Citations de Molière (2248)
Mon raisonnement est qu'il y a quelque chose d'admirable dans l'homme, quoi que vous puissiez dire, que tous les savants ne sauraient expliquer.
ÉLISE : Qu'avez-vous à me dire ?
CLÉANTE : Bien des choses, ma sœur, enveloppées dans un mot. J'aime.
ÉLISE : Vous aimez ?
CLÉANTE : Oui, j'aime.
Argan
Les médecins ne savent donc rien, à votre compte ?
Béralde
Si fait, mon frère. Ils savent la plupart de fort belles humanités, savent parler en beau latin, savent nommer en grec toutes les maladies, les définir et les diviser ; mais, pour ce qui est de les guérir, c'est ce qu'ils ne savent point du tout.
L'hypocrisie est un vice à la mode et tous les vices à la mode passent pour vertus.
Octave.
Ah! Scapin, si tu pouvais trouver quelque intention, forger quelque machine, pour me tirer de la peine où je suis, je croirais t'être redevable de plus que de la vie.
Scapin.
À vous dire la vérité, il y a peu de choses qui me soient impossibles, quand je veux m'en mêler. J'ai sans doute reçu du Ciel un génie assez beau pour toutes les fabriques de ces gentillesses d'esprit, de ces galanteries ingénieuses, à qui le vulgaire ignorant donne le nom de fourberies...
« Touchez donc là, Charlotte, puisque vous le voulez bien de votre part. »
(Ah le « parlé » des temps anciens…)
De mille doux frissons vous vous sentez saisir.
Philaminte
Acte III scène II.
Les femmes savantes.
Lorsqu'un rival s'éloigne, un autre plus funeste
S'en vient nous enlever tout l'espoir qui nous reste.
Toutefois, par un trait merveilleux de mon art,
Je crois que je pourrai retarder leur départ,
Et me donner le temps qui sera nécessaire
Pour tâcher de finir cette fameuse affaire.
Ah! pour être dévot, je n'en suis pas moins homme !
Et lorsqu'on vient à voir vos célestes appas,
Un cœur se laisse prendre et ne raisonne pas.
Non : j'ai résolu de ne pas faire un pas. J'ai tort ou j'ai raison.
Les anciens, monsieur, sont les anciens, et nous sommes les gens de maintenant.
Il faut du haut et du bas dans la vie ; et les difficultés qui se mêlent aux choses réveillent les ardeurs, augmentent les plaisirs.
TARTUFFE:
Ce m'est, je le confesse, une audace bien grande
Que d'oser de ce cœur vous adresser l’offrande;
Mais j'attends en mes vœux tout de votre bonté,
Et rien des vains efforts de mon infirmité;
En vous est mon espoir, mon bien, ma quiétude,
De vous dépend ma peine ou ma béatitude,
Et je vais être enfin, par votre seul arrêt,
Heureux, si vous voulez, malheureux, s'il vous plaît.
(Acte III, scène 3)
DORINE:
Daphné, notre voisine, et son petit époux
Ne seraient-ils point ceux qui parlent mal de nous ?
Ceux de qui la conduite offre le plus à rire
Sont toujours sur autrui les premiers à médire ;
(Acte I, scène 1)
Le devoir de la comédie étant de corriger les hommes en les divertissant, j'ai cru que, dans l'emploi où je me trouve, je n'avais rien de mieux à faire que d'attaquer par des peintures ridicules les vices de mon siècle.
(Premier placet au Roi, 2° édition du 6 juin 1669)
SGANARELLE - Non, je te dis que je n'en veux rien faire, et que c'est à moi de parler et d'être le maître.
MARTINE - Et je te dis, moi, que je veux que tu vives à ma fantaisie, et que je ne me suis point mariée avec toi pour souffrir tes fredaines.
SGANARELLE - O la grande fatigue que d'avoir une femme! et qu'Aristote a bien raison, quand il dit qu'une femme est pire qu'un démon!
MARTINE - Voyez un peu l'habile homme, avec son benêt d'Aristote!
SGANARELLE - Oui, habile homme. Trouve-moi un faiseur de fagots qui sache, comme moi, raisonner des choses, qui ait servi six ans un fameux médecin, et qui ait su dans son jeune âge son rudiment par coeur.
MARTINE - Peste du fou fieffé!
Acte premier - scène 1
URANIE - Pour moi, quand je vois une comédie, je regarde seulement si les choses me touchent; et, lorsque je m'y suis bien divertie, je ne vais point demander si j'ai eu tort, et si les règles d'Aristote me défendaient de rire.
DORANTE - C'est justement comme un homme qui aurait trouvé une sauce excellente, et qui voudrait examiner si elle est bonne sur les préceptes du "Cuisinier français".
(Scène 6)
Ah ! qu'il est doux d'aimer,
Quand deux cœurs sont fidèles !
TARTUFFE
Couvrez ce sein que je ne saurais voir :
Par de pareils objets les âmes sont blessées,
Et cela fait venir de coupables pensées.
DORINE
Vous êtes donc bien tendre à la tentation,
Et la chair sur vos sens fait grande impression,
Certes, je ne sais pas quelle chaleur vous monte :
Mais, à convoiter, moi, je ne suis pas si prompte,
Et je vous verrais nu du haut jusques en bas,
Que toute votre peau ne me tenterait pas.
CATHOS. Pour moi, j'ai un furieux tendre pour les hommes d'épée.
MAGDELON. Je les aime aussi ; mais je veux que l'esprit assaisonne la bravoure.
MASCARILLE. Te souvient-il, vicomte, de cette demi-lune, que nous emportâmes sur les ennemis du siège d'Arras?
JODELET. Que veux-tu dire avec ta demi-lune? C'était bien une lune toute entière.
MASCARILLE. Je pense que tu as raison.
JODELET. Il m'en doit bien souvenir, ma foi : j'y fus blessé à la jambe d'un coup de grenade, dont je porte encore les marques. Tâtez un peu, de grâce, vous sentirez quelque coup : c'était là.
CATHOS. Il est vrai que la cicatrice est grande.
MASCARILLE. Donnez-moi un peu votre main, et tâtez celui-ci : là, justement au derrière de la tête. Y êtes-vous?
MAGDELON. Oui, je sens quelque chose.
MASCARILLE. C'est un coup de mousquet que je reçus la dernière campagne que j'ai faite.
JODELET. Voici un autre coup qui me perça de part en part à l'attaque de Gravelines.
MASCARILLE (mettant la main sur le bouton de son haut-de-chausses). Je vais vous montrer une furieuse plaie.
MAGDELON. Il n'est pas nécessaire : nous le croyons, sans y regarder.
MASCARILLE. Ce sont des marques honorables, qui font voir ce qu'on est.
CATHOS. Nous ne doutons point de ce que vous êtes.