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Sur une idée un peu folle et grisante, je me suis juré en fin d'année dernière de me lancer dans la lecture de l'oeuvre gigantesque des Rougon-Macquart. D'Émile Zola, je ne connaissais que les livres emblématiques qu'on découvre à l'école ou par les films tirés de ses oeuvres : Germinal, L'Assommoir, la Bête Humaine, Nana…
La Fortune des Rougon est le premier volume qui inaugure la longue série Les Rougon-Macquart. Cet ouvrage n'est sans doute pas le plus emblématique de l'oeuvre d'Émile Zola. Il est cependant, en tant que livre fondateur, essentiel pour comprendre ce qui va animer cette fresque sociale dont le personnage principal est … une famille. Essentiel pour comprendre aussi l'univers dans lequel les différents membres de cette famille vont entrer en scène et jouer leur rôle. Et quelle famille ! Famille nombreuse, famille heureuse ! Comme dit la fameuse chanson... Non, ne vous emballez pas, vous allez vite comprendre mon ironie et déchanter en découvrant les affres de cette ribambelle familiale.
C'est partie pour un long voyage en terre Rougon-Macquart !
Roman inaugural donc, qui plante les graines, les germes d'une hérédité ballottée entre l'élan vital de la réussite quel que soit le chemin à emprunter et une forme de dégénérescence qui fera trébucher certains des membres de cette lignée dans la débauche, l'alcoolisme, la folie ou la mort. Voilà ! Nous sommes prévenus par l'auteur lui-même dès la préface de ce premier ouvrage. En savant improvisé mais qui a étudié son sujet, Zola veut observer comment peut évoluer une famille sur plusieurs générations à partir d'une fêlure fondatrice. Son laboratoire est le Second Empire. Il y plonge ses personnages comme on jette une poignée de spaghettis dans une eau bouillante et hop ! Mais parfois les personnages créés par un artiste peuvent lui échapper, prendre d'autres routes... Initialement, l'oeuvre des Rougon-Macquart ne devait pas dépasser une dizaine de volumes et devait se cantonner sous le second Empire. A l'arrivée, nous avons vingt ouvrages, une foule de personnages, une famille XXL dont le destin sort du cadre historique imposé, mais ça, Zola ne pouvait pas soupçonner que le second Empire s'achèverait par la défaite de Sedan en 1870, lors de la guerre contre la Prusse. Tant mieux d'ailleurs, parce que Zola n'appréciait guère le régime imposé par Napoléon III et l'oeuvre des Rougon-Macquart ne manque pas dès son premier volume d'égratigner sous une caricature au vitriol le dessein politique de l'homme d'État.
Le roman a pour toile de fond le coup d'état du 2 décembre 1851 de Louis-Napoléon Bonaparte et se déroule durant les jours qui suivirent l'événement.
Le cadre géographique est une petite ville de province appelée Plassans. Ne cherchez pas sur une carte, vous ne la trouverez pas, cette ville est fictive mais pas tout à fait imaginaire cependant. Il semble que ce soit Aix-en-Provence, ville natale d'Émile Zola, qui ait inspiré l'auteur.
Et maintenant, plantons le décor...
Avant de parvenir au 2 décembre 1851, Zola vient un peu en arrière pour expliquer d'où viennent les Rougon et les Macquart. Tout commence avec Adélaïde Fouque, dite Tante Dide. Elle épouse Pierre Rougon, qui lui donnera trois enfants : Eugène, Aristide et Pascal. À la mort de son mari, elle prend pour amant un certain Macquart, contrebandier de son état. Ils auront deux enfants : Ursule et Antoine. La belle idylle s'interrompt tragiquement lorsque son amant est abattu par des gendarmes sous ses yeux, la rendant folle. Cela ne l'empêchera pas de vivre jusqu'à l'âge de 105 ans. Mais ça ce sera à l'arrivée : au vingtième volume intitulé le Docteur Pascal. Patience… Patience…
Vous me suivez jusqu'ici ? Ne vous inquiétez pas si vous êtes perdus, faites comme moi, allez sur la toile, il y a de magnifiques arbres généalogiques des Rougon-Macquart pour mieux comprendre toutes ces ramifications qui vont s'étendre au fil des ans et des générations…
Les Rougon, les Macquart, les deux branches vont se déployer, se ramifier sur cette longue oeuvre, parfois se croiser, ou la la ! Par avance on frémit en imaginant les fruits d'une telle consanguinité... Des branches légitimes, des branches bâtardes dont les racines vont puiser dans les ingrédients qui sont l'ADN de cette famille : la convoitise, la cupidité, le débordement des appétits, les ambitions sans limites, là fourberie, la méchanceté…
La Fortune des Rougon, ce titre peut s'entendre de deux manières. La première, purement matérielle, c'est la réussite financière. Mais on peut l'entendre aussi par la chance qui tourne du bon côté des Rougon. Rusés, ils savent se saisir de l'opportunité de ce coup d'état pour s'enrichir et poser la rampe de lancement de leur ascension sociale. Cela dit, ce couple sans foi ni loi sait forcer la chance en y mettant les moyens. Pour cela Eugène est bien aidé par son épouse, Félicité, qui ne manque pas d'inspiration pour manoeuvrer son mari. Celui-ci passerait presque pour un honnête homme à côté de sa femme, un personnage bien gratiné, coriace, avide, les doigts crochus pour s'agripper à tout ce qui brille comme de l'or, pour intriguer, manipuler, étouffer l'insurrection locale des Républicains dans l'oeuf… C'est ici que le gêne mauvais va s'illustrer dans ce premier tome. Et croyez-moi, comme les chiens ne font pas des chats, les enfants défendront dignement l'hérédité…
De temps en temps, comme un rayon de soleil venant déchirer ce ciel sombre, des personnages sensibles, d'une profonde humanité, surgissent comme une erreur, comme une errance dans un gêne malfamé. Il y a Silvère Mouret et son amie Miette, ces enfants qui s'aiment, insurgés, porte-drapeaux des républicains, on dirait presque la soeur et le frère de Cosette et Gavroche… Il y a aussi le docteur Pascal, Pascal Rougon. C'est un sage. Il est tellement bon, humain, que ses parents en sont presque désespérés. Au fond, entre nous, mais vous ne le direz à personne, promis ? le docteur Pascal n'est autre que Zola, enfin c'est ce que je pense...
J'ai trouvé l'écriture incroyablement belle et incisive. Zola est un poète, Zola est un orfèvre, Zola est un peintre. J'aime Zola. Il faut lire Zola.
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Rien ne va plus dans la petite ville de Plassans en Provence en cette fin d'année 1851...Des insurgés ont pris les armes pour défendre la République que Napoléon III compte bien renverser pour s'installer seul au pouvoir.
Dès lors, ce qui apparaît pour certains comme un combat d'idées, de défense des libertés et de grandeur est, pour d'autres, une formidable et unique opportunité de tirer parti de la situation pour s'enrichir ou changer de statut social...C'est le cas du couple Rougon, Pierre et Félicité, commerçants en huile, qui vont déployer tous les moyens pour avancer leurs pions et consolider leurs positions matérielles et leur influence dans la ville, tout essayant de sentir le vent venir et manoeuvrer habilement.

En situant les événements de ce premier épisode Les Rougon-Macquart, I : La Fortune des Rougon dans les quelques jours précédant le coup d'état du 2 décembre 1851, Émile Zola met en opposition deux sociétés, deux visions du monde, représentées pour la part idéaliste par Sylvère et Miette deux amoureux purs et sincères qui s'engagent pour la défense de la république et, pour la part opportuniste et profiteuse, les petits commerçants envieux, les petits fonctionnaires qui rêvent de revanche et de pouvoir, qui vont manœuvrer en utilisant cette période de troubles pour tirer les marrons du feu. Veules, magouilleurs, comploteurs et assez lâches, ce sont pourtant eux qui émergeront, non pas la tête haute mais la tête pleine d'envie de pouvoir et de réussite sociale, peu en importe le prix, établissant la petite bourgeoise et ses valeurs comme principale référence dans cette moitié de XIXème siècle.
Ce premier roman de la saga des Rougon-Macquart installe donc bien les origines et jette les bases et le ferment de toutes les tares, les grandeurs et ressorts, non seulement de la famille, mais plus largement de la société dans laquelle vont se jouer les grandes luttes historiques du XIXème siècle ; et même si j'ai trouvé dans ce roman quelques longueurs et des développements quelquefois répétitifs, j'ai apprécié cette peinture sociale très fouillée, réaliste et très instructive.
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Enfin je commence à la source de la série des Rougon-Macquart, aux racines de cette famille à double-lignée dont je connais surtout la plus misérable.
Nous sommes à Plassans, en Provence, à l'aube du Second Empire, et nous suivons d'un côté la famille de Pierre Rougon, fils légitime d'Adélaïde Fouque, elle-même fille de riches maraîchers, et d'un autre celle d'Antoine Macquart, fils illégitime nés de la relation d'Adélaïde avec le braconnier Macquart, son voisin et son plus grand amour.
Malin, sûr de son droit, Pierre parvient à récupérer la totalité de l'héritage familial après le départ plus ou moins forcé d'Antoine et de leur soeur Ursule.
C'est d'un côté par cette ascension sociale de la branche légitime et de l'autre par l'héritage de certains traits familiaux que les deux lignées vont émerger du tronc généalogique et vont s'opposer sur les générations suivantes.
J'ai retrouvé avec plaisir les premières apparitions de personnages que je connais depuis longtemps, comme Gervaise ici encore adolescente, et le docteur Pascal, dont les études sur l'hérédité concluent la série 20 tomes plus tard.
J'ai fait la connaissance de cette branche qui ne m'avait jamais vraiment attirée, celle des Rougon, ainsi que celle d'Ursule, la troisième branche qui est celle des Mouret.
Enfin, j'ai surtout rencontré le fils orphelin d'Ursule, le beau, le pur Silvère qui va s'engager auprès des insurgés lors de ces nuits sanglantes qui suivent le coup d'état, le seul - avec le docteur Pascal et peut-être ses parents - à vivre de passion et non de machinations financières.
Les passages qui évoquent l'amour que portent Silvère et la petite Miette l'un pour l'autre sont comme une parenthèse dans ce monde sordide et corrompu que décrit Zola, et les plus belles pages, que j'ai relues deux fois, se passent dans cette rivière où Miette apprendra à nager, où elle se laissera aller à suivre le courant dans l'obscurité de la forêt, l'eau caressant doucement son corps.
Zola est donc capable de romantisme!

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Cher Monsieur Zola,

Lors de notre première rencontre, je n'étais qu'une collégienne et la richesse de vos descriptions n'était pour moi que longueurs assommantes et décourageantes. Mon manque de maturité m'a empêché d'apprécier la profondeur de votre oeuvre.

C'est donc avec appréhension que j'ai commencé la lecture du premier tome de vos célèbres Rougon-Macquart. Ma crainte s'est évanouie au bout de quelques lignes pour laisser place à de l'admiration. La poésie et la délicatesse de vos descriptions ont illuminé mes yeux.

Pour exprimer vos opinions et mettre en avant l'hérédité de certains vices, vous faites le choix audacieux de vous attaquer au peuple "d'en bas". Entre la passivité de la fragile Adélaïde, l'oisiveté de l'ivrogne de Macquart et la cupidité du couple Pierre et Félicité ROUGON, votre cynisme donne des personnages à l'image de votre style : unique et inoubliable.

Au milieu de tant de noirceur, la justesse et la beauté de vos mots viennent ponctuer le récit de quelques éclats de lumière. Vous avez réussi à toucher mon coeur avec la naïveté et l'insouciance de Miette et Silvère.

Votre talent m'a subjugué et si notre premier rendez-vous fut manqué, nous sommes désormais réconciliés. Pour assouvir mon avidité de vous découvrir un peu plus, je n'ai pu résister à la tentation d'acquérir l'intégralité de vos Rougon-Macquart.
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Comme de nombreux autres lecteurs, j'ai commencé le cycle des Rougon-Macquart en dépit du bon sens. Il faut dire que l'Éducation nationale s'est fait une spécialité d'étudier Zola en omettant en grande partie, et l'importance de la généalogie des Rougon-Macquart (ce qui est un comble), et la portée historique de l'oeuvre (autre bizarrerie) à des élèves trop jeunes qui, par ailleurs, ne sont pas du tout familier du Second Empire et de la Troisième République. Ne parlons pas du fait que les romans de Zola leur sont présentés, encore de nos jours, dans des éditions tronquées... Pour finir, donc, ce qui est devenue la spécialité première des cours de français des collèges, c'est de faire détester Zola aux ados.

Pour ma part, et par chance, malgré toute la bonne volonté qu'on y a mise, je n'ai pas ressenti ce terrible traumatisme. Toujours est-il qu'après une lecture expurgée de L'assommoir à 12 ans, je me suis remise à Zola des années plus tard avec Germinal, etc, etc. Après Nana, j'ai fini par me dire qu'il serait peut-être plus intéressant de prendre le cycle par le bon bout. Par le début, quoi. Parce que, si on trouve toujours de l'intérêt à lire ou relire l'oeuvre d'un auteur dans l'ordre chronologique, le cas Rougon-Macquart est un peu particulier. Avec cette série de romans, Zola présentait en parallèle l'histoire d'une famille et celle d'un État, tous deux atteints, de son point de vue, de dégénérescence. Sans compter que se repérer dans la généalogie de la famille Rougon-Macquart lorsqu'on lit les romans dans l'ordre relève déjà de la gageure, alors ne parlons pas de lire tout sens dessus-dessous. Et tout commence par La fortune des Rougon.

Et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'on est vite dans le bain, avec le coup d'État du 2 décembre 1851, et l'insurrection, peu connue, qui eut alors lieu dans le Var, pour tenter de contrer les projets du futur Napoléon III - projets qui allaient sonner le tocsin de la République. de même qu'on est rapidement mis au fait de l'histoire des principaux protagonistes. C'est d'Adélaïde Fouque, dite Tante Dide, que naîtra cette famille maudite. C'est donc d'elle, de cette femme trop sauvage, trop libre pour la société qui l'entoure, que viendra, naturellement, la fêlure initiale qui marquera toute sa descendance. Ses trois enfants, nés de deux pères différents, seront la plupart du temps laissés à eux-mêmes. Pierre (fils de Rougon) et Antoine (fils de Macquart), se laisseront aller à tous leurs penchants les plus vils - ce qui aura des conséquences fort néfastes sur les générations futures, tandis qu'Ursule (également fille de Macquart) tentera d'échapper à son sort en se mariant loin des siens. Mais le sort la rattrapera -Ursule est le premier des personnages atteints d'une pathologie et de symptômes physiques de faiblesse qui réapparaîtront bien souvent -, et, surtout, rattrapera ses enfants d'une manière encore plus funeste.

Dans un style plus sobre que celui celui de la curée, Au bonheur des dames ou Nana, pour ne citer qu'eux, loin des envolées baroques et des profusions de métaphores auxquelles ils nous habituera plus tard, Zola dresse à la fois le réquisitoire de l'Empire qui s'annonce et de la bourgeoisie aux appétits d'ogresse, de l'ambition alliée à la sournoiserie et à l'absence de scrupules, le tout porté par le bon sens sans faille de Félicité, épouse de Pierre Rougon, mère de famille mêlée à une très habile tacticienne. Félicité est un des rares personnages du clan des "affreux" qui puisse susciter de l'admiration, sans doute parce qu'elle est bien plus maligne que ses fils et son mari se l'imaginent (mais elle a de qui tenir...), mais surtout parce qu'elle semble la seule qui, bien que se réjouissant de l'accomplissement de leurs projets, porte en elle les remords de leurs actions communes. Quelques rares autres personnages des Rougon-Macquart, bien qu'ambitieux et peu scrupuleux, développeront comme elle quelque chose qui tient de l'ambivalence.

La fortune des Rougon, c'est aussi le roman des antagonismes sur lesquels s'appuie sans cesse Zola : aux calculs des Rougon pour accéder à l'argent et, surtout, au pouvoir, s'opposent l'élan vital et naturel, l'idéalisme et la naïveté d'Adélaïde, de Miette et de Silvère - Silvère qui ne comprend pas qu'il est manipulé par Macquart. Cet élan et cet idéalisme sont également ceux des insurgés du Var. C'est donc vers une destinée tragique que se dirigent les uns et les autres - car, on ne saurait assez le répéter, Les Rougon-Macquart ont été conçus par Zola comme un équivalent des tragédies grecques. Et c'est alors que la boucle est bouclée : les débordements des actions menées par ambition par la famille Rougon seront appréhendées par Félicité comme une tache indélébile : "Aristide, comme son père, comme sa mère, avait son cadavre", écrit Zola ; et les dernière phrases du roman sont particulièrement empreintes d'émotion. Au crime originel commis par le Président de la Seconde République répondent ceux commis par les Rougon... et sur lesquels ils assiéront leur fortune, au sens antique et métaphysique du terme.
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Premier volume du cycle des Rougon-Macquart, publié en 1871, la Fortune des Rougon se déroule à Plassans, ville imaginaire inspirée par Aix-en-Provence où vécut Zola. Ce premier volume sert d'introduction à l'oeuvre entière et pose les bases de la généalogie des personnages du cycle. Il se situe au moment du coup d'Etat le 2 décembre 1851, quand Napoléon III met fin à la IIe République et impose le Second Empire. La fortune de Rougon et de sa femme va naître du coup d'état.
Zola nous raconte " L Histoire naturelle et sociale d'une famille sous le second empire", et nous embarque dans un roman historique, un roman sur les moeurs provinciales, et ... un beau roman d'amour avec Silvère et Miette.

Ce que j'en ai pensé? Une plume magistrale, qui n'épargne personne, un livre très bien construit où l'auteur embarque le lecteur où il le souhaite et pour notre grand plaisir, un roman que je retrouvais avec impatience chaque soir... Si le contexte politique m'effrayait un peu au départ je me suis très vite rendue compte qu'il " passait bien". J'ai été agréablement surprise par les magnifiques passages, très romantiques et lyriques, sur les amours des deux jeunes Silvère et Miette. Les descriptions de paysage sont grandioses. Les moeurs décrites ? Rien de bien noble! Cupidité, volonté de puissance et de richesse par tous les moyens, tout cela est finalement bien sordide mais ne rebute pas le lecteur...

Vous l'avez compris, j'ai beaucoup aimé cette lecture, qui me conforte dans mon souhait de me plonger dans la littérature du 19 ème siècle, et j'ai hâte de poursuivre avec la Curée.
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Relecture du 2018-06-15
Mon avis m'a vraiment pas changé depuis ma première lecture... Je suis encore enthousiaste face à l'écriture majestueuse de cet auteur. Je rajouterai seulement que je crois avoir été encore plus touchée et émue par l'histoire de Silvère et Miette... Lire leurs premiers balbutiements et toute cette fougue amoureuse juvénile et innocente m'a donné des frissons... Et que mon coeur a saigné en lisant les dernières pages du chapitre 5... Une très belle et très forte relecture...

Eh bien ! Voilà... ma première lecture à vie de Zola est terminée... et j'ai été ravie ! Personne n'écrit plus comme ça aujourd'hui. Zola prend son temps et le lecteur apprécie. Une écriture sublime, fluide, toute en douceur, même s'il raconte les travers de l'être humaine, l'avidité et l'envie de pouvoir. Je suis heureuse d'avoir débuté par le premier de la série des Rougon-Macquart ; en préface, l'auteur le dit lui-même, voici les origines. Cette base solide me permettra, j'en suis certaine, d'apprécier encore les 19 autres tomes de cette saga.
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Premier festin, servi par Maître Zola pour nous régaler de sa saga des Rougon-Macquart.

Comme mise en bouche, on commence par un terrain vague, aux portes de Plassans, petite ville de Provence. Un ancien cimetière dont les ossements ont été déménagés, une pierre tombale oubliée où deux très jeunes amoureux, Silvère et Miette, se donnent rendez-vous en tout bien tout honneur.
En entrée donc, un bel amour, plein d'innocence, naïf et pur, mais avec tout de même une petite sauce qui risque d'être indigeste car elle renferme la fièvre toute républicaine du jeune Silvère alors que le coup d'État de Louis Napoléon Bonaparte se déroule pour enterrer cette République et faire triompher le Second Empire.

L'appétit aiguisé, nous passons aux différents plats servis sur des plateaux remplis de Rougon-Macquart avec une petite touche de Mouret. Là, il faut avoir l'estomac bien accroché pour déguster à leur juste valeur ces plats bien épicés ! Zola nous sert des caractères qu'il a bien fait mijoter pour en faire ressortir toutes les saveurs.
Des traits de paysan mal dégrossi, un cerveau fêlé, un museau de fouine, un visage doux et volontaire… les lois de l'hérédité sont surprenantes ! Mais surtout des tempéraments qui s'aiguisent dans les gènes pour donner un merveilleux cocktail familial avec des vices poussés à l'extrême. On y goûte alors la paresse haineuse, la convoitise, des instincts de domination, de la vanité, des sournoiseries, de la couardise calculée, un orgueil démesuré, des appétits pécuniaires féroces…Tous ces jolis traits de caractère afin de servir des ambitions bien effrayantes et surtout asseoir la fortune des Rougon.

Pour alléger tout ça, nous digérons avec quelques détails politiques et somnolons un peu avec les envolées lyriques sur les amours de Silvère et Miette car c'est tout de même Zola qui dirige le festin !

Et s'il vous reste encore une petite place, un dessert terriblement acide où triomphe l'infamie.

Bon appétit !
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Le plus frappant dans ce premier tome ça commence sur Sylvère et Miette et ça se boucle avec Sylvère et Miette...beaux tableaux qui nous éloignent un moment de tous les tracas des personnages farfelus cupides, arrivistes entre milieu du livre, ces deux tableaux forment en quelque sorte l'âme du livre, on est tenté de dire, il y avait trop d'amour de ce côté-ci, un amour dru sans appel de fortune, a fallu qu'il soit sacrifié pour que les Rougon décollent dans leur fortune, c'est sur ton sang que l'on bâtira l'empire...

C'est bien là la fondation d'une grande battisse littéraire, les jalons se posent astucieusement d'autant plus qu'on est à l'origine de la fortune des Rougon, on voit là se construire une épopée des parvenus, des arrivistes qui feront mouche dans la deuxième république, des gens partis de rien mais par le courage de leur turpitude, grands opportunistes vont faire parler d'eux.

Un livre aux multiples émotions annotant la rencontre des personnages déroutant d'une famille aux mille tourments commençant par la mère Rougon-Macquart qui transpose sa folie sur sa descendance mais cela atteindra chaque personnage à sa manière...

L'écriture est plaisante et même surprenante, la narration est d'une beauté à nous faire louer le génie d'Emile Zola, une description pointilleuse parfois sauvage des lieux comme des personnages, on s'y plait vraiment!
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Parvenue presque au bout des Rougon Macquart, je revisite avec un oeil beaucoup moins négatif ce premier tome fondateur, qui m'avait pour le moins déroutée et plutôt déplu au commencement de ma lecture, sans doute pour de mauvaises raisons, à commencer par le fait qu'en l'ouvrant j'en attendais quelque chose qui'il n'avait pas à offrir, et pour cause: dès le premier tome j'aurais voulu être plongée dans le Paris de la Curée et dans les méandres économico-politiques du second Empire.
Or nous sommes avec ce premier volet aux frontières de cet Empire, l'intrigue étant déportée à Plassans, aux origines du mal en quelque sorte, là où la malédiction de la lignée prend sa source et qui se développera de roman en roman à travers la dégénérescence des descendants, morale chez les Rougon, physique côté Macquart. Dans cette perspective, la destinée du jeune couple Sylvère - Miette, que j'avais trouvée mièvre à la lecture, prend tout son sens, de même que le choix du lieu et la perversion diabolique du couple Rougon.

La fortune des Rougon est donc bien, je le comprends sur le tard, une pierre fondamentale de l'édifice sur lequel la terrifiante Adélaide Fouque fera peser tout au long de la sage l'ombre de sa folie. Je prendrai plaisir à le relire une fois le dernier tome refermé, pour boucler la boucle de ce monument littéraire.
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