Depuis la sortie de ce bouquin s'est écoulée plus d'une demie décennie et sont sorties plus de 100 critiques sur Babelio. Je ne me fendrai donc pas d'un inutile résumé du propos de ce livre.
Il y a eu chez moi, pour cette belle lecture, un peu comme un effet diesel. Je veux dire par là un temps d'échauffement, suivi d'une efficacité optimale une fois atteinte la température de fonctionnement.
Ce livre est un cadeau qu'on m'a fait et je n'avais rien lu ni cherché à savoir à son sujet avant de l'ouvrir. Simplement, je me souviens que j'avais plutôt aimé "
Sombre dimanche", sans pouvoir me le remémorer précisément. J'avais donc plutôt un vague apriori favorable vis à vis de l'auteure, disons.
Quoi qu'il en soit, intrigué comme beaucoup, un peu après la moitié de ma lecture j'ai été jusqu'à vérifier sur le net que Donnell était bien un auteur fictif, et comme beaucoup peut-être j'ai même été rassuré d'avoir bien deviné.
Avec moi
Zeniter réussit son coup donc, sur ce plan.
Elle réussit aussi à donner de la texture à Mirhalay, ce lieu qu'elle crée dans les Hébrides, cette espèce de Sainte-Hélène écossaise.
Elle réussit à installer chez moi une tension à partir du moment où Franck, à son corps défendant, se lie à Jock, le "gardien" de l'île un peu mystérieux. Jock le gardien d'un secret qui jette son dévolu sur Franck et Franck l'intrus, néophyte empathique qui ne sait que faire de lui quand sa compagne lui échappe avec des initiés pas très sympathiques, tout ça m'a accroché.
Elle réussit surtout à décortiquer l'effondrement d'un amour sincère avec une grande humanité, je veux dire une belle clairvoyance sur notre nature humaine. Son amour pour les amoureux déçus qu'elle a sortis du néant, oui son amour pour ses personnages les rend vivants, vibrants, authentiques, crédibles. Enfin pour moi.
Comme Franck, comme chacun sans doute j'ai peur de l'Oubli, comme lui j'ai conscience de nos dérisoires tentatives pour laisser une trace de nous qui nous valorise : traces de pas ou pattes de mouche, hiéroglyphes ou écritures, sépultures, oeuvres d'art, enfants simplement, et tout doit disparaître pourtant.
Pour Temps...
Elle réussit tout ça avec le style, même quand elle parle cru. Parfois elle s'envole aux confins de nos raisons de vivre, et j'ai trouvé souvent que ses envolées faisaient mouche.
Et non pattes de mouche...