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Citations de Charles-Ferdinand Ramuz (533)


On n'ose pas trop leur parler du pâturage, parce qu'ils n'en parlent pas eux-mêmes. Ils n'y sont d'ailleurs jamais retournés .Les nouvelles qu'on a eues ont été apportées plus tard par des personnes du pays --on veut dire par ces gens qui courent les glaciers pour leur plaisir avec des piolets et des cordes;c'est par eux qu'on a su plus tard que le pâturage avait disparu.
Plus trace d'herbe ,plus trace de chalet .Tout avait été recouvert par les pierres.
Et jamais plus ,depuis ce temps - là ,on n'a entendu là-haut le bruit des sonnailles;c'est que la montagne a ses idées à elle, c'est que la montagne a ses volontés.
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Elle raconta tout ce qui s'était passé pendant la journée, vidant son cœur comme on vide un sac, parce qu'il lui semblait que tout ce qui était à l'un était à l'autre et qu'ils n'avaient plus qu'une vie entre les deux.
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Il y a ces pâturages qui sont sous le col à deux mille cinq cents mètres, et c'est seulement vers la fin de l'été qu'ils y montent, à cause que leur vie va de bas en haut [...]. Tout là-haut, au milieu de la dernière pente d'herbe, on voyait le chalet ; ils étaient devant le chalet, assis par terre, parce qu'il n'y avait même pas de banc, se tenant adossés au mur de pierres sèches, en face et au-dessus du vide. Vu de cette hauteur, le fleuve, au fond de la vallée, n'était plus qu'un bout de fil gris apparaissant à travers une brume bleue, comme si ce n'eût pas été de l'air, mais de l'eau, dans laquelle on aurait mis fondre du savon, qui remplissait cet immense bassin de fontaine ; ils se tenaient là sans parler, parce qu'on se sent tellement petits, c'est tellement trop grand pour nous.

[C.F. RAMUZ, "La séparation des races", 1922]
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Alors les grandes paroles vinrent ; le grand message fut envoyé d'un continent à l'autre par-dessus l'océan. La grande nouvelle chemina cette nuit-là au-dessus des eaux par des questions et réponses. Pourtant, rien ne fut entendu.

[C.F. RAMUZ, "Présence de la mort", 1922, chapitre I - incipit]
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Vers les quatre heures et demie, ce jour-là, Denis Revaz sortait de chez lui. il boitait assez bas.
C'était son genou qui n' "aillait pas", comme il disait ; et on lui disait : "Comment va votre genou ?" ; il répondait : "Il ne va pas fort."
Ainsi il a longé non sans difficulté la petite rue qui traverse le village, et on l'a vu ensuite s'engager sur sa gauche dans un sentier qui menait à une vieille maison.
A peine si on l'apercevait encore dans l'ombre, cette maison ; on distinguait pourtant que c'était une maison de pierre avec un toit couvert en grosses dalles d'ardoise, et il se confondait par sa couleur avec la nuit, mais est-ce bien la nuit ? ou est-ce le brouillard ? ou encore autre chose ?

(C.-F. RAMUZ, "Si le soleil ne revenait pas", 1937, chapitre I -- incipit)
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Et quelque chose, là, éclairait doucement : une frange lumineuse, vaguement transparente, avec des reflets verts et bleus et une lueur comme le phosphore : c'était la cassure là-haut de la glace, mais elle était à cette heure, elle aussi, pleine d'un grand silence et d'une grande paix. Rien ne bougeait plus nulle part sous une cendre impalpable qui était la lumière de la lune ; on la voyait flotter mollement dans les airs ou être déposée en mince couche sur les choses, partout où elle avait trouvé à s'accrocher.
-- Là-haut...
Séraphin tenait toujours le bras levé. Il a dit :
-- Oui, là où ça surplombe. Mais il semble bien que, pour ce soir, ça soit fini.
Il avait une grande voix dans le silence.
-- Oh ! a-t-il repris, c'est que ça est toujours tombé, d'aussi loin qu'on se souvienne.
Il avait rabaissé le bras :
-- Les vieux chez nous en parlaient de leur temps. Et ils étaient tout petits encore qu'ils entendaient déjà les vieux en parler... Seulement, voilà, c'est capricieux... Dommage...
On entendait de temps en temps le tintement d'une clochette au cou d'une chèvre quelque part dans les environs. Les chalets étaient de-ci de là répandus. C'est des cabanes en pierre sèche. Une des pentes de leur toit était tout enneigée de lune (...)

C.-F. RAMUZ, "Derborence", 1934 : chapitre I (pages 23-24 de l'édition de poche -- coll. "Les Cahiers Rouges", Grasset, 1936)
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Le Président parlait toujours.
La séance du Conseil général, qui avait commencé à sept heures, durait encore à dix heures du soir.
Le Président disait :
-- C'est des histoires. On n'a jamais très bien su ce qui s'était passé là-haut, et il y a vingt ans de ça, et c'est vieux.

C.-F. RAMUZ, "Derborence", 1926 (incipit)
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Une fille comme elle et la musique, ça va ensemble......
Personne ne l'avait aperçue encore, et elle avait été jusqu'à ce jour là comme une morte,mais voilà c'est des filles qui sont faites ainsi: un petit air de danse les ressusciterait.. C'est des pays d'où elles viennent, des pays chauds.
Vous n'avez qu'à vous rappeler cette entrée.....
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Charles-Ferdinand Ramuz
Il n'y a plus de solitude là où est la poésie.
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Nous, dit-il, on va où on veut. On a tout, parce qu’on a rien…
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Mais Jean-Luc continua de veiller, car ses pensées étaient à présent nettes en lui et nette sa résolution. Il se dit : " Elle m'a trompé déjà une fois, aujourd'hui c'est la seconde. J'ai été lâche, est-ce que je serai lâche à nouveau ? Il se répondit : " NON ! " et un pli se creusait entre ses deux yeux, car il avait honte de lui.
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Pourtant, elle était bien jolie et faisait plaisir quand elle passait. Forte de la gorge et des hanches, grande, souple et rose de teint, avec des joues bien dures et la bouche luisante comme un galet mouillé, il lui suffisait de paraître pour que tous les garçons lui courussent après ; elle n'avait pas l'air de s'en apercevoir.
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Mais moi, te prenant alors sur mes genoux, je te raconterai cette autre mort d'avant et tu seras consolée.
Je te dirai : «C'est à cause que tout doit finir que tout est si beau. C'est à cause que tout doit avoir une fin que tout commence. C'est à cause que tout commence que tu as connu le grand émerveillement. Tâche seulement d'être toujours émerveillée. Découvre toujours quelque chose comme en ces premiers jours où tu découvrais tout. Garde ces poings fermés dans l'effort joyeux et le courage, et le sourire qu'il faut aussi dans le courage. Il y aura toujours les belles fleurs des rideaux et toujours les belles fenêtres. Fais qu'elles s'ouvrent seulement plus nombreuses et que la lumière dedans aille seulement croissant en clarté. Et puis, un jour, l'amour viendra, ce nouvel amour, et tous les amours. Et ainsi tu iras, distinguant mieux, sans cesse, sans cesse plus de choses ; puis, un jour, la fatigue se fera sentir ; tu quitteras le sommet de la courbe, on te remettra au berceau. Mais que ce soit dans la douceur des grandes choses consenties et dans le respect de la symétrie, quand les lointains s'éloigneront, au lieu qu'ils avançaient alors, et la lumière s'assombrira ; naissance de nouveau, naissance en sens contraire, cercle qu'on referme, retour, mais avec ce même beau calme et le peu à peu de ce qui décroît, s'étant accru par une loi semblable : ainsi on voit sur l'horizon la plus haute de ces montagnes naître insensiblement de la plaine et y redescendre insensiblement.»

[Extrait de "Symétrie"]
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Dans notre pays la religion est enseignée aux petits enfants dans les écoles du dimanche ; on y apprend le bien et le mal ; alors ces choses sont écrites pour toujours dans le fond de la conscience ; et plus tard, on peut ne plus aller à l'église, et ne plus croire à rien, et devenir mauvais ; quand on trouve le répit et qu'on regarde en soi-même, on y lit à nouveau les dix commandements.

[C. F. RAMUZ, "Les Circonstances de la vie", éditions Payot & Cie (Lausanne) / Librairie académique Perrin (Paris), 1907 — réédition "La Pléiade", "C.F. RAMUZ : Romans", Tome I, 2005]
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Comme le soleil donne fort, une première tache brune vient d'apparaître, tout à coup. Et d'en haut la chaleur descend et agit avec sa elle flamme claire, mais d'en bas, de dessous la neige, il semble que la terre elle aussi s'aide, étant impatiente après son long sommeil d'hiver. Cependant de tous les côtés, qu'on regarde vers en haut, qu'on se tourne vers en bas, on ne voit rien que du blanc, tout est recouvert : dessus un ciel tout bleu, posé sur les arêtes, comme le toit sur la muraille. Et tout est bleu et blanc, il n'y a qu'ici cette tache brune qui sort puis qui s'élargit peu à peu, et au bord il se forme une mince croûte de glace où roulent une à une comme des perles d'eau.

[C.F. RAMUZ, "Le Village dans la montagne", éditions Payot & Cie (Lausanne) / Librairie Académique Perrin (Paris), 1908, chapitre I — réédition "Bibliothèque des Amis de Ramuz" (Loches), 2001, page 25]
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Il n'y avait jamais eu autant de nez d'enfants aplatis derrière les vitres que ce matin-là, parce qu'on les empêchait de sortir.
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De son côté, il s’était mis en route ; c’était son tour à lui de se remettre en route, pendant que la petite musique venait toujours, mais elle venait à présent pour lui entre les pins, bougeant doucement derrière leurs troncs rouges, et par terre aussi c’était tout rouge, à cause des aiguilles tombées sur lesquelles Victorine glissait.
Pendant que la petite musique venait, et la petite musique venait d’en haut, à leur rencontre, entre les pins ; tandis que Victorine glissait, parce qu’elle n’avait pas de clous à ses souliers. C’étaient ces petits souliers sans clous qu’elle mettait pour aller danser le dimanche ; un de ces après-midi de dimanche où ils allaient danser dans les fenils de la montagne, de l’autre côté de la forêt ; et elle glissait sur les aiguilles, ce qui la mettait en colère, ce qui la faisait rire, puis elle semblait prête à pleurer.
Il la prenait par la main, il la tirait à lui ; mais elle se fâchait de nouveau, disant qu’il allait lui déchirer son caraco de mohair, bien mince en effet, et brillant, brillant comme un morceau de ciel sous les arbres, pendant qu’il y avait là-haut entre les arbres ces autres morceaux de ciel.
« Ne tire pas si fort tu vas me déchirer… »
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− Ça ne marche toujours pas, ton genou ? disait Follonier.
− Pas tant.
− Je sais ce que c'est ; quel âge as-tu ?
− Cinquante et un.
− Eh bien, c'est l'âge.
− C'est pas des maladies disait Follonier, c'est qu'on s'use.
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Charles-Ferdinand Ramuz
Je sens que je progresse à ceci que je recommence à ne rien comprendre à rien.
Charles-Ferdinand Ramuz
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Et c'est là qu'enfin, en effet, il était paru, le soleil, ou ce qui aurait pu être le soleil et c'est là qu'il devait en effet sortir de derrière la chaîne pour aussitôt s'y recacher.
Mais il était devenu rouge et la roche où Métrailler se tenait devint rouge ; et le soleil là-haut ne s'était pas montré, mais il semblait qu'on le montrât ; il ne s'était pas enrubanné, tout enserpenté de nuées qui étaient elles-mêmes comme des caillots de sang.
Tout à fait pareil à une tête coupée autour de quoi la barbe et les cheveux pendraient encore fumants ; qu'on a levée en l'air un instant, puis qu'on a laissée retomber.
Et déjà le brouillard et l'obscurité étaient revenus là où avait été sa place. 
(page 1215 - édition de la Pléiade, tome II)
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