Le voyage dans le passé

le style puissant de l'écriture de Zweig me ravit et m'emporte dans les rêveries de mon inconscient. Encore une fois , il sait utiliser l'art de la suggestion pour effleurer les sentiments vrais qui traversent chacun de nous lors de notre existence. Il met ainsi une vérité sur des ressentis que parfois l'on peine à définir. La finesse de Zweig est rare et un véritable trésor de psychologie.
Il devrait être une obligation de lire au moins une fois dans sa vie de lecteur.trice une de ses oeuvres. Bref! j'aime son 'écriture. Point, à lire.

Avec ce court livre inédit , le plaisir intact de retrouver Zweig , son écriture évidente et fluide, son attention scrupuleuse aux gestes, aux mouvements du corps qui trahissent les sentiments, les tensions et tourments intérieurs. Et puis la douleur d'aimer qui cohabite coalescente, avec la pulsion , la puissance de vie que le temps n'épuise pas.

Autant le Joueur d'Echecs m'avait vraiment touchée, autant celui-ci... moins.
Enfin non, ce n'est pas vrai. Je l'ai bouffé ce livre, j'ai tourné les pages avec envie, c'était beau, sublimement décrit... Mais comme d'autres livres (par exemple le Parfum), la fin a complètement cassé le reste. Le comportement du personnage envers son amante m'a paru vraiment déplacé et trop insistant. J'avais envie de lui foutre des baffes pour le faire réagir.
Alors que le début était tout en beauté et en sentiments, la fin s'apparente vraiment à un viol. Oui, vous allez vous foutre de moi, je suis une fillette farouche, certes, il n'empêche que ça a complètement gâché ma lecture.

Donc sentiments plus que mitigés pour cette oeuvre.

Je trouve qu'il faut beaucoup de talent pour écrire une nouvelle qui dès les premières lignes vous happe et ne vous lâche pas. Pas le temps, comme dans un roman, d'exposer le thème, de développer l'histoire et les personnages. Zweig est un maître en la matière. 2 heures de pur délice sur le thème de l'amour où la petite histoire, personnelle, singulière, intime croise l'histoire universelle avec un grand H.

Même si l'histoire est somme toute assez classique (un garçon tombe éperdument amoureux d'une femme plus âgée, doit partir à l'étranger, puis la retrouve après de nombreuses années), la force de ce récit réside dans sa prose et dans son analyse psychologique. Ce texte superbement écrit/traduit m'a tout bonnement emportée. Lorsque j'ai terminé ma lecture, une phrase m'est aussitôt venue à l'esprit : "Que c'était beau !".

Deux amoureux passionnés se retrouvent après une longue séparation due à l'ambition de Louis — décuplée par la honte d‘être né pauvre —, mais aussi à la guerre.
La bien-aimée n'a pas de prénom. Alors je me demande si l'auteur n'a pas voulu, à travers ce personnage féminin, nous proposer une sorte de générique de la femme aimée, idéalisée et interchangeable, ou encore une métaphore de son amour pour l'Autriche, le pays dans lequel il est né et qu'il ne pourra jamais retrouver intact.
Quoi qu'il en soit, l'image véhiculée est celle de la femme dévouée jusqu'à l'abnégation, fidèle à elle-même au point de vouloir se sacrifier en souvenir d'un passé qu'elle semble pourtant avoir dépassé si on en juge par la répugnance dont elle fait preuve en entrant dans l'hôtel. Mais on ne saura jamais le fin mot de l'histoire que l'auteur laisse en suspens.

J'ai beaucoup lu Stéphan Zweig mais je n'avais jamais lu ce récit qui n'a été édité que très récemment. Enfin, en 2008 ... ce qui fait déjà 10 ans. C'est justement presque le temps qui sépare les premiers émois amoureux et les retrouvailles de Louis au début du récit, sorte d'avatar du jeune Frédéric Moreau de L'Education sentimentale et de cette femme _avatar aussi de Mme Arnoux_ dont on ignore le prénom comme le nom. Durant ces 9 années de séparation la première guerre a commencé et fini. Au moment des retrouvailles une manifestation patriotique semble annoncer une nouvelle guerre. le temps passé aurait-il effacé les mauvais souvenirs de la première guerre du moins assez pour que les hommes en préparent une nouvelle ? Ce temps passé a pourtant un effet contraire sur l'amour : Louis et son amour n'ont rien oublié mais rien n'est plus possible pour eux. Les vers du « Colloque sentimental » Verlaine autrefois récités par la femme reviennent à l'esprit de Louis et sonnent le glas de l'amour :
« Dans le vieux parc solitaire et glacé. »
On retrouve ainsi les thèmes favoris de Zweig dans ce récit mais la mélancolie est prégnante. L'amour ne revient pas, la guerre, si. Louis s'en effraie à leur arrivée à Francfort.
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Zweig nous dévoile le récit de ce retour en multipliant les allers-retours dans le passé, dressant ainsi un portrait complet de ces amoureux d'antan et de maintenant, qui ont changé, évolué mais sont restés les mêmes au fond d'eux. Il joue magnifiquement sur l'ambivalence de la continuité dans le changement, apportant ainsi toute sa tension tragique à la nouvelle … car bien plus que la distance, c'est le temps qui aura peut-être raison des amants, qui n'ont pu évolué ensemble. Que faire alors d'un rêve qu'on ne peut abandonner : poursuivre ou laisser aller ? Ces sentiments mêlés et inextricables trouvent une limpidité déconcertante sous la plume de Zweig.
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LA PURETE DES SENTIMENTS
Au début du vingtième siècle, Louis est pauvre de naissance. Il parvient à prouver sa valeur à force d'obstination et de courage. Peu à peu sa condition dont il a honte s'oublie, il peut enfin jouir d'une position plus enviable et toutes ces choses et pensées réservées à l'élite lui sont promises. Il travaille dans le domaine de la chimie chez un docteur déjà âgé.
Il aime dés le début la femme de son nouveau patron de docteur. Il aime comme il est. Il est pure, chaste. Il aime sans y toucher. Il n'assume pas cet amour. Sa condition lui interdit de s'abandonner avec cette femme. Elle est beaucoup plus jeune que ce patron de mari. Louis arrive à l'âge mure entre vingt et trente ans. Elle cultive le mystère. Les jours passent et l'intérêt qu'elle porte à Louis depuis son arrivé se transforme peu à peu en affection puis en attirance irrésistible.
Ils sont attirés l'un vers l'autre dans ce tourbillon d'émotion et d'hormones dans cet amour défendu. Quelques verrous lâchent enfin. Ils s'aiment, ils s'embrassent et se touchent la peau, le coeur, et l'âme.
La fatal et stupide guerre des hommes séparent les deux amants. Leurs sentiments restent pures, intactes. Mais dur très dur sont les retrouvailles neuf ans plus tard. L'espoir demeure. Tout à changé et vieillit ...
Stefan Zweig est le génie de la nouvelle sentimentale. le flot rythmé de ses phrases est réjouissant. Il sait décrire ces passions qui nous submergent tous. Son oeuvre entière vaut d'être lu.

Un homme, une femme, l'amour qui nait entre eux, une histoire ordinaire ? Sous la plume concise de Stefan Zweig, cela devient le portrait d'un homme qui change de position sociale grâce à son travail, celui d'une femme fidèle à elle-même, le portrait d'une passion et de l'Histoire qui s'en mêle. Et cela se lit avec souffle.