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EAN : 9782221126783
372 pages
Robert Laffont (08/09/2011)
3.74/5   19 notes
Résumé :
"Nous allons vous rendre le pire des services, nous allons vous priver d'ennemi !", avait prédit en 1989 Alexandre Arbatov, conseiller diplomatique de Mikhaïl Gorbatchev.

L'ennemi soviétique avait toutes les qualités d'un "bon" ennemi : solide, constant, cohérent. Sa disparition a en effet entamé la cohésion de l'Occident et rendu plus vaine sa puissance. Pour contrer le chômage technique qui a suivi la chute du Mur, les Etats (démocratiques ou pas), ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
On retrouve une partie des thématiques de ce livre dans le plus récent "Vendre la guerre" du même auteur que j'ai chroniqué ici, mais dans un cadre plus large et plus synthétique. Les deux ouvrages se complètent bien, car La fabrication de l'ennemi date de 2012, et n'est donc pas à jour de certains développements récents, ce à quoi la lecture de vendre la guerre portera remède utilement. Mais au demeurant les analyses de Construire l'ennemi demeurent parfaitement valables.
Le livre analyse magistralement les stratégies employées par les états pour justifier et déclencher les guerres conformes à leurs intérêts, avec les évolutions intervenues au cours des temps. On voit aussi comment malgré tout les mêmes erreurs sont répétées année après année.
Et c'est un triste catalogue de crimes qui sont souvent aussi des fautes (voir la célèbre formule de Talleyrand.
On notera cependant que les États-Unis se taillent ici la part du lion dans les exactions, ce qu'ils réussissent à dissimuler en partie w leur propagande étant largement supérieure et leurs relais d'opinion beaucoup plus développés que ceux de leurs adversaires, tout au moins en Occident, les pays du Sud, qui savent ce qu'il en est d'expérience, étant beaucoup plus lucides, et devenant plus hardis dans un monde qui redevient multipolaire (le budget militaire des USA représentait en 2012 6 fois celui de la Chine contre seulement trois fois aujourd'hui)
Certains s'en inquiètent. Ce livre peut leur faire voir les choses autrement.




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La première partie est épatante. La «définition de l'ennemi» est présentée avec logique et .. pragmatisme. du bon sens, une excellente recherche.. bref une trame bien posée avec une (très) bonne méthodologie: chronos et géo. On se régale autant avec les citations qu'avec les raisonnements justes et concis.
Les connaissances de l'auteur ainsi que ses recherches en la matière sont indéniables.
A partir des guerres civiles, ça devient confus et répétitif, gribouillé dans le temps et confusionnel dans la géographie. On a l'impression d'un déjà dit ou écrit.
Je préfère l'auteur en interview, c.à.d lorsqu'il est guidé par les questions..
bref malheureusement, je zigzag et heureusement.. la conclusion rattrape tout. Juste, précise et .. chirurgicale. A partir de là, l'auteur nous donne les moyens de comprendre et, qui sait, de résister à l'injustice belliqueuse?
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critiques presse (1)
LesEchos
07 septembre 2011
Formidable essai qui bat en brèche la pensée classique en matière de conflits.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
« Nous allons vous rendre le pire des services, nous allons vous priver d'ennemi ! », avait prédit en 1989 Alexandre Arbatov, conseiller diplomatique de Mikhaïl Gorbatchev. L'ennemi soviétique avait toutes les qualités d'un « bon » ennemi : solide, constant, cohérent. Sa disparition a en effet entamé la cohésion de l'Occident et rendu plus vaine sa puissance.
Pour contrer le chômage technique qui a suivi la chute du Mur, les États (démocratiques ou pas), les think tanks stratégiques, les services de renseignements et autres faiseurs d'opinion ont consciencieusement « fabriqué de l'ennemi » et décrit un monde constitué de menaces, de risques et de défis.
L'ennemi est-il une nécessité ? Il est très utile en tout cas pour souder une nation, asseoir sa puissance et occuper son secteur militaro-industriel. On peut dresser une typologie des ennemis de ces vingt dernières années : ennemi proche (conflits frontaliers : Inde-Pakistan, Grèce-Turquie, Pérou-Équateur), rival planétaire (Chine), ennemi intime (guerres civiles : Yougoslavie, Rwanda), ennemi caché (théorie du complot : juifs, communistes), Mal absolu (extrémisme religieux), ennemi conceptuel, médiatique...
Comment advient ce moment « anormal » ou l'homme tue en toute bonne conscience ? Avec une finesse d'analyse et une force de conviction peu communes, Pierre Conesa explique de quelle manière se crée le rapport d'hostilité, comment la belligérance trouve ses racines dans des réalités, mais aussi dans des constructions idéologiques, des perceptions ou des incompréhensions. Car si certains ennemis sont bien réels, d'autres, analysés avec le recul du temps, se révèlent étonnamment artificiels.

Quelle conséquence tirer de tout cela ? Si l'ennemi est une construction, pour le vaincre, il faut non pas le battre, mais le déconstruire. Il s'agit moins au final d'une affaire militaire que d'une cause politique. Moins d'une affaire de calibre que d'une question d'hommes.
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Le président bolivien Mariano Melgarejo était un ex-sergent arrivé au pouvoir par un coup d'État, ce que l'on appelle un golpiste. En 1870, irrité par l'ambassadeur anglais à La Paz qui se refusait à signer un traité, il le fit enduire de chocolat et lui fit faire un tour de ville monté en croupe à l'envers sur une mule puis l'expulsa du pays.

Quand l'incident parvint à Londres, la reine Victoria, au sommet de sa puissance, décida de ne pas laisser l'outrage impuni et donna l'ordre d'envoyer une canonnière contre La Paz.

Quand le Premier ministre Gladstone lui fit remarquer que La Paz était à 500 kilomètres de la mer et à 4 000 mètres d'altitude, la reine se fit apporter une carte géographique et, après avoir découvert où se trouvait le pays, elle l'effaça d'un trait de plume en déclarant : « La Bolivie n'existe pas. »

Jusqu'à la fin de son règne, le pays disparut des cartes britanniques.
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L'ennemi répond à un besoin social, il participe d'un certain imaginaire collectif propre à chaque groupe. C'est un autre soi-même qu'il faut "altériser", noircir, et rendre menaçant, afin que l'usage de la violence puisse apparaître légitime.
Page 38
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Le même scientisme à Washington amena Walt Rostow, spécialiste du sous-développement devenu conseiller à la Sécurité nationale du président Johnson, à promouvoir des bombardements sur les installations industrielles du Nord-Vietnam. Il affirmait que le pays céderait à des vagues des B-52 afin de protéger son industrie naissante. Rostow avait des analyses strictement théoriques, sans aucune base d'expertise sur le Vietnam lui-même, où il n'y avait pas d'industries. Les scientifiques et ingénieurs militaires qui participaient à la course aux armements apportaient une touche d'analyse technologique. Un génial ingénieur américain trouvait que les bombes à billes lancées contre les Vietnamiens souffraient d'un défaut majeur : les billes en acier qui pénétraient profondément dans les chairs étaient repérables aux rayons X et pouvaient donc être extraites. Il proposa qu'elles soient remplacées par des billes de plastique aussi efficaces, mais inopérables. Un handicapé coûte plus cher à la collectivité qu'un mort.
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Le discours de la puissance est schizophrène : il exprime des jugements différenciés sur les actions des puissances ou de leurs alliés, par rapport à celles de leurs « ennemis ». De Gaulle justifiait la possession de l'arme nucléaire par la France en expliquant qu'elle est un égalisateur de puissance interdisant à un grand pays de dicter sa volonté à un petit pays. Il rappelait que la France ne voulait plus connaître l'invasion et refusait de signer le traité de non-prolifération, en accord avec l'Inde. Ce discours peut être transposé à tous les pays colonisés qui ont vécu l'invasion dans leur chair. Comment condamner la prolifération d'armes nucléaires d'autres nations aujourd'hui ? Par l'interdit, tout simplement.
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Les religions sont à l'origine des conflits ? Mènent-elles à la violence, ou bien pacifient-elles les rapports humains ? Font-elles plus de bien que de mal ?
Ce débat oppose Pierre Conesa agrégé d'histoire, ancien administrateur civil au ministère de la Défense, auteur de nombreux essais sur les fondamentalismes religieux, et Rémi Brague philosophe et historien de la philosophie, membre de l'Institut de France.
Les toiles qui servent de décor à cet échange font partie de l'exposition Stat Crux du peintre François-Xavier de Boissoudy.
Chapitrage 0:00 : Introduction 1:56 : Les radicalismes religieux 11:50 : La violence dans les textes sacrés 27:17 : Articulation du politique et du religieux 40:50 : Idéologie VS radicalisation 57:52 : Religions, vecteurs de pacification
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