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Critiques de Andrea Camilleri (1004)
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La Saison de la chasse

Etant habitué à la traduction de Quadruppani j’ai été très étonné et plutôt « fort marri » de trouver une traduction du patois sicilien de Camilleri par « le parler des gones »

Je suis lyonnais, enfant de guignol et donc il ne m’a pas semblé judicieux de remplacer un patois du sud par le « parler yonnais » (et non un patois) local .

« Le dialecte c’est la langue du sentiment » dit Pirandello et donc celui de Vigata n’est pas le même que celui des « yonnais » il ne véhicule pas les même données ; le parler « yonnais » est connu surtout pour Guignol personnage populaire persifleur au message quelque peu politique du moins social pour le sicilien c’est différent on est plus porté sur la farce et la fesse sociale. (surtout Camilleri...) Une traduction intello qui s’éloigne du sentiment populaire donc spontané.



Curieuse méthode bien sur, intellectuellement hautement justifiée par la traductrice et l’éditeur (Paul Ricœur est appelé à la rescousse) , mais bon ! non ! Voir une « fenotte » en Sicile c’est « tomber dans le béjat » (l’imbécilité) car une « fenotte » comme « Madelon » se trouve au gourguillon à « taper le cul des grenouilles » dans sa « souillarde yonnaise » plutôt qu’à Vigata



D’accord on va me traiter de « Tord-la-gôgne » mais c’est comme ça on ne mélange pas les torchons et les serviettes. Sans parler du glossaire qu’il faut compulser incessamment, même pour un pur « yonnais » et puis pour comprendre à l’intuition bernique.



Bon assez de « tracassin »  je prend « mon cul par l’oreille » et je déguerpis!(dixit Camilleri) « a totor ! »



Pour ce vaudeville grimaçant surtout mais glamourisant par certains cotés qui reprend une histoire du XIX siècle Camilleri fait fort. Un mélange de fabliau comme « la chèvre de monsieur Seguin » et de satyre politique de la société sicilienne rurale et traditionnelle et chouïa de fond d’intrigue policière on n’oublie pas que Camilleri est géniteur de Montalbano.

Un nobliau volage (très) et querelleur (très aussi) surtout au club qui n’ayant pas d’héritier mâle va chercher une mère porteuse chez ses domestiques. Un curé réactionnaire, bilieux et carambouilleur pour la plus grande gloire de dieu, des femmes jacasseuses, marieuses et un peu « Soupe, savon, salut » et un mami attendu comme le petit jésus ( Note : saucisson , spécialité lyonnaise emmailloté dans un filet résille rouge : excellent) et un apothicaire, fils de pays de retour chez lui pour les concoctions sorties droit du jardin paradis. Le tout sur parties de jambes en l’air dans la moiteur des couettes accompagnées de repas copieux dans une Vigata qui retient son souffle pour savoir comment ça va finir.

La discrétion n’est pas vraiment une qualité sicilienne et heureusement car ça occupe.



Pour revenir à cette traduction qui m’a irrité et contrarié je me demande pourquoi le parler « yonnais » et pas celui du parigot ou stéphanois ou marseillais plutôt que de parler des « gones  (voir mottet et mami ) et fenottes » on aurait pu traduire par « titis et titi.es (?)» ou « Gagas et gagasses »ou « minots et minotes »

Non vraiment cette traduction n’est pas justifiée car elle nuit à la fluidité de la narration car quand même l’essentiel est la truculence et verve des images suggérées par Camilleri « prendre son cul par l’oreille… » (qui aurait du être traduite en yonnais par « agrappe ton darnié par l’ireille... » et ici on comprend intuitivement la phrase s’en aller se référer au glossaire ) c’est visuel. Donc deux poids deux mesures

D’ailleurs Quadruppani utilise des mots siciliens (opéra de Vigata) qu’ils fait expliquer par ses personnages « comerdioni » à l’audition, intuitivement, on comprend ce qu’on veut ou peut mais ce n’est pas ce qu’on croit et le vrais sens c’est « cerf-volant » expliqué au préfet milanais qui ne comprenait pas tout le sicilien et hop le tour est joué !

Il utilise aussi discrètement le mot « minot » marseillais pour l’enfant et ça passe bien et jamais cela ne nuit à la fluidité de la narration



Oui oui je suis un « Tord-la-gôgne » mais maintenant que c’est dit ça va mieux !



Et maintenant que vais-je lire?

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La Démission de Montalbano

Comme promis, après le mauvais temps de la ville de Londres en 1380, je me suis envolée pour le soleil de Vigàta, en Sicile. Pas de chance, lors de la première nouvelle, il pleuvait !



Le format des nouvelles va comme un gant au commissaire Montalbano, ne donnant jamais l’impression qu’on n’en a pas eu assez.



La première nouvelle n’est pas une enquête à proprement parler, c’est un mystère mystérieux qu’on a soumis à la sagacité du commissaire. Plus un épisode de la vie qu’autre chose.



Par contre, ensuite, nous avons des vrais petites enquêtes, dont pour certaines, j’avais trouvé la solution avant le commissaire. Ok, je ne chanterai pas trop fort, il me dépasse pour tout puisque lui, il trouve toujours la solution.



Ce qui est plaisant, dans les Montalbano, ce sont les personnages, haut en couleurs (ah, Catarella !), les descriptions de la vie de tous les jours, les petits mystères que le commissaire veut toujours résoudre et qui, bien souvent, commencent de manière très bizarre, comme avec cet homme qui conserve tout… Oui, tout !



La traduction du titre en français est différente de l’originale puisque en V.I (version italienne), on parle d’arancini (boules de riz panées, farcies de mozzarella et de sauce bolognaise et cuitent dans la friteuse) et c’est un mets que j’adore (je m’en suis fait péter lors de mon voyage en Sicile).



En fait, la démission de Montalbano n’en est pas vraiment une… Dans une des nouvelles, on a un meurtre violent, beaucoup de sang, éviscération et cannibalisme… Heu, on est dans un Montalbano, là ? Notre commissaire va briser le 4ᵉ mur et sonner les cloches à son auteur. Oui, moyen. La seule qui m’ait moins plu.



Lire un Montalbano, c’est une lecture reposante, agréable, une sorte de doudou pour les moments où l’on n’a pas le moral, pas envie de lire autre chose.



Montalbano, il a un caractère entier, c’est un personnage hors norme, mais l’auteur a fait en sorte qu’il partage la vedette avec ses adjoints, dont certains sont "pirsonnellement en pirsonne" plus grave que d’autres. Catarella bien entendu. Mimi est le dragueur de ces dames et Fazio a le complexe de l’état civil.



L’autre avantage de Montalbano, c’est qu’il ne court pas, qu’il prend le temps de réfléchir en mangeant à toutes les bonnes tables du coin, faisant honneur à la cuisine sicilienne et notamment aux poissons.



Le plus gros bémol de cette série, c’est que le village de Vigàta n’existe pas, donc, la trattoria San Calogero non plus et santa Madonna, jamais je ne pourrai aller y déguster les mets exquis que le commissaire s’enfile !!!



Là-dessus, pour noyer mon chagrin, il ne me reste plus qu’à me suicider en dégustant une pizza Buitoni à la bactérie E.coli, le tout recouvert de lasagnes hennissantes de chez Findus (viande en provenance de Veviba, à Libramont ?) et en dessert, je me ferai une overdose de Kinder Surprise et autres Choco-Beurk de l’usine Ferrero d’Arlon, parfumés à la salmonelle.



Si avec tous ces scandales alimentaires, je ne trépasse pas, alors c’est que je suis costaude !



Un conseil, mangez du Montalbano, c’est bien plus sain ! Encore un roman qui chante la Sicile, avec des petites enquêtes intelligentes, surprenantes, agréables à lire, amusantes et remplies de poésie.


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La Concession du téléphone

Camilleri reprend une histoire véridique de 1891 pour la mettre à son goût: la simple demande d’installation d’une ligne téléphonique

de Pippo va tourner au cauchemar mais avec la truculence de notre conteur sicilien devenir, pour nous, une farce réjouissante.



Cette narration est pour beaucoup épistolaire et pour le reste de dialogues. On pourra admirer la flagornerie des différents épistoliers envers les puissants et quelques rares écrits de droiture par des fonctionnaires intègres et toujours, du moins entre amis, quelques crudités bien senties. En général le ton est enlevé.



Un courrier mal adressé, surtout à préfet maladivement soupçonneux,

va déclencher une véritable tsunami guerrier administratif entre différents services

Une petite guerre entre des services de polices et des carabiniers qui en bons soldats sont plus bêtes mais encore très méchants. Des services qui sont surtout plus obnubilés par la politique et le « spectre » socialiste que par les actes mafieux et lorsque les deux se conjuguent c’est l’apothéose. Cela se ressent chez les différents préfets de police ou non , sous-préfets, conseillers, chefs de cabinets, commissaires, colonels jusqu’aux ministres, ah l’administration italienne !



Des services postaux d’une lourdeur pharaonique, des demandes administratives rébarbatives sans fins et l’espoir chevillé au corps du Pippo ardemment soutenu par sa femme Taninè. Et pour cause ces deux-là vivent des rapports érotiques torrides.

Ce qui d’ailleurs provoque lors de la confession de Taninè la colère du père Pirrotta qui voit en la position « ante retro » un acte interdit par la religion mais lorsqu’il apprend qu’en fait c’est la position pour « l’autre vase » dite rectale mais qualifiée de socialiste (sans parler du vermicelle peint en rouge) et là… il se signe maintes fois en levant les yeux! La femme doit « donner une enfant à Dieu » et donc avec « l’autre vase »… Impossible… Il a horreur du socialisme, religion satanique.



Des personnages qui entre leurs déboires administratifs, carrières à ménager, escroqueries mafieuses financières et remboursements impayés, dégelées mafieuses, incendies criminels trouvent toujours le moyen de passer un moment dans leur lit ou celui des autres : les siciliens sont des coucous il faut le dire !



C’est un livre très plaisant parce que on sent que Camilleri a pris beaucoup de plaisir à mettre en place ces quiproquos, à enfoncer ses personnages dans des situations inextricables, à attribuer une fatuité à l’un, une naïveté à l’autre, une névrose et en fait tout va pour le mieux dans le meilleur ce monde sicilien dystopique.



Allez un extrait :

- Dans la dernière, je lui ai presque léché le cul à ce couilles molles de Napolitain. J’ai juste besoin d’informations pour la concession téléphonique, je ne suis pas en train de lui demandé la chatte de sa sœur –



Dit comme ça c’est explicite !

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Le Manège des erreurs

Une enquête de Salvo Montalbano manquant un peu trop de surprises, et dans laquelle les composantes qui firent la magie de la série semblent un peu trop diffuses et mécaniques.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2022/05/02/note-de-lecture-le-manege-des-erreurs-montalbano-28-andrea-camilleri/



Comme cela semble arriver depuis maintenant quelques années au commissaire sicilien Salvo Montalbano au début d’une nouvelle enquête, une anecdote presque comique et apparemment totalement anodine, voire légèrement saugrenue, joue bien souvent le rôle d’un rêve prémonitoire rusé vis-à-vis de ce qui va se passer dans le roman. Ce remake-éclair du célèbre combat gidien d’Amédée Fleurissoire contre le moustique, dans « Les caves du Vatican », propose ainsi plusieurs signes secrets annonçant le contenu de ce « Manège des erreurs », vingt-huitième volume des aventures de ce policier Sicilien bougon au grand cœur, gastronome jamais repenti, déployant des trésors de ruse pour échapper aux menées serviles (vis-à-vis du pouvoir et de l’argent) d’une partie de sa hiérarchie, sensible à certaines apparences mais plus encore à ce qui se cache derrière elles, et fort en phase avec les misères systémiques qui traversent cette société à la (grosse) charnière de deux siècles, depuis « La forme de l’eau » en 1994.



Hélas, alors qu’Andrea Camilleri est décédé en 2019, et qu’il ne reste désormais, après celui-ci, que cinq volumes de la saga à traduire en français par Serge Quadruppani (qui continue à nous régaler de l’inventivité et de la précision de sa création ad hoc, indispensable pour rendre compte de la langue tripartite si spécifique du maître sicilien, comme il l’explique dans sa préface évolutive au fil des volumes) au Fleuve, une partie de la magie de la série cède maintenant assez souvent à une forme de fatigue existentielle. Dans ce 28ème épisode, publié en 2015 et traduit chez nous en 2020, on ne trouve qu’à l’état de traces trop diffuses la joie culinaire qui enflammait par exemple « Le tour de la bouée » (2003), les ramifications de l’histoire sicilienne qui surgissaient à l’impromptu (« Chien de faïence », 1996, ou « La piste de sable », 2007), les bouillonnements internes du commissariat de Vigata (« L’âge du doute », 2008, ou « Une lame de lumière », 2012), les complexités mafieuses (« Un été ardent », 2006, ou « La pyramide de boue », 2014), les disputes parfois difficiles avec son éternelle fiancée Livia (« La patience de l’araignée », 2004) ou les horreurs parfaitement contemporaines des réfugiés exploités ou laissés à leur sort (« La danse de la mouette », 2009).



On sait bien entendu à quel point il est difficile de maintenir le souffle, le charme et la puissance d’une série policière littéraire sur une aussi longue période : on se souvient par exemple de la mélancolie critique et du manque de souffle qui contaminait les dernières enquêtes du Wallander d’Henning Mankell, on constate aileurs les véritables acrobaties auxquelles Ian Rankin est désormais contraint pour maintenir vivantes les aventures de John Rebus, et si Jo Nesbø se tire du défi avec un brio extrême, c’est aussi que chaque volume complexe de sa saga Harry Hole comporte quatre ou cinq fois le nombre de pages d’une intervention moyenne de Salvo Montalbano. N’ayant pu visiblement dans cette dernière longue ligne droite de sa série sortir à chaque fois de son chapeau une intrigue aussi redoutablement tortueuse que dans « La chasse au trésor » (2010) ou dans « Jeu de miroirs » (2011), Andrea Camilleri se contente donc ici, tout particulièrement, de nous proposer le confort complice de retrouvailles toujours bienvenues, quoiqu’il en soit, avec l’étonnante bande rassemblée autour du commissaire irascible, joueur et désormais gentiment vieillissant.
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Un Filet de fumée

Pour m'imprégner de Sicile, un livre des livres de route du Routard.

XIXe siécle, Vigàta, un bateau russe doit arriver pour charger du soufre chez Totò Barbabianca, soufre qu'il n'a plus, suite à magouille et compagnie.

Le Totò, c'est le riche pourri du village, que beaucoup de monde, enfin tout le village rêve de voir tomber.

C'est drôle, acide, tous les personnages en prennent pour leur grade, de l'aristo au curé, en passant par le parvenu et le pagu. Assez difficile à lire pour moi car plein de parler lyonnais pour rendre la langue de Sicile j'imagine.
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La Forme de l'Eau

Je veux vous parler du dernier polar mettant en scène Salvo Montalbano, il a été publié après la mort d'Andrea, je l'ai lu en Italien; j'espère qu'il aura droit rapidement à une de ces merveilleuses traductions de Serge Quadruppani, car – j'ose l'avouer – si je lis facilement l'italien, en revanche le dialecte sicilien m'est compliqué...



Riccardino a été écrit pour la première fois en 2005, puis modifié en 2016, après quoi Camilleri l'a donné à son éditeur sur la promesse qu'il ne serait publié qu'après sa mort. Il est décédé le 18 juillet 2019 à l'âge de 93 ans.



Bien entendu, on se régale: non seulement il y a un autre meurtre à résoudre pour le grincheux Montalbano, mais Camilleri lui-même fait une apparition. Il se présente pour coacher son détective qui hésite à poursuivre la nouvelle affaire:

'Je vous offre une piste et vous vous trompez, et je me retrouve en difficulté. En tant qu'écrivain, je veux dire. Nous ne pouvons pas continuer comme ça, vous devez commencer à enquêter', lui dit-il sévèrement lors d'un appel téléphonique. Un Montalbano peu impressionné lui raccroche au nez.



Le Riccardino du titre est éjecté à la page neuf. Montalbano également tire sa révérence, bien que Camilleri ait promis aux fans qu'il ne tuerait pas son détective bourru et gourmand.



'Le fait que Montalbano, contrairement à d'autres personnages de série tels que Sherlock Holmes ou Maigret, vieillisse, participe à la vie quotidienne, rend de plus en plus difficile pour moi de le suivre', a-t-il déclaré dans une interview, décidé à écrire le dernier roman.



Et où lire les romans de Camilleri ? si ce n'est à Porto Empédocle (Vigata dans les romans), au bord de la mer après avoir mangé un plat de Pâtes 'ncasciata – on trouve la recette partout - que l'on accompagne d'un vrai bon vin rouge, du Nero d’Avola.
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Le Champ du potier

l’histoire et les personnages sont intéressants et attachants. je retrouve là le tempérament de mes chers compatriotes. L’intrigue est bien et on est porté jusqu’à la fin. j’ai beaucoup apprécié l’effort de traduction qui respecte tant l’italien que le sicilien.
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La pension Eva

J'ai fait une heureuse découverte avec ce bref roman d'un écrivain italien, dont j'ignorais l'existence: Andrea Camilleri (né en 1925). L'action se passe pendant la seconde guerre mondiale. Dans le contexte tragique d'une Sicile pauvre, soumise au joug fasciste et bombardée par l'aviation des Alliés, un jeune garçon nommé Nené découvre dans sa bourgade une maison close: la pension Eva. Sa curiosité et sa sensualité s'éveillent, de même que celle de ses copains. Les prostituées - esclaves de réseaux de proxénètes - ne restent là qu'une quinzaine de jours avant d'être "mutées" ailleurs. Mais les garçons ne s'apitoient évidemment pas sur elles; ils nouent des relations cordiales avec ces pauvres femmes qui acceptent bravement leur sort. Ici, il n'y a pas de pathos. La volonté de survivre et même une vraie joie de vivre continuent à s'imposer dans la misère quotidienne. Divers épisodes vigoureusement picaresques, presque surréalistes, nous sont racontés, témoignant de la grande vitalité de ces êtres simples, malmenés par la société et par la guerre. Ainsi le roman dresse un tableau plutôt optimiste de la jeunesse, que le malheur ne parviendra jamais à abattre. Et l'auteur a un vrai talent de conteur. Je recommande ce livre qui, je pense, est passé inaperçu en France.
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Meurtre aux poissons rouges

Le sage montre la lune et l'imbécile regarde le doigt. Ainsi les critiques babelioteux, fascinés par les poissons rouges et les seins de Betta, sont restés aveugles à l'essentiel, la dénonciation de la collusion de la mafia et du pouvoir. Stratégie qui empoisonne l'Italie depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Et qui éclaire l'impunité des nervis fascistes et l'emprise de la pieuvre sur la société transalpine.
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L'Opéra de Vigata

Un Camilleri où Montalbano n’apparaît pas et donc adieu les rougets de roches frais et fris, l‘mpanata de cochon, les vavalucis persillés.

Il reste toutefois, et ce n’est pas rien, une farce burlesque et gargantuesque à l’italienne, pardon à la sicilienne, très alerte, très crue qui peut, pour employer un ton à la Camilleri dérider même un constipé.

Tout commence (contrairement à Asterix ou « tout fini... ») par une empoignade verbale de notables à sang chaud, chanoine compris grossier mais didactique, sur l’opportunité de jouer un opéra italien à Vigata. Celui-ci, écrit par un napolitain et imposé par un milanais le préfet, donc des italiens du nord, ne fait pas l’unanimité loin s’en faut. Empoignade digne de celle de Don Camillo avec Peppone avec la prose verte de Rabelais, Coluche ou Bigard

S’ensuit ledit opéra joué à la sicilienne: entendez avec la participation du public qui interpelle les comédiens, les questionnent, font des commentaires sur le physique hommasse de l’actrice principale, autrement dit « foutent le bordel » sans parler de ceux qui dorment, mangent et qui n’y comprennent goutte et qui sont venus seulement pour observer la tenue des uns et des autres. Et ils sont nombreux.

On imagine facilement les deux vieux critiques du Muppets show Statler (Pierre Tornade) et Waldorf (Gérard Hernandez) commenter, avec salacité et en toute discrétion , les couacs de la soprano Effy



Un mouvement de panique, alors que la milice entoure le « tîatre » pour veiller à ce que le public ne soit pas tenter de déserter la salle, et c’est l’émeute pendant laquelle avons-nous noté en fait divers, un « tripoteur » tâte du « cul » de ses dames a « s’en faire mal à la main »

Oui les siciliens comme les italiens sont des tactiles et le palabre passe par la paluche



En arrière-plan on trouve les thèmes souvent associés à la Sicile : corruption et impéritie des édiles, association avec la pègre, règlement de comptes, monomanie et concupiscence sexuelle des hommes largement partagée (sinon plus) et suggérée par les femmes, inaptitude indécrottable en matière d’art des siciliens et « crimes d’honneur » mais politiques

Le tout narré avec la verve de Camilleri en pleine forme



- Rien, expliqua le chanoine avec un visage si séraphin qu’on eût dit que deux angelots lui tournaient autour de la tête. Je veux seulement vous signifier qu’en langue talienne, Tristan c’est Tristano, c’est à dire, « cul mélancolique » : Ano, anus , triste. Et alors avec ça , je m’imagine que l’opéra doit être de toute beauté -

Voilà une explication simple qui pourrait être mis au programme d’enseignement musical du collègue : c’est parlant et ça tient éveillé

On ne s’ennuie pas dommage que Montalbano ne soit pas passé dans le coin !
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La couleur du soleil

Ce petit livre de commande permet à Camilleri une excursion hors du polar .Mais pas hors de sa chère Sicile. Il y invente un prétendu manuscrit du Caravage (obtenu de manière étrange où passe tout de même l’ombre de la Mafia) qui rend compte (par fragments discontinus ) d’un passage de 1808 à 1809 dans l’île entre son départ de Malte et son retour en Italie où il mourra tragiquement. Dans une langue archaïque ,l’auteur nous introduit dans la tête enfiévrée du peintre génial , ses angoisses métaphysiques , sa peur paranoïaque du châtiment qui se projettent sur ses créations picturales dans la violence du clair-obscur , sous le signe d’un très anachronique « soleil noir » nervalien . C’est assez réussi et agrémenté d’un cahier de reproductions en couleur des œuvres mentionnées.
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La Pyramide de boue

Presque une découverte ! Je connaissais le commissaire Montalbano par la télé et par une amie italianisante qui m’avait vanté les qualités d’écriture d’Andrea Camilleri. C’est donc le premier livre de cet auteur que je lis, et je suis admirative a priori du talent du traducteur qui explique ses choix dans un avertissement au début de l’ouvrage. Un régal linguistique qui permet de deviner la virtuosité d’A Camilleri. Pour ce qui est de l’intrigue, elle évolue relativement lentement, ou plutôt, avec des circonvolutions, bien nécessaires pour qu’un simple commissaire s’attaque à résoudre un crime mafieux sans s’arrêter aux apparences qu’on lui met sous le nez. On découvre au passage un peu de la cuisine sicilienne, par contre il ne faut pas trop compter sur le soleil méditerranéen : l’Italie de La pyramide de boue est bien aussi pluvieuse que la vallée du Baztan de Dolores Redondo, et boueuse, fangeuse, en plus. Les invraisemblances s’accumulent autour de la mort par balle d’un cycliste en petite tenue retrouvé dans un tunnel boueux. Mais Montalbano est patient, et il finit par démêler toutes les ficelles mafieuses autour de plusieurs chantiers de construction, entre corruption de marchés publics, blanchiment d’argent et défauts de construction. Un vrai dédale de sociétés aux noms très poétiques comme Primavera, Soledoro, ...C’est sombre, entre crimes et menaces et météo pas terrible, mais le moral du commissaire s’améliore au fil du livre et l’humour linguistique avec l’inénarrable Catarella compense largement la morosité ambiante. Mon premier roman de la série des enquêtes du commissaire Montalbano, mais probablement pas le dernier !
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Le Manège des erreurs

Quelle déception, je me suis ennuyée

J’ai été attiré par la couverture,la collection et la promesse d’un Maigret italien et bien …peut être que si j’avais lu les précédents ouvrages de cet écrivain dont je salue la prouesse d’écriture à 90 ans …je ne serais pas aussi négative mais je me suis ennuyée entre ces enlèvements, ces meurtres et la mafia locale .

Un livre de plage mais pas un policier comme j’aime
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Le Manège des erreurs

Je m'excuse auprès des adeptes du commissaire Montalbano, d'autant plus que celle ci est sa dernière enquête mais je n'y arrive pas ! J'ai pourtant bien lu très attentivement l'avertissement du traducteur et bien compris ses explications des 3 niveaux de langage italien et la difficulté à transposer dans une autre langue tout en gardant les subtilités de la langue d'origine.

Je n'ai absolument rien à redire à l'enquête : des jeunes femmes, toutes travaillant dans des banques, qui se font enlever pendant une heure environ puis relâcher sans aucuns sévices. Un magasin de matériel électronique qui brûle et son propriétaire qui reste introuvable. Bien évidemment, les deux affaires se rejoignent. Surviennent les premiers cadavres. Tous les ingrédients d'une bonne enquête sous le ciel de Sicile.

Je n'ai pas pu m'adapter aux tournures de phrases, aux nombreuses répétitions, telle "il y aurait qu'il y a sur la ligne M. Quallalera qui veut vous parler d'urgence urgentement". Ni au policier de l'accueil qui déforme tous les noms de famille. Ni au médecin légiste imbuvable à qui il faut apporter des confiseries pour qu'il daigne expliquer ce qu'il a trouvé.

En bref, je suis sûrement trop habituée aux polars standards avec un vocabulaire classique. Et d'ailleurs, j'en attaque un immédiatement.
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L'autre bout du fil

Qui a bien pu tuer de manière sordide et sanglante la belle Elena , tailleur à Vigata ? Une femme que tout le monde appréciait , et qui faisait naître l’amour chez les hommes de son entourage . Montalbano se trouve devant une énigme : pas de traces , peu de pistes , des suspects disculpés les uns après les autres . Faut-il chercher la solution dans le passé d’Elena enveloppé par elle dans un profond mystère ? En arrière plan de l’intrigue elle-même Camilleri confronte son personnage à l’actualité : Vigata , comme Lampedusa , est confrontée à un flux incessant de migrants venus s’échouer sur ses côtes . Montalbano comme son créateur a devant ces évènements une position claire et humaniste . Encore un volume qui se dévore et qui prouve que ni les ans ,ni la cécité n’avaient altèré la vitalité de l’auteur.
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La Forme de l'Eau

Première enquête de Montalbano que je lis, j'ai aimé le personnage et sa façon d'arriver à la vérité.

En lisant le prologue, j'ai aimé découvrir la langue de l'auteur et la façon de la traduire. J'ai par la suite été moins étonnée de certaines tournures de phrases.

J'ai aimé l'humour de l’enquêteur, sa relation si particulière à son île et à ses habitants.

Une belle lecture comme je les aime.
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Mort en pleine mer et autres enquêtes de Mont..

Un de plus et celui ci est un recueil de petites enquêtes mettant à l'épreuve Montalbano et son équipe.Le format réduit force à aller à l'essentiel , moins de personnages, plus de vitesse. C'est plaisant et comme d'habitude , finement mis en musique . j'ai un faible pour la dernière nouvelle qui , à la fois ,met en scène un voleur esthète ( façon Arsene Lupin un peu) et permet à Montalbano de montrer sa capacité à jouer avec les lois en vigueur....on le savait déjà, il le démontre encore avec bienveillance.
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L'Âge du doute

Je n'ai pas aimé la manière dont le livre a été traduit. J'ai eu beaucoup de difficultés à m'habituer à la lecture étant donné que les mots étaient écorché pour permettre de garder le dialecte sicilien. L'histoire est bien, mais je n'ai pas été transcender par cette lecture.

J'ai tout de même terminer le livre.
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Un mois avec Montalbano

Composer des nouvelles n’est jamais un exercice facile, les lecteurs ayant toujours la sensation que la nouvelle est trop courte, que la fin n’en est pas vraiment une, qu’ils ont passé trop peu de temps avec les personnages.



Hormis dans les nouvelles policières avec Holmes ou Poirot, puisqu’on peut les retrouver dans bien d’autres…



Pour le commissaire Montalbano, il en va de même : on le connaît bien, on a appris à connaître l’univers dans lequel il évolue, on a croisé ses subalternes, on a fait le tour du village…



Donc, zéro frustration avec ce recueil composé de 30 nouvelles policières qui font le tour de bien des situations qui pourraient se présenter à notre commissaire amateur de bonne chère. Bon, vu la longueur des nouvelles, l’auteur ne perdra pas trop de temps à lui faire faire le tour des restos du coin…



Comme je le disais plus haut, il n’y a pas que des enquêtes pour des crimes de sang, dans ce recueil, mais aussi des disparitions étranges, des règlements de compte entre mafiosos, la présence du diable dans la maison d’une vieille dame, des affaires qui datent de la Seconde Guerre Mondiale, le meurtre d’un clochard,… Il y en a pour tous les goûts.



Lire ce recueil, c’est comme plonger sa main dans un paquet de bonbons qu’on adore (ou de chips, de biscuits, de glace, selon vos goûts) car il est difficile, une fois commencé, de s’arrêter. Le maître-mot était "Allez, encore une petite pour la route" et bardaf, à chaque fois j’en ai ajouté une…



Les points forts des romans de Camilleri, c’est d’abord son écriture, mélange entre le sicilien et l’italien que le traducteur, Serge Quadruppani, arrive à rendre en inventant des mots, remplaçant des lettres par d’autres, faisant chanter les dialogues.



L’autre point fort, ce sont les personnages, que ce soit le commissaire Montalbano ou tous les autres qui gravitent autour de sa personne, policiers ou personnages secondaires, qu’ils soient truculents ou sages, tous étant toujours très réalistes.



Ouvrir un Montalbano, c’est mordre à pleines dents dans un morceau de Sicile, aller manger dans les petites trattorias pittoresques et s’en foutre plein la panse tant les plats ont l’air succulents.



Lire un Montalbano, c’est s’offrir une parenthèse de douceur dans ce monde de brutes, c’est oublier la grisaille ambiante, les emmerdements de la vie… C’est voyager en restant au fond de son canapé, avec une minuscule empreinte carbone (mon livre était de seconde main) et ne pas se faire emmerder avec des QR codes ou autres papiers à remplir.



Montalbano, c’est la Sicile à l’état pur, le soleil, la mer, la plage, la bonne humeur (ou pas, le commissaire a aussi ses mauvais jours) et découvrir des petites enquêtes rafraichissantes, qui ne se prennent pas la tête (j’ai découvert souvent le mobile et le coupable), mais qui font du bien au moral.



Certes, elles n’ont pas la puissance de certains romans de l’auteur, la place manque toujours dans une nouvelle, malgré tout, elles restent agréables à lire et bien diversifiées.



Alors franchement, what’else ?


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Le Champ du potier

Quel plaisir de retrouver le Commissaire Montalbano !



Un corps retrouvé en plusieurs morceaux impossible à identifier et la tranquillité de Montalbano s'évanouit.

D'autant plus que l'ambiance n'est pas au beau fixe au commissariat. Mimi le fidèle ami et co équipier de Salvo Montalbano passe une mauvaise période. D'humeur maussade et régulièrement agressif, il devient distant et inquiète Salvo.



Déjà très occupé par l'identification du corps et les 1ères investigations d'une enquête qui s'annonce complexe, Montalbano doit encore écouter une femme envoutante déplorer la probable disparition de son mari, officier de marine.



Deux enquêtes complexes et une équipe qui dysfonctionne : Montalbano s'inquiète et va devoir être particulièrement habile pour remettre de l'ordre au sein du Commissariat en préservant son équipe.



Dans cette nouvelle enquête c'est tout l'univers de Camilleri que l'on retrouve : la Sicile, le langage si particulier de Montalbano, ses introspections, ses haltes gustatives et roboratives chez Enzo qui lui permettent de réfléchir en dégustant des plats siciliens dont la description vous donne l'eau à la bouche.



Les intrigues s'entremêlent et donnent un peu de fil à retordre à Montalbano.



Une lecture réjouissante et dépaysante.

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la vie et les polars d'Andrea Camilleri

Andrea Camilleri est né en Sicile en 1925. Il s'est mis au polar sur le tard, avec un très grand succès. C'était en :

1985
1992
1994
1998

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