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Critiques de François Cheng (460)
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Enfin le royaume

Pour ma 800 ème critique ( Cela donne le vertige! Autant de livres chroniqués! Je n'ai pas du tout l'impression d'avoir été si prolifique! ), qui de mieux que Francois Cheng ?



Je suis tombée par hasard sur cette nouvelle parution en librairie. En fait, elle regroupe des textes issus de différents recueils et en ajoute des nouveaux, tous sous le sceau du quatrain, une forme poétique que j'aime beaucoup, moins hachée que le haïku, plus ronde et évocatrice peut-être .



Et comme toujours lorsque je lis des poèmes de cet auteur, la sérénité, l'apaisement, l'impression d'une révélation intime affleurent , m'inondent de lumière. Oui, c'est cela, une illumination intérieure.



Le premier poème, déjà ,entre tout de suite en résonance avec moi, car il est dédié " à ceux qui habitent la poésie" : quelle juste et jolie formule !



Et il est intense et incantatoire:



" Tu ouvres les volets, toute la nuit vient à toi,

Ses laves, ses geysers, et se mêlant à eux,

Le tout de toi-même , tes chagrins, tes émois,

Que fait résonner une très ancienne berceuse."



C'est en effet l'unité, la fusion cosmique que recherche le poète, le mot " tout" est très souvent utilisé et associé à la nature, à l'univers. C'est un thème récurrent chez François Cheng, mais il me paraît plus représenté encore ici.



" Vient l'heure où toutes choses

se transmuent en dons:

Toutes larmes rosées,

toutes laves roses"



Et le dernier poème est un hymne au don total, une aspiration métaphysique de toute beauté ...mais je vous laisse le découvrir, ainsi que tous les autres,si vous êtes tenté par l'envoûtement des mots d'un poète alliant ses origines chinoises à un sens si parfait de la langue française. Je reste, quant à moi, admirative...

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L'éternité n'est pas de trop

Texte d'une très grande poésie. Magnifique histoire d'amour. Ce livre est un très grand roman de François Cheng. Merveilleusement bien écrit, il est un coup de coeur. C'est un chef-d'oeuvre.
Lien : http://araucaria.20six.fr/
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Cinq méditations sur la beauté

Toujours aussi subtil que l'esprit de Monsieur CHENG , quel plaisir de le lire, avec sa maestria épistolière habituelle sur un sujet intéressant : la beauté. Il nous livre sa digression avec tellement de clarté, cette promenade philosophique qui me fait regretter de ne pas l'avoir croisé sur les bancs de l'école.!



Quelle magistrale poésie dans son propos ! chers profs de philo, seriez vous jaloux pour ne pas nous le conseiller ou l'étudier ?

Pendant ma lecture j'ai repensé comme un écho à un roman amusant d'Eric Emmanuel Schmitt "et si j'étais une oeuvre d'art"..; dans notre société où le PARAÎTRE et tellement plus important que le "PAS ÊTRE"...et les "canons de beauté" tellement relatifs ! Différents de l'Orient et de l'Occident, du Nord au Sud..



"La beauté de l'âme l'emporte sur la beauté physique"

Georges SAND

Je vous recommande cette lecture.
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Quand reviennent les âmes errantes

Pour la petite histoire, nous sommes approximativement entre 230 et 221 av. J.-C., nous assistons en toile de fond à l'unification des sept royaumes combattants et à la construction de la Grande Muraille de Chine dans la souffrance, la sang et la mort par Quin Shi Huangddi " Premier Auguste Seigneur". C'est son nom, Quin, qui se prononce"Tchin" qui donnera celui du pays la Chine.

C'est un texte d'une grande beauté. Un chant d'amour entre trois êtres : une jeune femme, un musicien et un Robin des Bois chinois. L'amour sera tellement fort entre eux qu'ils en oublieront la peur, la solitude et leurs souffrances. Et dans un monde emplit d'injustice et de terreur, chaque âme se souciera des deux autres jusqu'à s'oublier elle-même et accomplir son destin pour le bien de tous.

La page 50 nous offre une très belle réflexion sur l'amour qui meilleur et vulnérable :

...Cette dureté d'acier, l'ai-je encore en moi ? Je sais que ce n'est pas la réflexion qui m'aurait ramolli. Entre-temps, j'ai connu d'autres sentiments que la révolte. Sentiment d'amitié qui vous élève et sentiment d'amour, indicible, pour une femme. Cela non seulement compte, mais peu justifier une vie !

Ainsi ces trois âmes que le destin a rassemblé puis séparé, auront vécu un amour si pur et si désintéressé qu'elles seront unies pour l'éternité.

Un texte magique qui finit en apothéose avec le magnifique poème des âmes retrouvées. Un texte d'une grande beauté et d'une grande tristesse à limage de la Chine ou tout au moins à l'idée que je m'en fait.
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Le Dit de Tianyi

Je suis rarement en accord avec les choix de palmes d’or du festival de Cannes, de Césars ou d’Oscar, et guère plus avec les Goncourts ou les Feminas. Dans le cas de François Chang, je fais une exception.



A bien des égards, la méconnaissance qu’ont les Français de la Chine est plus qu’inquiétante. Ignorer tout d’un pays qui pèse un cinquième de l’humanité et domine son économie, c’est la taupe ignorant le tunnelier ! Surtout si l’on considère à quelle point l’histoire en question est unique. Quand on constate le nombre de gens n’ayant jamais entendu parler de la Révolution Culturelle ou du Grand Bond en Avant, à qui des slogans comme « la religion est l’opium du peuple » ou des mots comme « dazibao » ne disent rien, on approche du paniquant.



C’est pourquoi ‘Le dit de Tianyi’ est peut-être ce qui a été écrit de plus important en France dans le dernier quart du XXème siècle. Au-delà de la simplicité et de la beauté de son histoire d’amour et d’amitié, on y découvre la vie de la paysannerie chinoise traditionnelle, l’anarchie de la période pré-communiste, la misère et le banditisme omniprésent. Plus tard la dictature omniprésente, omnisciente ; la folie totale du Grand Bond en avant, et ses vingt à quarante millions de morts ; le déferlement de violence hallucinant de la Révolution culturelle… Et l’aveuglement d’un certain nombre de Français, persuadés que la Chine était bien le paradis communiste que leur décrivait ‘L’Humanité’.



La plongée dans les camps laogai, ou « camps de rééducation par le travail » est également saisissante. On l’ignore aussi, mais c’est là que disparurent une bonne partie des 200 000 moines qui vivaient au Tibet avant l’invasion chinoise, ainsi probablement que quelques minorités qui ne rentraient pas dans la liste des 56 groupes officiels. Et aujourd’hui, un bon paquet d’Ouïghours. Chaque peuple et chaque pays a ses squelettes dans les placards ; dans le cas de la Chine, ils sont à la mesure de son histoire.
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L'éternité n'est pas de trop

Chine, 17ème siècle. Fin de la dynastie Ming.



Deux âmes se rencontrent et s'aiment, sont séparées par le destin mais se retrouvent trente ans plus tard.



Dao-sheng et Lan-Ying. Le violoniste devenu apprenti moine taoïste et guérisseur. La jeune fille , mariée malheureuse, maintenant solitaire et mélancolique.



Une histoire unique, où le corps exulte en ne se touchant pas, où seul le contact des mains sera félicité. Sourires et regards intenses. Instants d'éternité. Souffle partagé.



Au-delà d'un amour idéal, il y a aussi une quête de sérénité, de fusion avec le monde, d'ouverture au ciel et la terre. Des questions métaphysiques, un élargissement spirituel de l'âme.



On quitte ce livre apaisé, ébloui par cette passion secrète et tendre, les yeux emplis de visions douces, poétiques, celles du jardin délicat de Lan-ying, des vallées verdoyantes du fleuve, des mains qui s'effleurent en silence... Oui, apaisement et beauté coulent alors dans nos veines...
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Cinq méditations sur la beauté

La beauté sauvera-t-elle le monde ?

Cette question est en exergue du livre de François Cheng, Cinq méditations sur la beauté.

On peut en effet sérieusement se poser la question et être épris d'un doute effroyable en ces moments où l'actualité nous montre une humanité malmenée chaque jour par la barbarie toujours présente, inlassablement, cette barbarie qui montre le visage le plus laid de l'humanité.

Le thème de la beauté pourrait aussi se révéler comme un sujet futile. Or il n'en est rien, car tout dépend de quoi on parle lorsqu'on convoque le thème de la beauté. Et c'est ce que je vais vous dire un peu plus loin.

Enfin, et je ne pensais pas être rattrapé par l'effroi de l'actualité des jours qui précèdent l'écriture de ce billet, parler de beauté à l'heure où le monde continue de s'effondrer encore un peu plus chaque jour dans la barbarie humaine, parle de beauté alors que la misère est omniprésente autour de nous ici et là dans presque chaque rue que nous empruntons au quotidien, parler de beauté alors que la nature est de plus en plus violentée par les catastrophes naturelles ou écologiques. Parler de la beauté, la belle affaire !

Oui mais voilà, parler de la beauté, c'est dire autre chose aussi... Casser certaines représentations, entrer dans un chemin de lumière qui irrigue et irradie d'intelligence. François Cheng au travers de ces cinq méditations sur la beauté m'a pris la main pour m'entraîner dans ce chemin inspirant.

A quoi bon alors parler de la beauté si ce n'est pas pour rendre l'homme au meilleur de lui-même ; et surtout risquer une parole qui puisse le transformer.

Parler de la beauté, c'est aussi en contrepoint garder une conscience lucide et aigüe de la barbarie de l'humanité. Parler de la beauté, c'est garder la laideur de la haine à distance.

Mais quand on parle de beauté, de quoi parle-t-on au juste ? D'un visage ? D'un regard ? du reflet d'une âme dans l'intériorité d'une personne ? du reflet de la nature dans toute sa splendeur ? de l'art aussi bien sûr ? Un poème ? Une sculpture ? Une peinture ? Un oratorio ?

Parler de la beauté avec autant de hauteur en ces temps futiles et troublés était une véritable gageure. Je trouve que François Cheng réussit à merveille à relever le défi.

Si j'ai été impressionné par l'érudition de l'auteur dans cet essai très riche, je serai nuancé sur d'autres aspects.

D'une part François Cheng, une fois l'effet d'étonnement franchi, enfonce beaucoup de portes ouvertes se contentant d'énumérer un peu comme un inventaire à la Prévert toutes les preuves existantes de la beauté dans notre humanité, citant ce que d'autres avant lui ont produit comme preuves.

D'autre part, François Cheng, homme croyant si j'ai bien compris son parcours, justifie à de nombreux endroits l'existence salvatrice de cette beauté comme preuve d'une existence divine. Or, cela en tant même qu'agnostique, je ne peux bien sûr l'approuver. Selon moi, cette part de beauté qui réside dans l'humanité, à travers différents actes et traces, est bien la preuve d'un libre -arbitre fondé, celui de l'homme, s'emparant de son seul destin.

Pour autant il peut y avoir un sacré, qui élève, qui nous grandit, qui aide à accomplir ou révéler cette beauté, quelque chose de plus grand que nous, c'est bien n'est-ce pas la définition du sacré, mais dans cette définition j'y vois aussi quelque chose qui appartient à l'humanité, qui relie l'universel à l'intime...

Mais pour revenir au texte de François Cheng, ce dernier s'appuie sur Platon pour dire que le beau est indissociable du bon et du vrai. Exprimé comme cela, disant ainsi la possibilité de la beauté, je me suis senti en agréable compagnie.

Et puis, François Cheng citant dans les premières pages de son livre un certain Charles Baudelaire, un de mes poètes préférés, pour étayer son raisonnement, non pas à charge mais au contraire dans le sens de son propos, j'avoue avoir été séduit.

François Cheng ne révolutionne aucune pensée ici. Il demeure très conventionnel, rappelant à notre mémoire ce que nous savons peut-être déjà, c'est la vertu du pas de côté, mettre en lumière notre richesse intellectuelle, notre héritage. À d'autres endroits, il m'a donné envie de lire des philosophes comme Socrate, Plotin, Saint-Augustin, Kant, Merleau-Ponty... Se détachant de la pensée de Hegel, qui m'a fait souffrir durant mes études en école prépa.

« Chaque être est virtuellement habité par la capacité à la beauté, et surtout par le désir de beauté », nous dit François Cheng.

Questionnant le sujet de la beauté naturelle que nous observons, résulte-t-elle d'un accident ? D'un hasard ? La naissance de notre humanité vient de très loin, elle est née d'une matière devenue vivante, façonnée par les temps.

C'est à partir de la troisième méditation que François Cheng aborde vraiment le sujet de la beauté s'entrelaçant avec l'être humain. Bien sûr on ne peut ni s'appesantir ni évacuer le sujet de la beauté physique. La beauté intérieure est présente, peut aussi revenir dans un regard, un visage, comme quelque chose de profond, caché, précieux, qui revient à la surface d'une eau. Malheureusement, j'aurais tant voulu croire ce que dit ici François Cheng : « Ayons la hardiesse d'affirmer que si tout visage de haine est laid, en revanche tout visage humain en sa bonté est beau. »

Dans cette déambulation, je fus ce petit oiseau venant me poser sur les pages de ce livre, passant d'une méditation à l'autre par quelques battements d'ailes, picorant de si belles inspirations. Un instant je me pose sur cette très belle citation d'un certain Jacques de Bourbon Busset qui dit que l'âme est la « basse continue » de chaque être, cette musique rythmique, presque à l'unisson du battement de coeur, et que chacun porte en soi depuis la naissance. Elle se situe à un niveau plus intime, plus profond que la conscience.

La quatrième méditation évoque la finalité du beau dans l'art, le beau produit dans l'art. C'est une déambulation très riche en érudition, mais au final le constat est relativement banal, déjà vu. Certes, citer Cézanne, Pissarro, Van Gogh, Renoir, Monet Sisley pour parler de la beauté en peinture paraît évident, mais à la fois presque conventionnel et dans une vision réduite si l'on considère comme l'auteur le précise, la beauté en art c'est quelque chose que l'on éprouve.

Plus tard, à la cinquième méditation, François Cheng m'a offert la possibilité de regarder la beauté dans le prisme de son héritage chinois, évoquant le qi, c'est-à-dire le souffle, à la fois matière et esprit, là où peut-être tout se relie et tout se tient. C'est sans doute l'endroit où je me suis le plus délecté de la pensée de François Cheng.

François Cheng est érudit, la richesse de cette érudition m'a ébloui, sa manière d'en témoigner, peut-être un peu moins, malgré une écriture incroyablement belle et pure...

Je referme ce livre, enthousiasmé par la lumière qui est venue se poser sur ces pages, j'ai été parfois déçu ou frustré à certains endroits. Il n'en demeure par moins un magnifique plaidoyer pour l'humanité que nous devons sauver coûte que coûte.

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L'éternité n'est pas de trop

Un regard, à peine un regard, peut-il changer le cours d’une vie ? Un regard, un seul regard furtif, peut-il suffire à nourrir l’amour, les rêves, les espoirs, la vie d’un homme ? Le souvenir d’un regard peut-il suffire à donner un sens à la vie d’un homme pendant plus de trente ans ? Ou d’une femme, bien sûr.



François Cheng répond à cette délicate mais ô combien précieuse question par ce court roman dense, d’une beauté saisissante, d’une force apaisante et d’une sagesse vivifiante. Une véritable consolation pour moi qui suis confinée/déconfinée/reconfinée, je ne sais plus bien, mais tellement loin de ses beaux yeux noisette débordant de malice.



Ce roman est une ode à la femme, redevenue séduisante parce qu’aimée à nouveau, à l’amour – l’amour don de soi et respect de l’autre, sans aucune attente - et à la vie, qui est avant tout chemin.



Belles images épurées, qui rappelle les cinéastes ou les peintres chinois, des plans détaillés et de rares plans larges, une certaine distance de l’auteur, peut-être faut-il parler de discrétion, de modestie devant cet amour sublime. Tout est imprégné de sagesse, de taoïsme, et de poésie bien sûr. J’ai ressenti, dans l’écriture de l’auteur, une vraie jubilation, un vrai plaisir d’écrire. Le plus bel exemple est sans aucun doute la scène où l’éternel recalé à l’examen mandarinal donne une leçon de poésie à notre amoureux. Et ce bonheur est partagé amplement avec le lecteur.



A recommander.

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La joie, en écho à une oeuvre de Kim En Joong

Ce très court texte a opéré sa magie sur moi. Il n’a pas été sans me rappeler les épures de Christian Bobin.



J'ai beaucoup aimé ce lien étroit, fondamental, que François Cheng établi entre l'Être et l'être – la majuscule du divin, la minuscule de l’humain.



Mais qu’est-il donc cet être-unique qui nous échappe si facilement ?



Karl graf Dürckheim va fouiller dans le corps véritable de l’humain, cette essence, cette nature profonde qu'il appelle « être essentiel ». (1)



Le peintre et prêtre Kim En Joong nous le désigne dans sa peinture.(2)



François Cheng, lui, est abasourdit, par la joie, cette joie que fait naître de manière inattendue, imprévisible la vision de l'œuvre de Kim En Joong. C’est cet éblouissement qu’il nous communique par ses mots.



Cette "irruption de l'infini dans notre finitude", est une conséquence de notre sensibilité incompréhensible au Beau.

Cette sensibilité inutile à la phylogénie, inutile à la vie, que Patrick Lucisine, que je cite sans fausse modestie, considère comme sacrée. (3)



La joie, la joie fondamentale, est une extase humble, une illumination discrète, la compréhension diffuse du Verbe. Il faut avoir humilité pour l'admettre.





(1) bibliographie complète de Karl graf Dürckheim et de Jacques Castermane.

(2) https://www.kimenjoong.com/categorie-produit/tableaux/

(3) « Baisser la garde » Patrick Lucisine

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Quand les âmes se font chant

Les accords puissants et subtils de mots et de couleurs de deux artistes complémentaires illuminent ce beau recueil, dialogue entre un écrivain d'origine chinoise et un peintre d'origine coréenne vivant en France tous les deux, authentiques ponts artistiques entre cultures orientales et occidentales.



Cinquante poèmes du cycle des Cantos toscans de François Cheng face à cinquante reproductions d'œuvres abstraites et colorées de Kim En Joong. Une véritable réussite poétique et esthétique !



Toscane, collines, lumière, exil, amour fredonnent le long des courbes, traits, brisures et contrastes colorés ; l'harmonie nait progressivement du va et vient de l'œil entre l'écriture poétique et le trait fluide aux tons vifs ; toute la subtile délicatesse poétique de Cheng, que j'apprécie tant, trouve ici un support, un écho, pour vagabonder un peu plus loin.



Quand le hasard de mes virées en librairie me permet de dénicher un recueil de poésie où chaleur humaine et création originale se mêlent ainsi harmonieusement, c'est tout simplement magique.
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Le Dialogue : Une passion pour la langue fr..

Un court essai enrichissant, ou " comment à partir du terreau de ma langue maternelle, le chinois, je suis entré, par étapes ou par bonds, dans la langue française. " comme l'écrit lui-même François Cheng.



Bref rappel qui se passe de commentaire : chinois d'origine, il arrive en 1949 à Paris à l'âge de 20 ans ne connaissant personne ni un mot de français. Puis naturalisé français en 1971, il est élu à l'Académie française en 2002.

Un peu plus de vingt ans donc pour vivre une authentique aventure linguistique qu'il nous conte ici avec recul et talent, la plaçant d'emblée sous le signe d'un double dialogue entre deux langues complexes que sont le chinois et le français, et deux cultures qui pensent le monde différemment.



Fort heureusement, l'auteur nous épargne les détails nécessairement fastidieux d'un tel apprentissage, mais, et c'est ce qui m'a emballée, il nous livre ses réflexions sur les différences linguistiques, mais aussi sur ses difficultés d'exilé, sur les raisons de son choix de la langue française quand il a décidé de se tourner vers la poésie.

Comment finalement " sa poésie est issue de deux traditions symbiosées ", et comment, en s'appuyant sur des exemples de mots, il a tendance " à vivre un grand nombre de mots français comme des idéogrammes. "



Pour qui apprécie comme moi sa poésie si évocatrice, et souvent musicale, ce témoignage est tout bonnement passionnant.

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L'éternité n'est pas de trop

Chine, fin de la dynastie Ming, XVIIe siècle.

Après plus de trente ans d’absence plus ou moins involontaires, Dao-Sheng quitte le monastère et décide de revenir dans le monde pour revoir et peut-être retrouver celle qui hante son coeur et ses pensées depuis tant d’années. Il s’installe en ville et bientôt ses dons de médecine et de divination le feront connaître de tous. La rencontre avec Lan-ying aura lieu, l’amour renaîtra mais bien des tourments tiendront éloignés les deux amants.

« Mon retour fut vers le sourire qui m'avait ébloui une fois pour toutes. C'est là que ma vie avait vraiment commencé, c'est là que ma vie devait s'achever. »



Voilà un joli roman d’amour, de passion même mais surtout de respect mutuel et de recherche d’identité et de partage d’âme, de spiritualité. Tout est dans le non-dit, tout est dans le jeu de regard, la caresse furtive d’une main. C’est d’une pureté incroyable et d’une grande poésie. L’amour courtois dans toute sa splendeur !

Pour nos deux amants, l’éternité n’est pas de trop, « soleil levant, soleil couchant, lune cachée, lune présente, nous ne nous oublierons pas un seul instant... »



En plus de cette magnifique histoire d’amour, François Cheng fait revivre cette Chine médiévale et ses us et coutumes. La narration suit le fil du temps, des saisons et des fêtes traditionnelles. C’est doux, lent, langoureux même. Le lecteur est baigné dans une atmosphère presque irréelle.

Un roman envoûtant !
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Enfin le royaume

François Cheng, comme Andreï Makine dans un autre registre, fait à présent partie du patrimoine culturel français, et quoi de plus naturel que de retrouver sous la coupole ces deux académiciens défendant avec ardeur et talent la langue de Molière...

Tous deux sont le meilleur de ce que nous ont offerts les convulsions du XXème siècle.

Exilés en Apatrie, ils contribuent livre après livre à élargir notre horizon comme le font à leur instar des Chahdortt Djavann, des Atiq Rahimi ou encore un "petit jeune" au nom prometteur de Mahmud Nasimi, dont le livre ( que je n'ai hélas encore pas lu ) - Un Afghan à Paris - est une véritable promesse de lecture pépite.

François Cheng, je le constate dans les critiques sur Babelio ou ailleurs, appartient pour beaucoup à cette veine d'octroyeurs de zenitude, de dispensateurs, mi-sages mi-gourous, d'une philosophie poétique aux accents de gong, d'encens et de "AUM".

Il est un peu à Nankin ce que Christian Bobin est au Creusot.

Il y a entre ces deux poètes une indéniable filiation. Tous deux sont des mystiques, des François d'Assise égarés dans un siècle où les espèces d'oiseaux disparaissent les unes après les autres et où la bonté s'achète à frais de port réduits sur Amazon.

D'assisien, on attend de Bobin qu'il nous écrive par exemple :

"Dieu c'est ce que savent les enfants, pas les adultes. Un adulte n'a pas de temps à perdre à nourrir les moineaux.”

Mais Bobin, c'est aussi le taquin, l'impertinent. Jugez-en :

“Mon Dieu qui n'êtes personne, donnez-moi chaque jour ma chanson quotidienne, mon Dieu qui êtes un clown, je vous salue, je ne pense jamais à vous, je pense à tout le reste, c'est déjà bien assez de travail, amen.”

Mais il faut en convenir, Bobin, pour moi, c'est surtout celui qui écrit :

"On ne traverse pas cette vie sans avoir, tôt ou tard, le coeur arraché par une main glacée qui entre dans notre poitrine comme si elle était chez elle, qui vous prend le coeur et qui le jette aux bêtes..."

Il en va de même, me semble-t-il, pour Cheng.

Certes, il peut vous murmurer :

"Au sommet du mont et du silence,

rien n'est dit, tout est.

Tout vide est plein, tout passé présent,

tout en nous renaît."

Là, le mystique en a pour sa foi.

Mais Cheng sait aussi regarder le monde avec lucidité... cette blessure la plus rapprochée etc...

" Le vomi de la gare noircit les rues adjacentes,

Briques et pavés celant les crachats des voyageurs.

Ça et là, les sex-shops se font fort de décharger

Le désoeuvrement humain de sa crasse pesanteur."

J'aime le François Cheng qui se penche sur les malheurs des malheureux...

" Livré au regard de tous et pourtant invisible,

N'ayant pour compagnons que poussières et poux,

Avec deux cartons tu déplies le froid des nuits,

Et trois syllabes qui font honte, tu hantes les logis."

C'est du grand art, l'art de s'indigner et de nous laisser le choix de le suivre ou pas dans son indignation.

J'aime François Cheng lorsqu'il s'adresse à Estelle et à toutes les autres...que nous n'oublions pas...

"Le gouffre où la bête a broyé ton innocence,

Il est en nous. Jusqu'au bout, nous te chercherons.

Pour toi, nous gardons ce qui nous reste de tendresse,

Et nous veillons à ce que rien ne nous apaise."

Ça remue, non ? C'est fait pour.

Et puis il y a le poète qui fait consensus.

" Consens à la brisure, c'est là

Que germera ton trop-plein

De crève-coeur, que passera,

Un jour, hors de l'atteinte, la brise."

Voilà comme je vois ce poète. Il peut m'apaiser lorsque le besoin de l'être se fait sentir. Mais il ne me dupe pas. Il me dit que notre monde est un monde de larmes et de souffrances, que chacun durant son séjour ici-bas traversera plusieurs fois l'enfer, mais que...

"Le sort de la bougie est de brûler,

Quand monte l'ultime volute de fumée,

Elle lance une invite en guise d'adieu :

"Entre deux feux sois celui qui éclaire !"

Je trouve donc très très réducteur de faire de François Cheng un mystique évanescent aux vertus antidépressives. - Enfin le royaume - n'est pas l'oeuvre d'un "illuminé", à la limite d'un "éveilé" qui nous indique une voie, celle qui nous sortira peut-être de notre torpeur.

Des quatrains à lire et à relire. La lassitude ne vient jamais ; une certaine forme de paix finit toujours par pointer le parfum de son rameau d'olivier.



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À l'orient de tout

"A l'heure du soir, à l'orient de tout

Où se lève le vent de l'unique mémoire "



Grâce aérienne, touches presque picturales, élan cosmique et spirituel,lien fusionnel de l'homme à la terre, voilà comment m'apparaît cette oeuvre poétique de François Cheng.



Il est difficile de parler de ces poèmes, tant leur beauté délicate semble à peine un frisson, une caresse.Une beauté gracile mais puissante cependant car touchant à l'essentiel, l'appel du vide , la vie et la mort, l'angoisse existentielle et la permanence de la nature.



Avec des mots simples, épurés, le poète va au coeur des choses et des êtres, avec humilité et aussi émerveillement:



"Instant du fruit mûr

Mué, là ,en offrande

Où ciel terre retrouvent

Leur douce rondeur"



Les influences de la philosophie chinoise sont bien sûr présentes et apportent un souffle singulier, unique à la voix du poète. La voie du Tao se révèle :



" du yin et du yang

Tirer l'élan

Tirer l'éclat"



Un chant s'élève alors, révélateur du fugace et de l'immortel à la fois:



" Et nous traversons

l'aire du hasard

Pour nous poser là

A l'instant précis

de l'éternité "



C'est un recueil empreint de sérénité, de douceur, alliées à une profondeur de réflexion sur nos existences fragiles, à l'art de célébrer l'instant, d'accepter de n'être qu'une légère trace dans l'univers, à l'Occident comme à l'Orient de tout....



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De l'âme

C'est toujours un peu difficile de donner un avis sur un ouvrage dans un genre quelque peu hors norme, ni roman, ni poésie, épistolaire certes, mais philosophique aussi. J'apprécie François Cheng, car il incarne l'humilité et la sagesse dans ses propos et de sa personne également. J'avais visionné la GL où il présentait cet ouvrage, et bien sûr, le peu qu'il a dit, on se sent tout à fait impressionné par son discours.

Dans ce livre, il répond donc à une amie à sa demande, de lui parler de l'âme. En fait qu'est- ce l'âme ? Non point l'esprit qui lui peut être défini, déficient, tout comme le corps, mais l'âme ? Cette chose, substance, invisible et pourtant partout dans notre corps, cette âme qui nous quitte quand le corps s'éteint.

Il aborde également la beauté, c'est récurrent dans les écrits de M. Cheng, la beauté de toute chose, savoir s'émerveiller, apprécier la beauté de la vie, du souffle de cette vie qui nous porte sur notre chemin. Et la beauté de l'âme, ne dit on pas : c'est une belle personne. Non pas pour son aspect physique, pour ce qu'elle dégage, son aura, son comportement, la bonté de l'être.

Il philosophe donc sur cette âme, lettre après lettre il nous dépeind simplement, cette âme qu'elle est bien en nous, et qu'on peut, si on l'accepte, s'élever vers une autre dimension "spirituelle", le corps étant qu'une enveloppe charnelle, mais l'âme peut-on la modeler, l'améliorer, pourquoi y a t il des gens "avec le fond mauvais" et d'autre de toute bonté ? l'âme peut elle être noire ou mauvais, bonne ou sensible ?

Voilà beaucoup de sujets qui s'ouvrent à nous en lisant cet essai philosophique. Beaucoup de références d'ailleurs qui appuient ses dires ou donnent des exemples de cette réalité de l'âme.

A lire pour ceux qui s'intéressent à la trilogie de l'être humain 'corps-âme-esprit-

SAvoir que l'âme existe n'est pas le Graal pour mourir serein ou sans crainte, mais pour vivre sa vie dans la conscience de la beauté et la fragilité de la vie.

J'ai encore besoin de relire ce livre plus doucement , distiller ces propos, pour mieux saisir toute la teneur de vérité.

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Le Dit de Tianyi

Le « Dit de Tian-yi est un livre à part.

Écrit en français, il contient toute la délicatesse, la subtilité de la poésie chinoise que l'on perçoit dans les descriptions nuancées de la nature.

Elles pourront apparaître redondantes ou trop denses pour certains mais elles témoignent d'une approche différente où l'être humain se confond intensément dans les nuages, la brume, les sentiers, les montagnes.

C'est un livre de rencontres sur lesquelles l'auteur disserte : sa plume devient pinceau et la peinture des relations entre parents d'une même famille, entre homme et femme, entre amis, entre artistes est parfaitement exécutée, toutes les nuances que peuvent prendre ces échanges intenses sont rendues dans leur moindre recoin.

C'est le livre d'un pays sur fond de guerre sino-japonaise puis de révolution culturelle, c'est un pays meurtri et meurtrissant sa population dont le chant traverse les générations et vient parfois se briser dans l'incompréhension extrême-occidentale.

C'est la description d'un chinois venu en France se former à la peinture d'autres maîtres, racontant ses impressions et perceptions devant les grands peintres de l'Europe.

C'est un homme à l'écoute intérieure perpétuelle, en recherches insatiables qui aboutiront à des rendez-vous manqués, en amour, en peinture et en politique.

Car ce livre est politique puisque tout acte, tout désir est lié et relié au monde qui entoure l'homme qui se débat dans les rets d'un système tortionnaire qui refuse à l'individu de s'exprimer.

Ce n'est pas un livre qui se donne facilement tant il est sinueux aussi bien dans l'écriture que dans le personnage.

Il y a des passages qui fouettent et d'autres qui arrachent.

Homme, artiste, amoureux : un seul être, une multiplicité de vies vécues, de vies entrevues, d'allers et de retours.

Nous sommes dans la pure tragédie, la vraie, pas question de théâtre. L'homme face à un destin dramatique auquel il ne peut échapper qu'en le racontant.



Ce livre a reçu le prix Fémina en 1998.

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L'éternité n'est pas de trop

Attention Pépite d'or !!!

Si vous voulez partir en voyage .....sans bouger de votre fauteuil, lisez "L'éternité n'est pas de trop !" et pas besoin de l'éternité pour le lire .."dévorer avec délectation " : l'histoire est d'un lyrisme incroyable,écrit comme un haïku ciselé, la beauté des fleurs de cerisiers au printemps...



Cette histoire d'amour bouleversante se déguste: les sentiments sont filtrés, passés au tamis, puis livrés avec quintessence comme un philtre d'amour, l'amour courtois...un prince au noble de coeur, si loin de notre planète du 21è siècle !



Nous somme en Chine au VIIème siècle, Dao-sheng est un enfant malheureux, vendu à une troupe de saltimbanques. Puis un sourire fera son malheur : ce sourire adressé à la jeune et belle lang-Ying, future épouse du Seigneur, l'expédiera au bagne. Il s'échappe et cheminera dans la montagne jusqu'à un monastère, dans lequel sa vivacité d'esprit et son intelligence lui permettent l'apprentissage de la médecine et l'art de la divination, le cours de sa vie va changer.... Celle-ci lui réservera bien des surprises : il va recroiser des années plus tard la belle Lang-Ying, celle qui a toujours hanté son coeur et son esprit. Devenu moine, cet amours interdit et platonique sera-t-il supportable ?...



Si vous voulez rêver ..sans fin, éternellement ! A lire absolument !

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Quand reviennent les âmes errantes

Quête d'amour et d’amitié infinies

de trois âmes errantes.

Gorgées de couleurs de vie :

Vert d’eau,

Bleu abîme,

Rouge violence.



Appelant,

Ajustant,

Le vol au vent ,

Le vol au cœur.



Trois âmes errantes qui

Se distendent dans l’espace,

Se déplacent dans la profondeur du sens,

Se déploient dans la finitude

Et se retrouvent dans l’éther…





L’histoire se situe fin du IIIe siècle avant J.-C …

Il y a donc fort longtemps… dans le royaume d’un tyran !

Trois personnages dont les destins se lient,

s’entrecroisent dans cette œuvre atypique où

l’amour à trois se transcende et se pare d’accent spirituel et mystique !!



Deux hommes et une femme !

Gao Jian-li est un musicien talentueux et joueur de zhou (instrument traditionnel à percussion)

donc un artiste, sensible ,éthérée ,doux ,délicat…

Jing Ko est un mercenaire au grand cœur toujours prompt à défendre les causes justes, valeureux chevalier dont le courage, la force, la stratégie, l’entêtement ne pourra pourtant pas faire face à ce tyran .

Tous deux périront dans d’atroces souffrances.

Entre eux deux il y a Chun-niang une jeune femme d'une grande beauté.

Les deux hommes aiment cette femme ,chaqu’un a sa façon, sans aucune jalousie car une amitié très forte lient ces deux hommes.



J’ai été ébloui pas la plume poétique de François Cheng qui est juste sublime !

Ces trois personnages m’ont bouleversé.



Mais il faut s’accrocher pour lire ce livre qui m’a retourné le ventre.

C’est violent, sanguinolent ,dérangeant car l’auteur ne nous épargne pas la violence, la mort, la souffrance !

Et en même temps c’est une ode à l’amitié et à l’amour pur !

L’énergie masculine et féminine qui se lient et délient ,

dansent dans des paradoxes qui s’assemblent,

s’embrasent,

s’embrassent pour

fusionner dans un élan de mort et de vie !



François Cheng décrit ce qu’il considère comme l’amour et l'amitié vraie pour des âmes élevées…

J’avoue que j’ai adoré son écriture mais le sujet du livre m’a décontenancé ,désarçonné…

Je n’ai pas réussi à décoller et à me laisser emporter.

Trop mystique pour moi…

…Pourtant l’écriture de François Cheng est d’une rare beauté et je me suis ressourcé à sa poésie délicate.



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Echos du silence

Trouver un livre inconnu est toujours une expérience excitante, teintée d'émotion. Avec le nom de François Cheng s'affichant sur la couverture, c'est l'impatience, qui vous invite à la lecture de cet opuscule au titre énigmatique les "Échos du Silence".

Ce qui se cache derrière ce titre obscur? Ce sont 35 photographies du Québec prises en Mars par Patrick le Bescont .

Publiées pour la 1ère fois en 1988, elles le sont depuis peu chez Créaphis, grâce à la complicité de la région alpine.





François Cheng a illustré ces paysages de textes courts comme des Haïkus, illustrant l'impression de plénitude ou de méditation qu'il éprouva au contact de ces terres perdues entre Paris et la Chine.

Des photos où François Cheng a lu des calligraphies et des vides, des silences qui faisaient échos à d'autres silences.





On retrouve la musicalité de l'écriture de cet écrivain, amoureux de notre prose, parfois il égraine au long des saisons des moments de bonheur, « aux souffles harmoniques », et à d'autres moments lui vient la mélancolie, d'un temps lointain que les nuages ravivent, "Ah nuage un instant capturé, tu nous délivres de notre exil", page 42.





Dans ses courtes phrases il associe des mots aux sens disjoints, la terre habillée ou une brise déchirure, qui donnent une mystérieuse puissance à ses émotions.

J'aime et me délecte de ses balancements, dont il émaille ses descriptions, "vivre désormais entre ondes et ondées, d'éclats recueillis, d'ombres dispersées".



Les photographies de Patrick le Bescont se déplient comme des estampes anciennes, de vraies évocations de la solitude qui habitent ces territoires du Québec, un bel hommage à ces silences qui bercent nos promenades, dans ces instants échos de nos propres destins.



Magnifique!

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La vraie gloire est ici



J'avais beaucoup apprécié " À l'orient de tout" mais la découverte de ce recueil a été plus encore pour moi: une révélation, un vertige de mots qui tous m'effleuraient de leur beauté simple et fragile...



On retrouve bien sûr les thèmes propres à François Cheng: l'impermanence de l'homme au sein d'une nature immuable, la volonté de s'inscrire dans l'instant, la recherche spirituelle d'un guide, qu'il nomme aussi bien la Voie, comme dans le taoïsme, que dieu ou Lumière. J'ai aimé que l'auteur se pose des questions à propos de cette existence divine, que rien ne soit pour lui acquis, certain.



J'ai vibré au contact des vers qui rendent si bien nos quêtes universelles, tous les poèmes m'ont parlé, ce qui est rare lorsqu'on lit un recueil. D'ailleurs, je souhaiterais tous les citer, c'est dire...Et j'ai trouvé que l'ensemble était moins hermétique, plus accessible que " À l'orient de tout".



Parfum de lilas, énigmatique tortue, nuit mère des lumières, la Voie qui seule sait, au-delà des questionnements existentiels,ces images douces et sereines m'ont envahie, la magie des mots purs et évocateurs...



J'en reste éblouie...
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