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EAN : 9782374484952
352 pages
XO Editions (10/11/2022)
3.5/5   17 notes
Résumé :
Un document choc et inédit sur six mois « au cœur de la guerre »

« 24 février, vers 4 heures du matin. Le téléphone vibre de messages. Bruno, mon adjoint, a reçu une alerte de son collègue japonais indiquant que les Américains sont affirmatifs : l’attaque aura lieu avant 10 heures du matin.

Je m’approche de nouveau des grandes baies vitrées. Au loin, j’aperçois des couleurs rouge orangé. Des missiles ? Difficile de l’assurer avec ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Compte rendu, chronique, le livre d'Étienne de Poncins témoigne à hauteur d'homme, à hauteur d'un haut fonctionnaire de l'État français, de ce que furent pour notre ambassadeur installé au 39, rue Reitarska à Kiev, les six mois que l'Ukraine vécut à partir du 24 février 2022 à 5 heures 30 du matin.

Depuis 372 jours, il n'est est pas un seul qui n'apporte son lot de terribles nouvelles, et quelquefois, au milieu de ce canevas tragique se glisse un petit rai de lumière. C'est un peu la tonalitée choisie par EDP...

L'ambasadeur est passé en quelques heures d'une paix qui ne demandait rien d'autre qu'à le rester à une guerre de haute intensité.
Cela faisait deux ans et demi qu'Étienne de Poncins était en poste en Ukraine, un pays dont il s'est épris, lorsque Poutine massa ses troupes aux frontières de ce pays qu'il proclama vouloir dénazifier et porter secours dans la foulée aux Ukrainiens russophones discriminés et persécutés par une bande de " nazis homosexuels, pédophiles, satanistes et drogués..." EDP nous raconte les quelques jours qui précédèrent l'invasion à laquelle peu étaient ceux qui y croyaient, tant en Ukraine qu'en France... les quelques heures avant le point de bascule que fut l'invasion russe à grande échelle.
L'ambassade française demeura à Kiev trois jours, mais devant la menace russe, le 28 février EDP accompagné de 104 personnes parmi lesquelles des membres de l'ambassade française mais aussi quelques autres représentants des corps diplomatiques étrangers ( Belges, Japonais...), des gendarmes du GIGN, embarquèrent à bord de 42 véhicules, formant ce qu'il appelle " le grand convoi ", quittèrent la capitale ukrainienne pour prendre la direction d'Odessa, passèrent en Moldavie puis en Roumanie où chacun poursuivit sa route en fonction de ses choix ou de certains impératifs. EDP qui avait décidé, avec l'aval de l'Élysée de maintenir la représentation française en Ukraine, s'envola de l'aéroport de Iasi à bord d'un A400M avec une équipe restreinte ( uniquement des volontaires ) direction la Pologne et l'aéroport de Rzeszow.
De là un petit convoi se forma, convoi qui retraversa la frontière pour prendre ses quartiers à l'Alliance française de Lviv où elle demeura 7 semaines, continuant à assurer le mieux possible sa mission d'aide et de représentation de notre pays.
La culture ne fut pas absente des initiatives d'EDP qui, outre ses nombreuses tâches, réussit à faire venir le 12 avril Gautier Capuçon pour deux concerts " extraordinaires "... dans un tel contexte. Vint ensuite le 15 avril, le retour à Kiev et la réinstallation solennelle de notre ambassade au 39 de la rue Reitarska.
Les activités de notre représentation purent reprendre dans des conditions moins insécures qu'elle n'étaient durant les premiers jours de la guerre. Emmanuel Macron ayant gagné les élections présidentielles, un gouvernement fut formé et Catherine Colonna nommée ministre des Affaires étrangères se rendit à Kiev et à Boutcha, précédent Macron, Sholtz, Draghi, Iahannis.
Ce fut ensuite le tour de Gérard Larcher, Président du Sénat, puis de Valérie Pécresse, Présidente du conseil régional d'Île-de-France, avant des vacances dans l'hexagone et un nouveau retour à Kiev... retour dont EDP suggère qu'il est le prélude à une suite à ce premier volet de son témoignage " au coeur de la guerre ".

À ce résumé que j'ai essayé de condenser il faut ajouter tous les éléments de ce que fut le quotidien d'EDP et des siens durant ces six mois : pensées, analyses, réflexions, états d'âme, décisions, actions... doutes, angoisses, peur... de manière plus " prosaïque " le gîte, l'alimentation, les " loisirs", le sommeil, la santé... et en permanence la sécurité...
EDP a compris d'emblée qu'il était au coeur de l'Histoire. Il a vécu cette " opportunité " comme une chance et comme une écrasante responsabilité. Il nous fait part d'emblée de son incrédulité face à l'impensable décision de Poutine, mesure dans les premiers jours le peu de chances des Ukrainiens de pouvoir tenir face au rouleau compresseur russe... avant de réaliser qu'il y a une " nation ukrainienne " unie, résiliente, héroïque. Il nous entraînera à Boutcha, à l'aéroport d'Hostomel, le lieu où s'est joué dans les premières heures le sort de la bataille de Kiev, se montrera fier d'être à l'origine de l'envoi des enquêteurs français à Boutcha ( nous avons été les premiers...), nous fera part de " l'énigme " Zelensky, cet homme que cette guerre a métamorphosé et fait entrer au panthéon de l'Histoire...
Un livre empli de ce que furent ces six premiers mois du retour de la guerre sur le continent européen.
Un livre qui n'est pas un chef-d'oeuvre littéraire mais le témoignage sincère d'un homme qui n'était pas préparé à croiser le chemin de l'Histoire mais qui s'efforce avec sincérité, authenticité et parfois une certaine candeur de s'en montrer digne.

À ceux qui cherchent des analyses sur les tenants et aboutissants de ce conflit, vous trouverez des éléments de réponse à vos attentes dans des livres dont c'est la vocation.
On ne demande pas à un otage qui raconte sa captivité de théoriser le terrorisme, encore moins d'en faire un essai politico-historique...

J'ai lu ce livre dans le cadre d'une opération Masse Critique, et hasard des lectures EDP cite dans son ouvrage le livre de Frédéric Mitterrand - 1938, l'oeil du cyclone -, livre que j'avais lu et chroniqué pour Babelio à l'occasion d'une opération MC antérieure...

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L'ambassadeur de France à Kiev, Etienne de Poncins, raconte comment il a déménagé ses services de Kiev à Lviv, puis les a réinstallés à Kiev au bout de quelques semaines, au tout début de la guerre en Ukraine. On y lit par le menu cette expérience acrobatique, et l'intérêt est celui d'un récit de guerre, vu de l'arrière. Cette partie est réaliste et très prenante, quoi que relativement anecdotique. Les mauvaises langues, dont les avis sifflent dans les couloirs du quai d'Orsay, pourront objecter que la réalité fut moins idéale que l'exode décrite par Poncins, mais que celui qui n'a jamais commis d'erreur en situation de crise lui jette la première pierre.

Suit un chapitre sur le massacre de Boutcha, à la rédaction lacunaire. Il reprend des éléments déjà connus, sans apporter de réelle information de terrain. S'il fait la promotion de l'IRCGN (enquêteurs de la gendarmerie) envoyé par la France, aucun élément de leurs constatations n'est présenté. Une exégèse critique du texte de ce chapitre n'est d'ailleurs pas sans susciter quelques interrogations.

L'épisode terrible de Marioupol (mai 2022), et la reddition des derniers éléments du sulfureux bataillon Azov, pourtant dans l'espace-temps du livre, n'est pas évoqué.

Les derniers chapitres présentent le défaut de déclasser le livre.

En effet, Ponçins a ajouté un chapitre sur l'Holodomor. A juste titre : cette tragédie organisée par les Soviétiques est en effet une des clés de compréhension des rapports entre Russes et Ukrainiens. Cependant, il ne dit pas un mot du nationalisme Ukrainien et des rapports entre Ukraine et Allemagne, commencés dès 1919, et qui ont abouti à des actes de collaboration effective avec le nazisme. Or c'est une clé tout aussi importante pour comprendre des éléments comme la glorification de Stephan Bandera, ou certaines images choquantes de troupes ukrainiennes parvenue en Occident.

Puis il ajoute un chapitre sur Zelensky, dont il fait peu ou prou un équivalent de Churchill, cigare en moins. Si la guerre a pu révéler les talents de cet ancien acteur, Poncins occulte la corruption notoire de ce Président pourtant élu... sur un programme anti-corruption (il n'est besoin que de consulter sa fiche Wikipedia pour mesurer l'étendue du désastre...). Il n'évoque à aucun moment ce fléau endémique de la corruption, touchant toutes les strates de la société Ukrainienne, qui est une des raisons pour laquelle une adhésion de l'Ukraine à l'UE serait compliquée.

Enfin, il évoque ses rapports avec le président Macron, le ministre de Finances Bruno le Maire, la ministre des affaires étrangères Catherine Colonna (et même le souvenir de VGE, dont il recherche la photo lors d'un passage à Bercy) en des termes tellement lénifiants qu'ils ressemblent beaucoup à de la flagornerie.

Plutôt qu'il nous raconte sa passion des promenades dans les belles artères de Kiev, ou nous fasse part des réflexions qui lui viennent à l'esprit quand il rencontre un soldat enlaçant sa fiancée sur les quais du Dniepr, les vues géostratégiques ou géopolitiques sur le conflit actuel, et ses perspectives d'évolution, auraient été plus intéressantes.

Bien sûr, la liberté de ton de l'Ambassadeur est réduite : par nature, il ne peut pas publier de texte qui contredise son gouvernement. Aussi, il aurait du s'en tenir à la publication de son carnet de route, sans lui adjoindre de compléments dont le traitement partial fait basculer son ouvrage au rang des livres de commande pour le meilleur des cas, de propagande pour le pire.
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Je remercie XO Editions et Babelio de m'avoir permis de lire cet ouvrage reçu dans le cadre de l'offre masse critique.

Impressions mitigées après avoir refermé ce livre de 340 pages.

Sur la page de garde on peut lire "Un document choc et inédit sur 6 mois "au coeur de la guerre"". Inédit certes, mais pas vraiment choc.

On suit plutôt l'ambassadeur de France au quotidien dans cette période. Pas de révélations si ce n'est les boites repas quotidiennes, lassantes, et le lit de camp dans le bureau et le manque de douches.
Je suis sans doute un peu dur. le stress a du être très fort pour les fonctionnaires de notre ambassadeur, mais tout de même ...

J'ai été, désagréablement, surpris de l'importance très grande (excessive à mon sens) donnée aux réseaux sociaux par l'auteur. Il semble passer son temps à trouver la bonne photo, la bonne phrase à passer sur Tweeter. par exemple, après avoir vu dans un cimetière une famille se recueillir sur une tombe de soldats morts au combat, l'auteur est heureux de réussir à retranscrire sur les réseaux sociaux son admiration devant le courage ukrainien. Sans commentaire ...

L'auteur passe beaucoup de temps à juger, toujours positivement, sa propre action. Cette justification répétitive est un peu lassante.

Pour terminer, et j'aurais peut-être du commencer par ce point, il manque complètement une vision plus globale des évènements. On s'attendrait vraiment à ce que l'ambassadeur de France en Ukraine nous donne cette hauteur de vue sur les évènements, avec un rappel historique et géopolitique de la situation. Rien, ou presque sur ce point.

Au coeur de la guerre ? Non, plutot dans les pas du quotidien d'un fonctionnaire français en Ukraine. J'attendais plus de la part de quelqu'un qui semble avoir d'énormes qualités, d'honnêteté et de culture, par ailleurs.

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"Au coeur de la guerre" est un livre unique et excellent , il s'agit d'un remarquable témoignage historique sur la guerre en Ukraine qui analyse avec objectivité la situation et relate les faits passés , les souffrances endurées par les habitants , la détresse et l'incompréhension . Cet ouvrage peut être aussi un manuel de gestion de crise diplomatique car Étienne de Poncins , ambassadeur de France en Ukraine , nous montre comment il a réagi à la suite du déclenchement d'un conflit imprévisible . Ce livre nous apprend aussi l'utilité de la diplomatie et des relations internationales dans la société d'aujourd'hui, que l'on oublie souvent . Enfin ce livre renverse les clichés existant autour de la profession de diplomate. Cet essai politique ou géopolitique ne présente pas uniquement des faits et des chiffres dénués d'humanité , il raconte la guerre en Ukraine comme un récit autobiographique , et transforme ce qui aurait pu être une simple analyse géostratégique en un écrit passionnant. Pour finir , "Au coeur de la guerre" est aussi un ouvrage philosophique car il amène le lecteur à se poser des questions sur la guerre , l'humanité, l'histoire et la vie .

Un livre à lire et à relire.
Note : 4,5/5
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L'ambassadeur de France en Ukraine nous plonge dans les premiers mois de la guerre suite aux attaques de la Russie ayant débuté le 24 février 2022. Des premières réactions à la fuite hors de Kiev, de la délocalisation de l'ambassade à Lviv - ville de l'ouest du pays - à son retour dans la capitale, Étienne de Poncins fait part de ses observations et de son ressenti face à la détermination du peuple ukrainien.

Il ne s'agit pas d'une analyse politique de la situation ou des discours tenus de part et d'autre du front, mais d'un témoignage unique d'un homme au coeur du conflit avec son point de vue - très français - et sa lecture des événements. Les personnes voulant en apprendre davantage sur le contexte géopolitique devront donc compléter leur lecture par celle d'autres ouvrages publiés récemment sur le sujet.

A conseiller aux lecteurs intéressés par les aspects moins connus de la diplomatie de manière générale, et plus particulièrement en temps de guerre.

Je remercie XO Éditions et Babelio pour l'envoi de ce livre dans le cadre de la Masse critique.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Non seulement le peuple ukrainien a osé s'émanciper de la tutelle culturelle russe , mais il est en passe de réussir son cheminement vers la prospérité et , plus généralement, vers les valeurs occidentales , en s'efforçant de rejoindre l'union européenne.
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En outre , les soldats ukrainiens défendent leur terre , l'indépendance de leur pays et leur culture bafouée et humiliée , par le discours méprisant russse sur la "dénazification" . Leur détermination est une arme en soi.
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Je ne veux tout simplement pas croire qu'un peuple qui défend sa terre , lutte pour sa liberté, sa culture et qui défend les valeurs européennes, puisse être assujetti et vaincu par la seule force brute.
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Les sentiments , comme la haine des dirigeants russes à l'encontre des ukrainiens , expliquent en grande partie l'invasion par la Russie .
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C'est ainsi que les guerres se gagnent. Avec quelques soldats déterminés à refuser le destin qui leur est promis ...
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