dans mon dos lorsque je me penchai en avant. Les os de mon visage se déplacèrent et ma poitrine entra en expansion...
" Toute probabilité supérieure à zéro n'est pas à négliger, rétorquai-je dès la fin de ma métamorphose.
- Merde", grommela Scrof en me voyant franchir la ligne.
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Je vis se matérialiser la silhouette d'une Licorne qui, tel le tigre de Blake, rayonnait puissamment. Si puissamment que je dus détourner les yeux.
Je les portai sur la noirceur froide et profonde, mais n'y trouvai pas non plus le repos. Quelque chose se déplaça au sein des ténèbres et j'entendis un autre son - comparable au crissement d'un énorme bloc de métal traîné sur de la roche. Il s'ensuivit un sifflement qui m'assourdit. Le sol trembla encore. Des lignes tortueuses ondoyèrent dans ma direction. L'image de la Licorne n'avait pas achevé de se graver dans la Lumière que je pris conscience d'avoir en face de moi la tête d'un serpent cyclopéen dont la moitié antérieur avait rampé dans la chapelle. Je fixai alors un point situé entre les deux visiteurs, que je surveillai à la périphérie de mon champ de vision. La licorne de l'Ordre et le Serpent du Chaos m'empalaient du regard. L'effet produit était si désagréable que je m'empressai de battre en retraite, jusqu'à l'autel, contre lequel je m'adossai.
Ils avancèrent dans la chapelle. La Licorne baissait la tête, pointant son rostre vers moi. Le serpent dardait sa langue fourchue dans ma direction.
" Heu... si vous souhaitez récupérer les armures et le reste, je n'y vois aucune objection..."
Le Serpent siffla. La Licorne leva un sabot et en frappa le sol, qui se fissura. La ligne de fracture courut vers moi tel un éclair de noirceur pour s'interrompre juste à mes pieds.
" Je tiens à préciser qu'il n'était pas dans mes intentions d'insulter Vos Éminences " jugeai-je utile d'ajouter.
[i]Nouvelle erreur[/i], commenta Frakir d'une voix faible.
[i]Alors, souffle-moi mes répliques[/i], lui rétorquai-je dans le cadre de cet aparté mental.
[i]Je ne.... Oh![/i]
La Licorne se cabra, le Serpent se dressa. Je me laissai choir à genoux et détournai la tête, car la brûlure de leurs regards se changeait en souffrance physique. Je tremblais, et tous mes muscles me torturaient.
[i]Il t'est conseillé de jouer le jeu en fonction des règles établies[/i] récita Frakir.
J'ignore quel métal pénétra ma colonne vertébrale. Toujours est-il que je me redressai et me tournai vers le Serpent puis la Licorne. Mes yeux étaient aussi larmoyants et brûlants que si j'avais essayé de fixer le soleil, mais je parvins à les regarder.
" Vous pouvez me forcer à jouer, mais pas à faire un choix. Ma volonté m'appartient.Je garderai ces armures toute la nuit, comme on l'exige de moi, mais au matin je les laisserai en ce lieu parce que j'ai décidé de ne pas m'en revêtir. "
[i]Sans protection, ta vie ne tiendra qu'à un fil[/i], me déclara Frakir, comme si elle faisait office d'interprète.
Je haussai les épaules.
" Si c'est à moi d'en décider, je vous place sur un pied d'égalité. "
Un souffle de vent à la fois brûlant et glacé me frôla, tel un soupir cosmique.
[i]Tu te prononceras, que ce soit de façon consciente ou pas. Comme tout le monde. On te demande simplement de prendre officiellement position.[/i]
" Qu'est-ce que mon cas a de particulier ? "
Encore ce vent.
[i]Tu as reçu deux héritages, et des pouvoirs hors du commun.[/i]
" Je n'ai voulu aucun de vous deux pour ennemi. "
[i]Ce n'est pas une raison suffisante.[/i]
" Alors, détruisez-moi. "
[i]La partie a déjà commencé.[/i]
" En ce cas, finissons-en. "
[i]Sache que ton attitude nous déplaît.[/i]
" C'est réciproque ", répondit-je.
La foudre s'abattit et me laissa inconscient.
J'avais cru pouvoir répondre avec franchise pour la simple raison que les individus susceptibles de participer à ce jeu ne devaient pas courir les rues.
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Quand j'enjambai la bande inférieure, tout ce qui m'entourait disparut, à l'exception du ruban de clarté qui se referma sur lui-même pour devenir un cercle parfait, bascula autour de moi sur lui-même et se stabilisa au niveau de mes pieds. Je me retrouvai en son centre, quand un monde hémisphérique semblant fait de cristal apparut au-delà de cet anneau de lumière. Le sol sur lequel je me dressai était rougeâtre, irrégulier et humide. Ce fut seulement lorsqu'un gros poisson traversa mon champ de vision que je compris que je me trouvais sous l'eau, debout sur une formation corallienne.
" C'est vraiment très joli, dis-je, mais j'avais l'intention de regagner mes appartements.
- Je voulais simplement te démontrer mes capacités ", me répondit une voix familière qui résonnait de façon surnaturelle sous ce dôme magique. "Suis-je un dieu ?
- Tu es libre de te considérer comme bon te semble. Nul ne viendra te contredire.
- Posséder les attributs de la divinité devrait être amusant.
- Si tu étais un dieu, quel serait mon statut ?
- Voici une question théologique pour le moins épineuse.
- Théologiquement, mon cul ! Je suis informaticien et tu sais parfaitement que je t'ai construit, Spectre. "
L'équivalent d'un soupir emplit ma cellule sous-marine.
"Il est difficile de se débarrasser de ses racines.
- Pourquoi le désirer ? Qu'as-tu à reprocher aux racines ? Les plus belles plantes en possèdent.
- Jolies fleurs en surface, fange et fumier au-dessous.
- Dans ton cas, on ne trouve que du métal et une installation cryogénique très perfectionnée - ainsi qu'un grand nombre d'autres choses - le tout gardé dans un état de propreté irréprochable.
- En ce cas, c'est peut-être de fange et de fumier que j'aurais besoin.
- Tu te sens bien, Spectre ?
- Je me cherche toujours.
- Nous passons tous par de tels stades, au cours de notre existence. Tu cesseras tôt ou tard de t'interroger.
- Vraiment ?
- Vraiment.
- Quand ? Comment ? Pourquoi ?
- Le dire serait tricher. En outre, c'est différent pour chacun de nous. "
Un ban de poisons passa - des petites créatures striée de rayures rouges et noires.
" Je ne parviens pas vraiment à assimiler la question de l'omniscience... me déclara un peu plus tard la Roue spectrale.
- Et après ? C'est sans intérêt.
- ... Et je me penche toujours sur le problème de l'omnipotence.
- C'est un sujet assez ardu, reconnus-je.
- Tu es très compréhensif, p'pa.
- Je m'efforce de l'être, en tout cas. As-tu un problème qui te tracasse ?
- Ce qui touche aux réflexions philosophiques excepté ?
- Oui.
- Non. Je t'ai fait venir pour te mettre en garde contre un certain Mandor. Il....
- C'est mon frère. "
Il y eu un silence.
Puis Spectre me demanda : "Il en découle qu'il est mon oncle, n'est-ce pas ?
- En un certain sens.
- Et la dame qui était avec lui ? Elle...
- Il s'agit de ma tante Fiona.
- [i]Ma[/i] grand-tante. Oh ! zut !
- Qu'est-ce qui cloche ?
- Dire du mal de ses parents est très laid, il me semble.
- Pas d'où je viens. En Ambre, c'est un passe-temps très répandu. "
Le cercle lumineux bascula et nous nous retrouvâmes dans le corridor.
" À présent que nous voici en Ambre, je peux donc te dire du mal d'eux. Je ne leur ferais pas confiance, à ta place. Je crois qu'ils sont un peu fous. Et je les ai également trouvés insultants et menteurs. "
Je m'esclaffai. " Tu deviens un véritable Ambrien.
- Vraiment ?
- Oui. Nous sommes ainsi faits. Il n'y a pas de quoi s'inquiéter. Que s'est-il passé, entre vous ?
- Je préfèrerais parvenir à mes propres conclusions, si cela ne t'ennuie pas.
- Fais comme bon de semble.
- Il n'est donc pas utile que je te mette en garde contre aux alors ?
- Non.
- D'accord. C'était mon principal souci. Bon, maintenant je vais rentrer pour me pencher sur cette histoire de fange et de fumier...
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" Que fais-tu ici, mon garçon ?" s'enquit une voix familière.
Je me redressai aussitôt, pour constater que la grande silhouette sombre qui avait émergé de dernière le bloc de glace ne s'adressait pas à moi. L'homme souriait Jurt de la tête.
"De la figuration dans une histoire de fou, répondit le spectre de mon demi-frère.
- Et je présume que voici le fou en question. Il cueille une fleur. Une rose en argent d'Ambre - celle du seigneur Corwin, si je ne m'abuse. Bonjour, Merlin. Serais-tu à la recherche de ton père ? "
Je retirai un des fermoirs de rechange que je gardais dans la doublure de mon manteau et l'utilisai pour fixer la rose à gauche de ma poitrine. Mon interlocuteur n'était autre que le seigneur Borel, duc de la Maison royale de Swayvill et - selon certaines rumeurs - ancien amant de ma mère.Il était aussi censé être un des plus redoutables bretteurs des Cours. Tuer Corwin, Bénédict ou Éric était devenu pour lui une véritable obsession, jusqu'au jour où son chemin avait croisé celui de mon père. Malheureusement pour lui, papa était pressé - et ils n'avaient pas eu l'occasion de croiser le fer. Corwin s'était contenté de lui jouer un tour à sa façon et de l'éliminer à l'issue d'un combat peu loyal sur le plan technique. Je n'y trouvais rien à redire. Cet individu ne m'avait jamais été sympathique.
" Vous êtes mort, Borel, lui dis-je. Le savez-vous ? Vous n'êtes que le spectre de l'homme que vous étiez le jour où vous avez traversé le Logrus. Dans le monde réel il n'existe plus de seigneur Borel. Souhaitez-vous en apprendre la raison ? Parce que Corwin vous a tué le jour de la bataille entre Ambre et le Chaos.
- Tu mens, morveux !
- Pas du tout, avança Jurt. Vous êtes bien mort. Transpercé de part en part, à ce qu'on dit. Mais je ne savais pas que c'était Corwin qui vous avait trucidé.
- C'est bien lui", confirmai-je.
Borel détourna les yeux et je vis les muscles de sa mâchoire se contracter et se détendre à plusieurs reprises.
" Et nous nous trouverions dans une sorte d'après-vie ? demanda-t-il un peu plus tard, toujours sans nous regarder.
- Je suppose qu'un tel nom est approprié, lui dis-je.
- Risque-t-on d'y mourir à nouveau ?
- Je le pense.
- Qu'est-ce que c'est que ça ? "
Il avait baissé les yeux et je l'imitai. Quelque chose reposait sur la glace non loin de nous. Je fis un pas dans cette direction.
" Un bras, déclarai-je. Humain, dirait-on.
- Que fait-il ici ?" demanda Jurt qui vint me rejoindre et donna un coup de pied dedans.
Le mouvement qui lui fut ainsi imprimé nous démontra qu'il n'était pas posé sur la glace mais qu'il en saillait. Il se plia et fut agité de contractions spasmodiques pendant plusieurs secondes. J'en remarquai alors un autre, un peu plus loin, et ce qui paraissait être une jambe. Au-delà, il y avait une épaule à laquelle était rattache un bras, une main...
" Le congélateur d'un cannibale", suggérai-je.
Jurt gloussa.
" Tu es donc mort, toi aussi, conclut Borel.
- Non, répondis-je. Je suis le Merlin, authentique. Je ne fais d'ailleurs que passer, sur mon chemin pour un monde meilleur, bien meilleur.
- Et Jurt ?
- Il pose un problème intéressant, à la fois physique et théologique. Il bénéficie d'un étrange don d'ubiquité.
- Dire que j'en bénéficie me paraît exagéré, fit observer l'intéressé. Mais compte tenu de l'alternative je dois m'estimer heureux d'être ici.
- Voilà bien le genre d'attitude positive qui a permis au Cours de réaliser tant de prodiges au fil des ans", commentai-je.
Nouveau gloussement de Jurt.
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