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EAN : 9782757896723
264 pages
Points (03/11/2023)
3.73/5   11 notes
Résumé :
Esther Safran Foer a grandi dans une famille dans laquelle le passé n’existait pas. Ses parents, rescapés de la Shoah, ne parlaient jamais de ce qu’ils avaient vécu. Ce n’est qu’à l’âge adulte qu’elle parvient à combler les silences de son enfance.

Esther apprend fortuitement qu’avant la guerre, son père était marié avec une autre femme et qu’ensemble, ils avaient eu une fille. Elle est bouleversée d’apprendre l’existence de cette femme et de cette s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
L'enfance d'Esther Safran Foer a été remplie de silence et de révélations traumatisantes, énoncées avec parcimonie. Elle a toujours su qu'elle était « la descendante de survivants de la Shoah » (p. 9), « rassembler les fragments de [son] histoire familiale a été la quête de toute une vie. » (p. 9) Vers la quarantaine, elle a souhaité connaître le passé et a découvert que son père avait eu une autre famille, pendant la guerre, et que sa femme et sa fille avaient été assassinées par les nazis.


Son père n'est plus là pour raconter et sa mère, qui ne veut pas évoquer cette période, ne semble pas en avoir parlé avec son époux. Esther savait que son papa devait sa vie à une famille ukrainienne, qui l'avait caché, mais elle ignorait que ses proches avaient été tués dans un ghetto. Dans son livre Tout est illuminé, son fils, l'écrivain Jonathan Safran Foer, a retracé son propre voyage en Ukraine, dont l'objectif était de retrouver ces personnes héroïques. Son récit mêle la fiction et au réel, puisque sa quête n'a pas abouti.


L'auteure décide, à son tour, d'enquêter sur la vie de ceux qui ne sont plus là. Elle désire que l'on se souvienne de celle qui était sa demi-soeur et qu'elle n'a pas connue. Elle ne possède même pas son prénom. « C'était une enfant parmi au moins six millions de juifs, parmi près d'un million et demi d'autres enfants assassinés lors de la Shoah, et il n'y avait aucun moyen de savoir si cette enfant avait seulement existé. Comment se souvenir de quelqu'un qui n'a pas laissé de trace ? » (p. 11) Elle veut rappeler l'existence de cette petite, faire savoir à ses ancêtres qu'elle ne les a pas oubliés et qu'elle et sa famille sont toujours là, que les nazis ne sont pas parvenus à éteindre leur lignée. C'est la raison pour laquelle le début du livre demande beaucoup d'attention : les noms sont nombreux ; j'ai été très émue par cette volonté de faire revivre ceux qui le portaient, de rappeler leur existence.


Appuyée par ses proches, Esther Safran Foer reconstitue l'histoire familiale. Elle consulte des archives, contacte des associations, retrouve des cousins et se rend en Ukraine, munie de quelques photos, de plans dessinés de mémoire par des survivants et de cartes de Nouvel-An. Son périple est, émotionnellement, très chargé. J'ai été bouleversée par le récit de ses investigations. En effet, certains fils se dénouent et elle découvre le destin de Juifs ukrainiens décimés par la barbarie nazie. L'émotion est très forte, lorsque l'auteure apprend les exactions subies par ses ancêtres, mais aussi lorsqu'elle découvre les actes de courage de ceux qui, malgré le danger, ont ouvert leur porte. J'ai, aussi, été très touchée, par les rencontres favorisées par sa quête. Ce récit est une aventure humaine poignante, d'autant plus forte que les faits sont véridiques. Je pressens que certains passages m'ont marquée à jamais. Ce magnifique livre de mémoire m'a étreint le coeur.


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L'auteure, américaine de confession juive, a vu toute sa famille d'origine ukrainienne, être assassinée par les nazis. Seuls ses parents et quelques cousins éloignés ont survécu ou ont pu émigrer quand cela était encore possible. Ayant perdu son père très tôt, et sa mère étant silencieuse sur les circonstances de la persécution qui a frappé les siens, elle décide de mener l'enquête. Outre la consultation des archives, avec l'aide de quelques survivants et associations, elle se déplacera dans de nombreux pays et finalement sur les lieux du génocide, en Ukraine. La lumière se fera peu à peu sur le drame.
Cette quête qui menée avec rigueur et minutie nous est livrée avec sensibilité et sans pathos excessif (encore que ce serait évidemment compréhensible et justifié). Un très beau travail de mémoire.
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C'est une drôle d'expérience que d'enchaîner la lecture de Tout est illuminé, le premier roman de Jonathan Safran Foer et celle de Sachez que nous sommes toujours là, le récit de sa mère, Esther qui vient à la fois éclairer sa démarche et apporter un témoignage rare sur l'importance de la mémoire et de la transmission pour une famille qui a bien failli ne jamais exister. Née en 1946 en Allemagne, dans un camp de réfugiés juifs rescapés de la Shoah, Esther a grandi aux États-Unis dans l'absence d'un passé que ses parents, seuls survivants de leurs familles respectives, ou son entourage n'évoquaient jamais. Elle a appris à l'âge adulte que son père, qui s'est donné la mort alors qu'elle n'avait que 8 ans avait eu une autre famille avant d'épouser sa mère. Une femme et une petite fille assassinées en 1941 comme des milliers de juifs de cette région d'Europe centrale victimes de la volonté d'extermination des forces nazies et de l'antisémitisme d'une partie de la population. Esther n'a plus qu'une obsession, retrouver la piste de cette demi-soeur et de sa mère, remplir un maximum de branches de l'arbre généalogique de la famille, retracer les parcours et les histoires de chacun de ses membres. Et retrouver la famille qui a caché son père au péril de leurs vies. Pour cela, elle dispose d'une photo et d'annotations au dos partiellement effacées. Cette même photo qui sera le point de départ de la quête de son fils, Jonathan qui fera le voyage en Ukraine en 1998 et transformera le vide qu'il trouvera à l'emplacement du village de Trochenbrod en matière romanesque. Dix ans après, Esther fera le voyage à son tour, riche de toutes les informations minutieusement recueillies au cours de ses recherches, et glissera à chaque emplacement commémoratif d'un lieu de massacre une carte représentant les membres de la famille afin que "nos ancêtres sachent que nous sommes toujours là".

Le récit d'Esther Safran Foer est richement documenté et possède la force de la réflexion d'une femme dont la volonté est avant tout de reconstituer. Ce qui donne à cette quête personnelle une dimension puissamment universelle. Notamment en éclairant l'après immédiat, ce qui n'est pas souvent fait. Les camps de réfugiés administrés par les américains ou les russes où les conditions n'étaient pas forcément meilleures ; les refus d'accueil des survivants par nombre de pays (y compris les États-Unis qui mettront en place des conditions drastiques) ; l'antisémitisme qui ne disparaît pas pour autant ; et l'injonction au silence car personne n'avait plus envie d'entendre parler de "tout ça". L'auteure a fait une brillante carrière dans la communication politique, a épousé un homme dont la famille était éloignée de l'Europe et de ses morts, et partage avec ses trois fils ce besoin de reconstitution. Qui trouve à la fin de cet édifiant et émouvant récit, la plus belle des justifications qui soit lorsque pour la première fois, l'un des fils d'Esther pourra raconter à son petit garçon tout juste né l'histoire complète de ses origines. de quoi terminer cette lecture la gorge serrée, émue d'avoir côtoyé tous ces noms revenus d'entre les morts par la force des mots et la volonté de mémoire. Une persévérance de l'intelligence, pour combler les vides et repousser le néant.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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″Je suis descendante de survivants de la Shoah, ce qui par définition, signifie que notre histoire est complexe et tragique. ″

Parce que son enfance est faite de secrets, de non-dits, de silence, et parfois de révélations abruptes, Esther Safran Foer a entrepris la quarantaine venue, de rechercher activement ce que fut son histoire familiale. Pour elle, était venu le temps de combler les failles et les silences. D'abord aux USA, directement auprès de sa mère vieillissante et peu prompte à parler, en consultant tous azimut les archives juives, les mémorial, associations, les nombreux sites généalogiques ; puis vint le tour de son fils, Jonathan qui à l'occasion d'un séjour en Ukraine d'où provient son grand-père, en tira un roman (que je lirai par la suite) faute d'avoir pu trouver sur place les informations concernant la famille qui a protégé et caché son grand-père.
De cet ouvrage est né un projet de voyage d'Esther.

‶Je voulais faire savoir à mes ancêtres que je ne les avais pas oubliés. Que nous sommes toujours là. ‶

Ce récit est l'histoire de ce voyage, de cette recherche fructueuse, mais également l'histoire émouvante et chaotique de cette famille soumise comme tant d'autres à la destruction et l'humiliation.

J'ai beaucoup aimé la simplicité, la force et la tendresse avec laquelle Esther Safran Foer complète le puzzle familial. Marié à un homme dont la famille n'a eu le même vécu ni le même rapport à l'Europe, ressentait fortement le besoin de s'approprier cette part de son histoire qui lui avait été cachée, et qu'elle tient tant à transmettre à ses fils et ses petits -enfants.
Ce recueil se veut simplement écrit, illustré intelligemment, et abondamment documenté.

Lien : https://leblogdemimipinson.b..
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Esther Safran Foer est une fille de survivants de la Shoah. Son fils, l'écrivain Jonathan Safran Foer, avait raconté la recherche des sauveurs de ces grands parents dans le livre romancé Tout est illuminé, Dans ce livre, c'est l'histoire réelle de sa famille qu'elle raconte. Elle retourne en Ukraine, dans les villages de ses parents, pour mettre au jour l'histoire de ses ancêtres, et de cette façon, leur montrer qu'ils sont toujours présent dans la mémoire.
C'est un livre très émouvant, avec en plus une résonance particulière au vue de l'actualité urkainienne.
Merci à Netgalley et Les Escales pour cette lecture.
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critiques presse (2)
Elle
30 avril 2022
À la suite de son fils Jonathan, Esther Safran Foer part sur les traces de ses aïeux, victimes de la Shoah, dans une émouvante enquête.
Lire la critique sur le site : Elle
Telerama
23 février 2022
Avec “Sachez que nous sommes encore là”, la mère de l’écrivain Jonathan Safran Foer raconte l’histoire de leur famille, des Juifs ukrainiens ayant fui aux États-Unis lors de la Seconde Guerre mondiale. Une quête des origines fascinante, dont elle détaille la création.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
J'y étais enfin, sur la tombe de ma grand-mère, de mon arrière-grand-mère, de mes tantes et cousins, et des innombrables membres assassinés de ma famille. Les Ukrainiens reculèrent poliment, nous laissant un peu d'espace , mais ce que nous voulions à cet instant, c'était une véritable intimité. Frank et moi avons fait le tour du monument ; la stèle nous dissimilait partiellement aux regards. J'ai sorti une kippa pour Frank, un exemplaire du kaddish, la prière des endeuillés, et une de nos cartes de Rosh Hashana. J'ai tendu la carte à Frank, qui a essayé de trouver une fissure dans la stèle pour y glisser la photo, comme nous l'avions fait devant les monuments de Trochenbrod. Comme c'était impossible, nous l'avons enfouie dans la terre. J'ai ensuite posé un gros caillou devant la tombe, comme le veut une ancienne tradition juive : les fleurs fanent, alors que la pierre représente la permanence du souvenir. Nous avons récité le kaddish dans ce lieu sacré et nous avons pleuré.
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C'est dans les camps d'Allemagne du Sud [camps de réfugiés] placés sous la responsabilité du général Patton que la situation était la pire. Patton écrit dans son journal que les réfugiés juifs étaient «  une espèce sous-humaine totalement dépourvue de distinction culturelle et sociale propre à notre époque ». Patton fut relevé de son commandement par le général Eisenhower […].
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J'ai rassemblé des archives impressionnantes, mais la réalité est qu'il est plus facile de trouver des informations - ou du moins des références - sur le shtetl fictionnel qui est sorti de l'imagination de Jonathan que sur le lieu où a réellement vécu mon père.
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Comment se souvenir de quelqu'un qui n'a laissé aucune trace ?
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