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Citations de Akira Yoshimura (260)


Le souvenir du visage de la fille empreint de honte me faisait ressentir la douloureuse solitude des femmes. Même si elle avait été violée, à partir de l'instant où elle avait cédé, le poids de l'homme s'était-il installé à demeure tout au fond de son corps ?
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Au fur et à mesure de notre avancée, de chaque côté de nous se dressaient d'énormes charpentes de bois supportant des toitures si imposantes qu'elles en étaient menaçantes. Les ouvriers, maintenant impressionnés, continuaient à marcher sans rien dire en jetant de temps à autre un regard gêné aux bâtiments des deux côtés. Ce qui me frappa le plus, c'est l'épaisseur inhabituelle de la couche de mousse qui recouvrait les toits de chaume extraordinairement pentus. Toutes sortes de mousses devaient y vivre en symbiose, le vert gorgé d'eau brillait, lourdement détrempé. On aurait dit d'énormes créatures recouvertes d'une épaisse fourrure luisante blotties les unes contre les autres.
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- Le plus terrible pour l’homme, c’est le relâchement de l’esprit, murmurait sa mère en ajoutant du bois dans le feu.
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Il se remémora ensuite l’année de ses trois ans et réalisa enfin que la joie manifestée alors par ses parents et le reste du village venait de ce que les bateaux leur avaient rendu visite cette année-là. L’année suivante, il avait vu et mangé des choses extraordinaires.
Lorsqu’il y avait une fête ou un mort dans le village, sa mère prenait du riz dans une jarre pour préparer une bouillie. Quand il avait de la fièvre, elle apportait un pot avec d’infinies précautions, y plongeait le doigt qu’elle lui glissait ensuite dans la bouche. C’était du sucre blanc, d’une douceur inimaginable, réputé pour être efficace contre toutes les maladies.
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Un environnement naturel au degré d'humidité élevé était certainement très favorable au développement des mousses, mais l'épaisseur de celles-ci n'était absolument pas ordinaire. Il était clair que pour une raison inconnue, le hameau les avait consciemment laissées s'épaissir durant de longues années.
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Les gens du hameau étaient toujours prostrés. Bientôt le crépuscule s'intensifia, et la brume commença à s'écouler au-dessus d'eux.
Les silhouettes des habitants du hameau genoux fléchis se diluèrent comme de l'encre de chine dans la brume.
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Au moment où le cortège abordait la côte menant au temple, de grosses gouttes se mirent à tomber du ciel qui avait commencé à s'obscurcir.
L'averse augmenta en un instant dans un bruit de marée sur les branchages de l'allée bordée de cryptomères.
Les participants pressèrent le pas et la crainte se fit plus dense sur leurs visages.
La pluie redoubla soudain de violence et des trombes d'eau s'abattirent sur la file. Le cortège fut désorganisé. Les gens débarrassés de l'expression de profonde affliction qu'ils avaient jusqu'alors se mirent à gravir la côte en courant et en se bousculant, à qui arriverait le premier sous l'auvent du temple.
Les couronnes de fleurs artificielles et les bouquets grimpaient en oscillant dangereusement. Les porteurs du cercueil s'étaient mis à courir en poussant des cris comme s'ils trimballaient un palanquin de fête.

(extrait de "Etoiles et funérailles")
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Je suis entré sous une tente située un peu à l'écart et me suis aussitôt enroulé dans ma couverture. J'étais épuisé par une marche de cinq jours en montagne, et la fatigue remontait des profondeurs de mon corps.
J'ai fermé légèrement les yeux. De rudes ronflements résonnaient déjà autour de moi.
Alors, soudain, une voix très claire a jailli au creux de mon oreille :
"Puissiez-vous vivre des jours paisibles..."
J'ai brusquement rouvert les yeux. Aussitôt la pièce environnée de murs blancs, lumineuse dans les rayons du soleil, réapparut avec fraîcheur en mon coeur.
Se découpant sur l'éblouissante fenêtre vitrée, derrière un grand bureau, un homme maigre et pâle était calé sur son siège. Sa voix de directeur qui s'échappait de ses lèvres gercées se voulait cérémonieuse. Et je ne pouvais qu'en ressentir le vide administratif, dans la mesure où il adressait habituellement ces mots à tous ceux qui sortaient de prison.
Puissiez-vous vivre des jours paisibles...
J'avais l'impression de regarder autour de moi. Et je me rappelais aussi la peau mince et fendillée des lèvres du directeur dans le halo blanc du soleil qui entrait par la fenêtre. Le murmure du torrent qui me parvenait au milieu du profond silence avait-il réveillé en moi ces paroles complètement oubliées ?
Sous la tente, une lampe-tempête était allumée, de sous laquelle provenait le claquement des cartes hanafuda. La fatigue n'avait-elle donc aucune prise sur eux ? Les yeux injectés de sang des ouvriers assis en rond fixaient un point sous la lampe.
J'eus un sourire amer. Les paroles du directeur de la prison me paraissaient creuses et même comiques. Des jours paisibles, ça n'avait vraiment rien à voir avec moi.
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Il ne la reconnaissait pas, tellement elle avait l’air heureuse.
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Même les corps en décomposition gardaient un certain nombre de jours après la mort des os frais d'un blanc étincelant au milieu des chairs comme des perles luisant au creux d'un coquillage.
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Takuya trouvait le traitement cruel. Cela signifiait que les forces alliées ne se contenteraient pas de sanctionner les personnes inculpées de crime de guerre, mais qu'elles leur confisqueraient aussi leurs biens.
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C'était son habitude matinale de se rapprocher des femmes dans l'autobus qui le conduisait à son travail. Il choisissait tout naturellement celles qui avaient un corps maigre. La beauté ou la laideur de leur visage n'entrait pas en considération. Son seul but était la forme des os qu'il sentait pointer à travers les vêtements. Bien sûr, il était le plus souvent déçu. Mais le bassin de la femme qu'il effleura ce jour-là offrit une entière satisfaction à ses sens. il ressentit même comme un magnifique récipient osseux abritant un intérieur fécond.
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Ignorant tout de la vie en société, ils ne savaient pas comment utiliser cet argent pour planifier leur vie future. Dès qu'ils touchaient leurs indemnités, ils se retrouvaient entourés d'un grand nombre de prédateurs qui se rassemblaient autour d'eux. Certains étaient escroqués par des financiers véreux leur promettant de forts dividendes et qui leur en prendraient une bonne moitié au passage. Les compagnies d'assurances leur faisaient signer des contrats injustifiés, les agents immobiliers leur proposaient d'acquérir des biens sans valeur, des entreprises au bord de la faillite venaient solliciter leurs fonds en contre-partie de sièges au conseil d'administration. Ainsi, les populations se faisaient embobiner par leurs discours habiles et gaspillaient leur argent pour des bêtises. En plus de ça, ces gens qui avaient supporté la misère, comme par réaction envers les privations, avaient tendance à dépenser sans compter pour des choses inutiles. Ils se faisaient construire des maisons en bois de cyprès. Achetaient des voitures. Du mobilier coûteux. Ils pouvaient maintenir ce train de vie pendant deux ou trois ans, mais le montant de leur indemnité s'épuisait bientôt, et ils finissaient tous sans exception par se débarrasser de leur maison et de leur mobilier pour une somme modique et s'en aller vagabonder ailleurs.
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Akira Yoshimura
Sa seule arme était la connaissance obtenue par les études.
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Les étoiles blanchissaient. En un point du ciel, une nuance de bleu naissait petit à petit, et bientôt la vallée devint plus lumineuse. Il n'y avait aucune silhouette humaine dans le hameau. Mes yeux ne discernaient que le chemin trempé dans la rosée qui faisait étrangement ressortir la couleur froide de la terre.
p 160
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Les maisons avaient brûlé l'une après l'autre, et le soir approchait lorsque toutes les constructions du hameau furent réduites en cendres. Tout avait brûlé, même les réserves et les petits sanctuaires shinto.
Les décombres des habitations illuminaient de leurs braises les ténèbres de la vallée.
La scène évoquait celle d'une grande armée ayant établi son camp pour la nuit sur une steppe éclairée de torchères.
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Un abîme s'ouvrit au fond de moi. Tandis que dans cet espace vacant, quelque chose d'énigmatique et lourd s'engouffrait brusquement avec la violence d'un torrent en crue.
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Voyage vers les étoiles

Ce jour-là, en rentrant de son école, il s’immobilisa, les yeux levés vers les néons qui commençaient à clignoter dans le ciel crépusculaire. Son souvenir était encore très vif de la curieuse sensation qui s’était emparée de son corps à cet instant. C’était une impression de vide, comme si ce corps réduit à l’état de squelette après l’évaporation instantanée de son contenu, s’élevait vers le ciel dans le couchant de ce printemps tardif.
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Depuis un mois, ou plus précisément depuis que j'avais dû cesser de boire de l'alcool, je ne savais que faire de mes soirées.

(Bientôt l'automne)
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Je ne pouvais pas m'empêcher de trouver étrange que ma peau ou les organes de mon corps pussent être échangés contre une quelconque somme d'argent.
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