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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Pot-Bouille est le dixième roman de la célèbre série des Rougon Macquart. Il est porté par une double ambition narrative : plonger le lecteur dans le quotidien d'un immeuble bourgeois du XIXème siècle et proposer un roman d'apprentissage (moins abouti à mon sens).

Octave Mouret, sorte de Rastignac aux petits pieds porté sur la gente féminine, quitte Plassans pour rejoindre la capitale où des amis de ses parents l'accueillent et lui trouvent un emploi. le jeune homme, avide de succès, cherche avant tout à séduire les femmes. Il se trouve rapidement confronté à la vie de l'immeuble dans lequel il a élu domicile, qui constitue une micro-société où familles bourgeoises et domestiques cohabitent. Au fil de ses minables aventures et de la découverte des différents locataires de l'immeuble, on découvre que derrière le luxe, les raffinements et les sourires de façade se cachent bon nombres de noirceurs, de mensonges et de mesquineries…

On parle le plus souvent des livres de Zola comme des romans naturalistes, lui même d'ailleurs sous-titre sa saga des Rougon Macquart comme ‘'une histoire naturelle et sociale d'une famille sous le Second Empire''. On ne peut nier cette ambition et, là encore dans cet opus, vous pourrez lire une description sociologique extrêmement riche et précise de la vie d'un immeuble haussmannien au XIXème.
Mais il m'a toujours semblé qu'à côté ou au delà de ce parti-pris affiché, l'ambition de Zola était surtout de débusquer et mettre en lumière la veulerie de l'âme humaine, sujet bien plus intemporel et puissant et qui fait aujourd'hui encore toute la force de ses récits. Il n'y a souvent pas grand monde à sauver dans les livres de l'auteur, chacun portant de façon plus ou moins affichée un masque de laideur. Et bien nous y sommes en plein ici! Derrière les escaliers rutilants, derrière les portes en bois vernis, derrière les habits soignés se cachent des hommes et des femmes médiocres et détestables. Bien sûr, certains personnages dans ce récit qui en fourmille (un immeuble entier, ça fait du monde!) peuvent s'avérer quelques fois touchant et moins antipathiques, mais tous portent en eux quelque chose de méprisable. Bourgeois ou serviteur, homme ou femme, jeune ou vieux, au final chez Zola, l'homme est toujours le même et son portrait est loin d'être avenant !

Ce livre m'est apparu moins frontalement féroce que certaines de mes lectures passées ( l'Assommoir, Nana, la Fortune des Rougon, l'Oeuvre...) Mais le regard de l'auteur n'en est pas moins acerbe, bien au contraire. En jouant moins de l'excès, de la caricature et du grandiloquent, il en devient peut-être plus puissant car plus juste. Dans la succession de petites mesquineries, de cupidité, d'adultères, de tricheries, de mensonges, de bassesses, c'est nos travers les plus noirs que Zola dissèque avec la précision et la dextérité d'un orfèvre confectionnant un collier de perles noires, très noires.

Le genre humain ne sort pas grandi de cette visite rue de Choiseul. Pot-Bouille signifiait au XIXème cuisine des ménages. Ici le plat servi par l'auteur a des relents bien rances. A conseiller à tous les grands misanthropes! Aux autres, attention ici, point de salut !

Tom la Patate

Lien : http://coincescheznous.unblo..
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Introversion sur une vie de façade.

Familles et déboires, regards et médisances ou bien charmes et concubinages ?

Tous s'observent, se jaugent , se croisent et se saluent comme l'éducation des anciens la appris.

Petits rendez vous, échanges de paliers et indiscrétions d'escaliers.

Prenons garde de ne pas manquer la dernière marque au chapitre suivant.

A lire avec rétroaction sur une société d'hier si ressemblante de celle d'aujourd'hui.
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Du grand Zola, à coup sûr l'un de ceux que j'ai préférés. La description de la vie dans cette grande maison où se cotoient une dizaine de familles de locataires est un pur moment de jubilation tant l'auteur parvient à débusquer, sous le faux marbre de l'entrée et les tapis du grand escalier, les turpitudes et autres mesquineries de cette bourgeoisie calculatrice et intéressée de la fin du XIX ème. Les rapports entre les personnages, les bonnes, le concierge (digne du Pipelet des Mystères de Paris !) sont autant d'illustrations de la médiocrité du genre humain. Mme Josserand notamment cumule tous les défauts, sans que jamais n'apparaisse la mondre esquisse de qualité. Piètre idée que se fasait donc Zola du genre humain, dont il se désole à l'évidence dans ce livre, sans doute plus que dans tous les autres.
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Émile François Zola (1840-1902) écrivain et journaliste, est considéré comme le chef de file du naturalisme. C'est l'un des romanciers français les plus populaires, l'un des plus publiés, traduits et commentés au monde. Sur le plan littéraire, il est principalement connu pour Les Rougon-Macquart, fresque romanesque en vingt volumes dépeignant la société française sous le Second Empire et qui met en scène la trajectoire de la famille Rougon-Macquart à travers ses différentes générations. Les dernières années de sa vie sont marquées par son engagement dans l'affaire Dreyfus avec la publication en janvier 1898, dans le quotidien L'Aurore, de l'article intitulé « J'Accuse…! » qui lui a valu un procès pour diffamation et un exil à Londres. le roman Pot-Bouille publié en 1882 est le dixième de la série Les Rougon-Macquart.
Dans les notes et variantes de l'édition de la Pléiade, on peut lire que le terme pot-bouille désignait dans la langue populaire du XIXe siècle, la cuisine ordinaire des ménages. Par extension, Emile Zola en a fait « la marmite où mijotent toutes les pourritures de la famille et tous les relâchements de la morale.» le ton de l'ouvrage est donné !
Octave Mouret, jeune homme monté de Marseille à Paris, loge chez les Campardon des amis de sa famille (Achille architecte, Rose sa femme et Angèle la fille adolescente) qui lui ont trouvé un emploi chez les Hédouin (Charles et Caroline) lesquels dirigent le petit magasin Au Bonheur des Dames. A peine installé, Octave qui ne manque pas d'ambitions, cherche une femme à conquérir pour faire son entrée dans le monde.
Il tentera sa chance avec Valérie Vabre, femme névrosée de Théophile Vabre, le second fils du propriétaire de l'immeuble, puis avec Marie Pichon une petite femme simple et discrète épouse de Jules, employé au ministère. Mais sa grande affaire aura lieu avec Caroline Hédouin. D'abord repoussé, Octave par dépit quitte sa place au magasin et s'installe chez Berthe et Auguste Vabre, fils aîné du propriétaire. Il séduira Berthe un temps, mais quand le roman s'achève deux ans après son arrivée à Paris, Octave épouse Caroline Hédouin, devenue veuve entretemps. Un mariage de raison qui arrange Caroline, elle a besoin d'un homme pour la seconder dans la gestion du magasin, mais qui n'est pas une mauvaise affaire pour Octave qui pourra développer ses idées de management et faire du Bonheur des Dames l'ancêtre de nos Grands Magasins et le sujet du roman suivant de l'écrivain.
Si Octave est le personnage principal, l'immeuble de la rue de Choiseul où se déroule l'intrigue, est une vaste ruche que Zola examine à la loupe, tel un Jean-Henri Fabre et le lecteur se régale. Comme chez les abeilles chacun a sa place et son rôle, du concierge qui prend de grands airs et le parti des locataires bourgeois contre la valetaille et le petit monde des bonnes qui vivent une vie à part en parallèle.
Une fois encore Zola oppose les deux mondes. Les bourgeois qui misent tout sur les apparences et les convenances, n'ayant que le mot « moralité » à la bouche mais qui en fait passent leur temps en turpitudes en tout genre ; les hommes trompent leurs femmes, les femmes cherchent des maris fortunés pour leurs filles. Tant que les choses se passent discrètement, l'hypocrisie est acceptée dans les beaux étages. de leur côté les bonnes, exploitées et corvéables à merci, sont au courant de toutes les magouilles de leurs maîtres et s'en gaussent dans leur dos ; elles vivent dans de misérables chambres sous les toits et leur royaume, la cuisine du logement de leur patron donne sur une cour intérieure où elles s'interpellent les unes les autres, s'échangeant les potins et les insultes.
Emile Zola ouvre des portes qui devaient restées closes, met le nez du lecteur dans des pots nauséabonds et prouve à tous que ce beau monde bourgeois n'est guère reluisant, marqué du vice et de la mesquinerie. Dire que ce roman est à lire est une évidence.
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La rue de Choiseul est le cadre de l'histoire.
Octave Mouret vient y loger dans un immeuble de quatre niveaux,
La maison est tout à fait bien, habitée rien que par des gens comme il faut : les ménages Vabres, enfants du propriétaire ; Duveyrier, conseiller à la Cour d'appel ; Mme Juzeur, une petite femme bien malheureuse ; un monsieur très distingué qui ne vient qu'une fois par semaine ; Les Josserand, père caissier avec deux filles à marier ; les Pichon, petit ménage d'employés, mais d'une éducation parfaite. Tout en haut, l'étage des bonnes, tout en bas le concierge, ancien valet de chambre d'un duc. Seule tache, un monsieur qui fait des livres, qu'on ne voit pas, que personne ne connaît.
La trame du roman ce sont les deux filles à marier des Josserand. le père bonace et la mère infernale qui ne vit que dans cet objectif. On se rend compte qu'à l'époque, une fille n'est qu'un poids mort dans une famille.

Quant à Octave il parvient à séduire (nécessité aidant) madame Hédouin la propriétaire d'un magasin qui cherche à s'agrandir. le Bonheur des Dames est en train de naître !

C'est doute le "Rougon-Macquart" qui m'a le moins plu ce qui parait anachronique vu l'accueil très favorable réservé par l'ensemble des lecteurs



Les personnages

Adèle
Amélie
Bachelard (Narcisse)
Bachelard père
Bernheim (Les Frères)
Bocquet (Clarisse)
Bocquet (Mme)
Bonnaud
Campardon (Achille)
Campardon (Angèle)
Campardon (Rose) = Domergue (Rose)
Chassagne (Docteur)
Chavignat
Clémence
Dambreville
Dambreville (Mme)
Dambreville (Raymonde)
Desmarquay
Domergue
Domergue (Mme)
Duveyrier (Alphonse)
Duveyrier (Clotide) =Vabre (Clotilde)
Duveyrier (Gustave)
Eugénie
Fifi
Françoise
Gasparine
Gourd
Gourd (Mme)
Gueulin
Hédouin (Charles)
Hippolyte
Josserand
Josserand (Berthe)
Josserand (Éléonore) = Bachelard (Éléonore)
Josserand (Hortense)
Josserand (Léon)
Josserand (Père)
Josserand (Saturnin)
Juillerat
Julie
Juzeur (Mme)
Lisa
Louhette
Louhette (Mme)
Louise
Mardienne Frères
Mauduit (Abbé)
Menu (Mlle)
Mouret (Octave)
Payan
Pérou (La Mère)
Pichon (Jules)
Pichon (Lilitte)
Pichon (Marie) = Vuillaume (Marie)
Rachel
Renaudin
Théodore
Trublot (Hector)
Vabre
Vabre (Auguste)
Vabre (Camille)
Vabre (Théophile)
Vabre (Valérie) = Louhette (Valérie)
Vaugelade (Duc de)
Verdier
Victoire
Vuillaume
Vuillaume (Mme)
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Octave Mouret vient s'installer à Paris, rue de Choiseul dans un immeuble bourgeois où se côtoient un architecte, un conseiller à la cour, des employés, des commerçants – dont le vieux propriétaire, Vabre – et toute leur domesticité.
Octave entre aussi dans un monde de convenances, un univers de façade où les maîtres cachent sans cesse le scandale sur lequel l'église – représentée par l'abbé Mauduit – jette un voile de morale.
Pour le jeune homme, la réussite passe par la séduction des familles et surtout des femmes. Un peu sur le même plan, les jeunes filles –les filles Josserand, filles d'un petit employé – sont poussées par leur mère dans le monde afin de conclure un bon mariage, dotées par un oncle riche, le fameux oncle Bachelard, sorte de parvenu vulgaire et soiffard. Les hommes plus mûrs, comme le conseiller Duveyrier, sont menés par les femmes, notamment leurs maîtresses qui vengent leur condition – et en quelque sorte les jeunes filles en chasse- en choisissant un plus riche. Tout ce petit monde, ce microcosme social se retrouve dans l'immeuble dont la configuration même permet aux domestiques de montrer le côté obscur des frasques de leurs maîtres, où le flot des paroles ordurières monte du cloaque des ordures déversées par les fenêtres que l'on s'envoie par jeu ou par provocation.
Octave monte donc la gamme des femmes à séduire en bon disciple de Rastignac. Il y a la gentille, sur qui l'on peut toujours compter, la veuve effarouchée mais dont on sent le désir inassouvi, la jeune femme qui cherche l'aventure mais surtout l'argent de ses besoins égoïstes et enfin la commerçante dont le mariage se conclut comme un contrat marchand.
Ce roman – qui préfigure assez bien sa suite logique , Au bonheur des dames– m'a permis de renouer avec Zola qui m'avait jusqu'ici laissé une impression mitigée : fins convenues, style un peu lourd parfois. Ici, tout s'enchaîne à merveille. On sent bien sûr que l'auteur a une thèse à remplir mais il n'a pas son pareil pour camper une ambiance, décrire les travers aussi bien bourgeois que domestiques, et passer au scalpel des scènes qui font frémir d'angoisse et de douleur dont l'accouchement d'Adèle, la bonne des Josserand, seule, dans la nuit froide.
Rachel, bonne silencieuse et taciturne du jeune ménage Vabre, me semble assez bien résumer la pensée de l'ouvrage lorsqu'elle est renvoyée et donne enfin ses vrais sentiments :

" Je ne suis qu'une bonne, mais je suis honnête ! criait-elle, en mettant à ce cri ses dernières forces. Il n'y a pas une de vos garces de dames qui me vaille, dans votre baraque de maison ! … Bien sûr, que je m'en vais, vous me faites tous mal au coeur ! " 
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La description de la bourgeoisie de second empire par Zola: un regal à decouvrir au milieu entre le document et le roman,un livre comme toujours tres documenté et agreable à lire et qui n'a pas vieilli : un rega !
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Un très bon tome, qui dévoile les secrets des familles bourgeoises dans leur intimité. Tout n'est qu'apparence, la richesse comme la respectabilité et la morale. J'ai été particulièrement marquée par l'accouchement de la servante, violée et obligée de cacher sa grossesse avant d'abandonner son bébé. Une plongée crue dans un monde.
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Nous nous retrouvons à travers plusieurs familles, où le point commun sera le personnage d'Octave.
On y voit les inquiétudes des familles notamment sur le mariage et la dot, ou encore le décès et les problèmes d'héritage...Mais pas seulement, Zola nous montre l'envers du décor, notamment celui des tromperies et Octave sera de cette partie.
C'est un livre où on retrouve beaucoup d'humour de la part de l'auteur dans la façon dont il dépeint les familles et leurs vices...
Ce livre est bien sûr annonciateur du suivant "Au bonheur des dames" et j'ai hâte de pouvoir le lire.
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Outsider des Rougon Macquart, cousin bourgeois de Gervaise

J'ai déniché Pot Bouille dans ma bibliothèque. Il était là, bien sage, depuis plusieurs années, attendant qu'enfin je l'ouvre, lui le grand inconnu des Rougon. Et à mon grand bonheur, alors que je m'attendais à un goût de gâteau un peu ramolli au fond d'une boîte en fer, j'ai dégusté un véritable bonbon. Pot Bouille est le reflet bourgeois de l'Assommoir. Et il n'est en rien le parent pauvre de la famille ! Les descriptions de cette vie d'immeuble parisien sont savoureuses, grinçantes, sans concession, comme on les aime chez Zola. D'un côté les apparences à sauver à tout prix et de l'autre des êtres tiraillés entre leurs désirs, leurs sentiments, leurs obsessions (convenance, argent, position sociale). Les personnages sont délicieusement méchants, bas, petits, ridicules, avares, menteurs. Il n'y en a pas un pour rattraper l'autre... Bref du grand Zola.
Alors, faut-il le lire ?
Oui, un grand oui. Car non, les classiques ne sont pas des livres poussiéreux à l'odeur de moisi. Ce sont des pages que l'on lit dans le bonheur d'une écriture parfaite.
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