AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782903533311
Chemin Vert (13/03/2014)
3.52/5   20 notes
Résumé :
" Robe blanche, hiver blanc, journée blanche... Ses illusions, en ce matin de février 1979, étaient aussi pures que ce blanc qui avait recouvert tout le vignoble, immaculé. " D'un point de vue extérieur, Hélène semble mener une existence paisible au c?ur du vignoble champenois, mais une fois la porte de la chambre conjugale refermée, qui peut se douter de l'enfer qu'elle vit au quotidien ? En parallèle, sa fille Gaby, va peu à peu perdre ses illusions sur la vie fam... >Voir plus
Que lire après Les noces meurtriesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
3,52

sur 20 notes
5
1 avis
4
8 avis
3
3 avis
2
2 avis
1
0 avis
Nous sommes en hiver, tout est blanc dans les vignobles et le ciel même semble se perdre dans ce décor cotonneux. Tout est blanc aussi dans ce mariage entre Hélène et Bertrand, la robe, l'épousée innocente telle une blanche colombe. Tout semble idyllique.
Jusqu'à la nuit de noce Hélène est joyeuse et légère. Puis vient l'anxiété. Elle ne sait que ce que lui en a dit sa mère, soit peu: les hommes ont des besoins que leur épouse doit satisfaire sous peine de les voir partir avec une autre.
Alors quand la nuit de noce est décevante elle ne sait quoi penser, puis quand son mari lui fait l'amour trois fois par jour n'importe où et n'importe quand , la encore elle ne sait pas.
Deux enfants vont naître et avec eux la vie va se remplir sur un rythme effréné au point que le jour où Hélène attrape la grippe et se voit conseillé du repos elle souffle de joie.
Alors quand grippeuse et alitée cela n'arrête même pas son mari dans ses besoins conjugaux ou ses attentes vis à vis du vignoble, elle pleure.
Elle pleure sur elle même, sur cette vie de femme objet et d'esclave qu'elle vit. Mais auprès de qui en parler? Qui l'écouterait? Alors elle enfouit ces moments d'humiliation et de dégoût au fond d'elle même. Et envisage même que le problème vienne d'elle. Jusqu'au jour où trop c'est trop et elle décide de changer sa vie.

Comment exprimer ce que j'ai ressenti à la lecture de cette nouvelle?
Tout d'abord le sujet, il est toujours un peu dérangeant de rentrer ainsi dans la vie des couples et dans la tête de l'un des partenaires. Hélène est une jeune mariée au début de ce récit et rapidement on sent sa gène, son désarroi devant les besoins quasi effrénés de son époux. Comment se refuser? À qui en parler? Hélène fait partie de cette génération avant nous pour qui le sexe dans le couple est encore un sujet tabou. Alors parler de son mal-être, de son sentiment d'être utilisée comme femme objet tant sexuellement que dans la vie de tous les jours n'est pas une mince affaire. Surtout lorsque l'on lit les réactions de Bertrand. Il est le mâle type, celui pour qui une épouse est là pour lui faciliter la vie, lui donner du plaisir au moment où il le souhaite et s'occuper des enfants qu'il lui fait.
Il ne se remet pas en question, est tellement sur de lui qu'Hélène en vient à douter d'elle même.
C'est une situation de tension particulière pour une femme. Une certaine gène m'a suivi tout au long de la première partie. Je n'ai pas connu ce genre de mariage mais étant femme je peux ressentir ses sentiments aussi bien que si je l'avais vécu. Nous avons toutes eu dans notre vide des moments de doute. À voir la certitude des autres en face nous nous sommes alors senties désemparées et parfois même écrasées par une culpabilité qui n'a pourtant pas lieu d'être. Hélène est l'image de cette femme meurtrie, dégoûtée d'elle même et de son corps mais surtout de son mari. Ou comment le manque de compréhension , de partage ou simplement de communication peut amener à une situation de malaise parfois inéluctable et surtout irrattrapable.
Alors quand Hélène se prend en main et se décide à faire bouger les choses on applaudit à grand cris tout en regrettant que d'autres n'aient pas eu ce courage.
Puis le récit change de narrateur et il m'a fallu je l'avoue quelques paragraphes avant de m'en rendre compte et m'adapter.
Ce n'est plus Hélène qui va nous relater la suite des événements mais Gaby, sa fille de 15 ans. Elle n'est pas de la même génération, on ressent déjà à ses paroles et sa manière de penser que pour elle le monde est différent. Sa vision est claire et tranchée malgré son jeune âge. Elle voit, mais elle observe aussi et comprend plus que les adultes semblent croire. Son point de vue est peut être un peu catégorique mais c'est l'apanage de la jeunesse de tout voir en noir ou blanc et on ne peut lui en vouloir de ses pensées. On ressent aussi sa dualité entre son envie de protéger sa mère et son besoin de fuir ce huis-clos de violence verbale et de rancoeur.
On observe aussi les conséquences que cela a sur sa propre vie amoureuse, son besoin de diriger, de ne laisser personne la rendre dépendante, de décider qui et comment et surtout de partir quand la garçon commence à vouloir la mener dans son lit. Elle compense son incertitude familiale par cette attitudes hélas stérile. Car elle s'enfonce alors dans une image stéréotypée et simpliste des hommes : ils ne sont alors pour elle que des obsédés de sexe. Les sentiments semblent avoir disparu de son schéma amoureux. Les hommes sont vus comme des prédateurs dont elle ne veut pas être la proie.

Au fil de l'histoire nous allons donc voir évoluer les sentiments des uns et des autres.
En tant que femme nous aurons tendance à partager les réactions de nos deux narratrices ou au moins à les comprendre. Peut être même éveilleront elles en certaines de vagues souvenirs ou des traumatismes enfouis.
L'écriture de l'auteur est simple et nous fait vivre les situations comme si nous suivions la vie de nos deux héroïnes. On se sent attirés dans leur quotidien comme un papillon dans la lumière. Rien ne nous intéresse plus que de connaître la suite, de comprendre, d'espérer peut être une amélioration pour l'une ou l'autre et pourquoi pas les deux. Elle sait aussi interpeller en nous cette partie féministe et moderne pour qui le mariage est un partage des sentiments et des tâches afin qu'elle se rebelle à la lecture de la vie d'Helene. Car au début on partage son désarroi mais en même temps on a envie de la secouer de se laisser faire ainsi. Puis on se rappelle la période et on compatis encore plus à cette génération de femmes soumises à leur père d'abord puis à leur époux. La description que fait la mère d'Helene du mariage et des relations conjugales est affreusement rétrograde et surtout terrifiante pour nous femmes de l'an 2000.
Mais certaines choses ne changent pas comme cette propension à la femme de se sentir automatiquement en tort et coupable face à un adversaire plus sûr de lui.
La première réaction alors sera de se remettre en question plutôt que d'envisager qu'il puisse y avoir une autre solution ou que nous ayons raison. Hélène en est un exemple complet.
Je l'avoue j'ai eu du mal avec les premiers chapitres, non pas faute de style ou manque d'intérêt, mais plutôt à cause d'un certain malaise personnel à vivre par procuration cette vie de femme soumise et objet. Ce n'est absolument ni ma façon de voir le mariage ni celle dont je le vis alors me retrouver dans la peau et les pensées de cette femme malheureuse et meurtrie me laissait un goût désagréable à la fin de chaque ligne lue. Comment ne pas sentir un peu coupable d'être heureuse alors qu'il existes des femmes qui le vivent si mal?
Comment ne pas apprécier encore plus son conjoint lorsque l'on découvre les abjectes malversations dont se rend coupable Bertrand. Que ce soit vis à vis du divorce ou de ses enfants l'auteure a réellement bien su nous le rendre détestable à souhait. Nous prenons faite et cause pour Hélène et Gaby. Aucune excuse ne pourra ramener Bertrand dans notre estime.
Mais serait ce différent si j'avais été un homme ? Que ressortirait il de cette lecture dans l'esprit d'un de nos chers maris? Ou amis? Y verrait il le même réflexe de rébellion, ou la solidarité primerait elle?
Au final il en ressort pour moi comme un hommage à l'amour, au partage et à la liberté. Liberté de vivre sa vie, de s'exprimer, d'aimer ou de détester, de donner son corps ou de le refuser.
Partage des sentiments ,des émotions, des problèmes aussi et surtout partage des idées pour les solutionner ensemble.
Car on ne le dira jamais assez UN couple c'est aussi et surtout DEUX êtres libres qui ont décidé de faire un bout de chemin ensemble vers la même destination.
Je remercie donc le forum Break A Book pour ce récit qui m'a apporté beaucoup plus qu'un simple moment de lecture.
Lien : http://www.breakabook.com/t1..
Commenter  J’apprécie          10
Les noces meurtries de Sandra Banière

Une longue descente aux enfers dans l'attente d'obtenir peut-être un jour une petite place dans un paradis simple et mérité.

Hélène, femme soumise, face à un homme tyrannique et exigent, s'éteint au fil des années dans une vie loin de ses rêves. Difficile pourtant pour elle de réaliser que la situation n'est pas normale et qu'elle ne doit pas tout accepter sous prétexte que le mariage les a unis.

Pour son conjoint, la place du sexe faible est bien présente et ne trouve son utilité que dans ses besoins et ses plaisirs personnels.
Dans le milieu agricole, la femme est un maillon important de l'exploitation mais hélas, la reconnaissance en est restée au même stade depuis le Moyen-Age pour Bertrand.

Fort heureusement, les hommes ne sont pas tous comme celui-ci, insensible et égoïste.

La coupe pleine débordera pourtant un jour et une poignée de personnes l'aidera à sortir des griffes du mal (mâle) et lui offrira le courage de quitter cette situation irréelle.
Son mari assoiffé de sexe, ne laissera aucun répit à son épouse, même lorsque la maladie la contraint au repos, il n'entend pas la laisser souffler un instant. Il accomplit ce qu'il appelle son devoir et n'a aucun souci de savoir si le plaisir est partagé. Une femme objet n'est pas là pour donner son avis, elle est là pour assouvir tous les désirs et besoins de son mari et éventuellement de ses enfants qui la défendent comme ils peuvent, avec terreur et peine.
Dans ce cri à l'aide, le lecteur désappointé cherche inconsciemment à trouver les bonnes solutions pour cette personnalité fragile, ayant plongée dans la vie comme on plonge dans une mer nouvelle encore inexplorée. Une légère gêne survole la lecture, nous sommes un peu voyeur de leur vie. Qui peut dire ce qui peut parfois se dérouler dans le huis-clos de l'intimité, où la première impression et les images idylliques montrées en public ne sont pas toujours le reflet de ce qui se passe réellement.

Pour les femmes, qui trouveraient en ce roman, un miroir de leur vie, elles acquerront sans aucun doute réconfort, espoir et pistes pour sortir du tunnel sombre et étroit de leur malheur.

L'écriture est fluide, sensible, réussissant avec talent à créer une harmonie entre les frissons de la douleur et les tressaillements du bonheur.

Merci à Sandra Banière pour son excellent roman, c'est un concentré d'émotions.

Commenter  J’apprécie          50
Merci à Babelio ainsi qu'aux éditions Chemin Vert pour m'avoir offert l'opportunité de découvrir l'écriture de Sandra Banière, à travers son premier roman Les noces meurtries.
On plonge au coeur de la vie d'Hélène, mariée trop jeune à Bertrand qui la soumet violemment et sans états d'âmes à ses désirs pendant les longues années que dure leur union. le couple a deux enfants Marc et Gaby, et c'est à travers les yeux de leur fille et de ceux d'Hélène que nous découvrons les traumatismes causés par le mépris et l'indifférence paternelle.
Le récit se déroule dans un village viticole, et met en avant la spécifité d'une vie à la campagne où tout le monde se connaît et croit connaître la vie des autres sans pour autant se soucier vraiment du malheur qui peux toucher certaines familles.

L'auteure Sandra Banière nous livre ici son premier roman marqué par le réalisme de son récit et une écriture fluide et accessible. On sent l'influence de ses origines champenoises et de son métier de professeur dans la construction du décor et de ses personnages. Sa sensibilité et son humanité se devinent par le thème choisi, la séparation et la violence conjugale, et du fait du choix d'une narration à deux voix. En effet, grâce à Gaby, on percoit la vision de l'enfant quant à la séparation difficile et aux relations violentes de ses parents. On assiste également à son évolution en tant que jeune femme, qui se construit avec les non-dits et les blessures provoquées par le rejet et l'absence de son père.

J'attendais au début de ma lecture un élément déclencheur, un point culminant qui fasse basculer le récit vers une autre dimension, peut-être plus tragique.
Une fois dépassée cette attente, on découvre que le bouleversement est permanent et que le drame est diffus, au fil des évènements de la vie de cette femme qui démontre une force extraordinaire face à la violence conjugale, banalisée voire niée par la grande majorité de son entourage.
Ce roman se lit d'une traite. On assiste à une tranche de vie familiale dont les épreuves peuvent résonner en chacun de nous. Les sujets traités sont d'actualité et touchent une grande partie de la population : violence conjugale, divorce, droit de garde, foyer monoparental.
J'ai aimé cette histoire de vie qui met en avant le combat d'une femme, d'une mère pour retrouver sa dignité et sa liberté. Hélène représente cette femme que l'on peut croiser tous les jours sans deviner ses blessures, ses choix, ses combats pour simplement exister par elle-même.
J'ai donc été emportée par ce roman bien écrit qui donne à croire que chaque personne a la capacité de se relever et d'atteindre le bonheur tel qu'il le conçoit.
Commenter  J’apprécie          10
Ce roman est une histoire de femme. Une histoire sociale.

Celle d'une femme qui reprend en main son destin, malgré les obstacles, les jugements, les manipulations. Une femme qui a accepté, qui s'est oubliée, prisonnière d'un quotidien qu'elle n'a jamais maîtrisé. C'est le récit de son courage et sa détermination.

Sandra Banière nous rappelle que les apparences peuvent être trompeuses et dissimuler de bien lourds secrets. Que se passe-t-il derrière la porte de chaque maison ? La souffrance revêt de multiples costumes, se cache, se tait. La honte, la peur, la solitude la musèlent. En toute impunité, le pervers narcissique agit et détruit.

Le sujet abordé n'est pas d'une grande originalité, pourtant ce roman séduit. D'abord parce que le cheminement de l'héroïne se construit au fil des pages, puis parce que l'auteur nous offre aussi le point de vue de Gaby, la fille du couple. Se croisent deux visions des conséquences de cette vie de couple, de cette immuable rupture, des travers de ce père/époux malveillant, de cette image que l'entourage se forge. Sont très bien décrits les tourments psychologiques, les doutes et les craintes sans pour autant nous entrainer dans le pathos. L'ensemble est sobre, bien écrit et se lit aisément.
Lien : http://aufildeslivresblogetc..
Commenter  J’apprécie          70
Depuis ma lecture de la villa Amarante de Lyliane Mosca, j'avais bien envie de me plonger à nouveau dans le genre qu'on appelle romans du terroir, il s'en dégage une ambiance toujours sympathique, bien propre à ce style.  Cette fois-ci, j'ai donc découvert Sandra Banière et j'ai vraiment aimé son roman Les noces meurtries. Tout premier bouquin de l'auteure, j'ai été agréablement surprise par cette histoire très sensible où l'on suit un parcours de femme difficile…
Les noces meurtries nous raconte de manière très intéressante la réalité un mariage où les protagonistes ne se connaissaient pas réellement avant de se dire oui pour la vie. Chacun découvre l'amour charnel après être passé devant l'autel…et notre héroïne va vite se rendre compte que la réalité est bien loin de ses rêves d'adolescente. Désillusion, volonté de s'affirmer, rapports parents/enfants, l'auteure touche à de nombreux thèmes bien menés et bien rythmés dans l'histoire, et tout ça sous fond d'exploitation viticole, où la réalité de la vie de la campagne française joue un rôle très important.
Le roman alterne deux points de vue. Celui d'Hélène, cette femme en perte d'estime de soi suite à un mariage raté, et Gaby, sa fille adolescente qui sent que le couple formé par ses parents décline peu à peu. A travers elles, on assiste à un parcours familial vraiment sympathique à lire, et ce malgré la dureté de certains événements. J'avoue tout de même avoir préféré les parties d'Hélène, mais surtout parce que j'avais envie de connaître le dénouement de son histoire.
Un livre à conseiller aux femmes parfois enfermées dans des vies qu'elles ne veulent pas. Un bel hymne à la liberté de chacun. Un très beau roman, simplement.
Commenter  J’apprécie          00

Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Il avait ce regard que j'avais toujours craint;un regard noir,dur,décidé à obtenir ce qu'il voulait,et peu importe les moyens qu'il faudrait employer.
Commenter  J’apprécie          00
Ils avaient découvert leur père sous son jour le plus sombre,sous un jour qu'aucun enfant ne devrait découvrir de cette manière.
Commenter  J’apprécie          00
"Peut-être pour toi,mais nous,on avait peur et on ne savait pas comment te calmer."
Commenter  J’apprécie          00

Video de Sandra Banière (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Sandra Banière

Nos lecteurs ont du talent - le concours vu par Sandra Banière
L'auteur Sandra Banière revient sur son expérience du concours d'écriture "Nos lecteurs ont du talent". Plébiscitée par les lecteurs, son roman "Les Noces me...
autres livres classés : Champagne-Ardenne (France)Voir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (38) Voir plus



Quiz Voir plus

Marseille, son soleil, sa mer, ses écrivains connus

Né à Corfou, cet écrivain évoque son enfance marseillaise dans Le Livre de ma mère. Son nom ?

Elie Cohen
Albert Cohen
Leonard Cohen

10 questions
307 lecteurs ont répondu
Thèmes : provence , littérature régionale , marseilleCréer un quiz sur ce livre

{* *}