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Marie-Hélène Robinot-Bichet (Éditeur scientifique)
EAN : 9782011666437
160 pages
Hachette (01/04/1994)
3.66/5   58 notes
Résumé :
Comédie représentée pour la première fois à Paris, sur le théâtre du Palais-Royal le 1er juin 1663 par la Troupe de Monsieur, frère unique du Roi.
Que lire après La critique de l'école des femmes - L'impromptu de VersaillesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Vu de ma fenêtre, cette pièce est un OVNI.

C'est en effet la première fois que je vois un auteur répondre à la critique d'une de ses pièces par une autre pièce mise en abîme, où des personnages viennent d'aller voir la pièce précédente et débattent sur ses qualités (avec les arguments de Molière) et ses défauts (avec des arguments… volontairement débiles).
La première pièce est – vous l'aurez deviné – L'École des Femmes.

Cette pièce en un seul acte est assez brute de fonderie. Molière a mis dedans tout son agacement des critiques qu'il a lues ou entendues ; celles des gens qui n'y connaissent rien mais estiment qu'il est de bon aloi de trouver la pièce scandaleuse, et celles des gens du métier, qui valident la qualité d'une pièce comme des ingénieurs qualité à l'aide d'indicateurs soigneusement étalonnés, indicateurs qui éliminent tout jugement subjectif mais aussi toute notion de plaisir ressenti.

Molière défendait déjà la culture populaire, destinée à procurer un plaisir immédiat au plus grand nombre. Qu'une pièce soit rejetée parce qu'elle ne respecte pas les règles d'Aristote le hérisse au plus haut point et il ne se gêne pas pour le dire ici. le seul véritable jugement, c'est l'accueil du public. S'il se marre, la pièce est bonne, point barre.

Ce faisant, je me demande si Molière était contre l'idée de donner au public des clés de compréhension pour des oeuvres plus ambitieuses, de lui permettre de regarder une oeuvre selon divers angles ; bref contre l'idée qu'une oeuvre a souvent plusieurs grilles de lecture. Deux personnes qui débattent alors qu'ils se placent sur deux grilles différentes seront difficilement d'accord au premier abord, mais la discussion et l'échange entre elles ont de fortes chances de leur faire appréhender avec sympathie la grille de l'autre.

En fait je crois que ce qui révulse Molière est moins la nature des critiques que le ton employé. On peut dire « cette pièce n'est pas bonne pour telle ou telle raison » ou faire du Zemmour et Naulleau et attaquer par « je n'ai jamais vu une telle merde de ma vie ». le ton offense ou fait réfléchir. Et je suppose que les critiques de L'École des Femmes ne se sont pas gênés pour dynamiter la pièce dans les salons où l'on cause sérieux.

Une pièce plutôt marrante donc, mais dont on peut se passer.
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Créée fin décembre 1662, L'Ecole des Femmes a provoqué un scandale, a donné lieu à une tentative de cabale, des critiques, un débat de société. Cela a fortement contribué au succès de la pièce, qui a attiré un public nombreux. Molière était parfaitement conscient que tous ces débats, critiques, faisaient venir le public. Il annonce très vite, pour répondre aux mises en cause de sa pièce, une petite pièce qui répondrait à ses détracteurs, sous une forme amusante. Elle est évoquée dès le mois de janvier, puis en mars, mais se fera attendre. le rôle des petites pièces en un acte, complétant la grande pièce, était en effet de relancer la fréquentation, lorsqu'une pièce au bout de quelques temps attirait moins de monde. Et l'Ecole des Femmes a continué à faire venir le public jusqu'à la relâche de Pâques (les théâtres devaient s'arrêter pendant plusieurs semaines pour des raisons religieuses). La critique de l'Ecole des Femmes sera donnée le 1 juin, à un moment où les recettes des théâtres étaient en général faibles, et permet une envolée spectaculaires des recettes. le succès continue jusqu'à début août ; des soldats ont même été engagés en renforts des portiers pour protéger le théâtre des hommes armés voulant entrer sans payer. En renfort à la pièce, Donneau de Visé, homme de lettres proche de Molière écrit une pièce qui semble donner la réplique à Molière (La véritable critique de l'Ecole des Femmes). C'est une attaque de façade, les arguments sont faibles et débonnaires, et largement contrés, et bien plus brillamment par Molière dans La Critique de l'Ecole des Femmes. D'autres critiques plus résolues apparaîtront, dont le portrait du peintre (surnom de Molière) joué sur la scène de l'Hôtel de Bourgogne ; ce qui permettra à Molière de répliquer avec L'impromptu de Versailles, et de faire encore parler de sa pièce et d'attirer les spectateurs dans son théâtre. Une fois son rôle rempli, la pièce, de circonstance, disparaîtra des affiches.

La pièce se passe dans un salon, (ou plutôt dans une ruelle, le mot salon n'étant pas encore en usage à l'époque de Molière), du beau monde parisien. Uranie, l'hôtesse reçoit des habitués, et on vient presque immédiatement à évoquer le sujet du jour, L'école des femmes. La pièce a ses défenseurs et ses détracteurs. Les défenseurs sont « honnêtes gens » et des détracteurs appartiennent à la catégorie des ridicules. Molière esquisse une stratégie de connivence avec son public, qui se reconnaît sur la scène, et qui forcément a plus envie de s'identifier aux personnages positifs des admirateurs de la pièce. Les adversaires appartiennent à des genres comiques que Molière va continuer à travailler : la précieuse et prude Climène, le marquis ridicule qui prétend juger de tout, et le pédant poète Lysidas. Ils sont des repoussoirs pour son public galant, qui recherche une convivialité sans heurts, sans excès. La prétention du marquis, l'exagération langagière et prude de Climène, l'excès du recours aux autorités d'Aristote et de l'Académie de Lysidas qui fait la leçon à l'auditoire, s'opposent au bon sens, à la juste mesure adoptés par Uranie et Dorante. Une pièce doit avant tout procurer du plaisir, faire rire dans le cas d'une comédie, qui n'est pas moins difficile à réussir qu'une tragédie, et un honnête homme ne doit pas bouder son plaisir, au nom de principes, surtout mal compris et digérés. Il y a plus précisément la défense de quelques points de la pièce, qui ont fait débat.

C'est vif, bien mené, même si évidemment mineur. Une partie du comique, basé sur les codes sociaux de l'époque nous échappe maintenant. Même si de circonstance, la pièce est tout de même une sorte de profession de foi d'un comédien-auteur, qui vise avant tout une efficacité scénique, une adhésion du public, en dehors des normes très strictes de ce devait être le théâtre pour ses théoriciens. D'un directeur de troupe, qui doit faire vivre ses membres et qui maîtrise parfaitement les règles de la communication pour donner envie au public.
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Molière était un grand homme du théâtre. Un génie créateur. Avec cette petite pièce, Molière fait une suite à sa pièce L'école des femmes. Or ce n'est pas une suite à l'intrigue, mais une oeuvre singulière: il présente en les caricaturant les détracteurs de la première pièce; ces gens jaloux ou ridicules qui s'amusent à donner des avis faciles et personnels sur des oeuvres de maîtres. Certes ce n'est pas l'une des pièces majeures de Molière mais elle est issue d'une idée assez ingénieuse.
Je m'arrête là de peur d'être comparé à ces critiques hilarants dans cette pièce avec ce commentaire.
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Pour la critique de sa propre pièce L'école des femmes, on s'attendrait à un véritable ennui, beuh, Molière nous surprend, le jeu qui se joue entre les personnages qui ont aimé la pièce et ceux qui n'ont pas aimé la pièce n'est que fabuleux. Les dialogues sont vivaces, à l'arrivée d'un nouveau personnage, , c'est toute une nouvelle couche de la société qui se présente, et qui développe son opinion partant de son regard et de son appartenance...
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A la suite de reproches qui lui sont faits sur L'école des femmes, et pour relancer la pièce après la relâche du printemps, Molière écrit un acte unique, en prose, La critique de l'école des femmes.
Il met en scène quelques personnages dans un salon, qui ayant tous vu la pièce donne leur avis. On retrouve un marquis, figure désormais classique de son répertoire, une précieuse, un littérateur, tous choqués ou affectant de l'être par la pièce, tandis qu'un chevalier et deux jeunes femmes, l'une sur le mode ironique la défendent.
Si Molière défend souvent une vision plutôt moderne du statut des femmes, il blâme souvent les fausses prudes « … elles étaient plus chastes des oreilles que du reste du corps ». Ainsi Climène, présentée par Élise comme une insupportable précieuse, après avoir déclarée la pièce L'école des femmes qu'elle vient d'aller voir, grossière, se voit infliger par Uranie un sermon sur le ridicule qu'il y a à montrer une pudeur excessive et affectée.
Il ressort du dialogue que les détracteurs ont en réalité, peu d'arguments contre la pièce, et déclarent que tel mot les a choqués sans s'expliquer. Tandis que l'auteur de pièce de théâtre Lysidas est présenté comme un hypocrite : « Je la trouve fort belle. » plus loin « Il est vrai qu'elle n'est pas approuvée par les connaisseurs. », « Ma foi, Monsieur, ce qu'on y rencontre ne vaut guère mieux, et toutes les plaisanteries y sont assez froides à mon avis. ». Mais se fait remettre à sa place par le chevalier « Achevez, Monsieur Lysidas. Je vois bien que vous voulez dire que la cour ne se connaît pas à ces choses ; et c'est le refuge ordinaire de vous autres, Messieurs les auteurs, dans le mauvais succès de vos ouvrages, que d'accuser l'injustice du siècle et le peu de lumière des courtisans. Sachez, s'il vous plaît, Monsieur Lysidas, que les courtisans ont d'aussi bons yeux que d'autres ; qu'on peut être habile avec un point de Venise et des plumes, aussi bien qu'avec une perruque courte et un petit rabat uni ; que la grande épreuve de toutes vos comédies, c'est le jugement de la Cour ; que c'est son goût qu'il faut étudier pour trouver l'art de réussir ; qu'il n'y a point de lieu où les décisions soient si justes ; et sans mettre en ligne de compte tous les gens savants qui y sont, que du simple bons sens naturel et du commerce de tout le beau monde, on s'y fait une manière d'esprit, qui, sans comparaison juge plus finement des choses, que tout le savoir enrouillé des pédants. » le chevalier ici est très certainement le porte-parole de Molière. de même qu'il défend par la bouche d'Uranie, son travail d'auteur de comédies « Ce n'est pas mon sentiment, pour moi. La tragédie, sans doute, est quelque chose de beau quand elle est bien touchée ; mais la comédie a ses charmes, et je tiens que l'une n'est pas moins difficile à faire que l'autre. »
Là encore, Molière montre tout son talent à présenter des types, raisonnables ou cocasses, sans excès dans leurs paroles et leur jeu, leur ridicule venant naturellement de leur comportement.
Cet oeuvre provoquera d'autres réponses dont le portrait du peintre.

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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
ELISE - Dites tout ce que vous voudrez, je ne saurais digérer cela, non plus que le "potage" et la "tarte à la crème", dont Madame a parlé tantôt.

LE MARQUIS - Ah! ma foi, oui, "tarte à la crème"! voilà ce que j'avais remarqué tantôt; "tarte à la crème"! Que je vous suis obligé, Madame, de m'avoir fait souvenir de "tarte à la crème"! Y a-t-il assez de pommes en Normandie pour "tarte à la crème"? "Tarte à la crème", morbleu! "tarte à la crème"!

DORANTE - Eh bien! que veux-tu dire: "tarte à la crème"?

LE MARQUIS - Parbleu! "tarte à la crème", Chevalier.

DORANTE - Mais encore?

LE MARQUIS - "Tarte à la crème"!

DORANTE - Dis-nous un peu tes raisons.

LE MARQUIS - "Tarte à la crème"!

URANIE - Mais il faut expliquer sa pensée, ce me semble.

LE MARQUIS - "Tarte à la crème", Madame!

URANIE - Que trouvez-vous là à redire?

LE MARQUIS - Moi, rien. "Tarte à la crème"!

URANIE - Ah! Je le quitte!

(Scène 6, à propos d'un passage de "l'Ecole des femmes")
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[Galopin] Voilà Climène, Madame, qui vient ici pour vous voir.
[Uranie] Eh mon Dieu! quelle visite!
[Elise] Vous vous plaigniez d'être seule aussi: le Ciel vous en punit.
[Uranie] Vite, qu'on aille dire que je n'y suis pas.
[Galopin] On a déjà dit que vous y étiez.
[Uranie] Et qui est le sot qui l'a dit?
[Galopin] Moi, Madame.
[Uranie] Diantre soit le petit vilain! Je vous apprendrai bien à faire vos réponses de vous-même.
[Galopin] Je vais lui dire, Madame, que vous voulez être sortie.
[Uranie] Arrêtez, animal, et la laissez monter, puisque la sottise est faite.
(Scène 2)
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URANIE - Pour moi, quand je vois une comédie, je regarde seulement si les choses me touchent; et, lorsque je m'y suis bien divertie, je ne vais point demander si j'ai eu tort, et si les règles d'Aristote me défendaient de rire.

DORANTE - C'est justement comme un homme qui aurait trouvé une sauce excellente, et qui voudrait examiner si elle est bonne sur les préceptes du "Cuisinier français".

(Scène 6)
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URANIE
L'honnêteté d'une femme n'est pas dans les grimaces. Il sied mal de vouloir être plus sage que celles qui sont sages. L'affectation en cette matière est pire qu'en toute autre ; et je ne vois rien de si ridicule que cette délicatesse d'honneur qui prend tout en mauvaise part, donne un sens criminel aux plus innocentes paroles, et s'offense de l'ombre des choses. Croyez−moi, celles qui font tant de façons n'en sont pas estimées plus femmes de bien. Au contraire, leur sévérité mystérieuse et leurs grimaces affectées irritent la censure de tout le monde contre les actions de leur vie. On est ravi de découvrir ce qu'il y peut avoir à redire ; et, pour tomber dans l'exemple, il y avoit l'autre jour des femmes à cette comédie, vis−à−vis de la loge où nous étions, qui par les mines qu'elles affectèrent durant toute la pièce, leurs détournements de tête, et leurs cachements de visage, firent dire de tous côtés cent sottises de leur conduite, que l'on n'auroit pas dites sans cela ; et quelqu'un même des laquais cria tout haut qu'elles étoient plus chastes des oreilles que de tout le reste du corps.
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URANIE
Pour moi, quand je vois une comédie, je regarde seulement si les choses me touchent ; et, lorsque je m'y suis bien divertie, je ne vais point demander si j'ai eu tort, et si les règles d'Aristote me défendoient de rire.
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Vidéo de  Molière
MOLIÈRE – Variations sur les fêtes royales, par Michel Butor (Genève, 1991) Six cours, parfois coupés et de qualité sonore assez passable, donnés par Michel Butor à l’Université de Genève en 1991.
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