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Lectrices, lecteurs, bonjour !
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#lectureterminée : "La Fortune des Rougon", d'Emile Zola.

Dans les jours suivant le coup d'Etat du 2 décembre 1851, la vie des habitants de Plassans, ville du sud, est chamboulée. Entre les Bonapartistes, les Républicains et les Orléanistes, entre les exaltés et les ambitieux, les insurgés et les militaristes, entre ceux qui craignent de tout perdre et ceux qui espèrent gagner beaucoup, rien ne sera plus comme avant.
C'est le roman dit "des Origines", celui qui ouvre la série des Rougon-Macquart et installe la généalogie de ces familles. On y suit Rougon, lâche, avide et ambitieux, prêt à toutes les bassesses pour réussir, et son demi-frère Macquart, paresseux, hypocrite et dévoré par la jalousie, cherchant chacun à leur façon à tirer avantage des événements en cours, mais aussi Silvère, qui découvre que son amour pour Miette n'a d'égal que sa passion pour la République.
Ce roman, aussi magnifiquement écrit soit-il, n'est finalement qu'un prologue dans lequel il ne passe pas grand chose. L'auteur l'a d'ailleurs nommé dans son plan général "roman initial", sans plus de précisions, comme un volume sans véritable nature mais nécessaire à tout le reste : on place les lieux et les personnages, de manière parfois un peu longue et traînante, comme les 40 premières pages pour décrire un terrain vague, ou les 70 pages de flashback narrant l'histoire d'amour de Silvère et Miette. À réserver aux lecteurs aguerris, donc !
Mais, cependant, tout est tellement bien raconté que l'on a véritablement l'impression d'avoir habité à Plassans, là-bas avec eux, et d'avoir ressenti ce que chaque personnage a vécu. En fait, à la fin, on a qu'une envie : ouvrir le livre suivant :-)

-Edouard Jhil-
"Lisez ce que vous voulez, mais lisez !"
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Genèse d'une saga que j'ai découverte en faisant ma rebelle, avec quelques tomes lus au hasard sans souci de chronologie. Fini le papillonnage! Happée par la prose et les conventions, j'ai décidé de m'y mettre sérieusement, et dans l'ordre s'il vous plait! Voilà donc les aïeux, ceux par qui tout commence, en dignes rats de labo des ravages de l'hérédité naturelle et du milieu social sous la plume de Zola: en particulier Pierre Rougon et Antoine Maquart, demi-frères, fils et petits-fils de gens qui ne tournent pas rond, à ce détail près qu'Antoine cumule aussi la bâtardise et le père alcoolique, histoire de bien démarrer dans la vie. Et bien sûr toute leur marmaille respective, sournoise, avide, fainéante, vicieuse, avec quelques bons gars par-ci par-là qui font figure de moutons noirs. Un beau tableau de famille. Mais comme un livret de famille ne remplit pas un roman de 500 pages, Zola place ses personnages au moment de la révolution de 1848, date à laquelle deux générations de Rougon-Maquart sont à l'affût de la fortune par tous les moyens. Selon les caractères, ça s'insurge ou ça profite éhontément de la situation, ça présente de grandes vertus ou ça n'est que vices de petits hommes. Les gens, la période, la vie: tout est gris et triste chez Zola. Alors, pour adoucir avant le coup de grâce, il nous offre quand-même l'idylle bien mignonne de deux jolies âmes. J'ai beau avoir aimé le traitement des personnages et la manière qu'a l'auteur de mettre directement les pieds dans le plat en termes d'injustice sociale, ce tome ne figurera pas parmi mes préférés, mais reste nécessaire pour ancrer le reste de la série.
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Je referme ce roman, surprise d'avoir autant aimé la plume de Zola, dans mes souvenirs c'était plutôt lourd et lent mais là je me suis laissée porter par le début de cette grande saga familiale.

Il faut reconnaitre que les descriptions sont longues mais tellement bien écrites ! On se croirait dans cette campagne de Provence.

On se retrouve parmi une famille gangrénée par l'envie, la jalousie, le désir de pouvoir, avec des destins tragiques, des personnages détestables au possible. J'ai beaucoup aimé l'histoire de Sylvère et Miette.
Zola pose dans ce tome les fondations, j'ai aimé découvrir la "base" de cette famille on verra si j'apprécie autant la suite.

Bémol cependant sur la partie plus "politique" que j'ai moins aimé et la dernière partie que j'ai trouvée particulièrement lente.
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Tout commence et finit, dans ce premier épisode des Rougon Macquart, par un cimetière abandonné, celui de Plassans, au milieu des crânes qui affleurent la terre, entre les stères de bois d'une scierie qui désormais occupe les lieux.
De manière presque similaire, tout commence et finit, dans cette saga de 20 tomes, par l'enterrement d'une république suivi de l'intermède historique du Second Empire, de sa naissance à sa mort, "du guet-apens du coup d'état à la trahison de Sedan".

Zola va sabrer l'époque et ceux qui la conduisent d'une plume virulente et inspirée. "... mon oeuvre...[ ]...s'agite dans un cercle fini; elle devient le tableau d'un règne mort, d'une étrange époque de folie et de honte." .
Mais au delà de la simple chronique historique sous le feu de la mitraille des mots, c'est aussi à l'oeuvre le profil d'une famille, légitime et bâtarde, à l'épreuve de deux gènes, arrivisme et alcool, qui la mordent au fil des générations. "L'hérédité a ses lois, comme la pesanteur".

Épisode inaugural de la série, "La Fortune des Rougon doit s'appeler de son titre scientifique: Les Origines" nous fait remarquer Zola. Cet apéritif est un tout romanesque, le début et l'épilogue d'une intrigue pleine et entière, les tranches de vie en éternel refrain de qui va mourir et de qui va tirer profit. Mais c'est aussi la présentation d'une faune familiale hétéroclite dont les membres à des degrés divers, récurrents épisodiques ou de premier plan en one-shot, vont peupler la série. C'est un état des lieux, un catalogue humain, un arbre généalogique succinct, un échantillonnage représentatif calculé. Chaque personnage, dans l'ébauche succincte de son caractère, offre un avant-goût des situations sociales dans lesquelles il va agir ou subir. Zola alors, en temps utile, au coeur de thèmes resserrés se fera diable dans les détails de ce qu'il nous montre et dénonce. Les visages entrevus dans "La fortune", peu à peu, au gré des secousses de l'histoire sociale en cours, vont dévoiler leurs forces ou leur mollesse sous l'empreinte couplée de l'ambition et de l'alcool. de la fortune à la misère, des gagnants aux perdants, des saints hommes aux hauts vérolés à la curée des failles du système politique. Venez faire première connaissance avec ceux à venir au fil des tomes: les gredins endimanchés et bien mis sur eux, à la traîne de menées politiques malsaines, d'économie véreuse; les miséreux qui vont mourir pour que tout change enfin, les perdants mous par trop de naïveté.

Les méchants à l'oeuvre dans "La Fortune", Pierre et Félicité, vont vous dégoûter et mériteront la haine qu'ils vont vous inspirer. D'autres suivront, n'ayez crainte; les ordures, tragiques et lâches gredins, sont légion à Plassans. C'est une petite ville provinciale qui va subir la transition de la République vers l'Empire via le coup d'état bonapartiste. Zola montre les dents, mord dans la chair putride de qui profite et se rend complice sans trop se montrer, si ce n'est juste ce qu'il faut.

Sylvère et Miette, à contrario, ne feront hélas qu'un petit tour tragique et s'en iront. Ils n'en resteront pas moins dans les mémoires de qui a lu ou lira. C'est un arc-en-ciel dans la noirceur hivernale du lugubre cimetière de Plassans.

Manichéen, Zola..? le pouvoir et la fortune sur un plateau de la balance, la misère sur l'autre..? Pas si tranché que çà, en fait. l'auteur mord dans les deux mondes qu'il nous présente, dans les jarrets de la malchance sociale, de l'arrivisme parvenu et le dédain de ceux déjà en place. Antoine Macquart, de la branche bâtarde pauvre, se voit tailler un joli costard en ciment armé qui préfigure celui de Lantier dans "L'assommoir".

"La Fortune" n'a pas la force du dernier cité ou de "Germinal", ce n'est pas son but, il ne pouvait en être autrement, le propos étant ailleurs. Zola y prépare son lecteur par un état des lieux. Je n'y ai pas puisé déception mais la certitude que commencer le cycle par cet épisode est une nécessité, mais pas une obligation pour qui ne veut ne veut pas s'attarder sur une masse aussi énorme mais simplement en avoir une idée. N'empêche, "La curée" m'attend et je ne m'y soustrairai pas.

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Entre épopée historique et naissance d’un cycle familial génial, « La Fortune des Rougon » nous met en présence des origines de la longue histoire des Rougon-Macquart. 1851, date choisie par Zola pour poser ses fondations, se révèle comme l’année charnière, celle qui laisse entrevoir un récit qui se fera à la fois roman historique et fresque familiale, celle qui nous fait passer du tragique à la farce, invariablement.

En 1851, la vie politique en France est divisée entre les conservateurs, les bonapartistes et les Républicains. La Deuxième République a du mal à s’imposer face à une assemblée en majorité conservatrice et Louis Napoléon Bonaparte, Président de la République, profite de ces dissensions pour lancer son coup d’Etat le 2 décembre. En effet, alors qu’il se trouvait en fin de mandat et dans l’impossibilité de se voir réélu, Bonaparte réussit à conserver le pouvoir par cet acte de force. C’est dans ce contexte historique, dans la petite ville de Plassans située dans le Sud de la France, que nous découvrons alors l’histoire de Tante Dide et de ses descendants. Comme de nombreuses autres petites villes de province réagissant au coup d'Etat, Plassans va être le cadre de l'affrontement entre les insurgés républicains souhaitant sauver la République et la garde nationale. Pierre Rougon, fils légitime de Tante Dide, et Antoine Macquart, le fils né de ses amours avec son amant Eustache Machart, sont les deux protagonistes principaux du roman. Ambitieux, calculateurs, envieux et haineux, les demi-frères cultivent une rivalité sans scrupule dont les autres personnages – innocents – vont faire les frais. Ces innocents, ce sont Miette et Silvère, deux enfants orphelins épris de liberté, d’égalité et d’amour. Leur histoire, dès le début teintée d’un sentiment nostalgique et funèbre, nous laisse entrevoir le pire. Gravitent ensuite autour d’eux tous ceux qui feront la lignée des Rougon-Macquart. Zola, à travers quelques descriptions, nous présente déjà les hommes et les femmes qui peupleront par la suite le cycle familial bien connu.

Ainsi, à travers la description de la conquête de la France par les bonapartistes ambitieux et le premier épisode d’une longue histoire familiale, Zola nous enchante par son style à la fois épique et romanesque. Je n’avais pas lu Zola depuis le lycée (Germinal, Au Bonheur des dames…) et avec ce tome, j’ai retrouvé tout ce qui m’avait plu à l’époque. Ses personnages plus vrais que nature restent d’une actualité percutante, les destins tragiques qu’il nous décrits sont des plus émouvants, le contexte historique est précis sans être lourd, et enfin son style reste d’une beauté et d’une modernité à couper le souffle. Je l’avais déjà ressenti à l’époque mais je le redécouvre à nouveau : Zola est éternel.
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Avec les Rougon Macquart Zola souhaite tout à la fois présenter une famille sur plusieurs générations en y faisant jouer les mécanismes de l'hérédité qu'il a étudiés dans le Traité de l'hérédité naturelle du docteur Lucas entre autres lectures préparatoires, et le Second Empire, période choisie par l'auteur comme cadre car elle est favorable aux débordements.
Dans ce premier volume nous faisons connaissance avec les prémices de l'une et de l'autre.
Pour la famille l'ancêtre c'est Adélaïde Fouque qui va créer deux branches, l'une légitime qui partira de son premier né Pierre, et après la mort de son mari, la bâtarde, les Macquart avec d'une part Antoine d'où sortira la descendance la plus marquée par la déchéance et d'autre part celle issue d'Ursule les Mouret dans laquelle le malheur sera un peu atténué. Non pas que la descendance Rougon soit exempte de toute tare. Il est clair que dès le début le ver est dans le fruit. Adélaïde a hérité de la folie de son père, et ne s'est jamais elle-même selon ses contemporains, conduite d'une façon raisonnable. A cette faiblesse psychologique va s'ajouter pour ses deuxième et troisième enfants l'alcoolisme du père.
Quant au Second Empire il naît dans le coup d'état du 2 décembre 1851.
L'auteur passe ici d'un chapitre à l'autre, de la genèse de la famille à celle du régime politique.
Ouverture sur la réaction des républicains autour de Plassans à l'annonce du coup d'état. Puis « préhistoire » de la famille depuis la naissance d'Adélaïde Fouquet en 1768. Cette origine au coeur du 18ème siècle était indispensable pour qu'au début du Second Empire un certain nombre de protagonistes soient déjà nés. L'ensemble des 2ème et 3ème générations et plusieurs membres de la 4ème, encore enfant.
Et ces deux origines se rejoignent dans la personne de Silvère, petit-fils d'Adélaïde. Avec son amie Miette il se mêle aux républicains. Silvère que l'on ne retrouvera pas et pour cause dans les volumes suivants.
Je ne regrette pas d'avoir lu les tomes dans l'ordre où ils ont paru. Ce récit des origines permet de mieux apprécier les suivants.
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Sous l'ère de notre dernier président, la notion du « gène de la criminalité » avait fait frémir d'horreur une grande partie de l'opinion publique. En aurait-il été de même si nous avions rappelé ces mots écrits par Emile Zola lui-même pour justifier la construction de sa fresque des Rougon-Macquart ?


« L'hérédité régit la disposition à toutes les passions. Hérédité du penchant à l'ivrognerie : amenant la folie. Hérédité de la passion sexuelle […]. Hérédité des propensions aux crimes […]. Hérédité des penchants au viol […]. Un roman à faire (roman criminaliste). »


C'est avec la perspective de démontrer ce point de vue que commencent les aventures de cette lignée. Dans les justifications théoriques que fournit également Emile Zola, on relèvera la volonté de mêler la grande Histoire et les petites histoires, afin de révéler la subordination complète de ces dernières à la première. On pense parfois à Guerre et Paix de Tolstoï, que cet aspect de la destinée personnelle et familiale fascinait de la même façon, et que tous deux ont approché avec la curiosité méfiante d'historiens à tendance sociologisante. Mais Guerre et Paix, malgré ses mille pages, ne parvient pas à égaler en quantité l'abondance des considérations d'Emile Zola dans cette série de vingt romans.


Ce premier volume de la Fortune des Rougon est considéré comme le livre d'exposition de la grande oeuvre des Rougon-Macquart. Au théâtre, on trouve à peu près la même chose avec la scène d'exposition qui permet d'introduire et de présenter les lieux ainsi que les personnages. Petite nuance toutefois puisque si, dans le théâtre, quelques pagess permettent de régler l'affaire, avec Emile Zola, il en faudra au minimum quelques centaines. Pour considérer une lignée de manière réaliste, il faut du recul. Il est donc nécessaire de prendre en considération un arbre généalogique ramifié : plus celui-ci comportera d'individus, plus la représentation gagnera en pertinence –tout du moins Emile Zola en est-il persuadé. Cette perspective est terrifiante pour tout lecteur qui aurait un esprit synthétique. Ici, il faut s'accrocher fermement et dès leurs premières apparitions aux noms des personnages sous risque de perdre pied très rapidement. Heureusement, Emile Zola fait montre de compassion et introduit progressivement les éléments moteurs de son histoire (mais peut-être devrait-on plutôt écrire « Histoire »).


Nous découvrirons donc, petit à petit, la branche des Rougon avec Eugène, Pascal, Aristide, Adélaïde –entre autres multiples individus. Nous apprendrons à connaître les rapports qui les unissent les uns les autres et les conditions de vie qui ont permis à leur personnalité de se développer puis de s'affirmer. Emile Zola détient l'art de composer des portraits fulgurants qui unissent physionomie et caractère d'une manière simplificatrice mais d'une efficacité éblouissante. le goût pour l'observation est aiguisé, et se double d'un intérêt avide pour l'infini des variations qui frappent de leur sceau la personnalité de chaque individu. Il s'y mêle également le plaisir littéraire qui fait varier les métaphores sous les tons de l'ironie, du tragique ou du burlesque :


« Un ancien marchand d'amandes, membre du conseil municipal, M. Isidore Granoux, était comme le chef de ce groupe. Sa bouche en bec de lièvre, fendue à cinq ou six centimètres du nez, ses yeux ronds, son air à la fois satisfait et ahuri, le faisaient ressembler à une oie grasse qui digère dans la salutaire crainte du cuisinier. »


Le plaisir purement littéraire recouvre de loin les considérations sociologiques d'Emile Zola. Les analyses des situations politique et historique sont subordonnées aux personnages et ne servent qu'à affirmer leurs tendances naturelles, des meilleures aux plus déplorables. Emile Zola n'est pas un moraliste et ne semble pas vouloir orienter ses personnages dans une quelconque direction vertueuse. Comme il le dit lui-même, « les hommes seront toujours des hommes, des animaux bons ou mauvais selon les circonstances », et ces circonstances étant imprévisibles, la direction qu'empruntent ses personnages le sont tout autant.


Qu'il serait bon, ainsi, de se passionner pour l'existence des membres de cette lignée. Malheureusement, Emile Zola a vu trop grand. Lorsqu'en un seul volume, des dizaines de personnages, sur plusieurs générations, défilent les uns derrière les autres, comment est-il possible de se prendre d'intérêt pour un seul d'entre eux ? A peine a-t-on le temps de les apercevoir qu'un évènement ou qu'un nouvel individu les éclipse sur le derrière de la scène, les reléguant pour plus tard, et leur réservant une réapparition que nous n'attendions plus. Dans la durée, leur personnalité aura eu le temps de s'estomper dans notre mémoire et semblera moins digne d'intérêt.


Si ce premier volume de la série ne nous permettra pas encore de comprendre toutes les subtilités du 19e siècle français qu'Emile Zola cherche à nous décrire, le pouvoir omniscient qu'il nous offre en tant que lecteurs, nous plaçant au-dessus de ses personnages tel Dieu le Père, nous donnera davantage l'occasion de comprendre l'indifférence de ce dernier quant aux frasques de ses sujets. Au-delà d'un certain nombre, même les êtres humains finissent par devenir aussi peu différenciés que des grains de sable –à première vue tout du moins.
Lien : http://colimasson.over-blog...
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Tout commence à Plassans, dans un cimetière… Avec déjà une affolante maîtrise de son style, Zola va composer une fresque sentimentale et sociale dont chaque page sera un pur plaisir de lecture. D'un côté, nous avons un couple aigri et arriviste, lorgnant sur la fortune des bourgeois et pestant sans cesse sur leur sort, qui va se servir du renversement politique national pour se frayer un chemin dans les eaux troubles de la politique. de l'autre un très jeune couple, Miette et Silvère, dont la rencontre va donner lieu à des scènes d'une beauté poétique et romantique absolument sublime. On découvre alors un Zola qu'on imaginait pas aussi versé dans le royaume du conte et de la tendresse. La naissance de l'amour et la révélation des sens de ces jeunes personnes sont décrites en convoquant la puissance secrète de la nature, en irriguant les lieux de rencontre d'une aura quasi surnaturelle. On le savait déjà, mais ce roman prouve encore une fois que Zola, avec Proust, Hugo, Maupassant (et quelques autres) est l'un des plus grands écrivains français dont la qualité d'écriture reste intacte.

Évidemment, Zola, avec son humour noir et son sens merveilleux du grotesque, va également nous plonger au coeur de l'humain, en révélant le pire qu'il puisse imaginer. On reste effaré devant tant de malveillance et de faux-semblants de la part de toutes ces personnes qui tentent par tous les moyens de gravir l'échelon sociale, même si cela doit coûter la vie à des membres de leur famille. L'écrivain nous offre là un véritable festival (l'assaut de la mairie est un moment d'anthologie) du médiocre, et nous ne pouvons que sourire en grinçant des dents devant tant d'infamie !

- critique complète sur mon blog-

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En lisant ce roman ,la Fortune des Rougon ,sa lec ture nous laisse entrevoir trois
plans différents :
1/ Une belle et tragique histoire d 'amour ( idylle ) entre Miette et Silvère .
2/Les origines de l 'histoire d' une famille tarée : Les Rougon-Macquart .
3/Une partie du livre est consacrée aux insurgés durant quelques journées de
décembre 1851 dans le Var et surtout le coup d 'Etat de Louis-Napeléon Bonaparte .
pour s 'emparer du pouvoir de manière autoritaire .
Donc La Fortune des Rougon est le premier roman d 'une longue série consacrée
aux Rougon-Macquart .C 'est le roman des origines .Et pour parler de ces origines ,
du contexte social et historique , je crois l 'auteur de l' oeuvre ,Emile Zola ,est mieux
placé que quiconque pour parler de son oeuvre :
-"Je veux expliquer comment une famille ,un petit groupe ,d 'êtres , se comporte
dans une société ,en s' épanouissant pour donner naissance à dix ,à vingt individus qui paraissent ,au premier coup d 'oeil ,profondément dissemblables,mais que l 'analyse montre intimement liés lesuns aux autres .
L 'héridité a ses lois ,comme la pesanteur .
-"Je tâcherai de trouver et de suivre ,en résolvant la double question des
tempéraments et des milieux ,le fil qui conduit mathématiquement d 'un homme
à un autre homme .Et quand je tiendrais tous les fils ,quand j 'aurais entre les
mains tout un groupe social ,je ferai voir ce groupe ,à l'oeuvre comme acteur
d'une époque historique ,je créerai agissant dans la complexité de ses efforts ,
j 'analyserai à la fois la somme de volonté de chacun de ses membres et la
poussée générale de l 'ensemble .Les Rougon-Macquart ,le groupe ,la famille que
je me propose d 'étudier a pour caractéristique le débordement des appétits ,le large soulèvement de notre âge ,qui se rue aux jouissances .Physiologiquement ,
ils sont la lente succession des accidents nerveux et sanguins qui se déclarent
dans une race ,à la suite d 'une première lésion organique ,et qui déterminent
,selon les milieux ,chez chacun des individus de cette race ,les sentiments ,les désirs ,les passions ,toutes les manifestations humaines ,naturelles et instectives
dont les produits prennent les noms convenus de vertus et de vice .
Historiquement ,ils partent du peuple ,ils s 'irradient dans toute la société
contemporaine ,ils montrent à toutes les situations ,par cette impulsion essentiellement moderne que reçoivent les basses classes en marche à travers
le corps social ,et ils racontent ainsi le second Empire à l 'aide de leurs drames
individuels ,du guet-apens du coup d ' Etat à la trahison de Sedan .
" Depuis trois années ,je rassemblais les documents de ce grand ouvrage , et le
présent volume était même écrit ,lorsque la chute des Bonaparte ,dont j 'avais
besoin comme artiste ,et que toujours je trouvais fatalement au bout du drame ,sans oser l é espérer si prochaine ,est venue me donner le dénouement terrible et
nécessaire de mon oeuvre .Celle-ci est,dès aujourd'hui,complète ;elle s 'agite dans un cercle fini ;elle devient le tableau d'un régne mort ,d 'une étrange époque
de folie et de honte .
Cette oeuvre ,qui formera plusieurs épisodes ,est donc , dans ma pensée ,l'histoire naturelle et sociale d 'une famille sous le second Empire .Et le premier
épisode : la Fortune des Rougon ,doit s 'appeler de son titre scientifique :les Origines ."".Emile Zola
Paris le 1er juillet 1871
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La fortune des Rougon est le premier volume de la série Les Rougon-Macquart. Il se déroule dans la ville fictive de Plassans, inspirée d'Aix-en-Provence, où Zola a passé une partie de sa jeunesse, et de Lorgues, dans le Var, où se sont déroulés en décembre 1851 les événements insurrectionnels décrits dans le roman.

Comme Emile Zola l'explique dans sa préface, il s'agit du roman des origines en ce sens qu'il marque le début de la généalogie des Rougon-Macquart. Celle-ci démarre avec Adélaïde Fouque, née en 1768, qui épouse un certain Rougon avec qui elle a un fils, Pierre Rougon. À la mort prématurée de son mari, elle vit en concubinage avec Macquart qui lui donne deux enfants : Ursule et Antoine. le père meurt lui aussi rapidement et Adélaïde terminera sa vie dans la solitude. Ses trois enfants donnent toutefois naissance aux trois branches de la famille qui seront suivies tout au long de la série de vingt romans qu'écrira Zola entre 1871 et 1893 ; il s'agit des Rougon, chez qui prédominent l'appât du gain et l'appétit du pouvoir, des Macquart, où l'on retrouve la fragilité mentale de l'aïeule et l'alcoolisme du père, et des Mouret (issus du mariage d'Ursule Macquart), branche où se retrouvera tantôt les caractéristiques des Rougon, tantôt celles des Macquart.

Rappelons aussi que le propos de Zola dans sa série des Rougon-Macquart est de proposer une Histoire naturelle et sociale d'une famille sous le Second Empire. La fortune des Rougon correspond comme il se doit aux débuts de ce système constitutionnel, et dont l'acte fondateur est le coup d'État du 2 décembre 1851. On en connaît les répercussions au niveau national, en l'occurrence un régime autoritaire dirigé d'une main de fer par Napoléon III, jusqu'à la débâcle de 1870 face aux prussiens. Au niveau local, c'est l'occasion pour les Rougon de s'emparer du pouvoir politique à Plassans, et ce en quelques jours seulement. le romanesque du récit est complété par ailleurs par une histoire d'amour entre Silvère Mouret, fils d'Ursule, et Miette, fille d'un braconnier condamné aux galères.

S'inspirant de la Comédie humaine d'Honoré de BALZAC, Emile Zola donnait alors naissance au naturalisme, mouvement littéraire fortement mâtiné des observations de ce que l'on appellerait aujourd'hui les sciences sociales. L'idée est alors de montrer la société telle qu'elle est et de tenter une mesure objective des réalités humaines dans un tel contexte. Tant de ce point de vue que de celui de ses qualités strictement romanesques, La fortune des Rougon n'est certainement pas le roman le plus marquant de la série ; on regrettera en particulier le fait que le coup d'état semble noyé dans la masse de détails historiques concernant la descendance d'Adélaïde Fouque ; on regrettera aussi le caractère artificiel de l'histoire d'amour entre Silvère et Miette, ce qui ne retire rien à sa beauté tragique. Néanmoins le roman est une introduction indispensable pour qui veut appréhender une oeuvre sans sa globalité, soit parce qu'elle est depuis longtemps entrée dans le patrimoine mondial de la littérature, soit parce que, quoi qu'on en dise, elle demeure aujourd'hui d'une lecture aussi plaisante qu'intéressante.
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