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Critiques de Andrea Camilleri (1002)
Privé de titre

Où il ne fait pas bon, lorsqu’on est un maçon communiste, se promener la nuit dans les ruelles obscures



Où il vaut mieux avoir l’ouïe fine si l’on veut faire éclater la vérité



Où le Duce pose la première (et dernière) pierre de Mussolinia, cité modèle en Sicile et où il égare son chapeau melon



Où être anti-fasciste ne signifie pas manquer d’humour



L’incipit



« A la mi-avril 1941, maître Francesco Mormino, du Barreau de Giurgenti et professeur de culture militaire au lycée Empedocle, entreprit, dûment autorisé s’entend par monsieur le proviseur, une tournée des popotes, pour exposer dans chaque classe (j’étais alors en seconde), le pourquoi du comment du grand rassemblement des jeunesses fascistes à Caltanissetta, le 21 du mois »





Comment en suis-je arrivée là ?



J’achète toujours Camilleri les yeux fermés ; c’est toujours le gage de deux à trois heures de délassement garanti pimenté de malice, de truculence et d’humour. De plus, maintenant que je suis lancée dans mon challenge « un mois en Italie », sa lecture est toute indiquée.





De quoi s’agit-il ?



Camilleri, personnage sicilien à part entière, écrit deux catégories de romans. La série des Montalbano d’abord, des polars hautement recommandables où il montre le visage d’une sorte d’Izzo bon vivant et optimiste, avec un commissaire des plus attachants qu’on finit par avoir l’impression de connaître. Et puis il y a les autres, des romans qu’il écrit à partir de recherches menées dans les archives, qui ont lieu au XIXe siècle … ou dans les années 20, comme celui-ci.



On est en Sicile, en 1921. Les fascistes ne sont pas encore au pouvoir, mais l’Italie traverse une période d’agitation politique marquée par de violents affrontements entre les chemises noires et les communistes. Michele Lopardo, maçon communiste, est pris dans une rixe avec des membres de la Ligue anti-bolchevique ; le jeune Lillino meurt, touché par un coup de feu. Michele est accusé, et le meurtre est instrumentalisé par les fascistes.





La citation



Michele tenta un sourire qui ne fut qu’une grimace. « Tire pas peine, va, Libirtì. Dès que Mussolini n’aura plus besoin d’eux, c’est eux qui le prendront là où tu penses. Et ensuite, jour après jour, c’est l’Italie toute entière qui se fera enculer » (p. 197).





Ce que j’en ai pensé



On se délecte comme toujours de la prose camillerienne. C’est entre autres lié à la langue – j’ai honte, car je devrais le lire, si j’étais moins paresseuse, en langue originale – mais il faut reconnaître que les traducteurs sont admirables (quoique je préfère celle de Quaddrupani, qui est assez différente, ce qui m’a un peu désorientée au début). Le récit est très rythmé, avec des chapitres courts, et entrecoupés d’articles de presse ou de documents divers, et dégage une énergie incroyable qui caractérise bien Camilleri. Le titre, qui ne prend son sens que dans les dernières pages, traduit une belle réflexion.
Lien : http://le-mange-livres.blogs..
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Chien de faïence

Nous sommes en Sicile, la Mafia règne, et il ne se passe pas un mois sans qu’un membre de l’un ou l’autre clan (Cuffaro contre Sinagra) ne soit tué. L’enquête commence par une étrange histoire de vol de camion approvisionnant un supermarché, retrouvé quelques kilomètres plus loin avec toute sa marchandise. Le patron de ce supermarché dit qu’il s’agit d’une « blagueue… »

Et puis, par l’intermédiaire de Gegè, un ami d’enfance passé du côté des brigands, Salvo Montalbano entre en contact avec l’un des plus dangereux tueurs de la Mafia, Tano u grecu, qui négocie sa reddition. Sauf qu’après sa mise en garde à vue, il est assassiné pendant un faux transfert, ce qui induit la présence de taupes au sein même de la police.

Cela ne décourage pas le commissaire Montalbano, fin lecteur (en particulier des livres de Manuel Vasquez-Montalban …entre autres !) Car il est furieusement cultivé, Montalbano. Et c’est grâce à sa connaissance de la littérature qu’il sait auprès de qui s’adresser pour résoudre certaines énigmes. Comme, ici, celle d’un couple de jeunes amants assassinés, retrouvés dans une grotte murée depuis la seconde guerre mondiale. Qui sont-ils, qui les a tués et surtout, pourquoi ont-ils été installés dans la grotte avec une écuelle pleine de menue monnaie, une cruche d’eau depuis longtemps évaporée et, veillant sur eux, une statue de terre cuite représentant un chien couché, pattes étendues ?

Entre-temps, Montalbano continue ses investigations dans les méandres de la Mafia et y récolte une balle qui manque de mettre fin prématurément à sa carrière, alors que ce roman est le deuxième de la série… .Convalescent, il va poursuivre ses recherches sur la mort du jeune couple, en tâchant de reconstituer leur itinéraire, avec le concours de personnages passionnants.

Avec toujours le plaisir d’une traduction alerte et imagée, sorte de transposition du patois sicilien truculente, délicieuse comme la cuisine de la bonne Adelina …


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La Première Enquête de Montalbano

Contrairement à ce qu’annonce le titre, il ne s’agit pas de la première aventure de Salvo Montalbano, héros récurrent de l’auteur sicilien qui fait fureur au-delà des Alpes et que m’a vivement recommandé un lecteur assidu, époux d’une belle italienne de surcroît.



Je me suis laissée piéger mais je ne regrette pas, car c'est sans doute une bonne manière d'aborder l'oeuvre complète. En fait, dans ce même petit livre, on a trois histoires différentes, trois courtes enquêtes dont la première – Sept lundis - est totalement surréaliste, la deuxième raconte l’arrivée du commissaire nouvellement nommé à Vigata, son installation dans la villa du bord de mer à Marinella, la troisième, intitulée « Retour aux origines » une histoire de kidnapping. Seul point commun à ces trois récits : pas de sang. Un choix de l’auteur assumé.



Ce que je retiens surtout, c’est le style extraordinairement imagé de l’écrivain et le parti-pris du traducteur, Serge Quadruppani, dans son interprétation du dialecte sicilien comme des tournures italiennes. On remarque tout de suite le basculement du verbe à la fin de la phrase, comme une réminiscence du latin de notre jeunesse « Montalbano, je suis », la prolifération de verbes devenus subitement pronominaux « il se faisait un rêve »…sans compter les transpositions de déformations orales, qui doivent avoir encore plus de sel dans le texte original mais qui émaillent un discours d’hommes et de femmes du peuple sicilien. Et les délicieux plats servis au commissaire dans sa trattoria préférée, ainsi que ses relations étranges avec l’amie de son cœur.



Naturellement, il est inutile de rechercher la petite ville de Vigatà sur une carte, elle est aussi réelle que le Plassans des Rougon-Macquart. Mais je ne connais pas assez la vie politique italienne pour perdre mon temps à chercher des clefs. Et me voilà embarquée à nouveau dans une série innombrable d’histoires où les comparses du commissaire Montalbano font partie intégrante du décor : Fazio, Mimi Augello, le journaliste Nicolo Zito, le questeur qui, à la grande différence de celui de Venise dans les romans de Donna Léon, est un type intelligent et un ami de Montalbano, et l’inénarrable Catarella, standardiste du commissariat incapable de transmettre une identité exacte …Un monde selon Camilleri qui fut, avant d’écrire, metteur en scène pour le théâtre, la radio et la télévision, auteur de poèmes et de nouvelles.
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La Concession du téléphone

Sicile, 1891, une ligne de téléphone sollicitée par un de leurs concitoyens crée suspicions et délires parmi des notables d'une petite bourgade. S'il n'y avait que cela! Non, pour d'autres motifs, la mafia locale s'en mêle et tout va aller de rebondissements en rebondissements, de confusions en ignominies... qui accuseront le pauvre Genuardi notamment d'agitation révolutionnaire ( le dernier de ses soucis...). Le rire est au rendez-vous de cette satire divisée en "choses écrites" et en "choses dites". L'auteur a donné au roman un style particulier que l'on sent marqué par son habitude du théâtre. Non seulement on rit aux éclats mais on reste ébahi devant tant de mauvaise foi qui tourne à la psychose... On ne peut s'empêcher de penser aux vieux films italiens en noir et blanc dont l'excès nous envoyait tant de clichés de cette nation méditerranéenne. N'y a-t-il sous chacun un fond de vérité? Nous, européens d'un nord "modéré", nous délections de ces paroles excessives, de ce rythme débordant, de cette gestuelle débridée, de ces manifestations émotionnelles percutantes. Tout cela était moins superficiel que nous pouvions le penser : nous nous trouvions souvent renvoyés à bien des défauts enfouis. Tous ces ingrédients se retrouvent dans ce délicieux livre qui se déguste à la vitesse voulue par l'écrivain, vitesse déroutante parfois : il faut s'y tenir afin de ne pas se perdre dans la multitude de personnages intervenant dans l'histoire (sans doute est-ce pour cela qu'ils sont présentés dès avant de commencer le livre). Un excellent moment spirituel de lecture.



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La peur de Montalbano

J'aime toute la série des enquêtes de Montalbano, commissaire truculent et gastronome de Vigata, petite ville sicilienne.

Celui-ci est constitué de nouvelles, assez inégales en longueur et en qualité. Tournez-vous plutôt vers ses romans policiers, des régals d'humour et d'intelligence bougonne, où tout en faisant travailler sa "coucourde" pour résoudre les énigmes les plus complexes, il trouve le temps de savourer les plats de la cuisine sicilienne. Une lecture qui donne faim de soleil et de pasta !
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La pension Eva

Je n'ai pas réussit à apprécier la langue patoisante sicilienne qui vraisemblablement est savoureuse dans le texte original, mais qui devient franchement un peu lourde et pénible dans la traduction proposée, malgré les efforts très voyants et répétitifs du traducteur...

Mais, ce petit désagrément qui semble tout à fait personnel, n'entache pas vraiment le plaisir que j'ai eu à lire ce roman.

C'est un cadeau que l'auteur nous a fait du haut de ses 80 ans en écrivant ces quelques 130 pages.

Connu pour ses romans policiers, il dit s'être offert une petite récréation littéraire sans prétention, juste pour le plaisir, et il a bien fait!

La narration est toute entière construite autour de la mystérieuse Pension Eva, que nous visitons avec les yeux d'un jeune garçon qui va s'initier au plaisir en la rêvant.

Sa curiosité sexuelle est excitée par l'activité mystérieuse qui se déroule dans cet établissement,et, petit à petit, il va découvrir le fin mot de l'histoire.

Avant de pouvoir y entrer, il aura l'occasion d' éprouver ses premiers émois du corps avec sa cousine,ou sur des illustrations de femmes nues trouvées dans la bibliothèque de son père, puis dans les bras d'une veuve qui aime collectionner les aventures avec de très jeunes garçons.

Enfin introduit dans l'antre des plaisirs tant attendus, ce n'est plus ses expériences érotiques que notre jeune néné nous raconte, mais les histoires pittoresques, coquines, drôles,et quelquefois bouleversantes entendues dans ce bordel aux multiples aventures plus cocasses que sulfureuses. (c'est savoureusement drôle, soit dit en passant.)

Notre jeune héros regarde, écoute, s'émerveille de cette vie cachée et burlesque qui se déroule derrière les portes closes alors que les bombes tombent sur la ville et que la mort rode à tous les coins de rues.

Cette histoire simple qui contient des dizaines de récits un brin rocambolesques se termine à la libération,dans le marasme laissé par les bombardements. Le jeune homme a connu l'effroi en découvrant des cadavres et éprouvé la peur d'avoir perdu les membres de sa famille et ses amis d'enfance.

Il a 18 ans, l'âge où il aurait pu légalement avoir accès à la Pension Eva, mais celle-ci s'est envolée en fumée...

http://sylvie-lectures.blogspot.com/2008/03/la-pension-eva-andrea-camilleri.html
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La Chasse au trésor

Une préface de Serge Quadruppani qui explique la manière dont il a traduit le

sicilien/italien/sicilien italianisé/italien sicilianisé Camillerien avec laquelle on est entièrement d’accord. Camilleri a bien fait les choses et Quadruppani les a bien traduites.

« Montalbano sono »

6 mois sans Montalbano c’est une demi année sans pâtes ‘ncasiata, sans vavalucis rissolés à l’huile d’olive ou de rougets de roche, la diète quoi, sans la volcanique Livia du sud, de Gêne plus précisément, et la belle Ingrid qui vient du froid du nord, de l’amour en moins, sans l’autre étourdit au tiliphone, de Catarella qui abîme les plâtres du commissariat et qui me fait rire aux larmes, sans oublier la Sicile, Vigatta et la maison au bord de la plage mais aussi la jetée ou Montalbano va faire sa promenade digestive.

Avec Camilleri/Montalbano on est obligé de tout prendre et s’en est un grand plaisir.

Il était grand temps de renouer!

Et donc c’est avec beaucoup d’émotion que je retrouve le vieux ronchon et que les larmes a mi viennent aux yeux mais aussi parce son histoire de petiote est bien noire!

En deux mots je vous expose de quoi il est question

Voilà.

Deux bigots, des vieux, tirent sur le foule et notre Montalbano, tel - Brousse Ouilis - qui, prit du syndrome de «Fort Chabrol» épique mais sicilien, donne la charge et tombe dans les flammes de – l’infernu -

L’histoire commence donc mal sans parler qu’il cale devant son repas, il mange à contrecœur, il grignote, quand il veut manger il ne le peut pas à cause de sa minerve, une hyporexie inquiétante ou alors il s’empiffre pour s’oublier, un «pétit» insatiable tout aussi suspect. En plus il s’engueule, tout de go, avec Livia mais ça c’est normal et rassurant: entre eux c’est très hot… Et puis ils se rabibochent.

Quand à cela, vient s’ajouter une charade énigmatique qu’il est chargé de résoudre, ainsi que des cataferi, entendez par là «des pirsonnes privées de vie», dans les poubelles et c’est sans parler des poupées gonflables avec des rustines, la totale! Et que dire des quiproquos que suggèrent les poupées gonflables!

Qu’a-t-on aimé dans ce livre ?

Sa rusticité tout d’abord due au parler populaire, ses dialogues au tac au tac avec les administrés toujours assez mordants, administrés qui ne semblent pas avoir la trouille de la police et ses échanges avec ses subordonnés surtout Catarella, le sabir administratif de Montalbano pour noyer le poisson avec le questeur, les deux Montalbano, tels le bon cholestérol et le mauvais, qui discutent du bien fondé de certaines valeurs avant de passer à l’action, cette atmosphère dévirée du petit monde de San Antonio, ses plats préférés préparés ou non par Adelina: paupiettes d’espadon, pâtes au noir de seiche, gambas par demi kilo et le cudduruni (pain sicilien), les quiproquos autour des poupées gonflables: Camilleri s’en est donné à cœur joie, l’acidité du commissaire sur ses congénères et ses cogitations métaphysiques, les méchants très psychopathes...

Montalbano c’est un plat à la sicilienne : Antipasto, primo, secondo, formaggi et dolci... mais attention si l’antipasto est réjouissant le dolci (sucrerie), est assez sordide …à en pleurer

Excellent.
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Meurtre aux poissons rouges

Avec un goût de cannoli.



Quel petit roman (140 pages) original et réjouissant !



L’affaire est d’une grande drôlerie : meurtre louche, intrigue farfelue qui voit intervenir des services spéciaux dits « pervertis » et une agente spéciale très perverse… Mais enquête interdite à Grazia Negro qui sollicite en grand secret Montalbano. Les personnages fétiches de chacun des deux auteurs.



La communication entre eux donne au livre son format singulier, fait d’échanges de courriers et documents divers devant emprunter d’étranges circuits pour échapper aux ennemis. Pas de récit classique, pas de romancier démiurge, mais un jeu, un défi entre les deux auteurs. Un peu comme s’il était donné au lecteur de découvrir directement l’histoire via certaines pièces de l’affaire en cours.



L’ensemble déroulé avec truculence nous fait partager les univers des deux auteurs, leur région, leurs personnages (dont l’inénarrable Catarella), autorise les surprises les plus déjantées.



On rit à cette farce… Mais comme nous sommes en Italie, la farce, aussi joyeuse soit-elle, laisse toujours planer les ombres maléfiques de la mafia.



CAMILLIERI et LUCARELLI se sont fait plaisir. Et par la même occasion nous font plaisir.



Se lit très vite et avec le sourire, voire des éclats de rire.

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Intermittence

Je ne suis pas rentré dans ce récit (polar?) où au bout d’une centaine de pages il n’est question que de magouilles entre financiers et industriels sans scrupule où tous les personnages de femmes sont caricaturaux niveau oss 117. Je passe à autre chose, vite !
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Il metodo Catalanotti

Dans ce plus récent livre de la saga ,voilà notre commissaire Montalbano confronté à un cadavre fantôme, un metteur en scène poignardé et une tentative d’assassinat rendue opaque par l’omerta ! Mais surtout à un coup de foudre inattendu qui fait remonter en lui de volcaniques émotions adolescentes . La confrontation avec la conscience de son vieillissement est brutale et débouche sur des épisodes tour à tour , burlesques ,poétiques ou dramatiques. Quel mystère ce Camilleri sur lequel ni l’âge, ni la cécité ne semblent avoir de prise ! A lire absolument.

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L'Âge du doute

Je me fixe très régulièrement des rendez-vous avec le commissaire Montalbano. Même si je déguste les livres d'Andrea Camilleri à doses homéopathiques désormais,maintenant qu'il n'est plus là.

Cet opus m'a enchantée. Davantage que l'intrigue en elle-même, ce sont les états d'âme du commissaire qui m'ont ravie : ne le voilà-t-il pas fou amoureux d'une "jeunette", lui, proche de la retraite ? Évidemment, il réagit comme un ado à cette situation. Mais cela nous vaut des situations cocasses et, notamment, ce coup de téléphone avec Livia, sa fiancée "officielle ". Il se retrouve également obligé de proférer d'énormes mensonges auprès de sa hiérarchie. Son entourage le croit devenu fou, voire sénile. Comme toujours, la traduction est impeccable et certains dialogues sont hilarants.

Vraiment un excellent moment de lecture. Vivement mon prochain rendez-vous !



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Le ciel volé : Dossier Renoir

En français, Andrea Camilleri n’a pas toujours bénéficié des meilleures traductions possibles – faute probablement à la difficulté de traduire de l’italiano-sicilien. Mais ses productions hors inspecteur Montalbano ont bénéficié d’un traitement moins caricatural. Et c’est, à mon avis, là que toute la qualité de ses ouvrages peut le mieux s’apprécier en français. La pension Eva, Le neveu du Négus ou Le grand cirque Taddei en sont des forts bons exemples.



Et ce ciel volé fait partie de ceux-ci. Une intrigue bien amenée, une première partie épistolaire fort amusante, une seconde qui ne l’est pas moins et un sujet auquel on aimerait (veut) croire !
Lien : https://www.noid.ch/le-ciel-..
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Petits récits au jour le jour

Petit livre (moins de cent pages), qui se picore. Andrea Camilleri évoque dans de courtes chroniques divers sujets ; d'actualités, politiques, des traditions siciliennes ou encore ses souvenirs d'enfance et ses sources d'inspiration.

Si certaines chroniques sont un peu dépassées (sur le réchauffement climatique ou le téléphone portable), on en apprend un peu plus sur l'homme Camilleri et surtout sur la Sicile de son enfance. Pour ne rien gâcher, Andrea Camilleri raconte quelques anecdotes sur la création de Salvo Montalbano.

Une lecture agréable, la sensation d'avoir passer du temps avec un grand-père qu'on aimerait avoir.
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Un samedi entre amis

Ce court roman d'Andrea Camilleri aurait dû s'intituler les racines du mal ou l'origine de la violence ! Il s'ouvre et se ferme sur le secret d'enfance de ses protagonistes, confrontés à la violence et l'absurdité des adultes, et observant innocemment en eux des pulsions des plus malsaines.

À l'âge adulte ces traumatismes ont profondément marqué leur psychologie et c'est tout l'objet des intrigues qui se croisent jusqu'au dénouement en pirouette.



La construction est comme toujours brillante, le contenu très malaisant ! Ce ne sera pas mon favori parmi l'œuvre de l'écrivain sicilien.
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La Forme de l'Eau

Premier volume de la série Montalbano et déjà un très bon cru ! On y plonge et replonge avec grand plaisir.

Un Salvo attachant et un peu nerveux, le fidèle Fazio, Catarella au langage si particulier, un dottore Pasquano remonté, des prises de bec avec Livia, les débuts de sa relation avec Ingrid et naturellement la gastronomie sicilienne. S'ajoute une enquête policière qui tient la route, des magouilles politiques et la présence discrète mais pesante de la mafia.

Un petit regret (mais seulement parce que j'ai lu l'ensemble de la série), l'absence de Mimi.

Qu'elle donne (quand même) envie cette Sicile !
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La Danse de la Mouette

Montalbano se sent vieux, il voit des signes partout et quand il observe une mouette danser puis mourir, il est sur : c'est un mauvais présage. Et quand il découvre que Fazio, son adjoint, a disparu après un étrange contact avec un ex copain, il commence à s'inquieter ...à raison car cette affaire pleine de rebondissements et de personnages réalistes et sympathiques, s'averera tortueuse à souhait. Montalbano est mélancolique, toujours amoureux de loin de Livia, mais aussi un vrai enquêteur dans l'âme. Une intrigue bien ficelée alliée à un langage délicieux et des pointes d'humour bienvenues.



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La Patience de l'Araignée

A la fin du précédent épisode, le tour de la bouée, nous avions laissé notre héros blessé après un assaut particulièrement sportif sur la villa QG du réseau de trafiquants d'enfants clandestins.

Alors que Ingrid avait une nouvelle fois tenu un rôle décisif dans l'intrigue, Salvo retrouve Livia venue en urgence le retrouver.



Cette nouvelle enquête s'inscrit donc dans une ambiance de convalescence et de vie commune, toujours ambivalente et chaotique, entre Salvo et Livia.

Alors qu'une jeune fille disparaît et que tout semble orienter vers un rapt, Montalbano met au jour la vérité grâce à la finesse de son intuition. Andrea Camilleri s'est amusé à parsemer la narration d'indications qui permettent au lecteur de facilement découvrir le nœud de l'intrigue.



Résulte de cette lecture un grand plaisir sans suspense ni tension dramatique, avec toujours la dose d'humour et de satire qu'on apprécie chez l'auteur. Un épisode très réussi à mon sens.
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La Saison de la chasse

Etant habitué à la traduction de Quadruppani j’ai été très étonné et plutôt « fort marri » de trouver une traduction du patois sicilien de Camilleri par « le parler des gones »

Je suis lyonnais, enfant de guignol et donc il ne m’a pas semblé judicieux de remplacer un patois du sud par le « parler yonnais » (et non un patois) local .

« Le dialecte c’est la langue du sentiment » dit Pirandello et donc celui de Vigata n’est pas le même que celui des « yonnais » il ne véhicule pas les même données ; le parler « yonnais » est connu surtout pour Guignol personnage populaire persifleur au message quelque peu politique du moins social pour le sicilien c’est différent on est plus porté sur la farce et la fesse sociale. (surtout Camilleri...) Une traduction intello qui s’éloigne du sentiment populaire donc spontané.



Curieuse méthode bien sur, intellectuellement hautement justifiée par la traductrice et l’éditeur (Paul Ricœur est appelé à la rescousse) , mais bon ! non ! Voir une « fenotte » en Sicile c’est « tomber dans le béjat » (l’imbécilité) car une « fenotte » comme « Madelon » se trouve au gourguillon à « taper le cul des grenouilles » dans sa « souillarde yonnaise » plutôt qu’à Vigata



D’accord on va me traiter de « Tord-la-gôgne » mais c’est comme ça on ne mélange pas les torchons et les serviettes. Sans parler du glossaire qu’il faut compulser incessamment, même pour un pur « yonnais » et puis pour comprendre à l’intuition bernique.



Bon assez de « tracassin »  je prend « mon cul par l’oreille » et je déguerpis!(dixit Camilleri) « a totor ! »



Pour ce vaudeville grimaçant surtout mais glamourisant par certains cotés qui reprend une histoire du XIX siècle Camilleri fait fort. Un mélange de fabliau comme « la chèvre de monsieur Seguin » et de satyre politique de la société sicilienne rurale et traditionnelle et chouïa de fond d’intrigue policière on n’oublie pas que Camilleri est géniteur de Montalbano.

Un nobliau volage (très) et querelleur (très aussi) surtout au club qui n’ayant pas d’héritier mâle va chercher une mère porteuse chez ses domestiques. Un curé réactionnaire, bilieux et carambouilleur pour la plus grande gloire de dieu, des femmes jacasseuses, marieuses et un peu « Soupe, savon, salut » et un mami attendu comme le petit jésus ( Note : saucisson , spécialité lyonnaise emmailloté dans un filet résille rouge : excellent) et un apothicaire, fils de pays de retour chez lui pour les concoctions sorties droit du jardin paradis. Le tout sur parties de jambes en l’air dans la moiteur des couettes accompagnées de repas copieux dans une Vigata qui retient son souffle pour savoir comment ça va finir.

La discrétion n’est pas vraiment une qualité sicilienne et heureusement car ça occupe.



Pour revenir à cette traduction qui m’a irrité et contrarié je me demande pourquoi le parler « yonnais » et pas celui du parigot ou stéphanois ou marseillais plutôt que de parler des « gones  (voir mottet et mami ) et fenottes » on aurait pu traduire par « titis et titi.es (?)» ou « Gagas et gagasses »ou « minots et minotes »

Non vraiment cette traduction n’est pas justifiée car elle nuit à la fluidité de la narration car quand même l’essentiel est la truculence et verve des images suggérées par Camilleri « prendre son cul par l’oreille… » (qui aurait du être traduite en yonnais par « agrappe ton darnié par l’ireille... » et ici on comprend intuitivement la phrase s’en aller se référer au glossaire ) c’est visuel. Donc deux poids deux mesures

D’ailleurs Quadruppani utilise des mots siciliens (opéra de Vigata) qu’ils fait expliquer par ses personnages « comerdioni » à l’audition, intuitivement, on comprend ce qu’on veut ou peut mais ce n’est pas ce qu’on croit et le vrais sens c’est « cerf-volant » expliqué au préfet milanais qui ne comprenait pas tout le sicilien et hop le tour est joué !

Il utilise aussi discrètement le mot « minot » marseillais pour l’enfant et ça passe bien et jamais cela ne nuit à la fluidité de la narration



Oui oui je suis un « Tord-la-gôgne » mais maintenant que c’est dit ça va mieux !



Et maintenant que vais-je lire?

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La Concession du téléphone

Camilleri reprend une histoire véridique de 1891 pour la mettre à son goût: la simple demande d’installation d’une ligne téléphonique

de Pippo va tourner au cauchemar mais avec la truculence de notre conteur sicilien devenir, pour nous, une farce réjouissante.



Cette narration est pour beaucoup épistolaire et pour le reste de dialogues. On pourra admirer la flagornerie des différents épistoliers envers les puissants et quelques rares écrits de droiture par des fonctionnaires intègres et toujours, du moins entre amis, quelques crudités bien senties. En général le ton est enlevé.



Un courrier mal adressé, surtout à préfet maladivement soupçonneux,

va déclencher une véritable tsunami guerrier administratif entre différents services

Une petite guerre entre des services de polices et des carabiniers qui en bons soldats sont plus bêtes mais encore très méchants. Des services qui sont surtout plus obnubilés par la politique et le « spectre » socialiste que par les actes mafieux et lorsque les deux se conjuguent c’est l’apothéose. Cela se ressent chez les différents préfets de police ou non , sous-préfets, conseillers, chefs de cabinets, commissaires, colonels jusqu’aux ministres, ah l’administration italienne !



Des services postaux d’une lourdeur pharaonique, des demandes administratives rébarbatives sans fins et l’espoir chevillé au corps du Pippo ardemment soutenu par sa femme Taninè. Et pour cause ces deux-là vivent des rapports érotiques torrides.

Ce qui d’ailleurs provoque lors de la confession de Taninè la colère du père Pirrotta qui voit en la position « ante retro » un acte interdit par la religion mais lorsqu’il apprend qu’en fait c’est la position pour « l’autre vase » dite rectale mais qualifiée de socialiste (sans parler du vermicelle peint en rouge) et là… il se signe maintes fois en levant les yeux! La femme doit « donner une enfant à Dieu » et donc avec « l’autre vase »… Impossible… Il a horreur du socialisme, religion satanique.



Des personnages qui entre leurs déboires administratifs, carrières à ménager, escroqueries mafieuses financières et remboursements impayés, dégelées mafieuses, incendies criminels trouvent toujours le moyen de passer un moment dans leur lit ou celui des autres : les siciliens sont des coucous il faut le dire !



C’est un livre très plaisant parce que on sent que Camilleri a pris beaucoup de plaisir à mettre en place ces quiproquos, à enfoncer ses personnages dans des situations inextricables, à attribuer une fatuité à l’un, une naïveté à l’autre, une névrose et en fait tout va pour le mieux dans le meilleur ce monde sicilien dystopique.



Allez un extrait :

- Dans la dernière, je lui ai presque léché le cul à ce couilles molles de Napolitain. J’ai juste besoin d’informations pour la concession téléphonique, je ne suis pas en train de lui demandé la chatte de sa sœur –



Dit comme ça c’est explicite !

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Meurtre aux poissons rouges

Le sage montre la lune et l'imbécile regarde le doigt. Ainsi les critiques babelioteux, fascinés par les poissons rouges et les seins de Betta, sont restés aveugles à l'essentiel, la dénonciation de la collusion de la mafia et du pouvoir. Stratégie qui empoisonne l'Italie depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Et qui éclaire l'impunité des nervis fascistes et l'emprise de la pieuvre sur la société transalpine.
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la vie et les polars d'Andrea Camilleri

Andrea Camilleri est né en Sicile en 1925. Il s'est mis au polar sur le tard, avec un très grand succès. C'était en :

1985
1992
1994
1998

10 questions
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