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Robert d'Orbigny (Auteur présumé)Jean-Luc Leclanche (Éditeur scientifique)
EAN : 9782745307361
221 pages
Honore Champion (19/07/2006)
3.6/5   10 notes
Résumé :

Le Conte de Floire et Blanchefleur figure parmi les œuvres fondatrices de la littérature narrative sentimentale : sur le motif antique des jeunes amants que le destin a séparés et que la force de l’amour réunira, un clerc du XIIe siècle a composé un récit initiatique captivant, riche de sens et alerte de forme. Ce récit bref a suscité au moyen âge un tel engouement que de nombreux troubadours ne ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
En littérature, les voyages dans l'espace permettent parfois d'agréables dépaysements… Lorsque ceux-ci se conjuguent au voyage dans le temps, l'exotisme devient absolu…


Floire et Blanchefleur est un conte écrit par un clerc du XIIe siècle. Considéré comme un des récits fondateurs de la fiction sentimentale, il a connu, au Moyen Âge, un succès qui s'est peu à peu tari au fil des siècles. Il ne tient qu'au lecteur contemporain de le redécouvrir avec plaisir… Peut-être avec un brin de tendresse condescendante au début ? Il faut dire que l'histoire s'ouvre de manière très conventionnelle et donne l'impression de lire un conte pour enfants. On retrouve tous les éléments typiques de ce type de fiction avec retour sur la généalogie des personnages principaux, description de leur enfance, de leur croissance et de leur environnement familial. Cela semble très (trop ?) classique, mais seulement parce que la trame narrative -sans doute du fait de son efficacité-, a été réutilisée à outrance par la suite. Deux pages plus tard, les a priori se dissipent déjà… Derrière une apparence de classicisme qui ne saurait plus étonner les lecteurs endurcis que nous sommes, les premières impressions d'un charme baroque apparaissent. Si les descriptions peuvent paraître manichéennes, avec d'un côté les méchants et leur cruauté exacerbée, et de l'autre les gentils et leur bonté hors du commun, les situations qui leur sont attribuées le sont tout autant : d'un côté on tranche des têtes à tout va et pour le moindre propos, de l'autre on se pâme dans des jardins luxuriants qui s'apparentent en tout point, dans leur faune et leur flore foisonnante, au paradis perdu d'un monde innocent.


« le jardin est toujours en fleurs, toujours y retentit le concert des oiseaux. Il n'est au monde d'essence précieuse, ébène, platane ou alisier, ni d'arbre greffé, doux figuier, pêcher ou poirier, ni noyer ni aucun autre arbre fruitier dont ce parc ne soit abondamment pourvu. On y trouve du poivre, de la cannelle, du galanga, de l'encens, du girofle, de la zédoaire, et bien d'autres épices aux très douces senteurs. Il n'y en a pas tant, que je sache, dans l'Orient et l'Occident réunis ! Celui qui, dans ce jardin, respire le parfum des épices et des fleurs et entend le ramage des oiseaux et le chant modulé des cigales, il doit, dans ce concert harmonieux, se croire au Paradis. »


Le voyage dans le temps se fera non seulement par rapport à la chronologie, mais aussi par rapport à la nouveauté émerveillée que semble connaître l'amour qui lie Floire et Blanchefleur. La passion y est décrite simplement et ses seuls obstacles sont extérieurs. le motif est classique : une discordance des conditions sociales empêchera les deux enfants amoureux de s'épouser, et pour éviter que Floire ne soit trop malheureux, on envoie Blanchefleur dans les pays lointains, espérant que l'éloignement lui permettra de l'oublier. Mais ce n'est pas le cas et Floire s'engage dans une aventure qui devra le conduire à retrouver sa dulcinée. Cette quête sera l'occasion de découvertes surprenantes. On mise peu sur la psychologie des personnages, mais davantage sur la trame dramatique et la succession des rebondissements.


Finalement, Floire et Blanchefleur s'avère beaucoup plus dépaysant que prévu… La lecture le sera encore plus si on jette un coup d'oeil au texte original, représenté en miroir à la traduction en français moderne. Les annotations des traducteurs permettent de s'approprier certaines subtilités de traduction et de découvrir les variantes d'un même extrait. La publication de ce texte aux éditions Champion Classique présente donc un intérêt indéniable pour les curieux de langue ancienne qui trouveront, autour du conte, de nombreuses explications, un glossaire des termes médiévaux et une liste des références employées dans le texte. Doté de tous ces outils supplémentaires, la valise du voyageur temporel est fin prête pour embarquer vers des contrées littéraires anciennes et baroques.

Lien : http://colimasson.over-blog...
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Cet ouvrage, composé en vers au Moyen-Âge et probablement chanté par les trouvères et troubadours de l'époque est une oeuvre fondatrice de la littérature moderne, et plus particulièrement des romans d'amour.
L'histoire contée ici est celle de Floire et de Blanchefleur et il faut dire que celle-ci est un peut particulière puisqu'ils sont tous deux nés le même jour et ont été conçus la même nuit. Floire, destiné à devenir le futur roi de Hongrie et de tous l'empire de Bulgarie est épris, et ce, depuis sa plus tendre enfance à Blanchefleur qui est, elle aussi, éperdument amoureuse de lui mais qui n'est malheureusement pas de source noble. Plus ils grandissent et plus leur amour s'intensifie. Aussi le roi, père de Floire, voyant que son fils ne consentira pas à épouser une autre femme que Blanchefleur, fera tout son possible pour tenter de les éloigner l'un de l'autre.
On assiste dons, tout au long de ce conte, aux péripéties, que nos deux jeunes amants devront traverser afin de pouvoir enfin être réunis.
Magnifique histoire comme je les aime dans laquelle l'amour est plus fort que tout et réussit à renverser tous les obstacles ! Bien que celle-ci puisse ne plus paraître d'actualité avec des thèmes dépassés comme le fait notamment d'appartenir au même rang social de quelqu'un, d'autre en revanche subsistent dans certains pays et notamment celui d'appartenir à la même religion. En tous cas, s'il y a bien un thème qui est intemporel, c'est bien celui de l'Amour et c'est pour cela que je vous invite à venir découvrir ce texte fondateur des récits sentimentaux !
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Ce Conte de Floire et Blanchefleur réserve des surprises. Habitué aux exploits chevaleresques du héros amoureux à la conquête de sa belle, je m'attendais à un dénouement guerrier et à d'intrépides combats, mais il n'en fut rien. Floire, le jeune impubère en quête de sa chère Blanchefleur vendue au puissant émir de Babylone, ne brandira qu'une seule et unique fois son arme, lorsque, la croyant morte, il souhaite la rejoindre en pointant un stylet vers son coeur. Si Floire a des bras puissants, il ne cherche pas à user de la force. Ses atouts sont ailleurs : son extrême beauté accompagnée d'une non moins remarquable bonté. C'est avant tout cette originalité qui fait la saveur de ce récit.
Une petite remarque sur l'édition Champion classiques de 2003. La traduction en français moderne est bourrée de fautes de frappe, ce qui ne facilite pas la lecture. Je n'ose pas imaginer les erreurs pour le texte en ancien français !
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Le jardin est toujours en fleurs, toujours y retentit le concert des oiseaux. Il n’est au monde d’essence précieuse, ébène, platane ou alisier, ni d’arbre greffé, doux figuier, pêcher ou poirier, ni noyer ni aucun autre arbre fruitier dont ce parc ne soit abondamment pourvu. On y trouve du poivre, de la cannelle, du galanga, de l’encens, du girofle, de la zédoaire, et bien d’autres épices aux très douces senteurs. Il n’y en a pas tant, que je sache, dans l’Orient et l’Occident réunis ! Celui qui, dans ce jardin, respire le parfum des épices et des fleurs et entend le ramage des oiseaux et le chant modulé des cigales, il doit, dans ce concert harmonieux, se croire au Paradis.
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Les hôtes, Daire et Licoris, ont fait asseoir Floire entre eux. Ils se font servir somptueusement, dans de belles coupes d’or et d’argent, du vin pur, des boissons aux aromates et aux épices et toute sorte de décoctions et de liqueurs.
On leur apporte à profusion de bons plats de volailles et de gibier, et ils peuvent se régaler à loisir des meilleurs morceaux de cerf et de sanglier, de grues, d’oies sauvages, de hérons, de perdrix, d’outardes et de pigeons. Il y en a eu plus qu’assez pour tout le monde !
Une fois qu’ils furent rassasiés, Daire fit alors apporter en musique les fruits, grenades, figues et poires –comme la boisson allait bien avec !-, pêches, quantité de châtaignes, car ils en ont en abondance dans ce pays. Ils mangent de ces fruits succulents, ils boivent de ces délicieux breuvages et se laissent gagner par l’euphorie et par la joie.
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L’émir observe la coutume que voici : il ne garde la même femme qu’une année, sans plus. Après, il convoque ses vassaux, rois et ducs, et il fait trancher la tête à cette femme : il veut que personne, ni clerc ni chevalier, ne possède la femme qu’il a possédée : quel honneur pour la dame. Ensuite, quand il veut prendre une nouvelle épousé, il fait descendre toutes ensemble ses vierges dans un jardin. Elles sont toutes en alarme, car elles redoutent l’honneur d’être choisie à cause de la mort à laquelle à terme l’élue sera vouée.
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[…] Fortune, à son habitude, fit basculer leur amour ; elle manifesta bien qu’elle prenait ombrage de leur félicité et de leur passion.
[…] Elle ôte aux uns, elle donne aux autres, change sept fois d’avis entre l’aube et la fin du jour et ne tient aucun compte du mérite pour distribuer la richesse !
On le sait, c’est à celui dont la sottise est avérée qu’elle donne royaume ou grand comté ; les évêchés, elle les donne à des gueux, tandis qu’elle réduit les nobles clercs à la mendicité !
Celui qui croit à sa constance, je le tiens pour un vrai sot ; celui qui compte tant soit peu sur ses faveurs ne connaît pas la vraie nature de sa sollicitude.
Tantôt elle fait pleurer, et tantôt elle fait rire, tantôt donne la joie, et tantôt l’amertume : nos héros, qu’elle avait d’abord comblés de joie et de bonheur, elle les a plongés ensuite dans la détresse et dans l’affliction.
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Au pied de la tombe, du côté où se lève le soleil, il y avait un térébinthe rouge d’une incomparable beauté, plus éclatant qu’un rosier en fleurs. A droite il y avait un arbre à chrême et à gauche un baumier : aucun parfum au monde ne saurait égaler celui de leurs fleurs, car de l’un s’écoulait du baume et de l’autre tombait du chrême. Ceux qui plantèrent ces quatre arbres avaient invoqué tous les dieux ; en les plantant ils avaient prononcé un charme dont le pouvoir était tel qu’ils ne cessaient de donner des fleurs. Ces arbustes sont abondamment fleuris et hantés de mille oiseaux qui y chantent sans cesse. Vous auriez pu entendre là une musique d’une extraordinaire beauté : le chant des oiseaux y produisait un tel concert qu’un jeune homme et une jeune fille, pourvu qu’ils fussent amoureux, s’embrasseraient violemment sous le charme de ce doux ramage et se précipiteraient dans les bras l’un de l’autre pour échanger de tendres baisers. Mais si des personnes indifférentes à l’amour venaient à entendre ces chants, la douceur de ce ramage les endormait sur-le-champ.
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