Il y a vingt ans, à Londres, Stan a rencontré Liv, la femme de sa vie. Elle était maquilleuse de théâtre, il est un compositeur talentueux. Elle était anglaise, il est français. Tous deux participaient à l'adaptation du Portrait de Dorian Gray ; l'un à la musique, l'autre en coulisses, au maquillage. La pièce a été abandonnée, mais a donné naissance à un grand amour : celui de Liv et de Stan. Une petite fille, Lisa, est venue parfaire leur bonheur.
Hélas, la vie est cruelle. Vingt ans après cette rencontre magique, Stan vit à Paris, dans la maison qu'il a héritée d'une grande tante. Dans ce refuge qu'il appelle le Terrier, il essaie de survivre à la mort de Liv. Pour faire perdurer le souvenir de celle-ci, il a fabriqué un appareil domotique, qu'il a doté de la voix de la disparue et nommé Laïvely. Il est difficile pour Babeth, sa nouvelle compagne de trouver sa place. Heureusement, cette maître-nageuse et mère d'un ado de l'âge de Lisa, a un caractère souple et affable.
Le récit alterne entre le passé londonien et le présent parisien, entre bonheur et douleur, entre souvenirs et réalité. Stan livre ses sentiments, ses émotions, ses douleurs, ses espérances, son bonheur passé et celui auquel il veut croire. Ses descriptions possèdent une puissance visuelle, auditive, olfactive, gustative : Stan est atteint de synesthésie. Il dépeint les évènements de manière poétique, mystérieuse et appelle tous nos sens. Cette atmosphère sensorielle s'empare de notre corps et de notre esprit et donne la sensation d'être dans une bulle ouatée.
Au fil des confidences de l'amoureux endeuillé, l'émotion étreint notre gorge. En parallèle, nous nous interrogeons sur certains éléments, mais ne parvenons pas à formuler nos questions. Des faits troublants se produisent. Même Laïvely semble vouloir délivrer un message. Une sensation diffuse et capiteuse nous souffle que les mots cachent des secrets que nous n'avons pas perçus. Pour tenter de les discerner, nous nous interrogeons sur le genre du roman. La réponse ne nous est apportée qu'à la fin. Nous comprenons que nous avons interprété des situations, que nous avons présagé des mots qu'
Anne Sénès n'a pas écrits, qu'elle a simplement détourné notre attention de ses silences. L'histoire défile à nouveau dans notre tête.
J'ai adoré ce roman ensorceleur.
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