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EAN : 9782749167893
336 pages
Le Cherche midi (17/03/2022)
4.12/5   16 notes
Résumé :
Nichée entre les chaînes de montagnes enneigées, la Zaramestrie est un pays abîmé par la guerre. Après des années de combat, alors que la paix a été déclarée et les armes déposées, les adversaires tentent de cohabiter à nouveau.

Deux étrangers sont attirés en plein hiver dans cette région. Tandis que Leila Alaman, violoniste française, découvre le pays avec un regard neuf et fait la connaissance de jeunes musiciens, le photographe de guerre Tim Volker... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Combien de temps encore
Combien de temps dis-moi
Faut-il pour pardonner
Aux monstres d'autrefois ?

Bienvenue en Zaramestrie, un des pays les plus pauvres d'Europe, pluriel et multiculturel depuis que les Yassimils, autrefois persécutés en Europe de l'Est, y ont trouvé refuge et cohabitent avec les Zaratiens. Jusqu'à ce que la guerre détruise tous les équilibres. Puis que la vie reprenne. Enfin la vie…

Dans les pas de Lelial Alaman, jeune chercheuse et violoniste française venue à la demande de son grand-père défunt sur ses terres d'origine, et dans ceux de Tim Volker, photographe de guerre de retour en Zaramestrie après avoir baroudé au fil des guerres africaines, Alizée Gau nous entraîne dans une exploration des ravages de la guerre après la guerre.

Dans Minuit au bord du monde, elle conte ce qui se passe après les conflits et juste avant la paix. Chimère illusoire que de croire que l'une succèderait automatiquement à l'autre. Sans transition comme on dit dans le poste. Ce serait bien trop simple ; mais ça ne l'est pas.

Et cette phase d'entre-deux pendant laquelle il faut apprendre à revivre ensemble, celle que d'aucuns appellent résilience, Alizée Gau la raconte joliment, dans un mélange équilibré de gravité et d'émotion, de scènes chocs et de réflexions plus distanciées, voire poétiques quand la métaphore des « ruptures du Grand Filet » vient expliquer le chaos et la souffrance.

Elle ne cache rien des scènes chocs de charniers, de murs de la honte ou de déplacements massifs de population ; elle dit le poids des ethnies et l'impasse des Triskas, cette troisième voie neutre qui ne résout rien dans le court terme ; elle dit le combat politique des femmes pour reconstruire, rappelant utilement que « les premières victimes de la guerre, ce sont les femmes, Yassimiles ou Zaratiennes. On l'oublie trop souvent ». Elle dit surtout les traumatismes humains et indélébiles que laisse la guerre sur les hommes, en Zaramestrie ou au Soudan. Et ailleurs aussi…

Mais elle dit enfin et surtout comment de simples petites choses et actions peuvent contribuer à faire renaître l'espoir, à l'image de la musique et de ce concert préparé dans la Plavitza Rock School, école mixte où de jeunes Zaratiens et Yassimils font, sans en avoir totalement conscience, oeuvre de réconciliation.

Dans ce pays imaginaire - très similaire à l'ex-Yougoslavie meurtrie et en totale résonnance avec le martyr ukrainien actuel -, flotte la belle âme de Nermin, le grand-père de Lelial, l'absent omniprésent : « Je ne fais que me transformer. Je suis le souffle de ton violon, la pluie à ta fenêtre, le crépitement du feu où tu tendras tes mains pour te réchauffer ». Et celui qui insuffle aux jeunes générations, la force de pardonner pour enfin avancer…
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Leila est en deuil depuis la mort de son grand-père adoré, qui lui a laissé en héritage son amour de la musique - il était luthier, elle est violoniste - et une série de violons à transmettre à une école de musique de Zaramestrie, son pays natal. Tim, quant à lui reporter photographe de guerre, fait face à une crise existentielle, après qu'il a été blessé par balle pendant un de ses reportages en Afrique, et décide de retourner sur les lieux de son premier reportage, en Zaramestrie. Pour l'un comme pour l'autre, ce pays sera source de remises en question, de réflexions sur le monde qui les entoure, jusqu'à ce que le présent les rattrape.

Le choix de cette alternance de voix narratives bien différentes - d'un côté, la jeune femme assez naïve, qui découvre à retardement la complexité d'une partie de ses origines, et les raisons du silence de son grand-père à leur sujet ; de l'autre, le quadragénaire abîmé par son métier, aux expériences traumatiques des conflits qu'il a couverts et qui vont lui exploser en pleine figure, permet, avec réussite, et beaucoup de sensibilité, à Alizée Gau, son autrice, de décrire, par l'intermédiaire d'un pays fictif, bien que transparent, toute la complexité d'une reconstruction dans un lieu qui a connu une telle violence entre deux populations.

Un premier roman prometteur, pertinent tant narrativement que stylistiquement, que j'ai été ravie de découvrir. Je remercie les éditions du Cherche Midi et NetGalley de me l'avoir permis.
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Avec ce livre, je suis agréablement sortie de mes lectures habituelles et j'ai surtout découvert une jolie plume.
Les chapitres alternent entre deux voix, deux personnages qui se retrouvent dans un pays où deux populations cohabitent encore sous tension après la guerre. Et malgré ce pays imaginaire, l'autrice a adapté des thèmes qui pourraient le rapprocher de situations existantes dans des pays où doivent cohabiter des peuples ou minorités. Elle évoque aussi la condition féminine en temps de guerre mais aussi de manière générale.
*Leila est en deuil. Elle a perdu son grand-père. Il lui a légué des violons et lui demande de les apporter au Plavitza Rock School en Zaramestrie. C'est son pays d'origine. Leïla est biologiste mais elle joue elle-même du violon et va donner des cours dans cette école de musique où se côtoient des élèves des deux peuples qui ont été en conflit.
*2eme personnage: un photographe qui a couvert la guerre il y a 15 ans. Un peu rebuté de l'occident et de ses travers, il est revenu sur place pour raison professionnelle. Il se lie à une artiste originale et mystérieuse.
La plume est délicate et poétique dans ce pays où superstitions et croyances sont omniprésentes. L'autrice crée une histoire et des personnages plein d'émotions. le tout donne une impression de douceur grâce à l'art, le style empreint de sensualité.
Douceur et calme qui contraste l'animosité qui subsiste, la répression ainsi que la volonté de vengeance, le froid qui règne et les tourments et angoisses de chacun dans un pays dont les esprits sont traumatisés par la guerre.

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Minuit au bord du monde, comment parler de cette histoire sans vous la gâcher? Ce livre, absolument extra-ordinaire , tant dans son histoire, dans les yeux de Tim et Leila dont le contraste donne une saveur particulière à la Zamestrie, que dans l'écriture fluide et empreinte de poésie à chaque page. L'écriture d'Alizée Gau n'a pas son pareil .

J'aimerai vous en dire plus, vous parler de l'arrivée de Leila au Plavitza, de Min'; de Tim , Tara, Miralem et des intrigues autours de Jol Foje, des Yassmils et des relations qu'ils entretiennent avec les Zaratiens. Bref vous lire le chef d'oeuvre qu'est Minuit au bord du monde mais le mieux reste de vous inviter à faire ce voyage sublime.

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En Zaramestrie, pays fictif mais que l'on reconnait comme slave, deux ethnies se sont affrontées dans un terrible conflit et tentent de revivre ensemble. Passer de la guerre à la paix dans ces circonstances n'est pas chose facile. Il y a des traumatismes très douloureux sur lesquels il est difficile de reconstruire.
À travers les yeux de Tim, photographe ayant couvert le conflit quinze années plus tôt et Leila, dont le grand-père était originaire du pays, l'auteure offre une lueur d'espoir en partageant les petites actions qui lentement essayent de réconcilier ces peuples qui, parfois, ont oublié l'origine de leur haine.

Il y a beaucoup de livres racontant les guerres mais peu sur la reconstruction d'un pays. L'auteure, Alizée Gau, en a parcouru plusieurs ayant connu des guerres civiles et ethniques comme le Rwanda ou la Yougoslavie et la maitrise du sujet se ressent dans son roman. L'écriture est belle et j'ai aimé l'approche du sujet. Un très bon premier roman.

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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Dans les esprits, les frontières ne protègent pas seulement de l’ennemi fantasmé : elles contiennent la colère de son propre bord.
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Peut-être faut-il avoir grandit très loin des sources du malheur pour avoir le luxe de s'intéresser à ce que tant d'autres aspirent à fuir ou oublier. Loin dans l'espace, mais aussi dans le temps.
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