Pour une première série, le duo féminin
Shizuka Tsukiba à l'écriture et
Tsumugi Somei au dessin offrent une entrée en matière plutôt réussie avec le premier volume d'Helvetica. Cette série fantastique est composée de quatre volumes dont les deux premiers sont parus très récemment en France. de ce fait, pour celles et ceux qui chercheraient une série courte plutôt qu'une interminable série shonen, pour l'instant je vous recommanderais Helvetica devant la lecture de ce premier volume.
Le premier bon point, c'est avant tout cette atmosphère de thriller urbain fantastique assez glauque qui pourrait intéresser les aficionados de Tokyo Ghoul sauf que dans ce titre, c'est la figure de la Sorcière qui est ici mise en valeur.
La folie de l'inquisition continue, même de nos jours. Et un jeune otaku, assez candide, au bon coeur, va en faire les frais. Pour quelle raison ? Parce qu'Asahi Mayuzumi semble être " un" sorcière, cas assez rare qui va étonner aussi bien les chasseurs de sorcières que les sorcières elles-mêmes. Heureusement, pour Asahi, il ne tardera pas à rencontrer sur son fragile une bande sorcières persécutées par ces traqueurs fous-furieux.
Le scénario, bien qu'assez lent et assez avare en informations dans un premier temps, a le mérite d'offrir un prologue dynamique, glauque et suffisamment mystérieux pour nous tenir en haleine jusqu'à la fin.
C'est un démarrage assez timide dans la présentation des personnages pour la simple et bonne raison que les autrices mettent en valeur un véritable climat de méfiance entre Asahi et les sorcières. Pour ce titre, les autrices décident donc de prendre un peu le temps et de mettre surtout en valeur une certaine tension au détriment d'explications trop spontanées. Nous restons ancré dans le point de vue du héros qui va peu -à-peu découvrir les sorcières et leurs ennemis.
Parlons justement du héros. Bon, là c'est un peu dommage, car le héros est une figure très codifiée du petit otaku faible et candide au bon fond qui va se retrouver plongé dans des grosses galères. C'est un héros sympa (auquel personnellement j'aime bien m'identifier :D ) mais bon c'est aussi un héros très pâlot par rapport aux autres personnages. Bien sûr, qui dit héros pataud, dit aussi figure de la tsundere avec la caractérielle "Aya ", première sorcière rencontrée qui nourrit une véritable aversion pour les hommes et donc pour notre héros... Bon , pour une première série, on retrouve quand même des codes bien connus qui gâchent un peu l'attachement aux personnages.
Toutefois, je trouve aussi que ce titre peut s'avérer assez profond. Alors, je ne vais pas faire une pseudo-analyse sociale mais je me demande si les autrices ne vont pas interroger les rapports hommes-femmes à travers cette courte série . Cela est d'ailleurs souligné dans le résumé : " garçons, filles, alliances, oppositions."
Nous avons ici affaire à un titre qui parle de la chasse aux sorcières, reflet également d'une profonde misogynie dans laquelle le féminin pour des raisons injustes, anodines ou pour des raisons politiques est condamné au bûcher. Cette chasse aux sorcières invitent les autrices à livrer un pamphlet contre des hommes dénués de morale. C'est aussi pour cette raison que ces figures codifiés peuvent s'avérer être des figures plus profondes dans cette guerre face à la folie des hommes et à leurs violents préjugés.
Attendons de voir comment la série s'achève mais si Helvetica développe justement ce rapport homme/femmes dans les trois autres tomes, pour moi ce sera tout simplement une série coup de coeur.
Graphiquement, le manga est très bon. le trait est fin, clair, sans aucun fan service , il faut le préciser. Honnêtement, on aurait confié cette intrigue à un mangaka , il y aurait quand même une certaine chance pour que le titre bascule un petit peu dans le fan-service ou même dans la suggestion grivoise. Pour moi, ici, ce n'est pas le cas. Les sorcières sont belles mais le trait est réaliste et le manga ne va pas tomber dans le piège de l'harem facile. Cela dénoterait avec le ton de la série. Non, les autrices font preuve d'un dessin plus réaliste avec une atmosphère générale assez glauque. l'ambiance est parfois pesante , que ce soit au détour d'un regard psychotique d'une prof d'histoire ou de la vision d'un corps brûlé. Un titre à ne pas mettre entre toutes les mains.
Mention spéciale aux sorcières et chasseurs de sorcières dont j'ai trouvé le design très cool dans le style goth. Les chasseurs me font carrément penser à des nazis avec leur tenue, leurs masques et leurs bandeaux sur le bras.
Un petit bémol par rapport aux séquences d'actions assez confuses, notamment quand le feu vient s'en mêler. Je n'en dirais pas plus mais j'ai trouvé cela un peu mal amené. Sinon, l'intrigue se suit sans problème.
Je vais sans lire sans tarder le second volet mais j'ai bon espoir en cet Helvetica qui pourrait s'avérer être une très bonne mini-série .