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Critiques de Alberto Manguel (202)
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Une histoire de la lecture

On connait nos grands écrivains par leurs œuvres, par leur vie où l'écriture tient une place tellement importante; mais que sait-on de ces écrivains en tant que "lecteurs"? On lit chaque jour, des romans, des poèmes, des articles, des essais, mais s'arrête-on un moment au cours de cette lecture pour savoir comment lit-on? Comment respire-t-on? On a tous une bibliothèque, petite, grande, mais comment l'organise-t-on? Comment lit-on? à haute voix ou silencieusement? Où lit-on? n'importe où? ou bien dans notre lit? Quel était le premier livre de l'Histoire? Est-ce bon ou mauvais de voler des livres?



Manguel n'a pas seulement répondu à ces questions (et à bien d'autres) mais il a su nous surprendre en traitant un sujet aussi inédit, d'un point de vue assez différent.



Sous forme d'un mélange plaisant mais savant, Manguel a regroupé anecdotes, réflexions, aperçus historiques, informations scientifiques d'une manière agréable, et sans laisser de place à l'ennui.

On s'amuse beaucoup, on apprend beaucoup et on se surprend à maintes reprises en train de sourire suite à une comparaison ou une réflexion ou à réfléchir à nos actes de lecteurs. La lecture est vue de tous les côtés mais aussi la condition du lecteur.



Manguel est un vrai érudit de notre temps qui a réussi à écrire - lui le grand lecteur qui préfère volontiers la lecture à l'écriture- un livre passionnant qu'on peut lire en entier puis relire en fragments.
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Je remballe ma bibliothèque

Une lecture jubilatoire... très riche, comme tous les ouvrages de Alberto Manguel, ce célèbre féru de l'Ecrit , des livres, de la lecture et des bibliothèques...



"Parce que si toute bibliothèque est autobiographique, son remballage semble avoir quelque chose d'un auto-éloge funèbre. Peut-être ces questions sont-elles le sujet véritable de cette élégie. "(p. 58)



Texte prolixe qui aborde moult sujets, exigeant à mon sens une seconde lecture... pour en apprécier toutes les facettes...



Je démarre cette chronique avec une citation introductive . cette dernière en dit déjà beaucoup du caractère possessif, exclusif de l'auteur vis à vis des livres et de ses bibliothèques successives, s'étant beaucoup déplacé, sa vie durant, à travers le monde !



"J'ai toujours aimé les bibliothèques publiques, mais je dois avouer un paradoxe : je ne m'y sens pas bien pour travailler. (...) Je n'aime pas l'interdiction d'écrire dans les marges des livres que j'emprunte. Je n'aime pas avoir à rendre les livres si je découvre en eux quelque chose de surprenant ou de précieux. Tel un pillard avide, je veux que les livres que je lis m'appartiennent." (p. 21)



Cet érudit du Livre et des bibliothèques [ nommé Directeur de la Bibliothèque Nationale d'Argentine entre 2015 et 2018 ], nous fait part de ses pérégrinations et de celles de ses collections de livres... Ayant vécu plus d'une quinzaine d'années en France,.... il a dû repartir aux Etats Unis puis en Argentine...

Des tas de réflexions passionnantes alternant avec des digressions sur des auteurs,des textes classiques ou non, sur les religions, la philosophie... sur son déchirement de "remballer" , de ré-enfermer sa bibliothèque dans des cartons...un temps indéterminé... pour déménager une einième fois très loin, sur un autre continent... L'occasion d'aborder mille facettes de son amour multiforme pour ses livres, et les Livres, en général...



En dehors de ses ressentis envers "ses multiples enfants-papier ", Alberto Manguel alterne avec diverses digressions sur la Littérature, le Savoir, certains de ses innombrables écrivains préférés [tel Shakespeare, Cervantès, etc], son amour total des dictionnaires, ses missions de Directeur de la Bibliothèque Nationale d'Argentine [ Buenos-Aires ]... et la plus belle histoire de cet opus... reste la magique TRANSMISSION... chaîne du livre, quand on apprend qu'après près de 50 années, Alberto Manguel est revenu , en tant que Directeur, dans la bibliothèque de sa jeunesse, cette fameuse Bibliothèque Nationale où il venait , gamin, chercher le directeur de l'époque, l'écrivain Borges.... Je trouve cette histoire extraordinaire :



"La Bibliothèque nationale que j'avais connue dans les années 1960 était très différente. (...) Borges y avait son bureau au premier étage, après en avoir été nommé directeur en 1955, lorsque "l'ironie de Dieu", comme il disait, lui avait accordé simultanément "les livres et la nuit" : Borges était le quatrième directeur aveugle de la bibliothèque ( une malédiction que j'ai bien l'intention d'éviter ). C'était dans ce bâtiment que pendant plusieurs années j'avais retrouvé Borges en sortant de l'école pour le raccompagner à pied jusque chez lui, où je lui lisais des histoires de Kipling, Henry James, Stevenson. J'associe cette bibliothèque et ces histoires. "(p. 131)



Un très passionnante lecture qui aborde non seulement l'attachement d'Alberto Manguel à sa colossale bibliothèque, aux bibliothèques publiques mais aussi les sujets des religions, de la Perte (sous toutes ses formes), la philosophie, le politique, les devoirs des gouvernements "éclairés"quant au patrimoine écrit universel, aux Droits des Hommes, etc.



"Une bibliothèque nationale doit garantir la liberté de jouir de ces plaisirs-intellectuel, créatif, empathique- afin que quiconque le souhaite puisse être tenté d'aller au-delà de ce qui est offert, de ce qui est apparent, de ce qu'il est convenu de considérer comme bon. Pour atteindre ce but, beaucoup de choses sont nécessaires. Argent, travail, imagination, et un constant dialogue social, et plus encore d'imagination, plus de travail et plus d'argent. Les gouvernements doivent être amenés à comprendre l'importance du rôle que joue une bibliothèque nationale dans le maintien d'une société sous la forme d'une entité cohérente, interactive et résiliente, et fournir les fonds correspondants. Une bibliothèque nationale peut, je crois, être une sorte d'atelier de création et un endroit où sont conservés des documents où les futurs lecteurs pourront trouver des idées afin d'imaginer des mondes meilleurs. "(p. 148)





Alberto Manguel... nous communique ses très nombreux enthousiasmes dont ceux pour les dictionnaires...ainsi que pour certains classiques, dont le "Don Quichotte" dont il parle si bien !!



"Si les livres sont nos comptes rendus d'expériences et les bibliothèques nos dépôts de souvenirs, un dictionnaire est notre talisman contre l'oubli. Ni un mémorial du langage, ce qui sent la tombe, ni un trésor, ce qui implique quelque chose de fermé et inaccessible. Conçu dans l'intention d'enregistrer et de définir, un dictionnaire est en soi un paradoxe : d'un côté, il accumule tout ce qu'une société crée pour sa propre consommation, avec l'espoir d'une compréhension commune du monde; de l'autre, il assure la circulation de ce qu'il amasse afin que les mots nouveaux ne

soient pas abandonnés dans le froid. (p. 117 )



Et... toujours l'Amour des mots , des Livres qui sont les meilleurs intermédiaires de la Civilisation, du savoir et du lien aussi fraternel que citoyen, entre les personnes !!...



"Certes, la littérature peut n'être pas capable de sauver quiconque de l'injustice, ni des tentations de l'avidité, ni des mystères du pouvoir. Mais elle doit avoir quelque chose de périlleusement efficace si tous les dictateurs, tous les gouvernements totalitaires, tous les personnages officiels menacés tentent de s'en débarrasser en brûlant les livres, en imposant les livres, en ne défendant que du bout des lèvres la cause de l'alphabétisation, en insinuant que la lecture est une activité élitiste." (p. 140)
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Dictionnaire des lieux imaginaires

Un week-end long, celui de Pâques surtout, est l'occasion idéale pour quelques jours de détente ... reste à trouver une destination originale et agréable ?

Malheureusement Aepyornis est un peu loin.

Située dans les marais à quelques cent vingt kilomètres d'Antananarivo, c'est une île imaginée, en 1894, par Herbert Georges Wells dans une célèbre nouvelle...

L'aiguille creuse est le repaire secret d'Arsène Lupin et je ne saurai, sans me perdre, en trouver le chemin...

L'île des pingouins, Alca, est peut-être la destination qui me serait la plus proche.

Anatole France la situe flottant dans la Manche...

L'Atlantide est sûrement une bonne idée !

De Platon à sir Arthur Conan Doyle en passant par Jules Verne, Gustave Flaubert ou Pierre Benoît, elle fait l'unanimité.

Mais les flots de l'Atlantique l'ont engloutie aux alentours de l'an 9560 avant J.C...

Si je n'avais pas si peur des chiens, Baskerville aurait pu me tenter...

Au fond de la forêt de Bretagne, Brocéliande est le plus important et le plus élégant royaume-fée d'Europe. C'est tentant....

Considérant comme acquis que la fiction était réalité, les deux auteurs de cet étonnant dictionnaire ont dressé une liste de lieux imaginés dans la littérature.

Ils en ont exclu les paradis, les enfers et les lieux du futur.

Ils n'ont utilisé uniquement que les informations contenues dans la source originale.

Ils se sont faits parfois cartographes.

Ce curieux guide de voyage est passionnant.

Il vous propose un peu plus d'un millier de destinations...dont le pays où l'on n'arrive jamais !

Certaines vous sont connues, d'autres moins ou pas du tout.

Mais elles sont toutes une invitation à voyager par l'intermédiaire des livres...

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Chez Borges

Quelques jours en avance, avec cette critique du livre écrit par Alberto Manguel, je rends hommage au grand écrivain Borges décédé le 14 juin 1986.

Alberto Manguel raconte que lorsqu'il était étudiant à Buenos Aires, Borges l'engagea comme lecteur. En effet, depuis la fin de la cinquantaine, cet illustre écrivain est devenu aveugle, une cécité qui ne l'empêche en rien de "lire", doté d'une mémoire colossale toute lecture est pour lui une relecture. Ce livre témoignage m'a beaucoup appris, autant sur l'écrivain que sur l'homme.

“Il aimait les métaphores anciennes – le temps comme un fleuve et la vie comme un voyage et un combat – et pour lui, maintenant, ce combat et ce voyage sont achevés, et le fleuve a tout emporté de ces soirées sauf la littérature qui (il citait Verlaine) est ce qu'il reste après que l'essentiel – toujours inaccessible par les mots – a dit son fait. ”

Alberto Manguel ajoute : “Il me fait remarquer que tout écrivain laisse deux œuvres : l'œuvre écrite et l'image de lui-même, et que ces deux créations se pourchassent l'une l'autre jusqu'à la fin. ”

Un livre que je conseille aux lecteurs de Borges !

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La Bibliothèque, la nuit

.....Il fau­drait oser réin­ven­ter un genre pour qua­li­fier ces nou­veaux types d’essais qui allient avec brio l’érudition d’un ency­clo­pé­diste (plus de 80 illus­tra­tions et gra­vures ainsi qu’un énorme index agré­mentent l’ouvrage) et la sub­jec­ti­vité assu­mée d’un homme pas­sionné par son sujet ; la clarté et la pré­ci­sion d’un pro­pos esthé­tique et l’errance d’un « je » dans le laby­rin­thique dédale de sa biblio­thèque. Car A. Man­guel, après un opus sur Une his­toire de la lec­ture, nous livre ici autre chose qu’un de ces essais uni­ver­si­taires qui visent à obser­ver de manière froide et scien­ti­fique l’objet de son étude. A mi-chemin entre l’essai savant et la rêve­rie, celle oscil­lant entre fas­ci­na­tion esthé­tique et ten­ta­tion mys­tique.



.....Reve­nant sur l’expérience de sa propre biblio­thèque, une vieille grange qu’il amé­na­gea près de Châ­tel­le­rault pour ran­ger ses 30 000 ouvrages, Man­guel se penche sur des pro­blé­ma­tiques concrètes ren­con­trées : com­ment clas­ser, com­ment ran­ger ? Com­ment agran­dir à l’infini son espace ? Quelle forme pour la biblio­thèque idéale ? Par­tant de sa biblio­thèque il en arrive à la biblio­thèque uni­ver­selle, celle d’Alexandrie, de Mon­taigne, de Borges, des biblio­thèques natio­nales, de la vôtre et de la mienne. Il aborde la biblio­thèque sous toutes ses cou­tures, comme objet his­to­rique, depuis les pre­mières biblio­thèques sumé­riennes jusqu’à l’avènement de l’internet; comme objet idéo­lo­gique qui peut se révé­ler source de pro­grès ou d’obscurantisme, comme lieu ima­gi­naire et mys­tique. Le pro­fu­sion et la per­ti­nence des anec­dotes éclairent cet ouvrage qui devient par la force des choses, plus qu’un essai phi­lo­lo­gique, un véri­table conte qu’on pren­drait plai­sir à écou­ter au coin du feu, ou sur de moel­leux cous­sins d’une biblio­thèque (si si dans la biblio­thèque jeu­nesse, il y en a !)…



.....On pour­rait repro­cher à l’auteur de ce livre de débal­ler des « tartes à la crème », « des aprio­ris et une sacra­li­sa­tion mièvre et naïve de la biblio­thèque et de l’objet livre », de ne pas se pen­cher assez sur les enjeux de la biblio­thèque numé­rique à venir, et bien d’autres choses encore de cet aca­bit, mais je crois que ce serait mal inter­prété ce livre. La Biblio­thèque, la nuit n’aborde pas la biblio­thèque, et ses pra­tiques atte­nantes, d’un point de vue biblio­thé­co­no­mique, ni même poli­tique ou uni­ver­si­taire. Man­guel tente d’appréhender pour nous la biblio­thèque ima­gi­naire, inté­rieure, certes un peu gal­vau­dée et désuète, mais c’est celle-ci qui, je pense, séduit et fas­cine le lec­teur. On peut déshu­ma­ni­ser nos biblio­thèques, les robo­ti­ser ou les réduire à l’état de binaire, je pense que le lec­teur tou­jours récla­mera d’elle qu’elle garde un côté mys­té­rieux comme un sanc­tuaire sacré, comme un mau­so­lée immense où toutes les connais­sances et créa­tions du monde som­meillent dans leur sar­co­phage, un lieu de désir du livre qui se révèle tout en res­tant voilé dans son rayonnage

Nous pouvons regretter qu’il n’ait pas parlé de la biblio­thèque de Terry Prat­chett gar­dée par un orang-outang, je regrette pour ma part qu’il n’ait pas évo­qué Edmond Jabès, dont le livre est une des figures cen­trales de sa poé­sie, ni Roland Barthes pour le rap­port dési­rant du lec­teur au livre, ni de Nah­man de Brat­slav et sa concep­tion mys­tique de la biblio­thèque à trois éta­gères sur les­quels on trouve trois livres : le Livre « visible », le Livre brûlé et le Livre caché 1. Mais fina­le­ment cela reflète bien le pro­pos sur la biblio­thèque, car dans un texte, comme sur les rayon­nages, il faut faire des choix arbi­traires et l’essai total n’existe pas plus que la biblio­thèque idéale.

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.....S’il est indé­niable que la meilleure figure pour repré­sen­ter la biblio­thèque est bien le laby­rinthe, le biblio­thé­caire s’incarne en Dédale auquel on aurait, tel Sisyphe, donné la tâche infi­nie de mon­ter des murs qui dis­pa­raî­traient der­rière lui. La lec­ture est la véri­table Ariane de ce laby­rinthe, le cata­logue, aussi com­plet soit-il, ne suf­fit pas à four­nir au lec­teur un fil conduc­teur suf­fi­sam­ment solide et sensé qui puisse le gui­der, car il n’y a qu’un livre pour mener à un autre livre (« Si un roman com­mence par une décou­verte, il doit se ter­mi­ner par une recherche. » Pene­lope FITZGERALD, La Fleur Bleue, op. cité p. 295). Le lec­teur ? Thé­sée à la recherche de cet auteur que l’on nomme Mino­taure ?



Voilà, j’ai fini ce livre. Il faut main­te­nant que je le rende à la biblio­thèque, et ça, j’avoue que j’ai tou­jours du mal quand j’ai aimé un livre. Pour me conso­ler je pense aux vers de René Char dans Qu’il vive :



"Dans mon pays, on ne ques­tionne pas un homme ému.

Il n’y a pas d’ombre maligne sur la barque cha­vi­rée.

Bon­jour à peine est inconnu dans mon pays.

On emprunte que ce qui peut se rendre augmenté"





http://www.labyrinthiques.fr

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Dictionnaire des lieux imaginaires

Nous autres lecteurs amoureux de la littérature, pour qui les livres sont terres d'asile, nous savons bien que ces décors de romans, ces lieux dits fictifs, ces pays prétendument imaginaires sont des terres habitables offertes sans passeport ni bagages à nos souvenirs, à nos émotions et à nos rêves. Contrées encore inexplorées ou rivages déjà tant de fois parcourus, ces lieux de mots et de papier nous habitent autant que nous les habitons : ils sont les repères intimes de nos vies, les références secrètes de nos mémoires. Ils nourrissent le terreau de nos imaginaires et disent souvent de nous ce que nous sommes en profondeur.



En compagnie d'Alberto Manguel - grand défenseur des livres, de la lecture et des bibliothèques -, et de son complice Gianni Guadalupi, je suis revenue à Babel feuilleter avec gourmandise ses innombrables volumes ; sur le Rivage des Syrtes, j'ai attendu avec Aldo l'inévitable déferlement des barbares du Farghestan ; en Terre du Milieu, j'ai cheminé avec les Hobbits, les Elfes et les Nains ; et dans les landes du manoir des Baskerville, j'ai senti le souffle fiévreux d'un chien de cauchemar et de haine ; une petite visite au Château des Pucelles, un détour par l'Atlantide de Platon, une incursion avec Gulliver au pays de Lilliput, au Pays des Merveilles une tasse de thé partagée avec Alice … que de périples, que de frissons, que de délices…



Me reste encore la perspective de tant et tant d'autres voyages à accomplir, en week-end, en croisière ou en villégiature, visites de quelques heures, à l'improviste, au débotté, traversées au long cours préparées avec soin, longuement anticipées, par avance balisées… Que de portes à pousser, de frontières à franchir, de territoires à explorer, et que de découvertes à faire encore grâce à ce « Dictionnaire des lieux imaginaires », que de rencontres, que de richesses !



Car Alberto Manguel nous offre ici un véritable panorama de la littérature à travers les âges, à travers les genres et les styles, tout au long des cinq cent cinquante pages de ce formidable dictionnaire enrichi de cartes, de gravures et de deux index (auteurs et oeuvres), où chacun de ces lieux imaginaires est minutieusement décrit, avec la topographie de ses paysages, les mœurs, les croyances et la culture de ses habitants, les régimes politiques et les ressorts économiques, ainsi que les codes et les lois en vigueur dans leur monde.



Ce guide de voyage de l'imaginaire, unique en son genre, me semble-t-il, et qui témoigne d'une exceptionnelle connaissance des œuvres de la littérature mondiale, est un vade-mecum, un GPS de papier à lire par bribes, par passages entiers ou à consulter ponctuellement au gré de ses envies. Il n'est pas exhaustif et il ne peut pas l'être - nulle trace, par exemple, de la Montagne magique ou des univers proustiens -, mais il aborde la littérature dans son ensemble et sans exclusive, et s'y côtoient avec un bel entrain Platon et Lovecraft, Thomas More et Edgar Poe, Homère et Ursula le Guin, sans aucun parti pris, sans différence ni hiérarchie entre littérature dite « noble » et « mauvais genres »… ce qui n'est pas si fréquent.



Un ouvrage de référence, un incontournable et un vrai bonheur de lecture. A découvrir absolument, et à picorer sans modération !
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La Bibliothèque, la nuit

Toute personne voulant devenir bibliothécaire devrait jeter un oeil dans cet ouvrage et l'ajouter ensuite à ses livres de chevet. Une réflexion qui part de la bibliothèque personnelle de l'auteur, pour s'étendre à toutes les autres : lieu, forme, classement, salle de travail... Mais aussi destructions, disparitions, les bibliothèques des ombres qui souvent nous hantent...

Et comme les bibliothèques sont presque aussi vieilles que l'écriture, l'histoire en est riche et dense... Ce mélange d'anecdotes personnelles, de réflexions et d'histoire est tout à fait digeste, voire même parfaitement recommandé à l'esprit curieux. Et ce lieu qui semble si morne est un lieu de passions, d'interrogations, beaucoup plus vivant qu'il ne veut bien nous le faire croire... Mais que font les livres, la nuit ?
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Une histoire de la lecture

Une histoire de la lecture, et non pas L’histoire de la lecture. "Toute histoire de ce genre ne peut être qu'une parmi d'autres, si impersonnelle qu’elle s'efforce de rester. Au bout du compte, il se peut que l'histoire de la lecture soit celle de chacun de ses lecteurs."



Sans réel point de départ, sans vraie chronologie politique ou littéraire, explique Manguel au tout début, après avoir rappelé sa propre histoire de lecteur (qui reviendra cependant dans bien des anecdotes).



Le mieux est de se laisser faire et de suivre Manguel dans ses pérégrinations, au cours de chapitres complets en eux-mêmes, abordant divers sujets sans ordre apparent.



Que se passe-t-il dans le cerveau quand on lit? Lire en silence n'est pas une évidence historique. Apprendre à lire au cours des siècles. Lire des images. Ecouter lire (les ouvriers cubains auxquels on faisait la lecture durant leur travail aimaient tellement le Comte de Monte-Cristo qu'ils demandèrent à Dumas l'autorisation de nommer ainsi l'un de leurs cigares). Forme du livre.

Classer les livres. Voler les livres. Les lire en tant qu'auteur. Traduire. Interdire de lire ou d'apprendre à lire.

Pour terminer avec L'histoire de la lecture, imaginée (mais pas écrite) par Manguel.

Tombeau d'Alienor d'Aquitaine



Inclassable, impossible à résumer et présenter clairement, fourmillant de références, d'histoires, cette histoire de la lecture est un indispensable des étagères, comme le disent certaines blogueuses.



C'est évidemment bourré de passages à citer

"Lire, c'est aller à la rencontre d'une chose qui va exister" Italo Calvino

"Lisez pour vivre" Flaubert

Auden suggérait qu'un certain contraste est nécessaire entre le livre qu'on lit et l'endroit où on le lit. Je partage son avis! J'ai relu Jane Austen fort loin des iles britanniques...



Cet ouvrage est aussi abondamment illustré.
Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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Je remballe ma bibliothèque

"D'après mon expérience, ce qui marche parfois (pas toujours), c'est l'exemple d'un lecteur passionné. Parfois l'expérience d'un ami, un parent, un professeur, un bibliothécaire manifestement émus par la lecture d'une certaine page peut inspirer, sinon l'imitation, du moins la curiosité. Et cela, je crois, c'est un bon début. La découverte de l'art de lire est intime, obscure, secrète, presque impossible à expliquer, proche de la naissance d'un élan amoureux, si vous me pardonnez cette expression sentimentale. On l'acquiert à soi seul, comme une sorte d'épiphanie, ou peut-être par contagion, par la confrontation avec d'autres lecteurs.(p145)"



Pour tout(e) amoureu(se)x de lecture, ce livre est à la fois un concentré de ce que sont la littérature, les livres, la lecture, une bibliothèque mais aussi une connaissance immense, infinie de ce que recèlent les livres.



L'auteur a dû, à plusieurs reprises emballer sa bibliothèque, au fil de ses déménagements de France, d'Argentine, du Québec et c'est l'occasion pour lui de revenir sur son bonheur de vivre entouré de ses livres, de la crainte, lors de la mise en cartons de ceux-ci, d'être en manque de leur présence, en se posant la question de leur devenir à chaque voyage mais pas seulement.



Je dois avouer que je me suis sentie bien petite face à cet érudit littéraire par la connaissance qu'il possède dans ce domaine. Toute évocation d'un sujet est l'occasion de l'associer à un livre, un auteur. Cette élégie, comme il l'a nomme, est une déclaration d'amour, ni plus ni moins, à la littérature et donc à la lecture avec, entre chaque chapitre de celle-ci, une digression revenant sur le thème évoqué : rêve, religion, dictionnaire, histoire de l'Argentine etc.... pour en extraire tout ce qu'il évoque en lui au travers de la littérature.



Quel lecteur, précis, studieux, jouissif ! Ce livre que j'avais eu envie de lire suite à un conseil de François Busnel pendant le confinement dans La petite librairie, est une ode également aux écrivains : Borges, dont il prit la succession à la tête de la Bibliothèque nationale d'Argentine, son mentor, Cervantès et bien d'autres (je ne peux pas tous les citer tellement la liste serait longue).



Je me suis retrouvée dans bien des bonheurs décrits en tant que lectrice et amoureuse des livres, des bibliothèques, de me sentir chez moi entourée par ses fidèles compagnons mais je dois avouer que je me suis sentie bien humble face à son érudition, la relation qu'il fait entre les sujets et leurs évocations dans certains ouvrages, parfois très très anciens. Mais cela se lit avec bonheur car chaque page est une déclaration d'amour.



En le refermant j'ai pensé : lis, encore, toujours et reviens le lire dans quelques années le relire, le savourer. Alberto Manguel a ses références littéraires, ses bases, ses socles et je peux comprendre qu'en les enfermant dans des cartons il se sente abandonner, que tout lecteur qui déménage déballe en priorité ses livres quitte à laisser en "chantier" le reste de son logement et la bibliothèque d'Alberto Manguel comporte 40 000 livres et donc trouver le lieu idéal est chose difficile.



Pour être tout à fait franche, certaines évocations sont restées assez obscures pour moi, n'ayant pas toutes les connaissances pour les apprécier mais il démontre avec brio à quel point la littérature sert de support à ses pensées, à ses réflexions et finalement à sa vie.



Coïncidence, il y a 2 ou 3 jours, j'entendais à la radio, qu'Alberto Manguel a trouvé un refuge à Lisbonne au Portugal dans un palais où il va pouvoir enfin libérer ses livres (vous trouverez ICI le lien vers l'article) car nous savons bien que des livres sont faits pour être lus, touchés, vus, sentis et qu'il sont une réserve de bonheur, de réponses et une source inépuisable de connaissances et de réflexion.



"Les livres dans ma bibliothèque me promettaient le réconfort et aussi la possibilité de conversations éclairantes. Ils me faisaient don, chaque fois que j'en tenais un entre mes mains, du souvenir d'amitiés qui n'avaient nul besoin d'introductions, de politesses conventionnelles, de faux-semblants ou d'émotions dissimulées. Je savais que, dans cet espace familier entre les couvertures, je prendrais un soir un volume du Dr Johnson ou De Voltaire que je n'aurais encore jamais ouvert, et découvrirais une phrase qui m'attendait depuis des siècles.(p59-60)"
Lien : Https://mumudanslebocage.wor..
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Kipling, une brève biographie

Déjà plusieurs semaines que j'ai "relu" un court texte fort attachant de Alberto Manguel sur le parcours original d'un célèbre écrivain, surtout réputé comme "auteur pour la Jeunesse"...



Ce portrait de Kipling a l'immense mérite de nous faire découvrir un

autre Kipling, moins conventionnel, à l'oeuvre plus large ....



Kipling à l' enfance douloureuse: des parents aimants, pris dans des obligations de déplacements importants confièrent Kipling ainsi que sa soeur, Trixie, à un couple inconnus, dans une maison, que Kipling nomma "La maison de la Désolation"... Pour survivre à certaines brutalités, il développa une grande propension aux mensonges et à l'élaboration d'histoires... sans oublier sa passion dévorante des livres et de la lecture... qui constituèrent un moyen de survie !

Lui-même reconnut que sa carrière d'écrivain avait dû être activée, par cette enfance remplie par le manque des parents, pendant plusieurs années. L'écriture , la lecture, outils magiques de résilience ....



"L'une [histoire] des plus célèbres d'entre elles est sans doute -L'Enfant d'éléphant-, l'histoire d'un éléphanteau qui pose sans cesse des questions et reçoit pour toute récompense des coups et des ruades des adultes impatients.

C'est une illustration parfaite de l'"insatiable curiosité" des enfants, dont Kipling avait fait souvent l'expérience.

Lorsqu'il était petit chez tante Rosa, poser des questions lui était interdit et devenu adulte, il s'autorisait à interroger tout le monde à tout propos. Chaque fois qu'il rencontrait quelqu'un qui avait une spécialité quelconque-un ingénieur qui s'y connaissait en ponts, un capitaine qui savait tout sur les bateaux à vapeur, un médecin qui traitait certains types de maladies- il mettait le grappin dessus et s'efforçait de lui extorquer toutes les informations possibles. Il faisait grand usage de ces informations dans ces récits, qui sont truffés de détails complexes sur les activités et les savoir-faire du reste du monde. "(p. 97)



Kipling commença à écrire très tôt des histoires, comme de la poésie...

De plus, il débuta sa carrière comme journaliste...

Auteur, né en Inde, à Bombay, en 1865...il fut consacré en 1907, en recevant le prix Nobel de Littérature...Kipling vécut une vie longue et difficile, en dépit du succès, et d'une reconnaissance très rapide...



Une lecture appréciée qui élargit notre connaissance de cet écrivain, et nous donne l'élan pour le lire, avec une attention et un regard tout neufs...

Merci à Alberto Manguel, d'avoir induit et aiguillonné, par ce portrait tout en finesse, et empathie , notre curiosité !!



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Les sept péchés capitaux

L'écrivain Alberto Manguel a proposé une soixantaine de nouvelles du monde entier à Joëlle Losfeld. Une vingtaine constitue ce recueil : sept péchés, trois nouvelles par péché, un minimum pour entrevoir à quel point cette notion, avec laquelle inévitablement nous assurons une relation, se glisse dans la vie à notre insu, et dans le récit comme dans la vie, sournoisement. Lorsque Sommerset Maugham nous dépeint trois dames livrées à la pire goinfrerie, celle-ci masque à peine envie et colère. À la lecture de récits plus sinueux et riches, un vague malaise nous gagne, et se pose la question : péché, nul doute, mais lequel? On ne découvrira ni la cruauté drolatique de Dürrenmatt ni la violence de James Purdy, mais parmi les auteurs moins connus ou inconnus, que de découvertes, égalant et parfois dépassant ces grands noms : l'éblouissante Yerudit Katzir, israélienne, l'Américaine Joanne Grennburg; un régal pour le lecteur qu'il fera pour le moins "pécher par gourmandise"...
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Une histoire de la lecture

Cet essai de Manguel peut être lu comme un véritable roman, car il fait voyager le lecteur à travers le temps, de l'Antiquité à aujourd'hui, et l'espace, parcourant le monde du Japon à l'Iraq en passant par la Grèce, l'Italie et les Etats-Unis (entre autres), et nous offre une histoire de la lecture telle qu'il la perçoit, agrémentée de ses expériences personnelles, de ses anecdotes et de références. Manguel manifeste son savoir pour le plus grand plaisir de nous, lecteurs, en nous ramenant aux origines de la lecture, et nous faisant découvrir les différentes étapes de l'histoire du livre, les pratiques des lecteurs et leur apprentissage de la lecture variant au fil des années et selon les endroits... Un essai chargé d'histoire, dans lequel le lecteur peut facilement s'identifier et s'instruire. Il est construit de telle façon que nous pouvons lire les différentes parties indépendamment des autres, l'essai n'avançant pas par ordre chronologique.























▪ Première partie : « La première page »



Cette première partie est précédée d'une épigraphe, signée par Gustave Flaubert « Lisez pour vivre », extrait d'une lettre adressée à Mlle Chantepie, datant de juin 1857.

Cette première partie, constituée d'un unique chapitre, débute par une observation de personnages historiques en train de lire, leur posture... Ensuite, l'auteur aborde sa propre enfance, son apprentissage de la lecture, et son amour naissant pour les livres. Il raconte que la lecture lui a permis de « rencontrer la sexualité », sujet encore tabou à cette époque dans beaucoup de familles. Cette passion le mènera à travailler dans la librairie Pygmalion de Buenos Aires, où il rencontra l'écrivain Jorge Luis Borges. Celui-ci lui demanda de lui faire la lecture, ce qu'il accepta. Cela lui permit d'enrichir sa culture littéraire.





▪ Deuxième partie : « Faits de lecture »



L'épigraphe qui précède cette deuxième partie est tirée d'un texte d'Italo Calvino Si par une nuit d'hiver datant de 1981 : « Lire, c'est aller à la rencontre d'une chose qui va exister ».

Dans cette deuxième partie, l'auteur relate à travers des anecdotes et des histoires les pratiques et apprentissages de la lecture de différents écrivains et personnages de l'Antiquité à aujourd'hui (Racine, Saint Augustin, Saint Ambroise, Colette...), propres à chaque époque, chaque civilisation. Il retrace ensuite les questionnements des scientifiques autour du fonctionnement de l'oeil, de sa connexion avec le cerveau. Il évoque les pratiques de lecture. A l'époque de Socrate, l'écrit n'était pas courant, Socrate lui-même transmettait son savoir oralement (c'est pourquoi nous n'avons aucun écrit de lui, mais seulement des dialogues retranscrits). La lecture silencieuse, pour soi, n'a pas toujours « existé » comme on pourrait le croire, mais est apparue au Vème siècle. La lecture publique est une pratique courante, les individus demandaient à leurs gouvernantes, ou à leurs esclaves de leur faire la lecture. C'est également le cas des fabriques de cigares de Cuba, où un homme venait faire la lecture aux ouvriers pendant que ceux-ci travaillaient. Cette pratique datant de 1850 est encore en vigueur. En effet, chaque jour pendant une heure, un homme (ou une femme) vient lire des romans ou le journal, assis à une table, placée en hauteur, sur une estrade. Enfin, l'auteur parle des différents endroits dans lesquels on peut lire, et conclut que le lit est un espace de lecture important, très utilisé, car très intime et privé.





▪ Troisième partie : « Pouvoirs du lecteur »



Cette troisième partie est précédée par une épigraphe signée par Ralph Waldo Emerson « Il faut être inventeur pour bien lire » tirée de The American Scholar, texte datant de 1837.

Dans cette partie Manguel retourne aux origines de la lecture, notamment lors d'un voyage en Iraq, à Babylone, « le lieu d'origine de tout livre ». Il évoque les attitudes, les comportements des lecteurs, leurs habitudes, les différentes manières de ranger et classer les livres dans une bibliothèque, pratique qui diffère selon les personnes. En effet, comme le montre l'exemple de la page 287, un même livre peut être classé différemment par différentes personnes : « Classé dans Fiction, Les Voyages de Gulliver, de Jonathan Swift, est un roman d'aventures humoristique ; dans Sociologie, une étude satirique de l'Angleterre du XVIIIème siècle ; dans Littérature pour enfants, une fable amusante dont il est question de nains, de géants et de chevaux qui parlent ; dans Imaginaires, un précurseur de la science-fiction ; dans Voyages, un voyage fabuleux ; dans Classiques, une partie du patrimoine littéraire occidental. » Manguel raconte qu'au Japon, à l'époque où la lecture était réservée aux hommes, les femmes qui aimaient lire des histoires avaient trouvé comme seule solution de les écrire elles-mêmes. Manguel relate ensuite une histoire assez curieuse, celle d'un voleur de livres rares, Guglielmo Libri. Cet homme passionné de livres, volait de nombreux ouvrages dans les bibliothèques auxquelles il avait accès, puis en revendait. Mais il n'est pas la première victime de ce syndrome de « bibliocleptomanie », car depuis que les livres existent, les livres sont volés ! Manguel narre également l'histoire des sibylles, ces « femmes qui prononçaient des oracles sous forme d'énigmes », lisaient des prédictions, à travers des signes. Il démontre ainsi qu'on ne lit pas uniquement des textes, mais on lit aussi dans des signes, on lit les expressions d'un visage, on lit une carte, une image... Enfin, il aborde la question de la censure, processus d'interdiction de publication encore en pratique dans certains pays. Cette partie résume donc les différents comportements des lecteurs face aux textes, aux livres, aux images, aux signes ainsi que le comportement du traducteur qui a pour mission de retranscrire au mieux un texte, en restant le plus fidèle à l'écrivain.





▪ Quatrième partie : « Pages de fin »



Cette dernière partie est précédée d'une épigraphe écrite par Stéphane Mallarmé au cours d'une correspondance qu'il entretenait avec Paul Verlaine en 1869.

Dans cette quatrième et dernière partie, Manguel fait allusion à tous les livres que lui et d'autres écrivains ou personnages historiques n'ont pas lu ni écrit. Il est lucide et conscient que la liste de ces livres est interminable. Parmi ces livres, il compte L'Histoire de la Lecture, une histoire qui pour lui n'aura jamais de réelle fin car tant que les hommes vivront, ils liront, et donc les livres existeront et seront lus. « Ce n'est pas fini ».





Cet essai est un véritable éloge à la lecture et aux lecteurs de tous les temps. Alberto Manguel nous fait partager son savoir sur l'histoire du livre et de la lecture. On le lit comme un roman car les citations en début de parties, les anecdotes des écrivains et les propres expériences personnelles de Manguel le rendent très vivant, très fluide. Le fait que les différentes parties ne soient pas dépendantes les unes des autres rend ce livre plus léger, comparé aux essais ordinaires dont l'explication, le développement ou le raisonnement est continu, voire ludique car on peut lire une partie sans avoir lu les précédentes, et choisir de ne pas les lire dans l'ordre mais au fur et à mesure de nos envies. L'auteur montre un intérêt sincère pour le sujet, sans vouloir se vanter de son impressionnante érudition, il nous donne envie de lire encore et encore. Un livre à mettre donc entre les mains de tout passionné de la lecture.
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Guide de nulle part et d'ailleurs : à l'usage..

C'est plus dans le sous-titre que dans le titre lui-même que l'on trouve la raison d'être de ce livre.

"Le voyageur intrépide", qui chemine en "maints lieux imaginaires de la littérature universelle", c'est tout lecteur et toute lectrice qui s'aventure dans des lieux imaginés par des écrivains et des poètes.



Dans ce fort volume - grand format, 420 pages- nous trouvons des descriptions des pays, villes, îles, inventés par des auteurs, que ceux-ci soient des auteurs de l'Antiquité, ou des modernes.



C'est aussi bien les lieux évoqués par les poètes grecs, que le pays des merveilles d'Alice, la terre du milieu, Narnia ou Terremer qui nous sont dépeints, cartographie à l'appui.



Les grands noms de l'imaginaire, créateurs de mondes sont présents : Rabelais, Peake,Tolkien, E.R Burroughs, Vernes, Swift, etc...



L'ouvrage, développé sous forme alphabétique, est très complet, presque exhaustif en fait.



GUIDE DE NULLE PART ET D'AILLEURS est l'oeuvre d'un auteur italien, Gianni Guadalupi et d'un argentinAlberto Manguel, il date de 1980, son édition française de 1981, nous en devons la traduction et l'adaptation à Patrick Remaux et la préface à André Dhôtel.



Comme vous l'aurez compris, cet ouvrage est épuisé depuis longtemps et j'ignore s'il a été réédité (ce qui serait une très bonne idée, si ce n'est le cas !).



Si d'aventure vous le trouvez lors d'une "chine" de livres, je vous le recommande chaudement !

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Une histoire de la lecture

Je te connais, toi qui lis appuyé contre la fenêtre d’une rame de métro, plongé dans un des ouvrages de mon auteur favori. Et toi aussi, lecteur anonyme accoudé contre une table de bar devant un café ou une bière. Et toi aussi, babelien accroché au clavier de ton ordinateur et si avide de faire partager tes lectures au monde entier. Je vous connais tous et, à ce moment précis, vous m’êtes aussi proches que des amis. Tous, du plus petit au plus grand, du plus vieux au plus jeune, nous faisons partis de l’immense communauté des lecteurs. Nous avons une histoire commune, et cette histoire, c’est celle qu’Alberto Manguel a entrepris de raconter.



Bien entendu, il ne s’agit pas de l’Histoire de la lecture avec un grand H. Le sujet est trop vaste, trop varié, trop profond et Manguel préfère plus modestement nous proposer « une » histoire de la lecture, avec tout ce que cet article suggère de subjectif et de personnel. A quel endroit lisons-nous ? Dehors ? Dedans ? Dans un fauteuil ? Dans un lit ? Lisons-nous à voix haute ou en silence ? Lisons-nous pour autrui ou pour nous-même ? Lisons-nous des traductions ou des textes originaux ? Vite ou lentement ? Sommes-nous prêts à voler pour posséder un livre ? Comment apprend-on à lire ? Tant de questions auxquelles Manguel répond avec érudition, nous promenons de l’Antiquité au XXIe siècle, du papyrus au livre numérique. Réponses partiales, bien sûr, et incomplètes mais d’autant plus intéressantes et sensibles car Manguel n’a d’autre ambition que d’être reconnu comme un lecteur parmi d’autres, une toute petite partie de ce grand tout qui nous réunis tous.



Fourmillant de références et d’idées, un peu confuse par moment mais toujours passionnante, cette « histoire de la lecture » ressemble un peu à cadavre exquis, un vaste pot-pourri où chaque réflexion en entraîne une nouvelle, entraînant le lecteur sur des chemins ignorés et pleins de surprises. On y trouve en vrac des théories scientifiques, des passages autobiographiques, des anecdotes historiques et nombre de personnages passionnants et hauts en couleur. Je retiendrais particulièrement l’attachant comte Libro (le bien nommé), célèbre voleur de livres du XIXe qui dévalisa pendant dix ans la Bibliothèque Nationale de France, accumulant plusieurs milliers de livres mal acquis avant de mourir dans la misère et le dénuement – mais quel panache durant sa courte vie ! Salut à toi, mon vieux Libro ! Salut à vous, lecteurs mes frères ! Et merci à Alberto Manguel pour ce fascinant essai ! Puissent les journées et les nuits vous être douces et pleines de délicieuses lectures...

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Journal d'un lecteur

"Dans une certaine mesure, cela est vrai de tout livre que nous aimons. Nous pensons l'approcher de loin, voir s'ouvrir sa couverture protectrice et observer, bien installés à notre place dans l'auditoire, le déploiement de sa narration, et nous oublions à quel point la survie des personnages, la vie même du récit dépendent de notre présence en tant que lecteurs, de notre curiosité, de notre désir de nous rappeler un détail ou de nous étonner d'une absence, comme si notre capacité d'aimer avait créé à partir d'un fouillis de mots la personne qui est l'objet de l'amour.

Je ne sais pas encore vers quel livre les mots de Machado vont m'entraîner. "(p. 245)



Ces notes d'un lecteur et pas n'importe lequel... se savourent avec délectation. Alberto Manguel nous parle de ses grandes admirations littéraires pour Cervantès, Chateaubriand, Adolfo Bioy Casares, Machado de Assis, Dickens, etc.

Il nous livre ses rapports intimes avec sa bibliothèque, ses lectures, ses relectures, ses propres livres, sa répugnance pour les emprunts d'ouvrages... qui lui laissent comme un goût d'inachevé... des digressions sur le monde, l'actualité... mais le retour se fait toujours très promptement vers nos compagnons , les Livres...et leurs créateurs !!





Une vraie jubilation que cette lecture ... pourtant faite à plusieurs reprises; cette fois, cette relecture m'a donné une très forte impatience à lire très attentivement Machado de Assis.



"Pour Machado de Assis (de même que pour Diderot et Borges), la page de titre d'un livre devrait comporter les deux noms de l'auteur et du lecteur, puisque tous deux en partagent la paternité. " (p. 230)



"Le plus grand défaut de ce livre c'est toi, lecteur", déclare Machado de Assis sur un ton accusateur, arrivé à la moitié

des -Mémoires posthumes de Braz Cubas- (que je suis en train de lire une fois de plus)."Tu es pressé de vieillir et le

livre progresse avec lenteur; tu aimes les récits directs et animés, les styles aisés et réguliers, et ce livre ainsi que

mon style sont pareils aux ivrognes, ils virent à droite et à gauche, ils avancent et s'arrêtent, se plaignent, crient, rient aux éclats, menacent le ciel, glissent et tombent..;" (p. 230)
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Dans la forêt du miroir : Essai sur les mots ..

Né en Argentine, écrivain, traducteur, éditeur, Alberto Manguel est de nationalité canadienne, mais a installé sa bibliothèque en France.....Et quelle bibliothèque, ça fait envie!



C'était la première fois que je lisais Alberto Manguel. Sous le regard d'Alice et de ce qu'elle trouva de l'autre côté du miroir ( et de ce que chaque lecteur ,individu unique, découvre à la lecture d'un livre, ce que ce livre fait résonner en lui), cet écrivain a rassemblé quelques textes écrits à des périodes et occasions diverses. Tous ayant comme point commun d'être une ode à la littérature , à la fiction, "seule entreprise capable de donner au monde une cohérence à laquelle d'aucuns censeurs, de siècle en siècle, cherchent à substituer un chaos propice au maintien des esprits en esclavage."

Ces textes traitent donc de plusieurs aspects de la littérature, analyses de certaines oeuvres , de certains genres , de l'importance primordiale de la traduction, du rôle de l'éditeur,du critique, etc.

C'est très érudit, et même si ,comme c'est extrêmement bien écrit ( et bien traduit), cela se lit avec plaisir, faute d'une culture littéraire suffisante, bien des choses me sont passées largement au dessus de la tête!



Il y a par contre 3 ou 4 chapitres qui traitent à plus proprement parler de Manguel, l'homme et son histoire personnelle. C'est à eux que je me suis le plus attachée.

Dans le premier, intitulé "La mort de Che Guevara", il raconte sa découverte, à peu près contemporaine de celle d'Ernesto Guevara ,des "injustices fondamentales de la condition humaine". mais, dit il, " contrairement à nous, il avait agi . Le fait que ses méthodes fussent douteuses, sa morale impitoyable, sa réussite en fin de compte impossible paraissait- parait encore, peut-être) moins important que le fait qu'il ait pris sur lui de combattre ce qu'il croyait mal même s'il ne fut jamais tout à fait certain de ce qui, à la place, serait bien."Et oui, Mr Manguel, mais on pourrait dire que l'important est peut être la prise de conscience. Après, chacun fait ce qu'il peut, certains dans l'action, d'autres dans l'écriture?



Le deuxième , "In Memoriam" est presque une confession . Au lycée de Buenos Aires est arrivé un jour un professeur qui ouvre à ces jeunes étudiants " les digues de la littérature". " Mais, avant tout, il nous a appris à lire. Je ne sais pas si nous avons tous appris, sans doute pas, mais écouter Rivadavia nous guider au travers d'un texte, au travers des relations entre mots et souvenirs, entre idées et expériences, a constitué pour moi un encouragement à une vie entière de passion pour la page imprimée dont je n'ai jamais réussi à me désintoxiquer . Ma façon de penser, ma façon de sentir, l'individu que j'étais dans le monde et cet autre individu , plus sombre , que j'étais , seul avec moi-même, sont nés en majeure partie de ce premier après midi où Rivadia a fait la lecture à ma classe."



Et puis.......et puis la dictature militaire, et Manguel se trouve en Europe. Là aussi, je le laisse parler: " Pendant quatorze années, l'Argentine a été dépecée vive. Quiconque vivait en Argentine pendant ces années avait le choix entre deux options: combattre la dictature militaire, ou la laisser s'épanouir. Mon choix fut celui d'un couard: je décidai de ne pas rentrer. Mon excuse ( il n'y a pas d'excuse) est que je n'aurais pas su me servir d'une arme".......

Beaucoup de ses amis disparaissent , certains se suicident, et ce n'est que plus tard que Manguel découvre que celui qui renseignait si bien les militaires sur les sympathies et antipathies politiques de ces étudiants, ce qui permettait leur capture et élimination était son mentor en littérature, le professeur Rivadavia...



Dès lors, dit Manguel, trois options lui apparaissent:

- "Je peux décider que l'être qui a eu le plus d'importance dans ma vie, qui d'une certaine façon m'a permis de devenir ce que je suis aujourd'hui, qui me paraissait l'essence même du maître capable d'inspirer et d'illuminer, était en réalité un monstre et tout ce qu'il m'a enseigné, tout ce qu'il m'a encouragé à aimer était corrompu.

- Je peux essayer de justifier ses actes injustifiables et ignorer le fait qu'ils ont entrainé la torture et la mort de mes amis.

- Je peux admettre que Rivadavia était à la fois le bon professeur et le collaborateur des bourreaux, et laisser cette description en rester là, tels l'eau et le feu.

Je ne sais pas laquelle de ces options est la bonne."



Je pense , après avoir lu Journal d'un lecteur et La bibliothèque ,la nuit , qu'il a choisi la troisième option. Comment faire autrement?

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Une histoire de la lecture

Éloge de la lecture.



Qu'est-ce que la lecture ? Pourquoi est-elle tour à tour aimée et détestée ? Alberto Manguel tente de répondre à toutes ces questions par un voyage dans le temps.



C'est un ouvrage de référence. L'auteur, sous le prétexte de décrire toutes les lecteurs et formes de lectures, revisite l'histoire du livre au travers d'anecdotes personnelles et issues de l'histoire. Chaque chapitre se déguste comme une nouvelle, un autre pan de lecture.



De son adolescence à être lecteur pour Jorge Luis Borges, en passant par l'Alsace humaniste ou bien par le Japon médiéval, Alberto Manguel nous invite au voyage. Non seulement au travers de l'espace et du temps, mais aussi par les différentes façon de lire et de concevoir un livre.



Ce n'est pas un livre à lire d'une traite. Il faut le lire pas à pas, prendre le temps de s'imprégner, pour pouvoir réellement l’apprécier. La lecture se dévoile sous toutes ses facettes.



En somme, ce livre se veut une célébration de la lecture.
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La Bibliothèque, la nuit

Attention de la Haute Voltige !

Quel voyage, et quel brillant essai, de l'érudition passionnante !



Cela nous transporte dans des rayonnages de la bibliothèque d'Alexandrie, avec délectation nous faisons la connaissance du bibliothécaire ....on rencontre Monsieur Dewey et son ingénieuse invention de classification, puis les livres nous baladent d'auteurs enfiévrés qui rangent par thèmes par envie, à l’inspiration, étagères qui croulent sous les livres parfois où des bibliophiles y laissent presque leurs vies !...

La" bible" du babelionaute !!!

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Europe : le mythe comme métaphore

Je viens de lire 2 fois, « Europe : Le mythe comme métaphore. » Un livre offert par Babelio et Les éditions Fayard que je remercie. C’est un livre dense, ardu, exigeant. Petit mais Costaud.



Lors de la seconde lecture, je me suis attelée à mieux saisir les nuances et à rédiger un Abécédaire. C’est un exercice qui m’a permis de mieux digérer cette lecture. Je n’ai aucun doute qu’une troisième lecture m’apporterait encore d’avantage.



En tout cas ce type de lecture me met face à mon inculture. Mais me permet également de la rendre un tout petit moins abyssale.



Je serai ravie d’échanger de vive voix avec des lecteurs / lectrices pour confronter nos lectures. Car comme l’écrit si bien Manguel : « Je ne me baigne jamais deux fois dans le même texte .» P10

Bonne lecture.



A comme Alberto Manguel : l’auteur de cet essai dont j’ai déjà lu « Une histoire de lecture » (beaucoup plus aisé que cet essai).



B comme Bref : Cet essai ne fait que 72 pages. Mais c’est une lecture ardue et dense.



C comme Continent : Facile non ? Et comme Europa (voir Europa) venait de Phénicie, l’origine Africaine a gêné certains nationalistes (comme les nazis). Ils réinventent le mythe. La Phénicie, pour les incultes comme moi, c’est la région qui correspond approximativement au Liban actuel. Cette dénomination provient des auteurs grecs. Les phéniciens ont inventé l’alphabet.



D comme Dante : et oui Dante est appelé plusieurs fois à la rescousse. Et c’est le seul, selon A Manguel, qui va souligner l’ignominie du viol et l’appeler un fléau p28. Pour les autres… je vous laisse deviner.



E comme Europe : Normal pour un livre dont le titre est « Europe : Le mythe comme métaphore ». Europa était supposé signifier en Grec : « soleil couchant » mais « maintenant il est admis que ce que les Grecs appelaient l’Europe était simplement « Le continent ». » En effet pour les Grecs, le continent est tout ce qui n’est pas les iles. Fort de sa logique d’historien, Hérodote contestait que le continent eût été nommé d’après elle et refusait en effet de succomber aux « sirènes de la post modernité […] qui chantent les merveilles des lectures subjectives », affirmant qu’ « il est certain qu’Europe était Asiatique et qu’elle n’est jamais venue dans ce pays que les Grecs appellent maintenant Europe ; mais qu’elle passa seulement de Phénicie en Crête et de Crète en Lycie. » »p13



F comme Frères : En effet Europe (voir au-dessus) avait 2 frères qui vont partir essayer de la libérer… Sans succès.



G comme Grec puisque le mythe est d’origine Grecque. Plus surprenant G comme Guillotine. Et oui il est question de la guillotine dans cet essai. J’avoue avoir été un peu perdue par cet exemple et je ne suis pas certaine de comprendre où l’auteur voulait en venir. P49



H comme Hashtag #MeToo : Il est question de #MeToo dans cet essai. Je vous laisse découvrir. Je vous laisse également juge de mettre le mouvement MeToo et les talibans dans le même paragraphe.



I comme Intuition ou Imagination. En effet toute une partie est consacrée à définir à quoi correspond l’imagination et quelle est son origine. Car même si le mythe évolue au fil du temps, il a bien fallu que quelqu’un soit à l’origine de ce mythe. Il va être également question de la Genèse biblique qui situe le mot après l’apparition du monde. Mais qui invente les mots…



J comme Jupiter : Voir Jupiter. En effet le mythe d’Europa est d’abord apparu chez les Grecs. Puis les Romains l’ont internalisé en remplaçant Zeus par Jupiter. Ils ne seront pas les seuls à changer le mythe pour l’adapter aux intentions de certains mouvements (chrétien, nazisme, nationalisme, …)



K comme King Kong : et oui il sera question de King Kong. Il s’agit d’une forme du mythe, le taureau étant remplacé par un gorille. P34



L comme Leçons. Ce livre fait partie de la collection des leçons inaugurales du Collège de France. C’est donc une lecture exigeante.



M comme Mythe comme une Métaphore : Le mythe est une parole … un système de communication R Barthes



N comme Nachleben (Vie après la mort) : Manguel explique comment les différentes époques s’approprient le mythe Europe pour correspondre à ce qu’ils veulent en dire. Les premiers chrétiens déclarent que Zeus était le nom du bateau qui ramenait Europe… p25 Et chaque époque verra sa réécriture de ce mythe. Claude Levy Strauss fera tout une liste de ces mythes qui sont nés de ce mythe originel.



O comme Objectifs. L’auteur liste 2 objectifs pour la lecture des mythes. Un objectif historique et un objectif fictif, permettant d’aller plus loin, de devenir fondateur, d’être récupéré.



P comme Protagoniste. Dans la première partie, l’auteur développe une théorie selon laquelle, le lecteur / la lectrice agit sur le texte. Suivant sa culture, son humeur, son époque, son genre, la lecture d’un texte sera différente. Très intéressant.



Q comme Question : Une de celle à laquelle tente de répondre ce livre est comment nait un mythe ? Ce livre es également une exploration de l’identité Européenne



R comme Récit : ils sont nombreux les récits qui ont coulé de ce mythe. L’auteur cite Ovide, Dante, .. « Un mythe est un récit qui acquiert, au fil du temps, une signification métaphorique qui transcende l’imaginaire individuel de tout lecteur. » P19



S comme Sournoisement : Ce terme m’a interpellé P69. Je serai curieuse d’échanger avec d’autres lecteurs / lectrices sur l’intention de l’auteur.

Ou S comme Silence : « Les mythes naissent dans le silence. » p38



T comme Traduction : toute une partie est consacrée à la traduction et son œuvre dans l’évolution du mythe. « Le mythe de l’enlèvement traduit comme une métaphore de la fondation. »



U comme Universalisme : Où l’auteur expose sa méfiance vis-à-vis de la cancel culture. P46



V comme Viol : Le nom du mythe varie selon la langue dans laquelle il est raconté. Rape en anglais, rapto en espagnol peuvent renvoyer à la violence physique pas seulement à l’enlèvement. Les termes Allemand Entführung et français enlèvement n’impliquent pas forcement de viol. P 22



W comme Walcott (Derek) p34 et Wedeking p48 : merci à ces illustres inconnus (en ce qui me concerne) d’exister pour le W. Walcott, ayant eu le Prix Nobel de littérature… je suis un peu honteuse. Quant à Wedeking, c’est un médecin.



Y comme Yahoo… et non il ne s’agit pas du moteur de recherche mais d’un peuple Africain présenté dans une nouvelle de Borges. Les Yahoos considèrent les poètes comme dangereux.



Z comme Zeus : Il se transforme en taureau pour enlever Europe (fille du roi phénicien Agénor). Il la viole et il aura 3 ou 4 enfants avec elle. Europe est donc entre l’Asie et l’Afrique puisque la Phénicie est le Liban actuel).





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Une histoire de la lecture

Lire, un geste banal ? Lorsque vous aurez parcouru l'essai d'Alberto Manguel, vous ne verrez plus la lecture du même oeil. Lire en silence, l'apprentissage de la lecture, la forme du livre, métaphores de la lectures... quelques entrées parmi tant d'autres qui vous donnent une idée des découvertes sympathiques auxquelles nous invite cet essai. On y apprend beaucoup, on sourit aux anecdotes (voir citations), on s'étonne, on s'enrichit. Car l'ouvrage est documenté, quand bien même il est difficile de recueillir des témoignages de lecteurs des temps anciens : les images parlent aussi. Cet ouvrage fait de nous les héritiers d'une tradition lourde de significations, porteurs d'une liberté et d'un pouvoir à transmettre.

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